Cover (Still A)Live Report - Le Guess Who Festival 2016

(Still A)Live Report - Le Guess Who Festival 2016

[Le but avoué de cette liste est de donner envie aux curieux d'aller se jeter sur les tickets en prévente de l'année prochaine.]

Vous retrouverez en fin de liste les divers top 10 etc.

Liste de

36 albums

créee il y a plus de 7 ans · modifiée il y a plus de 7 ans

Live in Utrecht (Live)

Live in Utrecht (Live) (2010)

Sortie : 5 juillet 2010 (France).

Live de Thomas Ankersmit

Annotation :

Ce moment de l'année est arrivé ; celui d'un rendez-vous que tout festivalier mélomane européen sain d'esprit devrait réserver (au moins) un an à l'avance et pour lequel j'ai moi-même vendu père et mère et hypothéqué mon appartement : Le Guess Who Festival. Prenant place à Utrecht, ville Hollandaise évoquant un croisement charmant entre Amsterdam (ne leur dites pas, ça les vexe) et une banlieue anglaise, le festival avait vu l'année dernière se côtoyer des artistes aussi disparates que Magma, Kamasi Washington, Sunn O))), JaccO Gardner, Charlemagne Palestine, OM ou The Necks... Une fois installé dans une auberge bien moins miteuse que l'année passée, il n'y a plus qu'une question à se poser : que proposera cette année (pour ses 10 ans!) le festival tentaculaire ?

Chaque année, 4 artistes sont appelés, en plus de la programmation générale, à choisir une poignée conséquente d'artistes à faire venir se produire au festival. Dans l'édition 2017 ce sont respectivement Wilco, Savages, Julia Holter et Suuns qui proposeront leur sélection sur les quatre jour. Ce Jeudi, c'est celle de Wilco qui est à l'honneur, entre terroir américain et quelques surprenantes incursions électroniques.

Modern Country
6.9

Modern Country (2016)

Sortie : 3 juin 2016 (France).

Album de William Tyler

T. Wazoo a mis 6/10.

Annotation :

** JEUDI **

William Tyler (curated by Wilco)

C'est William Tyler qui ouvrira le festival (et jouera à deux reprises, sans doute pour remplacer son collègue Daniel Bachman qui manquera à l'appel). Sans doute poussé à la fois par la pression d'inaugurer un tel événement et par des sentiments plus personnels, il se sentira obligé par deux fois d'évoquer le résultat des élections américaines, précisant « We're all shocked » sans réaliser son américano-centrisme. Fort heureusement son set rattrapera ses maladresses, une première moitié acoustique tissant avec sa seule guitare des fresques épiques et nostalgiques évoquant les paysages que John Fahey s'est toujours évertué à peindre ; et une tirée de son dernier album virant vers une espèce de country atmosphérique à grand renfort de pédales à effets et de loops. Moins ma tasse de thé, mais une très belle ouverture de festoche dans l'ensemble.

7/10

Animal Magnetism

Animal Magnetism (1995)

Sortie : 30 mai 1995 (France). Rhythm & Blues, Soul, Funk / Soul

Album de Arnold Dreyblatt

Annotation :

Arnold Dreyblatt (curated by Wilco)

Le Guess Who est un grand repaire de minimalistes, ça n'est pas Charlemagne Palestine et sa bluffante prestation de l'année dernière qui ira me contredire. C'est avec ce souvenir en tête qu'après un bref MacDo nous filons vers la salle Hertz, salle de concert classieuse façon mini-théâtre avec sièges et balcons, pour aller voir Arnold Dreyblatt qui est présenté comme un minimaliste des plus Rock. De toute évidence « rock »était ici entendu dans le sens de « bourrin » et « bordélique ». Dans un premier morceau de 15mn Arnold frappe énergiquement de son archet les cordes de sa contrebasse tout en posant les doigts de sa main droite à différents endroits des-dites cordes afin d'en faire résonner les harmoniques. Tentative louable mais entachée par une technique trop approximative dans la frappe des cordes qui nous empêche d'accéder à une quelconque transe ; parfois l'archet frappe le micro, parfois il touche une corde adjacente. Son deuxième morceau de 45mn témoigne des mêmes difficultés à poser une atmosphère entièrement prenante, avec cette fois à l'honneur des manipulation et superpositions électroniques paradoxalement aussi impromptues dans leurs timbres en net contraste entre les uns et les autres que monotone dans leur agencement systématique et interminable. Malgré quelques textures intéressantes, Dreyblatt aura manqué de m'assoupir.

4.5/10

Yankee Hotel Foxtrot
7.4

Yankee Hotel Foxtrot (2002)

Sortie : 22 avril 2002 (France). Rock, Alternative Rock, Country Rock

Album de Wilco

T. Wazoo a mis 10/10.

Annotation :

Wilco :

À présent rendez-vous dans l'immense « Grote Zaal » pour les têtes d'affiche du festival. 2H20 de concert de Wilco c'est à la fois une aubaine absolue et une terrible décision de festival : que choisir entre l'intégralité d'un de mes groupes gavoris et la variété de chois de la prog ? J'opterai finalement pour un entre-deux frustrant : 1h de Wilco et 15 mn de Deerhoof. Wilco avait pourtant magnifiquement commencé dans la « Grotte » pleine à craquer avec un « On and on » tout en pureté. Mais malgré un « I Am Trying to Break Your Heart » bien senti peu de temps après, cette première partie de set était essentiellement composée de morceaux tirés du dernier album bof, Schmilco, et d'autres albums récents que je connais assez peu. C'est alors qu'ils commençaient à envoyer le pâté avec un « Impossible Germany » dantesque (Nels Cline survolté nous fait le solo de sa vie), un « Spiders » qui décolle dans l'espace et un « Jesus Etc. repris en chœur par plusieurs centaines de personnes... que je suis parti pour voir la fin de Deerhoof. J'ai sans doute raté le meilleur.

7/10

The Magic
6.8

The Magic (2016)

Sortie : 15 juin 2016 (France). Rock, Indie Rock, Pop rock

Album de Deerhoof

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Deerhoof (curated by Wilco) :

La frustration de ce Jeudi : ne pas avoir vu l'ensemble de la perf de Deerhoof. Au moment où je pénètre dans la Pandora perchée en haut du bâtiment, côté balcon, le groupe nippo-américain vient de finir un morceau sautillant à souhait et Greg Saunier se lève de sa batterie (qu'il a installée sur le rebord même de la scène) pour un speech des plus étranges, racontant avec un air défoncé et hilarant sa difficulté à trouver l'inspiration pour ses discours de scène après nous avoir fait un petit cours de batterie. Et avoir parfaitement résumé la perf et l'attrait de son groupe : jamais vraiment ensemble, mais toujours juste. Et c'est reparti pour 10 minutes de math-pop déglinguée (et kawaii).

7/10

Endless Summer
7.2

Endless Summer (2001)

Sortie : 26 juin 2001 (France). Ambient, Experimental, Electronic

Album de Fennesz

Annotation :

Fennesz (curated by Wilco) :

Si la Pandora était déjà très haute en altitude, la Cloud Nine marque l’absolue cime de cette espèce de gigantesque centre commercial de salles de concert qu'est le Tivoli (7 salles de concert au total, pour rappel), salle parfaite pour les DJs et autres pourvoyeurs de musique électronique. Christian Fennesz en est un très digne représentant, réputé pour construire des structures musicales puissantes, mélodiques et bruitistes à la fois. Et c'est exactement ce à quoi on a eu droit pendant 30 minutes hors du temps. Triturant ses drones brumeux sur son PC derrière ses épaisses lunettes, Fennesz laisse s'installer une atmosphère propre à l'errance onirique et à la divagation éthérée, au sein de laquelle on se croit à tort en sécurité : guitare noire au poing, l'artiste secoue périodiquement la salle d'à-coups mélodiques saturés assourdissants, comme autant de climax planants qui font saigner les oreilles de bonheur. Si le volume trop élevé doit être mentionné en bémol, le reste du set a donné ses lettres de noblesse au « beautiful noise ».

8/10

Is (Is Superpowered)
8

Is (Is Superpowered) (2014)

Sortie : 5 mai 2014 (France). Electronic, Glitch, Experimental

Album de Kyoka

Annotation :

Kyoka (curated by Wilco) :

Après un petit chill en Hertz pour retrouver William Tyler l'espace d'un quart d'heure, jsute ce qu'il faut pour redescendre tranquillement de Fennesz, retour en Cloud Nine pour le set de techno expérimentale qui achèvera la journée. Kyoka est une petite japonaise toute timide, planquée derrière sa table de mixage et qui se tortille joyeusement à chaque fois que le public la complimente et la harangue. Je suis certes peu connoisseur en la matière mais jamais je n'ai entendu une techno si... alien. Le terme « expérimental », si vague qu'il soit, n'était pas galvaudé ; Kyoka rend sa matière sonore malléable et intègre à ses beats complexes des sons improbables (field-recording, voix et bestioles soniques non identifiables) qu'elle étire, distord et découpe à l'envi pour leur donner une seconde vie. Mon corps n'en pouvait plus de bouger sur cette matière confondante entrecoupée d'interludes volontairement frustrants (parfois trop pour mes nerfs de néophyte). Kyoka m'a tuer, et je n'aurai pas le courage de bouger voir Tau dans un autre coin de la ville. Il est temps d'aller se reposer.

8/10

The Voice of the Eagle
8.2

The Voice of the Eagle (1972)

Sortie : 1972 (France).

Album de Robbie Basho

T. Wazoo a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

**VENDREDI**

Aujourd'hui c'est Savages qui régale. Je ne suis vraiment pas fan de ces nanas et leur prog ne m'inspire pas des masses. Cependant le Guess Who est bien le lieu par excellence où les bonnes surprises peuvent surgir de n'importe où et emporter l'adhésion sans prévenir. Mais ce vendredi c'est aussi l'occasion de découvrir une nouveauté du festival : un programme de films. Chaque groupe a pu choisir un film de son choix à nous montrer dans l'après-midi. Et si Wilco nous a proposé 30 minutes d'une histoire culinaire bobo romantique tout à fait plate et sans intérêt, en revanche Savages nous révèle en avant-première le documentaire Voice of the Eagle – The Enigma of Robbie Basho (financé par Kickstarter) qui est en préparation depuis des années, sur une des figures les plus passionnantes et mystérieuses de la guitare acoustique américaine. J'en ressors presque trop ému pour retourner illico au Tivoli assister à ma plâtrée de concerts du jour. Presque.

Batković Solo

Batković Solo (2015)

Sortie : 10 avril 2015 (France).

Album de Mario Batkovic

T. Wazoo a mis 7/10.

Annotation :

Mario Batkovic (curated by Savages) :

Les minimalistes sont de retour ! Mario Batkovic est présenté comme un Colin Stetson à l'accordéon ; un musicien qui repousse les limites de son instrument. Pour l'accueillir : la Janskerk, église rénovée qui accueille chaque année la frange la moins sataniste de la prog. Et on va pas se mentir, voir un artiste jouer dans une église ça présente toujours un cachet certain, même si certains ont pu en faire les frais l'année dernière (Julia Holter, dont l'acoustique de l'église toute en écho jouait contre elle). En l'occurrence, le lieu était idéal pour Mario, qui emplit amplement l'atmosphère dès les premières notes, graves, qu'il soutire à son accordéon. Impressionnant tant techniquement qu'en termes de composition, Mario surfe sur un spectre oscillant entre le très mélodique évoquant Philip Glass (le deuxième morceau en particulier hurlait « Koyaanisqatsi ») et des morceaux plus dissonants qui s'occupent d'explorer les possibilités de l'accordéon, qui Mario est capable de faire apparaître sous les traits d'un monstre des profondeurs qui remue puissamment. Concert excellent sur tous les point, j'en ressors à la fois fébrile devant la promesse d'un futur album sur le label de Geoff Barrow et anxieux à l'idée de retrouver prochainement les bluettes des accordéons ordinaires du métro parisien.

8/10

Jherek Bischoff

Jherek Bischoff (2006)

Sortie : 2006 (France).

Album de Jherek Bischoff

Annotation :

Jherek Bischoff :

Aujourd'hui, la confiance est morte. Notre pire ennemi cette année fut celui qu'on croyait notre meilleur allié ; j'ai nommé l'enfant de salaud qui écrit les descriptions d'artiste sur le programme du festival. Mais si c'est surtout samedi soir qui verra se dévoiler l'infamie dans toute son ampleur, notre ami Jherek Bischoff en constitue un redoutable hors-d'oeuvre. Le programme promettait à son égard une « immersion dans le son et la texture » de la « solitude au ralenti » de la part d'un mec ayant collaboré avec David Byrne, le Kronos Quartet, Neil Gaiman... Et ce qu'on a eu ce sont des compositions pour quartet à cordes d'une platitude absolue bourrées de grosses ficelles bien clichées comme il faut. Mais que ce soit inintéressant passe encore. En revanche par dessus le marché monsieur Bischoff a fait preuve d'une attitude qui me l'a rendu cordialement détestable. En vrac ; une fausse camaraderie, des airs de guignol, des parenthèses narcissiques, un dédain à peine voilé de ses compagnons de scène, et cerise sur le gâteau la déclaration avec une fierté déplacée de son statut de vegan. Le plus pur produit de l'école d'Art New-Yorkaise avec des cheveux gominés et un noeud-pap ras-la-glotte. Rejet épidermique de ce monsieur donc, qui nous jouerai en guise de « la composition la plus terrifiante que j'ai jamais écrite » des arrangements médiocres de trucs et astuces déjà vus. Le climax du concert étant ce spectateur imbibé (mais lucide, la preuve) qui coupera une anecdote à rallonge de Bischoff par un « Shut up and play ! » qui restera dans les annales.

3/10

Astronaut Meets Appleman
7.1

Astronaut Meets Appleman (2016)

Sortie : 2 septembre 2016 (France).

Album de King Creosote

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

King Creosote :

Pour enlever ce mauvais goût sur la langue qui ne nous quitte plus depuis notre départ précipité de chez le vegan en smoking, direction la Janskerk pour expier nos péchés auditifs. King Creosote nous y accueille et leur performance sera comme un baume sur notre confiance meurtrie. Mené par l'écossais ultraprolifique Kenny Anderson, gringalet immédiatement sympathique, le groupe délivre une folk simple, nostalgique, romantique, sobrement arrangée au sein de laquelle le doux accent chantant de Kenny lui d'une lumière douce. Mais plus que la musique elle-même, tout de même loin d'être inoubliable, c'est le personnage de sieur Creosote qui marquera, tant il est aussi adorable que Bischoff est détestable. Animé par une douce autodérision, il profite de chaque interlude pour y aller de son anecdote. À retenir principalement : son oubli des accords d'un morceau (alors que, soyons honnêtes, c'est toujours les mêmes) qu'il transformera habilement en un one-man show hilarant ; on retiendra aussi ce morceau (« Betelgeuse »), où conscient de son public assez ignorant de sa discographie, il nous demanda de prétendre qu'il est une star se préparant à jouer son tube planétaire, la Janskerk s'étant transformé en stade l'espace d'une fausse standing ovation jouissive. King Creosote n'était pas le plus brillant des artistes du festival, j'étais sans doute un des rares à connaître un tant soit peu ses chansons, mais je suis prêt à parié qu'il a remporté l'adhésion d'une bonne partie de son public rien qu'avec son charme.

6.5/10

King of Kings
7.8

King of Kings (1974)

Sortie : 1974 (France).

Album de The Pyramids

Annotation :

The Pyramids :

Pour la première aventure jazz du festival c'est à la RASA, salle inconnue à mon bataillon, non loin de la Janskerk, que ça se passera. Mi balcon mi fosse, programmation afrobeat en attendant les Pyramids, groupe d'afro-jazz formé dans les 70's à Amsterdam. Lorsqu'ils débarquent finalement, c'est en fanfare ! Le concert commence dans le public, le groupe traverse la foule avec didgeridoo, tambourin, et chants africains... un rituel bon enfant bien senti qui rend la salle acquise à leur cause avant même que les choses sérieuses ne commencent. Dommage que la suite des festivités ne m'aient pas autant convenu. Une fois démarré, le concert réveillera les vieux griefs que je conserve encore aujourd'hui envers certaines pratiques dans le jazz (en concert). En l'occurrence cette manie d'enchainer les solis poliment, ce qui transforme des morceaux aux thèmes souvent fort chouettes en des jams interminables (et pas super inspirées ici) qui finissent par me perdre en route. De plus le groupe aura mis du temps à se mettre en place, ça ne jouait pas vraiment ensemble dès le départ (surtout ce guitariste qui était toujours perdu dans ses pédales). J'en retiendrai surtout des costumes de scène méga flashy et... l'intro.

5/10

Harmony in Ultraviolet
7.9

Harmony in Ultraviolet (2006)

Sortie : 16 octobre 2006 (France). Ambient

Album de Tim Hecker

T. Wazoo l'écoute actuellement.

Annotation :

Tim Hecker (curated by Savages) :

On le savait, que le programme de la journée serait en dessous des autres jours. Mais il y en a un qu'on attendait comme le messie : Tim Hecker (qui nous verra pénétrer dans la Ronda pour la première fois, vaste salle de concert noire avec grande fosse, balcon massif et gros gradins). En studio ses deux derniers albums m'avaient laissé froid, mais on m'avait vanté maintes fois une expérience live complètement différente de ceux-ci, viscérale et transcendantale. 15 minutes avant le début du concert, la salle est déjà envahie de fumée ; on ne verra plus à 10 mètres devant nous. La Ronda est ensuite plongée dans le noir ; ne subsiste qu'une ligne de loupiotes rondes qui longent le bord de la scène, brillent dans la fumée et pointent vers l'horizon. Dans ces conditions nous ne voyons plus Hecker. De toute manière ce qui nous attend ne nous laissera pas l'occasion de méditer sur des détails aussi triviaux que le minois de l'artiste. Alors qu'un drone point au loin, le premier élément qui nous saisit sont ces basses monstrueuses qui nous clouent au sol. Littéralement ; je finis par m'allonger par terre pour regarder le plafond pendant une demi-heure, pas loin d'avoir la bave aux lèvres. La musique elle-même serait dure à décrire... il s'agit là d'ambient, de couches de son qui se superposent et s'agencent avec, un ambient écrasant (et pas seulement par son volume sonore) mais qui, une fois accepté, s'apparente à un véritable voyage onirique. L'alliance du son et de la mise en scène – sobre mais amplement suffisante – m'a foutu dans un état d'hébétude magique. SPOILERS : le meilleur concert du festival.

9/10

LP
7

LP (2015)

Sortie : 27 mai 2015 (France). Techno, Industrial, Experimental

Album de Container

Annotation :

Container (curated by Savages) :

À peine remis de Tim Hecker, on part en Pandora se désengourdir sur de la bonne techno industrielle bien aggressive. Riche, la musique de Container n'a pas de temps à perdre et enchaine les bangers jusqu'à ce que le corps finisse par lâcher. Il est temps de rentrer reposer nos membres douloureux. Vendredi aura été certes inégal, mais l'enchainement Hecker + Container restera comme le climax de cette édition 2016.

8/10

Uptown Saturday Night
7.7

Uptown Saturday Night (1997)

Sortie : 28 janvier 1997 (France). Conscious, Hip Hop

Album de Camp Lo

Annotation :

**SAMEDI**

Si Jherek Bischoff nous avait donné un aperçu de la perfidie dont était capable cette programmation trop pleine de promesses pour être honnête, c'est ce samedi qui nous exposera aux plus grandes déceptions du festival, avec la programmation de Julia Holter qui était pourtant celle qui laisser espérer les meilleurs concerts. Comme quoi en positif comme en négatif le Guess Who est toujours... déroutant. Ça avait pourtant si bien commencé...

In Plain Speech
7.7

In Plain Speech (2015)

Sortie : 19 mai 2015 (France). Rock, Experimental, Psychedelic Rock

Album de Circuit des Yeux

T. Wazoo a mis 7/10.

Annotation :

Circuit des Yeux (curated by Julia Holter) :

Voir Haley Fohr débarquer sur la scène de la Janskerk me ramène un an en arrière, lorsque Circuit des Yeux passaient au De Hellig, salle lointaine d'Utrecht. Cependant les choses ont bien changé depuis. Revenue de l'enfer de la salle pour métalleux elle vient tutoyer les angelots de l'église ; et cette fois elle est toute seule. Avec sa guitare acoustique 12 cordes. Elle s'est débarrassée des deux musiciens qui l'accompagnaient et c'est semble-t-il pour le meilleur ; l'épure de sa musique rend plus honneur à son style, à sa voix glaçante qui sait se faire d'outre-tombe comme perçante lorsqu'elle décide de se lâcher. Ses compos néofolk sont d'une classe folle et son charisme naturel lui permet de les rallonger à l'envi sans lasser son public, jusqu'à ce dernier morceau en climax, dont la longueur et l'intensité pourraient faire pâlir certains post-rockers.

8/10

Music for Church Cleaners
7.8

Music for Church Cleaners (2012)

Sortie : 20 février 2012 (France).

Album de Áine O'Dwyer

T. Wazoo a mis 8/10.

Annotation :

Aine O'Dwyer (curated by Julia Holter) :

Même pas besoin de se bouger pour rejoindre le prochain concert ; Aine O'Dwyer prend la suite de Circuit des Yeux dans la Janskerk. Sacrée attente de ma part quand à ce set ; j'ai découvert O'Dwyer grâce à la prog du Guess Who, son album Music For Church Cleaners est superbe – des errances live à l'orgue où l'instrument se superpose aux bruits des visiteurs de l'église. Je doutais cependant qu'O'Dwyer nous joue vraiment de l'orgue (elle fait aussi de l'avant-folk), jusqu'à ce qu'un projecteur rouge se mette à éclairer un orgue surélevé sur la paroi de l'église, révélant un orgue perché sur la pierre, et un miroir courbe nous offre une vue du dessus du clavier. Le silence s'installe, les nuques se tordent, le torticolis ricane dans l'ombre. Pendant la demi-heure qui va suivre Aine fera... l'imbécile sur son orgue. Lorsqu'elle en joue ce n'est que pour tenir de longues notes aigües. Sinon elle fait aussi des vocalises cheloues (dont un chant de gorge tuvan assez impressionnant je dois l'admettre), balance des trucs dans sa cabine qui percutent le bois avec un bruit sourd ; lance ses feuilles de partitions en l'air pour nous laisser contempler leur chute... Il faudra attendre les 10 ou 15 dernières minutes pour avoir droit à un morceau classieux qui rappelle à notre mémoire ce Music for Church Cleaners qui paraît aujourd'hui si loin. Le reste aura été... du troll. Je ne vois pas comment le dire autrement tant Annie aura tout fait pour agacer l'assistance, on aurait cru assister à des expérimentations pures et improvisées, du genre de celles qu'on garde habituellement pour soi au lieu de les proposer à un public. Le "dernier morceau" sauve ce live de la détestation, mais même celui-ci s'accompagne d'un arrière-goût amer. Une de mes plus grosses attentes du festival, ma plus grosse déception. Nice troll, Aine.

4/10

For Christmas

For Christmas

Sortie : 0001 (France).

Album de Delphine Dora

Annotation :

Delphine Dora (curated by Julia Holter) :

Hébétés par ce troll en bonne et due forme, nous nous engageons d'un pas incertain vers le Theater Kikker pour voir Delphine Dora, pianiste française qui en studio compose de superbes mélodies minimalistes avec grâce. Une étrange appréhension m'agrippe la gorge une fois mes fesses confortablement assises sur le siège ; je viens de me rappeler qu'un an plus tôt presque jour pour jour j'ai pris dans cette même salle la claque de ma vie devant The Necks. Malheureusement pour moi, ce soir ne fera pas honneur aux souvenirs qui hantent le lieu. En effet Delphine, plutôt que d'interpréter une setlist précise, a décidé d'improviser totalement son set. Pour un résultat ma foi très mitigé. La jeune femme m'a donné l'impression de tâtonner pendant 45 minutes, avec des dissonances qui ne menaient pas vers grand chose, des expérimentations vocales vite abandonnées et des percées mélodiques souvent un peu plates. Je suis sévère et c'était tout de même pas mauvais ou honteux, mais par contre c'était laborieux là où ses compos studios étaient si fluides... Bordel il t'arrive quoi Guess Who ?!

5/10

Éthiopiques 21: Ethiopia Song
8.2

Éthiopiques 21: Ethiopia Song (2006)

Sortie : 2006 (France).

Compilation de Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou

T. Wazoo a mis 9/10.

Annotation :

Maya Dunietz plays Emahoy Tségué-Mariam Guébrou (curated by Julia Holter) :

Peu décidés à se laisser abattre par nos déceptions à l'orgue et au piano, nous poursuivons la tête haute (mais le regard inquiet) notre périple claviériste pour dire bonjour à Maya Dunietz, pianiste blonde au CV impressionnant (John Zorn, Mike Patton, Oren Ambarchi...) qui s'est récemment liée d'amitié avec Emahoy Tségué-Mariam Guébrou, artiste éthiopienne à la biographie passionnante devenue nonne dans un monastère éthiopien après avoir fait de brillantes études en Europe. Maya aide la vieille dame (92 ans s'il vous plait) à rassembler ses notes, à s'organiser afin de faire découvrir ses morceaux au monde. Affiné depuis les années 50, le style d'Emahoy est à nul autre pareil, alternant classique, blues, jazz, ragtime en les mêlant comme seules des âmes rares comme John Fahey en seraient capables ; par un métissage instinctif. De là à parler d'Ethiopian Primitivism il n'y a qu'un pas que j'hésite encore à franchir. Bref, la prestation fut charmante, Maya jouant avec une maîtrise mêlée de maladresse des compositions atypiques, les dernières étant des chansons en anglais et... français (Emahoy parle semble-t-il 5 ou 6 langues). Grâce à mademoiselle Dunietz, je ressors avec une nouvelle artiste à investiguer et la promesse de voir paraître des compilations d'interprétations inédites de morceaux n'ayant pas encore vu le jour hors du monastère. Autant la découvrir tant qu'elle vit encore...

7/10

Essence / Universe
7.1

Essence / Universe (1987)

Sortie : 1987 (France). Electronic, Ambient, Minimal

Album de Laraaji

Annotation :

Laaraji... ?

À venir, l'une des plus grosses frustrations de la journée. On arrive à la période charnière du Samedi, où tout le monde joue en même temps, où la moindre minute passée à hésiter est une minute où trois concerts de folie envoient du pâté quelque part dans le Tivoli. Et moi je suis en train de regarder Laraaji accorder ses instruments chelous (smiley perplexe). Grand nom de la musique zen/new-age/ambient, ayant enregistré avec Brian Eno sur le volume 3 de sa série Ambient, un coup d'œil à sa session Boiler Room m'avait convaincu de tenter l'expérience. Sauf que zen, Laraaji l'est un poil trop et 5 min après l'horaire prévue ses accordages et tests ne sont toujours pas finis. Excédé, je pars de la salle pour aller voir les Dwarfs of East Agouza. Je m'en mordrai les doigts.

Frustration/10

Bes
7

Bes (2016)

Sortie : 29 avril 2016 (France).

Album de The Dwarfs of East Agouza

T. Wazoo a mis 7/10.

Annotation :

The Dwarfs of East Agouza :

Enflure de rédacteur à la con, cette fois tu m'avais promis du CAN transposé au Moyen Oriant, avec Alan Bishop des inénarrables Sun City Girls à la guitare. Et bordel, même l'extrait sur le site te donnait raison, ça allait être de la balle ! Et ce que j'ai eu à la place c'est deux guitaristes qui jouent chacun de leur côté à un volume assourdissant avec un troisième type aux machines qui essaie d'instaurer un beau background psychédélique derrière. Zéro groove. Fatigué de devoir enfoncer toujours plus profondément mes bouchons d'oreille je m'éclipse après 20 minutes. Une déception de plus.

5/10

Interventions
7.8

Interventions (2016)

Sortie : 29 avril 2016 (France).

Album de Horse Lords

T. Wazoo a mis 8/10.

Annotation :

Horse Lords :

Juste alors que j'avais perdu foi en cette soirée, et parès avoir passé 10 minutes en compagnie de la techno subtile de Laurel Halo, la salle EKKO va sauver les meubles de ma soirée avec enfin une description alléchante ("si Steve Reich avait viré punk blabla") qui deviendra réalité sur scène. Quatuor instrumental composé de guitare/basse/batterie... et d'un batteur saxophoniste qui alterne l'une ou l'autre des positions au besoin. Et leur musique est parfaitement ce qu'il faut pour stimuler mon amour de la répétition sujette aux subtiles variations tout en remuant mes tripes avec un entrain furieux de gros punks énervés. J'ai été in instant tenté de les présenter comme "math-rock", mais plutôt que de faire virer leurs compos de bord toutes les 10 secondes leur jeu sur les signatures rythmiques est plus subtil, un seul élément bouge à la fois, une batterie qui se déphase, un sax qui va se poser en contrepied... et dès qu'une nouvelle variation est posée le groupe la joue à fond les ballons pendant le temps qu'il faut pour se choper un bon torticolis des familles. J'en ressors épuisé, acouphéné, mais heureux. Enfin.

8/10

Dude Off 59th Street
7.7

Dude Off 59th Street (2007)

Sortie : 2007 (France).

Mixtape Street de RP Boo

Annotation :

RP Boo + DJ Nigga Fox :

Déambulant dans les couloirs avec dans mon crâne des phases rythmiques qui ricochent, je vais me poser devant la fin du set de RP Boo en Cloud Nine avant d'aller pioncer. Boo verse dans le footwork (de la house sous amphèt avec des samples vocaux hip-hop hystériques). Pas convaincu pour être honnête. Tout ça paraît très paresseux, le beat ne change jamais, les transitions sont d'un cheap absolu... je me casse au début du set de DJ Nigga Fox qui s'annonçait un peu mieux mais pas assez pour me garder éveillé. Il est de toute façon temps de mettre fin à cette journée en demi-teinte et prier pour dimanche.

4.5/10

...les Amours du dimanche...
6.7

...les Amours du dimanche... (1989)

Sortie : 1989 (France). Pop, Chanson, Electronic

Album de Marc Lavoine

Annotation :

**DIMANCHE**

L'au-revoir au Guess Who est proche... et le temps pour se poser est limité ; couchés à 4h du matin, il nous faut être frais et dispo dès 13h pour ne rien manquer des premiers concerts. La journée s'annonce bonne, pas extraordinaire mais bonne. Mais c'est aussi ce que je disais du dimanche de l'année dernière et j'ai eu droit aux Necks... Et ce dimanche-ci a lui aussi bien caché son jeu.

Chant Gregorien

Chant Gregorien (1990)

Sortie : 2 janvier 1990 (France).

Album de Deller Consort

Annotation :

Karolus Magnus (curated by Julia Holter)

À 13h, dans une église médiévale située au bord d'un canal, nous attendons patiemment l'arrivée du chœur Karolus Magnus, qui vient nous interpréter des chants Grégoriens rendant hommage, si j'ai bien compris, notamment aux femmes victimes de la guerre et des pillages, ainsi qu'à un grand missionnaire qui convertit en son temps une bonne partie des Saxons à sa cause. Bref, j'ai été un poil déçu par ces chants que je ne pensais pas si monolithiques, une dizaine de voix répétant des mélodies très rigides et cadrées. J'attendais des harmonies qui ne sont jamais venues, et le principe du chœur monolithique ne me dit trop rien tant il me semble paradoxalement gommer la puissance potentielle que peut amener un timbre seul. Enfin, l'interprétation était sage mais au moins j'en ressors moins inculte !

5/10

I'm a Dreamer
7.5

I'm a Dreamer (2013)

Sortie : 11 novembre 2013 (France). Folk, Folk, World, & Country

Album de Josephine Foster

T. Wazoo a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Josephine Foster (curated by Julia Holter)

On a cru qu'elle n'y arriverait jamais. Toujours dans l'église Leeuwenbergh, on a vu Josephine Foster, fameuse ménestrelle freak-folk à la voix au croisement entre une chanteuse d'opéra, une chanteuse de balades des années 30, Joanna Newsom et Moriarty, tenter de brancher sa guitare à son ampli sans trop de succès. Accoutrée comme si elle sortait d'une chaumière du 19ème siècle, Josephine a l'air... perdue. Lorsqu'elle joue, elle oscille de droite à gauche, sa bouche s'éloignant périodiquement du micro sans qu'elle paraisse s'en soucier. Parfois elle est de profil, une fois même elle nous tournera le dos. Ses yeux semblent plonger dans un horizon qui nous est invisible. Lorsqu'on ne connait d'elle que ses efforts studios, on pourrait être tenté de suggérer qu'elle se donne un genre pour sonner décalée... Mais la voir ainsi, seule sur scène, ne laisse plus le moindre doute : Josephine Foester est authentiquement paumée, elle vit sur un plan d'existence qui dévie régulièrement du nôtre. Une fois ce fait accepté, il est aisé de se perdre avec elle, et soudainement ces étranges manières se nimbent d'une grâce folle, chaque fois que ses lèvres rencontrent le micro est une aubaine, chaque trémolo est un trésor, chaque changement d'accord est un changement de perspective... et bien sûr, Josephine rate toujours ses fins de morceau, on ne sait jamais quand applaudir... ça fait partie de l'expérience ! Une expérience remarquable, je n'en attendais pas tant. En milieu de concert, Maya Dunietz est venue s'installer au premier rang juste devant nous. À la fin du show, Maya s'en ira voir Josephine pour la féliciter, et cette dernière de répondre d'une voix shootée : « Je vous ai reconnu grâce à votre gros manteau orange. » Un parfait résumé de ce merveilleux petit court atypique. Nous discuterons un peu avec Maya, la félicitant pour son concert avant de constater que notre programme de festival se rejoint pas mal (malheureusement nous ne la recroiserons pas), puis nous repartîmes vers le Tivoli pour assister à une cérémonie bien particulière.

8/10

Trowo Phurnag Ceremony
7.6

Trowo Phurnag Ceremony (2010)

Sortie : mars 2010 (France). Post-Modern, Folk, Folk, World, & Country

Album de Phurpa

Annotation :

Phurpa

Aujourd'hui la Ronda accueille un rituel fort particulier. Phurpa, groupe Russe programmé déjà l'année passée (et annulé à la dernière minute), se présente comme un groupe d'ex-métalleux reconvertis dans la transe tibétaine. Lorsqu'on pénètre dans l'Antre sombre, la « cérémonie » a déjà commencé depuis quelques dizaines de minutes (et s'étendra sur deux heures). Sur la scène, deux types sont assis en tailleur. Ces « types » sont vêtus de façon pour le moins folklorique, avec un gigantesque casque voilé de noir qui leur confère une silhouette démoniaque (j'ai pensé à Pyramid Head dans Silent Hill 2), des fringues euh... bon je sais pas pourquoi je me fatigue quand Google Image vous renseignera bien mieux que moi. Sur scène, ils fument des trucs chelous avec une espèce de chicha, boivent des trucs chelous et frappent des percussion primales de temps en temps. Quant au chant lui-même, je n'ai sans doute jamais rien entendu d'aussi grave et puissant ; et persistant. Ces deux mecs te bueglent des mantras en continu pendant des heures, c'est authentiquement impressionnant. Pour sûr, Phurpa est fascinant. Mais est-il communicatif ? Selon mon compagnon de festival, absolument. Selon moi, moins. La puissance sonique convoquée par le duo est massive certes, mais pas du tout canalisée. Les mantras n'en sont en fait pas vraiment, il n'y a pas de notion de répétition, il s'agit plutôt de prolonger sans interruption un flot continu de basses grouillantes. Même lorsqu'ils frappent leurs percus, c'est sans rythme particulier. Résultat, de mon côté l'ennui finit par s'installer et je pars vaquer un peu ailleurs dans le festival en attendant la suite. Sans pour autant trouver chaussure à mon pied... The Ex festival... Scott Fagan... bof.

6/10

Elysia Crampton Presents: Demon City
6.9

Elysia Crampton Presents: Demon City (2016)

Sortie : 22 juillet 2016 (France).

Album de Elysia Crampton

T. Wazoo a mis 7/10.

Annotation :

Elysia Crampton

Les plus grosses claques sont souvent conditionnées par nos attentes. En entrant dans le Theater Kikker pour aller voir l'artiste transgenre Elysia Crampton, que je connais via ses collages post-industriels et des DJ-mix bizarroïdes, je n'attendais pas grand chose. Mais v'là la beigne que je me suis mangée. En guise d'intro, Elysia est rejointe par Oliver Coates (qui jouait juste avant) au violoncelle pour une lecture de poèmes sur fond d'ambiance mystérieuse (désolé pour le cliché j'ai rien de mieux qui me vient en tête). Quant au plat de résistance, il consistera à réinterpréter des titres studio (majoritairement le dark Demon City, son dernier album avec en support visuel sur un grand écran... probablement le clip le plus merveilleusement cheap que j'ai jamais vu. Comme si quelqu'un avait combiné toutes les images pixélisées pourries des tréfonds de Google Image pour les animer avec les pires transitions des sous-marques de logiciels de montage datant de Windows 95. Parcourue de thèmes éparses regroupant la violence, le gore, les transgenres, l'enfer, l'emprisonnement, l'espace, cette vidéo accompagne pafaitement une musique qui se joue du kitsch pour en jouir pleinement, collant ensemble des claviers entre deux samples outranciers. Un set courageux, écorché vif, assourdissant... puissant. Je reste hébété, aussi ému que béat d'admiration (et d'incompréhension) alors que s'entame un épilogue qui nous fera doucement redescendre. C'était laid, c'était beau. Je serai ravi d'avoir pu discuter un peu avec l'artiste après le show.

9/10

Accordion & Voice
7.3

Accordion & Voice (1982)

Sortie : 1982 (France). Experimental, Electronic

Album de Pauline Oliveros

T. Wazoo l'écoute actuellement.

Annotation :

Pauline Oliveros

Le temps d'un DoMac restaurateur et nous revoilà sur le chemin de l'aventure. Avant d'aller voir Pauline Oliveros, un petit tour dans la Ronda bourrée à rabord qui abrite le concert des Swans ne sera pas de trop. Le groupe semble en bien meilleure forme que lrosque je les ai vus à Lille 5 jours auparavant. Gira engueule ses musiciens dès le début du set, et ses harangues et mantras sont plus passionnés. Nous ne resteront que 10 minutes, mais celles-ci promettaient un set bien meilleur que celui du Grand Mix de Tourcoing. Mais c'est l'histoire d'un autre report... Pauline Oliveros, elle, jouera dans la classieuse Hertz. Voilà bien le set de la journée dont je ne savais pas du tout attendre. Oliveros est une légende vivante de la musique électronique expérimentale, une pionnière dont l'instrument fétiche est l'accordéon. Âgée de bientôt 85 ans, la dame arrive sur scène canne à la main, grand sourire aux lèvres et s'assoie péniblement sur son siège. Son accordéon est rouge, métallique et massif (un Roland pour ceux que ça intéresse), quels sont va-t-ele bien pouvoir en tirer ? De toute évidence, je la sous-estimais. Le silence se fait dans la salle, et enfin Pauline Oliveros joue sa première note. Le concert qui va suivre sera pafaitement indescriptible mais je ferai de mon mieux. Ces notes qui seront jouées ne seront pas des notes « d'accordéon » pour la plupart ; ce gros appareil rouge camouflé en instrument pour pakis dans le métro est en fait un sampler. À chaque touche correspond un son pré-enregistré. Ainsi le clavier droit est-il une chorale de voix digitales (le taquin pourrait y répéter le thème de Mario 64) et le cavier gauche se partage entre des slaps de contrebasse (le plaisantin y verra une occasion de rejouer le thème de Seinfeld) et des notes à peu près ordinaires d'accordéon. Oliveros dispose aussi de boutons permettant de changer le mode de sampler, pour modifier le timbre de son clavier droit. Mais plus importante que l'instrument lui-même est la démarche d'Oliveros qui compte et qui interroge. À première vue, la dame semble découvrir son instrument, tâtonnant de touche en touche, comme guidée par une totale impro aléatoire. Libre à chacun d'y voir ce qu'il veut, et ce concert m'aura autant fasciné et emporté qu'il m'aura frustré et horripilé.

Deep Listening
8

Deep Listening (1989)

Sortie : 1 janvier 1989 (France). Funk / Soul

Album de Pauline Oliveros, Stuart Dempster et Panaiotis

T. Wazoo a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Pauline Oliveros (suite)

Oliveros semble avoir voulu éliminer toutes les conceptions préalables sur comment jouer de son instrument, et de fait entre le pianotage instinctif et les drones fortuits tout semble indiquer qu'on assiste à une (re)découverte entre l'instrument et l'artiste, à l'élaboration plus ou moins laborieuse d'un nouveau langage. Et dans cette improbable soupe primitive, les recherches aléatoires sur le clavier sont aussi désarçonnantes que les drones enfin trouvés sont envoûtants. Chaque climax du style est un authentique soulagement. De courte durée car Pauline Oliveros, impitoyable dans la perpétuelle remise en question de son savoir, ne tardera pas à s'en aller poursuivre une nouvelle muse. Ainsi se poursuit et s'achève le concert, écrément la Hertz de ses spectateurs les moins tenaces. Oliveros ne s'arrêtera que lorsqu'elle ne trouvera plus rien à faire dire à son instrument. S'ensuit une standing ovation qu'elle accueille avec humilité et surprise, avant de repartir. Sans sa canne. Aujourd'hui encore je ne sais quoi en penser. Ai-je aimé ou non ? J'ai été emporté, ça c'est certain, dans un endroit où on ne m'avait encore jamais emmené. Il me faudra du temps pour réatterrir ; un gros coup de mou s'ensuivra, dont je n'émergerai que lorsque s'entamera le dernier concert. Voilà donc ce que peut faire quelqu'un qui n'a cessé de se remettre artistiquement en question durant plus de 60 ans ? Une authentique exploratice sonore.

??/10

T. Wazoo

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