Pellicules et claps de fin : mon 2022 en cinéma

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Vous connaissez mon goût à trouver des raisons politiques pour discréditer les valeurs et les postures des films et à voir du patriarcat par ici ou du racisme par là. Pourtant sur un film aussi controversé que "Zero Dark Thirty", je n'arrive pas à souscrire même aux plus timides critiques de la vision du film.

A sa sortie beaucoup y ont vu une propagande pro-torture car les techniques brutales utilisées au début du film légitiment et permettent la capture et la mise à mort de Ben Laden.
Toutefois, cette analyse part du principe que le problème de la torture réside dans son inefficacité, alors que c'est avant tout une question de droits humains. Evidemment que la torture fonctionne, n'importe qui craquerait après d'innombrables séances de waterboarding (le numéro 3 d'Al Qaïda avait subi 183 séances en un mois), mais le principe philosophique derrière la posture anti-torture est que la fin ne doit pas justifier les moyens.

Quand bien même on rétorquerait sur le plan de l'efficacité, le simple choix scénaristique de présenter les seules scènes de torture au tout début et la mort de Ben Laden à la toute fin, après 8 pénibles années de traque, prouve bien que le film ne soutient jamais les moyens brutaux qu'il dépeint en introduction.

"Zero Dark Thirty" est un film où on voit ce qu'on veut y voir. Personnellement, j'y ai vu une sévère critique de la posture impérialiste américaine et de son inefficience profonde dans la lutte contre le terrorisme islamique. Mais c'est surtout un film à la mise en scène puissante, frontale et ample, à l'interprétation impeccable et au souffle indéniable.

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Il semblerait que le film soit boudé pour n'être "pas assez subtil" ou aborder métaphoriquement la crise climatique avec de trop gros sabots. Difficile de ne pas voir dans ces critiques une vision assez élitiste du propos politique au cinéma, comme si celui-ci devait toujours se draper de mystère et ne pas se laisser comprendre clairement aux trois premiers visionnages.

Ma brillante partenaire l'a résumé avec la verve qui la caractérise : "s'il fallait l’écrire en cyrillique pour que t’aies l’impression d’être Sherlock fallait le dire".

"Don't Look Up", comme les deux films précédents d'Adam McKay, ne se prend pas pour ce qu'il n'est pas et attaque frontalement, nettement ce qui lui pose problème, toujours avec son sarcasme caractéristique.
Si vous voulez une remise en question du modèle productiviste qui prenne la peine de développer en notes de bas de page, allez lire Lordon ou Piketty, mais laissez "Don't Look Up" tranquille. Parce que nous on s'est bien bidonné.

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Un emballage un peu grossier (notamment avec une BO trop appuyée), mais Cruella répond aux attentes. Les deux Emma crèvent l'écran et les tenues créées pour le film ont l'effet escompté. C'est un film généreux, tape-à-l'oeil qui propose une réécriture intéressante d'un vilain de cinéma devenu archétype.

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C'est une plaisanterie ?
Y a pas une seule chose qui fonctionne dans ce film. Evidemment, les trois protagonistes n'étant pas des acteurs, ils ne peuvent pas faire de miracles dans leur interprétation. La mise en scène est juste absente, on est sur un docudrama feignant qui se contente de juxtaposer des scènes où les protagonistes ne font strictement que décrire ce qu'ils sont en train de faire ou font des fausses blagues gênantes entrecoupées de silences glaçants.
Mais cerise sur le gateau, les valeurs promues par le film sont un gloubi-boulga indigeste de patriotisme aveugle, de "don't tread on me" claudiquant, d'américains beauf à la conquête de l'Europe et de bondieuseries injustifiées.
J'aimerais pouvoir dire que les trois quarts du film sont inutiles mais que le passage dans le Thalys est sauvable, mais même pas ! C'est mal orchestré, illisible et sans la moindre tension dramatique.

"Le 15h17 pour Paris" n'est rien de plus que le grommellement épuisé d'un vieux réac.

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Est-ce que le pire qualificatif à apposer à un film ne serait pas "mauvais" mais plutôt "insignifiant" ?
Parce que ce nouveau Venom en est l'exemple absolu : pas particulièrement abject, pas irregardable mais profondément creux et vide d'intérêt.
Au moins ça aura eu le mérite d'avoir fait bosser des gens pendant le COVID.

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Ça a quand même très mal vieilli. Entre la BO électro terriblement début 2000, les scènes de combat aux bruitages caricaturaux, la shaky cam et le montage haché peu lisible, annonciateurs des Taken et consors ; "La Mémoire dans la peau" est un produit de son époque et qui souffre de la comparaison avec le niveau récent des films d'action.
Le film ne repose également que trop sur la performance de Matt Damon, les rôles secondaires étant tous plus ou moins décevants.

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Alors pourtant qu'il réunit tout pour me plaire, j'ai pas pu m'empêcher de m'emmerder gentiment devant "Le Dernier des Mohicans".
Cette sensation de film nombriliste, un peu poseur, qui aime se regarder plutôt que de soigner sa narration et son rythme.
Il y a tout de même de belles scènes, un souffle indéniable et mon crush sur Madeleine Stowe.

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Un biopic à la forme irréprochable qui parvient à s'échapper du carcan lénifiant du biopic sportif classique, mais qui aurait pu bénéficier d'un discours plus large et d'un recul politique sur son époque et les faits qu'il dépeint.
Le mépris social des white trash qui a conduit au triomphe des Bush, la domination masculine à l'oeuvre dans le couple de Tonya et le caractère clairement pervers narcissique de son mari, la misogynie ambiante du patinage artistique sont autant de thèmes qui ne sont traités qu'en filigrane ou pour servir l'histoire.
Sauf que le parcours de Tonya Harding est révélateur d'une certaine Amérique fracturée qui réemploie la violence classiste dont elle est victime contre d'autres minorités. Et sous-employer cette violence sociologique c'est perdre une partie de la profondeur de l'aigreur de la mère, c'est dépeindre juste comme un demeuré le personnage du garde du corps (qui développe une mythomanie mégalomaniaque par frustration et mépris de classe) et Tonya comme la perle dans la boue alors qu'elle est surtout le retour du crachat adressé à ce qu'elle représente.

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Un bon biopic doit être politique.
Pas parce que c'est ma marotte, mais parce que le prisme politique est le seul capable de retranscrire les véritables enjeux d'un parcours et d'une vie nécessairement marqués par les privilèges et les oppressions.

En l'occurrence "Judas and the Black Messiah" est naturellement politique mais par une écriture fine et un équilibre subtil des personnages, il évite d'être trop brutalement partisan. Il témoigne avec netteté, fermeté et rudesse le mépris politique de la radicalité qu'incarnait les Black Panthers et la rhétorique élitiste du pouvoir qui n'accepte d'être critiqué que selon ses propres modalités.

C'est aussi une proposition à la fin cruelle, nauséeuse mais nécessaire, témoignage d'un Etat prêt à retourner une population contre elle-même et à envoyer ses barbouzes piétiner l'humanité de ce qu'elle considérait encore comme une culture subalterne.

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Ce n'est pas très bien joué, le développement des personnages est bancal et on n'y croit jamais vraiment, mais c'est tendre et souvent touchant.
On sent la bonne volonté, comme dans un strudel avec trop de pâte.

Quelques mérites parsemés, comme celui de figurer une amourette lesbienne ou l'éternelle poésie naïve de Yolande Moreau, mais qui font parfois bien maigres à côté des poncifs et mauvaises idées, du personnage d'Edouard Baer au retournement soudain des idéaux des personnages.
Le climax en fin de film fera grincer beaucoup de dents, mais je lui trouve une certaine tendresse inoffensive bien qu'un peu gênante.

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C'est criard, c'est arrogant, mais qu'est-ce que c'est vivant.

Gaspar Noé développe son art insultant mais vibrant pour un court-métrage immersif qui aurait pu se perdre dans des réflexions vides de sens mais qui reste puissamment organique.

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Il y avait pourtant des vrais essais de poésie dans ce film. Chloé Zhao disséminait des pistes sur l'indicible, l'apaisement, le poids de la loyauté et la nature des relations après des siècles d'usure.
Malheureusement l'implacable formule Marvel s'applique sans discernement et fait des Eternels un énième film ni-bon ni-mauvais du MCU.
Assurément pas le plus ennuyeux, ni le moins pertinent, mais une distraction tape-à-l'oeil de plus

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J'avais pourtant un agréable souvenir nostalgique de cette saga, mais près de 20 ans plus tard, ça a mal vieilli et ça manque de saveurs.
La réalisation est terne et peu lisible, ce qui m'a donné l'impression de subir le film plutôt que de le vivre. Par rapport au genre comme aux films de son époque, "La Mort dans la peau" est bigrement pénible.

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Saisissant après tant d'années de voir un film qui, sur un propos politique qui conserve une grande modernité, parvient à toujours garder une subtilité et un équilibre brillants.
Charles Foster Kane est une figure mythique du cinéma, qui se retrouve encore aujourd'hui chez des Bezos, Musk ou Arnault. Mais ce qui est intéressant c'est de choisir de ne pas s'attaquer à la bêtise ou à la mégalomanie de cette figure, mais à toute son égoïste et vaine solitude.
C'est aussi de dévoiler la fabrique du mythe, la construction médiatique de l'aura du géant. Et le cynisme qui en découle est un message à la portée vertigineuse.

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La première adaptation d'Agatha Christie par Kenneth Branagh, avec "Le Crime de l'Orient Express", n'était pas vraiment réussie mais assurait un moment agréable avec une bonne transcription du mystère originel.

Mais "Mort sur le Nil" n'a rien appris de son aîné et ne réussit jamais vraiment rien.
Les images de synthèse grossières, le cabotinage des acteurs et actrices, ainsi que le très mauvais accent de Kenneth demeurent. Même constat pour la situation initiale et la présentation des enjeux qui traînent péniblement pendant presque une heure.

Et ce qui faisait la saveur du premier a disparu : un rythme épuisé, des dialogues mal amenés et qui manquent de souffle et une enquête qui peine à être lisible.

Pareil pour la réécriture des personnages, qui est incohérente et n'apporte pas grand chose. A part cocher des cases pour faire du pinkwashing : ajout d'un couple lesbien qui n'existe pas dans le bouquin, un personnage est racisé gratuitement et une autre devient noire, chanteuse de blues anachronique au lieu de romancière.
La réappropriation des oeuvres et y inclure des thématiques inclusives n'est pas quelque chose auquel je suis opposé, au contraire. En revanche, lorsque c'est fait dans un film où l'actrice principale est un soutien actif de la politique expansionniste et raciste d'Israël et que l'acteur principal est accusé de séquestration et de viol, ça me révulse. Capitaliser sur des luttes sociales n'est qu'un énième argument du libéralisme mortifère pour paraître cool.

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Porté par un trio de tête confondant, "Le Dernier Duel" est un essai remarquablement moderne pour Ridley Scott.
Le séquençage en trois actes aurait vite pu être pesant et redondant, mais permet au contraire une grande subtilité dans le traitement de l'action centrale, le viol de Marguerite.

A ce propos, c'est d'ailleurs un des films qui représente le mieux le viol parmi ce que j'ai visionné dans les dernières années. Aucune sexualisation, une représentation juste de la sidération et des rapports de pouvoir pour une femme médiévale, de la culture de la prédation et du poids traumatique que le viol créé.
Je m'attendais à rien mais je suis plus qu'agréablement surpris.

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Assez anecdotique dans la filmographie de Fincher, mais un très beau complément à "Citizen Kane" avec des dialogues ciselés et une très élégante photographie.

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Un mignon témoignage à une époque et à la génération qui a été biberonné à Harry Potter (dont je fais partie), mais un documentaire terriblement anecdotique dont on ne retient que trop peu.

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"Crazy Stupid Love" a un statut de film culte avec son lot de scènes mémorables et de séquences intéressantes (le début de relation entre Emma Stone et Ryan Gosling notamment).
Mais on oublie souvent à quel point les scénaristes ont lâché la rampe sur la fin du film et sur un tout pan du film avec la relation entre la babysitter (Jessica), Steve Carrell et son fils.

Le gamin est le pire des forceurs, harcèle littéralement Jessica pour qu'elle sorte avec lui alors qu'elle a 5 ans de plus que lui. Alors qu'il pourrait se faire recadrer par son daron, celui-ci lui dit de continuer et de ne "jamais abandonner". Impeccable.
La babysitter est donc amoureuse du père (Steve Carrell) et va jusqu'à prendre des nudes pour lui envoyer (on rappelle qu'elle est mineure). A la fin du film, le gamin fait un discours où il revient à la charge et remet sa casquette de Captain Forceur.
Jessica cède enfin et pour compenser le fait qu'elle ne sortira pas avec lui, lui donne ses nudes (!?). Morale de l'histoire : continue à ignorer les refus répétés des femmes et peut-être qu'elles te fileront des photos nues.

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Pew pew... 17 images à la seconde... pew pew... références constantes et innombrables... waaaaargh... jamais vraiment sérieux et toujours ironique...

Je comprends les maux de crâne que beaucoup ressentiront, mais c'est tout ce qui me parle et tout ce que la culture internet / du post-modernisme a produit de positif.

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J'ai rien compris à la narration et au rythme de ce film. Pendant 2h10, j'ai eu l'impression d'un montage charcuté avec des recollages, des ellipses étranges et une écriture qui s'est faite au fur et à mesure du tournage, sans tenir compte de la cohérence de l'intrigue.
Le charisme, l'humour ironique et la fraîcheur des deux premiers opus sont aux abonnés absents. On dirait un pastiche édulcoré qui se prend trop au sérieux.

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Gros avions, gros muscles, grosses accolades viriles brrrrrrrrm

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(Rattrapage de 5 mois de films sans notation, d'où l'absence de remarques pertinentes)

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Documentaire à la Netflix : inoffensif et prévisible mais le sujet est intéressant (bien qu'il aurait mérité une lecture plus politique)

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On va pas se mentir : en plus d'avoir vieilli, c'est très inégalement interprété.

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Ah oui ça aussi ça a vieilli et ça fait partie de la vieillesse navrante. A part une petite poignée de scènes cultes souvent surjouées, j'ai eu du mal à décrocher un sourire.

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Shawn Levy n'a jamais été un maître de la subtilité et ce n'est pas ce film qui va prouver le contraire. Typique d'une production Netflix : distrayant mais inoffensif et maîtrisant mal ses enjeux.

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Au début je voulais faire une critique mais j'ai zappé.
Probablement un des films qui m'a le plus dérangé, mais pour une bonne raison. Certains y voient une oeuvre complaisante de la sexualisation de fillettes, alors que c'est précisément l'inverse.

Si on voit de la sexualité dans les jeux immatures de gamines qui veulent imiter leurs aînées, ce ne serait pas plutôt nous le problème ?
"Mignonnes" questionne le voyeurisme et le regard qu'on pose en tant que société sur les très jeunes filles comme (futures) objets sexualisables, d'où le malaise ressenti pendant tout le visionnage.

Alors bien que d'un côté je trouve que ce questionnement est loin d'être parfait dans sa mise en scène, "Mignonnes" est l'opposé de ce que beaucoup veulent en faire. C'est en réalité une tranche de vie aussi amère que tendre sur le quotidien de fillettes précaires dans une société ultra-patriarcale.

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En règle générale les romcoms et les teen movies vieillissent comme le lait mais ce film tient encore très bien la route et la scène de Heath Ledger sur "Can't Take My Eyes Off You" est impeccable.

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Pas extrêmement marquant mais abouti dans ce qu'il entreprend. Et ça fait plaisir de voir un autre schéma que la famille blanche classique dans le cinéma d'animation.