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Peter Weir - Commentaires

Un réalisateur aussi essentiel que discret, dont la productivité relativement parcimonieuse a dévoilé une personnalité passionnante, et qui a pleinement réussi à intégrer et à acclimater ses obsessions premières au système de production hollywoodien. L’individu et son rapport à la communauté, la ...

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11 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a environ 2 ans

Les Voitures qui ont mangé Paris
5.4

Les Voitures qui ont mangé Paris (1974)

The Cars That Ate Paris

1 h 31 min. Sortie : 10 octobre 1974 (Australie). Comédie, Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Peter Weir

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Entre le récent "Duel" et l’imminent "Mad Max", le premier film de Weir s’appuie sur le culte de la voiture et développe un univers insolite, à mi-chemin de l’absurde, de l’effroi et de la provocation. Si la description d’un village aux mœurs dégénérées campe de façon cohérente cette petite société (l’économie fondée sur le troc des dépouilles automobiles, la vie politique ramenée à la préservation de l’isolement, la mentalité des habitants qui implique le refoulement de toute culpabilité), la narration s’avère incertaine et hybride. Tantôt elle développe la cure d’une phobie médiocrement représentée, tantôt elle se rattache à la tradition kafkaïenne de l’homme confronté à un monde dont il ne détient pas la clé. Mais bien qu’assez boiteux , ce coup d’essai indique quelques belles directions pour la filmographie à venir.

Pique-nique à Hanging Rock
7.2

Pique-nique à Hanging Rock (1975)

Picnic at Hanging Rock

1 h 55 min. Sortie : 30 mars 1977 (France). Drame, Fantastique

Film de Peter Weir

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Au cœur du bush australien, un mont volcanique millénaire s’élève comme une porte ouverte sur l’infra-sensible, faisant ressentir, sous le regard d’une faune complice et tels des émanations d’outremonde, le murmure de la terre, les chuchotements de la roche, la caresse du vent. Répondant à ses insidieuses tentations, trois nymphes angéliques sont littéralement absorbées par la nature. De cette poétique de la dissolution, Weir tire un film apollinien, sensuel, alangui dans une torpeur hypnotique, dont la suavité et la beauté iridescentes ne se défont jamais d’une angoisse diffuse. Envoûtement total : ce songe entêtant brode autour de la douceur sororale, de la grâce éthérée de ses fragments de paradis, de l’abolition des repères rationnels, une fascinante trajectoire initiatique. C’est assez sublime.
Top 10 Année 1975 :
http://lc.cx/AU9

La Dernière Vague
6.8

La Dernière Vague (1977)

The Last Wave

1 h 46 min. Sortie : 16 juin 1982 (France). Drame, Thriller

Film de Peter Weir

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Le changement d’époque et de cadre n’altère pas le goût du réalisateur pour le fantastique suggestif, l’inquiétude irrationnelle, l’énigmatique ambigüité : au-dessus de la raison, de l’ordre, de la loi physique et de l’apparence policée du monde subsisterait un domaine confus et bizarre. À Sydney, murs de béton, buildings modernes, matérialisme de la civilisation blanche n’ont pas étouffé la voix secrète de la culture aborigène, ses légendes ancestrales, ses rites de sorcellerie, ses lois tribales qui agissent comme un retour presque géologique de son refoulé. En s’appuyant sur ce conflit, Weir bâtit un film-catastrophe qui tâtonne, ennuie parfois, pâtit d’une faux-rythme étrange mais sans doute nécessaire au climat d’apocalypse en suspens que la dernière partie parvient à créer. Inabouti mais original.

Gallipoli
7.1

Gallipoli (1981)

1 h 50 min. Sortie : 10 mars 1982 (France). Aventure, Drame, Historique

Film de Peter Weir

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

L’Australie, en 1915. Le départ pour la guerre change deux naïfs conscrits en hommes ; il leur fait découvrir l’amitié, les différences sociales, la diversité du monde et l’incertitude de leur cause. La trajectoire se fracassera sur les falaises turques des Dardanelles, petit Verdun de la Méditerranée : tandis que le premier tente de sauver son régiment en portant un contre-ordre, le second fait, avant la charge, l’aveu que toute sa préparation ne le menait qu’à sa perte. La force de l’argument vient de ce qu’il expose généreusement la morale qui lie depuis Pindare les exploits guerriers et sportifs en une même gloire, avant d’en montrer la vanité. Avec cette évocation d’une défaite héroïque, Weir livre un réquisitoire sensible contre la grande faucheuse de la jeunesse, et signe un beau film d’inspiration classique.

L'Année de tous les dangers
6.9

L'Année de tous les dangers (1982)

The Year of Living Dangerously

1 h 55 min. Sortie : 1 juin 1983 (France). Drame, Romance, Guerre

Film de Peter Weir

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

L’Indonésie convulsive de 1965, où à quelques jours du putsch communiste visant à renverser Sukarno, un gnome mystérieux et idéaliste se plaît à jouer les démiurges. Mabuse de poche à la Graham Greene, petit roi sans royaume prenant en charge le destin d’un Galatée mâle, il est le meilleur atout d’une intrigue où il reste pourtant secondaire. Car pour l’essentiel, le réalisateur s’en remet à un hollywoodianisme propre et carré, filmant aussi prudemment que son héros écrit, quelque part entre Lelouch et Costa-Gavras. De la love-story conventionnelle au happy-end bâclé, du mythe du reporter aventurier au boy-scoutisme un peu fade du récit, tout relève davantage du cliché touristique que du romanesque embrasé. Ce qui, pour un cinéaste d’ordinaire aussi subtil et perspicace que lui, est décevant.

Witness - Témoin sous surveillance
6.7

Witness - Témoin sous surveillance (1985)

Witness

1 h 52 min. Sortie : 22 mai 1985 (France). Policier, Drame, Romance

Film de Peter Weir

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Construit autour de la rencontre de deux modes de vie, deux cultures, ce singulier polar trouve un tempo surprenant, en phase avec le quotidien d’une communauté anabaptiste rurale et agraire qui cherche dans le maintien ombrageux des traditions une sérénité porteuse de vertueuses promesses, et où le héros urbain est perçu comme un étranger. De cette opposition entre des mondes inconciliables, Weir tire une subtile réflexion sur le refus du progrès technique et ses conséquences, et habille le suspense inhérent au genre de préoccupations ethnologiques. Laissant dériver l’action pour faire sentir le temps, la substance de la vie, la pluie qui se prépare, l’air autour des personnages et le cosmos qui les englobe, il donne aussi à voir comment l’utopie se dégrade en duplicité au contact de la réalité et de l’urgence.

Mosquito Coast
6.7

Mosquito Coast (1986)

The Mosquito Coast

1 h 57 min. Sortie : 25 février 1987 (France). Aventure, Drame, Thriller

Film de Peter Weir

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

L’auteur a toujours été préoccupé par le vertige qui saisit l’homme de la civilisation industrielle et consumériste devant le soupçon que fait naître en lui sa démiurgique fuite en avant et la fascination qu’exercent, quand il fait retour sur lui-même, les fondements archaïques de son être. L’histoire de cet aventurier visionnaire, inventaire maniaque et écolo, frère cadet d’Aguirre et de Fitzcarraldo, déconstruit progressivement les excès de l’utopie en même temps que la figure tyrannique du père. Malgré un script exagérément explicatif, elle développe une fable captivante qui pose sans les résoudre les questions fondamentales d’une société effrayée par les effets du progrès technique et menacée par la tentation involutive d’un conservatisme réactionnaire, danger symétrique mais non moins mortifère.

Le Cercle des poètes disparus
7.5

Le Cercle des poètes disparus (1989)

Dead Poets Society

2 h 08 min. Sortie : 17 janvier 1990 (France). Drame

Film de Peter Weir

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Hommage à l’indépendance de l’esprit et à la beauté du mot, qui place judicieusement le temps de son récit entre l’ère McCarthy et la révolte des étudiants, ce beau film aux accents mélodramatiques se grise de poésie, des pensées de Whitman et de Thoreau, sans jamais se draper d’élitisme ou d’intellectualité vieillotte. La libération intérieure que Weir défend ici est tout à la fois un rêve d’irresponsabilité grâce à la fuite et un appel à cultiver ses différences, à construire un bonheur que la soumission à un ordre moral très strict ne saurait plus altérer. Le tact et la sobriété naturels du réalisateur confèrent à l’initiation de ces adolescents un charme tenace, et vivifient la prévisibilité quelque peu didactique de l’éternel combat entre épanouissement individuel et rigorisme social.

État second
6.7

État second (1993)

Fearless

2 h 02 min. Sortie : 20 avril 1994 (France). Drame

Film de Peter Weir

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Rien de tel qu’une bonne séance de zyeux dans les yeux avec la mort pour mieux appréhender le sens de la vie. Il est assez rare qu’une grosse production hollywoodienne prenne autant de liberté avec les normes narratives : celle-ci se situe sur un pôle plutôt expérimental, à la limite du kitsch en raison de tendances métaphysiques un peu sulpiciennes. Examinant les répercussions d’une tragédie collective sur les survivants, leurs proches, ceux des victimes, Weir raconte une histoire complexe où ce que l’on ressent prend le pas sur ce que l’on comprend, et creuse à nouveau les thèmes de l’illumination mystique, de l’aveuglement d’un homme écartelé entre deux mondes, de la prise de conscience menant au dépassement de soi. Un film insolite, décousu, imparfait mais toujours inattendu et émouvant.

The Truman Show
7.9

The Truman Show (1998)

1 h 43 min. Sortie : 28 octobre 1998 (France). Comédie dramatique, Science-fiction

Film de Peter Weir

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Un Dieu tout-puissant allume le soleil comme une lampe de chevet. Sur la grand’place, des habitants-marionnettes attendent figés que la ville s’anime. Le conseil d’un ami sincère se révèle soufflé dans une oreillette. Arrivé au bout de l’océan, une embarcation heurte un mur invisible. Weir se livre à une extraordinaire mise en abyme de la condition humaine à travers le prisme de notre société cathodique, ouvre les vannes d’un questionnement existentialiste – sur le rapport au monde, les relations du créateur à sa créature, la liberté et la responsabilité individuelles. Le film fait sourire, émerveille, fascine, bouleverse : la sortie finale nous fait pleurer, spectateurs qui partageons l’émotion du public à l’écran. Avant que la réplique finale ne tombe comme un couperet, relançant le show une nouvelle fois…Vertigineux, inépuisable, absolument génial.
Top 10 Année 1998 :
http://lc.cx/UPA

Master and Commander - De l'autre côté du monde
6.9

Master and Commander - De l'autre côté du monde (2003)

Master and Commander: The Far Side of the World

2 h 18 min. Sortie : 31 décembre 2003 (France). Action, Aventure, Drame

Film de Peter Weir

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Ligne claire et limpide, souffle exaltant des récits de Melville et Conrad, alternance harmonieuse de séquences spectaculaires et de plages contemplatives : Weir signe l’un des plus beaux films d’aventures de la décennie. Il y joue avec le mythe et le fantastique (l’"Acheron" envisagé comme vaisseau fantôme), s’égare du côté de chez Darwin lors d’une escapade aux Galapagos (oiseaux multicolores et faune extraterrestre), restitue avec méticulosité le microcosme social d’un navire britannique à l’époque des guerres napoléoniennes (les enfants galonnés chargés de responsabilités, c’est quelque chose !), charge de non-dits et d’évidence les rapports de respect et d’amitié entre les deux héros – savoir et sensibilité, culture et intelligence. Une superbe odyssée initiatique.
Top 10 Année 2003 :
http://lc.cx/UPs

Thaddeus

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