Mon voyage cinématographique

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En pleine excavation de son art, Charlot déniche une pépite de film. Au rythme des petits pains, sa poésie humaniste délace notre cœur froid comme la pierre qui, devant cette chorégraphie minutieusement orchestrée, finit par pencher pour cet attachant maladroit. Réchauffer le rire et transformer la pellicule en or, Midas Chaplin.

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Ford continue sa chevauchée à travers l'Histoire et de sa volonté de rédiger le mythe de sa nation, il tire la puissance d'une diligence transportant un microcosme d'humanité. D'un équilibre parfait entre l'immensité des lieux et le huis-clos, un jalon est posé d'un fantastique galop d'essai. Naissance d'une passion.

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Depuis son nid et de sa vision omnisciente, Clouzot passe le portrait d’une époque au vitriol pour révéler la vraie nature des charognards qui la peuplent. La délation étend alors ses ailes d’une noirceur totale sur le monde, plongeant l'humanité dans l’ombre de la peur et de la paranoïa. Nombreux sont les rapaces de la censure ayant tenter de briser les ailes de ce messager mais le phénix renaît toujours de ses cendres.

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Qu'est-ce que la vie, sinon un vaste hall de gare où certaines personnes s'assoient avec nous pour attendre le dernier train et où d'autres embarquent vers différentes destinations. Un endroit où les destins filent et se défilent en une étrange procession et où le vide de l'absence peut parfois nous frapper comme un wagon lancé à pleine vitesse. Malgré ça, l'éternité cyclique de l'instant reste figé dans la paupière des autres. À jamais.

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Sous une sombre forêt de mensonges faite d'épais branchages de subjectivité, seul un mince rayon de vérité parvient à la pénétrer, tel la pointe d'une lame aiguisée. Autopsie psychologique sur l'Homme et la fragilité de sa conscience, la vérité se perdra dans l'oubli, comme des larmes dans la pluie.

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Les yeux rivés sur l'horloge, l'aiguille agit comme un couperet et le temps file inlassablement en emportant avec lui les derniers espoirs d'humanité. Face à son inexorable destinée, l'espoir et l'amour comme meilleures armes pour sonner le glas. Le colt sifflera trois fois lorsque le sablier aura écoulé ses derniers grains.

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Sous un écrasant soleil de Satan et noyée dans une pellicule poisseuse de pétrole, une aventure d'hommes dont la vie est suspendue à une traînée de nitroglycérine. Clouzot alimente son film à la tension pour faire avancer l'intrigue, mieux nous tendre pour pouvoir encaisser de plein fouet son discours sur la nature humaine. Cette absurde nature qui l'entraîne toujours à sa chute.

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Derrière l'élégant paravent d'une apparente noblesse se cache le vice de l'argent et de l'adultère qui, au nom des lois antiques, sacrifie l'amour sur l'autel du conservatisme. Dans cette tragédie en clair-obscur, deux héros s'embourbent dans les marais de l'interdit afin de marquer leur quête d'une croix rouge dans les calendriers. De crucifiés à sacralisés, l'Histoire ne retiendra que la deuxième rime, comme un certain prophète avant eux.

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A travers les strates d’un noir et blanc à la lisière du fantastique et du film noir, l’esprit se noie dans les limbes de l’incertitude. Par ce procédé, Clouzot prend ses personnages et son spectateur au piège, dans sa toile diabolique, pour extraire la terreur de cœurs en palpitations sourdes jusqu’à la syncope cathartique. Ectoplasme hitchcockien.

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Assis mais pas abattu entre les quatre murs de son esprit cadenassé, le clinquement des chaînes sonne chaque seconde d'un compte à rebours vers une fin entendue. Pour se libérer de ses entraves et apercevoir la lumière aveuglante de la liberté, briser la porte du tunnel à coup d'espoir en tissant une amitié d'un fil de foi. La vie ne tient finalement qu'à une corde.

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Se bâtissant un édifice de pouvoir prenant comme fondation la trahison et comme remparts l'ambition de grandeur, le détestable maître de cet édifice comme parabole de l'Homme. Piégé dans la toile de la folie, le simple pion devenu roi ne voit pas que son château n'est que cartes prêt à s'écrouler sous le poids de sa médiocrité. House of Craps.

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Sur l'échiquier de la vie, toutes les pièces cherchent à mettre la Mort en échec. Tandis que le Cavalier tombe au combat en voyant toutes les misères de ce monde, le Fou bienheureux le lit en diagonale pour s'avancer vers la Tour de la raison et échapper à son funeste destin. Bergman ouvre le sceau du 7ème Art pour nous transcender.

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L'ombre effrayante et inéluctable de la Faucheuse à l'horloge sans aiguilles plane sur chaque instant de notre vie. Il faut alors pour résister, se plonger de son passé. Quand vient le moment de cueillir le fruit mûr de notre existence, se mêle ainsi les fraises amers du regret et les fraises sauvages du bonheur.

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Dans cette escalade de criminalité grotesque, la lueur de chance du dindon s’éteint en même temps que les lumières de sa prison d’acier. Sur la pellicule, des destins fracturés et immortalisés dans l’argentique d’un monochrome à la croisée du film noir et de l’expressionnisme. La nouvelle vague se déverse par la cage de cet ascenseur pour la peur.

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Dans le vertige de l'amour, un homme est piégée dans une machination cynique et vicieuse. Nageant en eaux troubles dans la baie de la raison, surmonter ses peurs pour trouver la porte fantomatique de la vérité à travers la spirale du double-jeu. Synthèse hitchcockienne hypnotisante et esthétique doublée d'une réflexion sur l'obsession.

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Par la fuite en avant de son personnage chéri, et dans le même élan de vitalité libertaire, Truffaut s’échappe des carcans du cinéma pour aller trouver sa vague caressant un horizon dégagé. Sur la plage, il érige également un fragile autel en l’honneur de la jeunesse et des quatre-cent coups d’insouciance qui la compose. Les rêves ne trouvent aucun écho dans nos prisons de bitume.

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Cristallisant le système judiciaire dans une pièce, où la rhétorique est actrice d’une théâtralité qui prend le pas sur la vérité, Preminger dissèque l’humain de façon méthodique et autopsie les mœurs de l’époque. En éclatant une affaire brumeuse en différents points de vue, cet essai nous rappelle finalement que tout jugement n’est qu’affaire d’interprétation. Better Call James.

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Comme un mirage dans cette étendue immaculée, un Prince Blanc, en retournant chaque grain de sable à la recherche de son identité et de son humanité, s'est élevé. Face à l'écrasante force d'un soleil d'acier comme le bleu de ses yeux il a marché, où personne ne l'avait fait avant, pour rallier les êtres et entrevoir un oasis utopique. Sur les tables de l'Histoire et du 7ème art, la légende de Lawrence est éternelle.

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Au bout de la jetée de notre vie, les images de celle-ci défilent sous nos yeux. Le passé et l'avenir se mêlent et se démêlent alors au chevet du présent sous forme d'un maelstrom d'images décousues. Ce court-métrage entend bien "marker" l'essence même du cinéma : faire parler les images. Somptueux objet expérimental.

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Enfermant son personnage comme son spectateur dans une pièce vertigineuse d’intensité, Polanski dresse le portrait d’une femme meurtri, en constante répulsion de soi et des autres. Fissurée par des blessures du passé desquelles surgissent ses vieux démons, son esprit bascule dans un gouffre mental dont le silence est assourdissant d’horreur. L’œil est le reflet de la décomposition de l’âme.

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Le ballet des âmes tourmentées fait progressivement tomber les masques et dévoile l’être niché au cœur de l’inconscient, d’où il se dédouble au creux des vagues de silence. Un jeu de miroir qui catalyse la richesse et la puissance de cette mise en abyme et de sa profondeur labyrinthique durant laquelle Bergman va au bout de sa thèse et propose sa propre vision de la psychanalyse, dans les méandres de son art. Dans une sublime symbiose des contrastes, comprendre l’autre, c’est finalement devenir l’autre.

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S’échappant de la prison de l’honneur pour tracer sa propre route, le destin en clair-obscur d’un grand malfrat, tombant dans les petites affres du crime. Comme toujours chez Melville, cette dernière danse macabre, découpée au millimètre, se charge d’une grande réflexion sur la solitude dans un cadre mélancolique à défaut d’être bucolique. Épure platinée.

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A l’image de l’enfer qui s’introduit en Rosemary, le métrage sème une graine de paranoïa dans l’esprit du spectateur, créant l’horreur en préférant la suggestion à la démonstration. Par une leçon tétanisante et anxiogène de cinéma, convoquant une assemblée de thèmes à l’extrême, le cinéaste accouche la synthèse de ses névroses à travers cet objet filmique aussi difforme que majestueux. Polanski’s Baby.

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Dans l’ombre de l’Histoire, des héros se nappent de solitude pour affronter la mort. Clandestins du cadre et contraint au silence, la fraternité comme énergie nécessaire pour se battre, avec courage, et parvenir à courir toujours plus loin. Se consumer pour rallumer la flamme qui s’éteint dans le noir, ils le doivent.

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Face à un monde en perpétuel mouvement, deux hommes refusent de suivre le courant et restent coincés dans leur bromance, pleine de nostalgie et de désinvolture, en préférant plonger dans le moment présent pour fuir le passé désenchanté et le futur dramatique. À l'image de ses héros, un film fantaisiste et plein d'inventivité, tout en étant figé dans sa bulle par rapport au cinéma de l'époque.

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Emporté dans le tourbillon de la vie, le choc de l'indécision sonne comme une mélodie tragique, composée de fragments d'existence. Au carrefour de celle-ci, l'histoire d'un homme fauché par l'amour qui le laisse sur le bas-côté, dans la confusion des sentiments. La roue(lette russe) tourne.

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Tous les hommes naissent innocents mais les actes les réuniront tôt ou tard dans le fatal cercle rouge de la culpabilité. Reste à savoir dans quel camp : flic ou criminel ? Face à ce polar froid comme le métal d'une balle et au devant de la maitrise austère du récit, le silence est d'or.

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En érigeant une œuvre naturaliste majestueuse, Lean délivre également un récit puissant sur l'émancipation, où la passion interdite broie les cœurs autant que les corps. Le contraste se décline à l'infini par le prisme de la caméra où se découpe la douceur verte de l'herbe à la férocité marine de l'océan ; où s'affronte la laideur de la condition humaine à la beauté sauvage et effrontée de la nature. Irish Bovary.

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Sur le plongeoir de sa vie et au bord du grand bain, un diamant brut s’apprête à devenir un homme dans un baptême organique. Et c’est dans une Londres blafarde que se joue cet étrange ballet de couleurs et de sentiments, évoquant les déchirures qui lacèrent le cœur des adolescents. Métaphore cousue d’un fil de serviette.

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Le chant des banjos envoûtent et mènent sur le Styx indomptable qui traverse le visage dégénérant d'une Amérique en pleine mutation. Face à la bêtise de l'Homme, la nature engloutit tout, même l'humanité, et recrache des créatures difformes et violentes. Coup de pagaie dans la tête.