Liste ordonnée de films de 2022 (date de sortie en salle en France)

Liste de

119 films

créee il y a environ 2 ans · modifiée il y a environ 2 mois

EO
6.9
1.

EO (2022)

1 h 27 min. Sortie : 19 octobre 2022 (France). Drame

Film de Jerzy Skolimowski

cinelolo a mis 9/10.

Annotation :

Au départ, il y avait "Au hasard Balthazar", de Robert Bresson, un film centré sur un âne qui quittait les mains d'une jeune femme aimante pour passer entre les mains de nombreuses personnes qui l'étaient nettement moins (aimants, et c'est un euphémisme). Le nouveau film de Skolimowski reprend une trame analogue, mais ce n'est nullement un remake, tant les deux films sont dissemblables (ainsi, le film de Bresson n'est pas un pré-requis pour apprécier "EO"), dans le fond comme dans la forme. Le regard de Bresson était moraliste et essentiellement tourné vers l'humanité, l'âne servant de révélateur. Chez Skolimowski, on a l'impression d'assister au premier grand film antispéciste, tant les points de vue d'animaux de diverses espèces sont mis sur le même plan. Ainsi, lors de scènes clés, le point de vue adopté semble être celui de l'âne lui-même, y compris dans ses souvenirs de la jeune circassienne qui l'adorait, sans que ce point de vue soit exclusif. Il n'y a pas de dichotomie homme/animal, car l'âne fait également la rencontre avec d'autres espèces non humaines (avec même une séquence nocturne rappelant la "Nuit du chasseur" de Laughton). Formellement, on est loin du dépouillement bressonien : je conseille l'expérience sur grand écran pour apprécier au mieux ce travail d'artiste aux fulgurances exceptionnelles, tant dans la puissance des images que dans celle de la bande-son, et de l'agencement saisissant entre les unes et l'autre...

Les Passagers de la nuit
6.8
2.

Les Passagers de la nuit (2022)

1 h 51 min. Sortie : 4 mai 2022. Comédie dramatique

Film de Mikhaël Hers

cinelolo a mis 9/10.

Annotation :

On suit quelques années de la vie d'une famille, plus précisément d'une mère devenue célibataire et de ses deux grands enfants ados, ses rencontres lorsqu'elle tente une reprise professionnelle... Si on se passionne par ce qui arrive aux personnages, c'est moins par la qualité du scénario en tant que tel que par la qualité d'écriture de ces personnages : Charlotte Gainsbourg a-t-elle déjà eu un rôle aussi beau ? Ses partenaires sont également bien servis : entre autres Thibault Vinçon et Didier Sandre (habitués du cinéaste), mais aussi Emmanuelle Béart et Noée Abita. La reconstitution des années 1980 est d'autant plus réussie qu'elle n'est pas ostentatoire et pointilleuse, mais plutôt pointilliste, ce qui change tout : ce sont des détails, des objets qui font revivre des éléments des rapports humains de l'époque. Et quelques réminiscences radiophoniques ou cinématographiques (la comète Pascale Ogier, notamment dans "Les Nuits de la pleine lune"). Mikhaël Hers croit encore au cinéma, et s'il livre un film largement au-dessus des productions audiovisuelles ordinaires, c'est parce qu'il demeure un styliste rare : le grain de l'image est unique, comme s'il s'agissait d'images pastel à la Sempé, mais avec des couleurs chaudes au diapason des ondes qui circulent d'un personnage à l'autre...

Contes du hasard et autres fantaisies
7.1
3.

Contes du hasard et autres fantaisies (2021)

Guzen to sozo

2 h 01 min. Sortie : 6 avril 2022 (France). Drame, Romance

Film de Ryusuke Hamaguchi

cinelolo a mis 9/10.

Annotation :

Le film est distribué en France sous un titre aux accents rohmériens. Il regroupe en réalité trois histoires d'une quarantaine de minutes chacune, et c'est un peu une surprise, dans la mesure où Ruysuke Hamaguchi a vraiment explosé avec des narrations longues : les cinq heures totales de "Senses", les trois heures magistrales de "Drive my car" (oeuvre pourtant inspirée d'une nouvelle de Murakami). Chaque histoire prend néanmoins une tournure inattendue, qu'on se gardera de révéler, même si le cinéma d'Hamaguchi ne repose pas sur le suspense. Si les dialogues sont essentiels, et impeccablement interprétés, la réussite du film repose également sur l'évidence de la mise en scène : chaque cadre met d'emblée dans l'ambiance singulière de chaque séquence, et la caméra est toujours au bon endroit et au bon moment. Dit comme cela, c'est presque paradoxal, dans la mesure où les différents récits imaginent des personnages, surtout féminins, qui peinent, justement, à l'être, au bon endroit et au bon moment. Même s'il ne s'appuie pas sur un grand récit unique, Hamaguchi confirme néanmoins sa virtuosité.

Annie Colère
7.2
4.

Annie Colère (2021)

2 h. Sortie : 30 novembre 2022. Comédie dramatique

Film de Blandine Lenoir

cinelolo a mis 8/10.

Annotation :

Il y a quelques semaines est sorti un biopic sur Simone Veil, qui fait un carton en salles. Le nouveau film de Blandine Lenoir traite aussi de la conquête du droit à l'avortement, mais il ne fait absolument pas double emploi, car sa focale est toute autre. En effet, il s'intéresse aux activités concrètes d'une antenne locale du MLAC, au début de l'année 1974. Et cela change tout. Il y a beaucoup de talent et de conviction à tous les étages : scénario, co-écrit avec Axelle Ropert, interprétation (si l'on en attendait pas moins de Laure Calamy et Zita Hanrot, toujours excellentes, Rosemary Standley, que je ne connaissais pas, est inoubliable). Et la mise en scène de Blandine Lenoir est toujours juste, certes pas révolutionnaire d'un point de vue strictement formel, mais sans fausse note. Une bonne surprise et un film important.

Les Enfants des autres
6.8
5.

Les Enfants des autres (2022)

1 h 43 min. Sortie : 21 septembre 2022. Drame

Film de Rebecca Zlotowski

cinelolo a mis 8/10.

Annotation :

Au début, on s'inquiète un peu. Certes, Rebecca Zlotowski a toujours soigné ses mises en scène ("Grand central", ou le pas assez reconnu "Planetarium"), mais avec une attitude assez franc-tireuse. Là, on sent qu'elle veut adopter une position plus centrale, avec une grammaire cinématographique très classique, de même que ses références musicales (Julien Clerc, Yves Simon). Mais cette nouvelle centralité n'est nullement une démagogie, elle s'en sert pour raconter une histoire simple d'une femme quadragénaire qui s'inquiète de ne pas avoir fait d'enfants, et qui va s'attacher à Leïla, la fillette de son compagnon (un homme divorcé). Le savoir-faire de la cinéaste, d'inspiration assez truffaldienne ici, est mis au service d'un point de vue assez inédit sur cette situation, et au-delà (l'excellent titre ne renvoie pas uniquement à Leïla). Pour jouer une partition si subtile, il fallait un stradivarius, et c'est Virginie Efira, qui donne devant la caméra de Zlotowski une sensualité et une palette d'émotions complexes assez extraordinaire. Après "Revoir Paris" et "Les Enfants des autres", on ne voit pas comment le César de la meilleure actrice pourrait lui échapper.

Les Poings desserrés
6.5
6.

Les Poings desserrés (2020)

Razzhimaya kulaki

1 h 37 min. Sortie : 23 février 2022 (France). Drame

Film de Kira Kovalenko

cinelolo a mis 8/10.

Annotation :

Ada (Milana Agouzarova, extraordinaire) est une jeune fille résidant dans une petite ville d'Ossétie du Nord, en Russie. Elle vit avec son père, sujet régulièrement à des crampes qui le paralysent, et avec son petit frère, un ado qui vient malgré tout dormir avec elle la nuit. Elle-même ne va pas très bien, aurait besoin d'être "réparée", et essaie d'échapper à la surveillance de son père, qui a confisqué ses papiers pour l'empêcher de quitter le nid. Son frère aîné, qui était parti vivre à Rostov, vient les rejoindre quelques jours, et pourrait être un point d'appui. Il s'agit d'une sorte de film d'amour familial et surtout fraternel, mais qui ne psychologise rien : tout passe par les gestes, les corps, et bien sûr la gravité de ce que l'on apprend petit à petit. La mise en scène est au diapason, avec des plans-séquences tendus et maîtrisés. Kira Kovalenko s'offre toutefois une transgression esthétique dans le dernier mouvement du film, mais toujours en phase avec son héroïne.

Armageddon Time
6.8
7.

Armageddon Time (2022)

1 h 55 min. Sortie : 9 novembre 2022 (France). Drame

Film de James Gray

cinelolo a mis 8/10.

Annotation :

Après deux excursions dans d'autres territoires ("The Lost city of Z", "Ad Astra"), James Gray revient à New York, et situe son film à l'aube des années 1980. Dans le collège public dans lequel il effectue sa rentrée, Paul Graff, 11 ans, rêveur et facilement dissipé, se lie d'amitié avec Johnny, le seul garçon noir de sa classe, assez turbulent lui aussi. Paul observe le racisme le plus banal, qu'a bien connu son grand père maternel, juif (formidable Anthony Hopkins), le membre de la famille dont il se sent le plus proche. Le racisme social aussi, lorsqu'il est obligé de rejoindre une institution privée, alors qu'à la télévision Ronald Reagan mène une campagne électorale bientôt victorieuse... James Gray livre un film d'une apparente simplicité, mais riche en éléments qu'il distille par petites touches, dans une atmosphère faussement feutrée, sans ostentation (en cela il diffère de l'entreprise démonstrative du dernier Mungiu), sans forcer le/la spectateur/trice à les voir. La mise en scène a également la forme de l'évidence, et n'a recourt à aucune grandiloquence. Lorsque le générique de fin apparaît, on regrette que ce film, l'un des plus beaux du cinéaste, ne se prolonge pas davantage...

Les Repentis
7.1
8.

Les Repentis (2021)

Maixabel

1 h 56 min. Sortie : 9 novembre 2022 (France). Drame

Film de Icíar Bollaín

cinelolo a mis 8/10.

Annotation :

En 2000, Juan Maria Jauregui, ex-gouverneur PSOE, est abattu par l'ETA. Des années plus tard, deux membres du commando, qui ont rompu au cours de leur emprisonnement avec l'organisation basque indépendantiste, vont avoir l'occasion de rencontrer la veuve de leur victime (par la suite, l'ETA finira par renoncer aux assassinats politiques). Iciar Bollain, dont j'avais beaucoup apprécié "Même la pluie", met tout son talent de cinéaste au service de cette reconstitution d'une histoire récente. Sa mise en scène fait profil bas, presque invisible, mais cette sobriété est paradoxalement un atout, car elle permet de mettre en avant les moindres nuances du scénario et des dialogues (certes inspirés d'une réalité), les moindres hésitations et contradictions auxquelles sont confrontés les différents protagonistes. L'interprétation, très homogène (Bianca Portillo, Luis Tosar, Maria Cerezuela, Urko Olazabal), contribue à apporter de la dignité à l'ensemble, un refus du manichéisme comme du relativisme.

Vesper Chronicles
6
9.

Vesper Chronicles (2022)

Vesper

1 h 54 min. Sortie : 17 août 2022 (France). Science-fiction, Aventure, Drame

Film de Kristina Buozyte et Bruno Samper

cinelolo a mis 8/10.

Annotation :

Les années passant, après les films catastrophes ont succédé les films post-apocalyptiques. Celui-ci, coréalisé par la réalisatrice Kristina Buozyte ("Vanishing waves", 2013), en est un des plus beaux représentants. Le point de départ pourrait sembler banale : une catastrophe écologique a anéanti une grande partie de l'humanité et du monde vivant ; restent une poignée de riches bunkerisés dans des Citadelles fermées au plus grand nombre, condamné à errer ou à survivre ; Vesper, une jeune fille pauvre, n'a pas renoncé à une vie meilleure. Cette dystopie surprend agréablement, d'abord par la richesse de son univers (au fur et à mesure des informations distillées par le récit, on révise petit à petit nos perceptions). Ensuite par l'impressionnant travail artistique : visuellement le film est très ambitieux et très abouti, sans céder au formatage qu'ont parfois ses homologues hollywoodiens...

Le Lycéen
6.4
10.

Le Lycéen (2022)

2 h 02 min. Sortie : 30 novembre 2022. Drame

Film de Christophe Honoré

cinelolo a mis 8/10.

Annotation :

Il y a souvent des deuils dans les films de Christophe Honoré. C'est le cas notamment pour Lucas (Paul Kircher), lycéen de 17 ans, dont le père disparaît dans un accident de la circulation, quelques jours après une première sortie de route sans conséquence. La grande force du film, c'est de faire ressentir la perte, sans jamais tomber dans l'émotion facile. Honoré rejoue un peu de son adolescence, mais en la transposant à l'époque actuelle. Avec la maturité, il arrive à livrer une oeuvre dont le paradoxe est de nous faire passer par beaucoup d'émotions différentes, alors même qu'au niveau artistique (cadre, lumière, musique) le film garde une prenante unité. L'interprétation, homogène, est au diapason. Le cinéaste réussit la surface comme la profondeur, et livre une de ses oeuvres les plus convaincantes.

L'Histoire de ma femme
6.1
11.

L'Histoire de ma femme (2021)

A feleségem története

2 h 49 min. Sortie : 16 mars 2022 (France). Drame, Romance

Film de Ildikó Enyedi

cinelolo a mis 8/10.

Annotation :

Hors de toute mode, le film a décontenancé les festivaliers et le jury cannois. Il est pourtant admirable. Le film a beau être en costumes, il n'est jamais académique. Cette dissection d'un couple n'est jamais le commentaire de l'époque à laquelle l'histoire se situe : on devine juste qu'elle se déroule au XXè siècle, à distance relative des conflits mondiaux. C'est l'histoire d'un capitaine de navires marchands qui décide un jour d'épouser la première venue, littéralement. Il tombe sur une Parisienne mondaine réceptive à cet inattendu, et qui a les traits de Léa Seydoux. Un début artificiel pour une histoire qui ne l'est pas, et qui nous captive de manière feuilletonesque. Comme l'indique le titre, le récit se place du côté du vécu de l'homme, mais mis en scène par une femme, la cinéaste Ildiko Enyedi (dont on avait beaucoup aimé "Corps et âme"). De ce fait, nous échappons au "male gaze", et les regards échangés par les personnages suscitent un trouble constant. La virtuosité du chef opérateur fait le reste, avec des couleurs chaudes réservées aux visages des protagonistes, comme une porte d'entrée pour déchiffrer leurs émois intérieurs.

As Bestas
7.5
12.

As Bestas (2022)

2 h 17 min. Sortie : 20 juillet 2022 (France). Thriller, Drame

Film de Rodrigo Sorogoyen

cinelolo a mis 8/10.

Annotation :

Les films de Rodrigo Sorogoyen ("Que Dios nos perdone", "El Reino", "Madre") ont des intrigues très charpentées, qu'il vaut mieux ne pas trop éventer. Disons ici que l'histoire tourne autour d'un couple de français installé depuis quelques années dans un petit village de Galice. Instruits, ils tentent de pratiquer une agriculture plus écologique. Mais un conflit va éclater avec leurs voisins... L'excellent scénario divise le long métrage en plusieurs parties, mais la grande réussite du film tient peut-être plus fondamentalement encore à d'autres éléments : à l'intensité de la tension qui court dès le départ, à une très grande direction d'acteurs (Luis Zahera est inquiétant à souhait, face auquel Denis Ménochet puis Marina Foïs donnent leur pleine mesure, sans oublier les quelques scènes dévolues à Marie Colomb...).

Saint Omer
6.3
13.

Saint Omer (2022)

2 h 03 min. Sortie : 23 novembre 2022. Drame

Film de Alice Diop

cinelolo a mis 8/10.

Annotation :

Rama est une jeune universitaire et écrivaine, qui se rend à Saint Omer assister au procès de Laurence Coly, accusée d'avoir abandonné sa fille de 15 mois sur la plage de Berck un soir de marée montante, dans le but de la laisser se noyer (elle sera retrouvée sans vie le lendemain matin). Le premier long-métrage de fiction d'Alice Diop, qui vient du documentaire, part d'une histoire réelle, et des véritables minutes du procès. Un journaliste lui a reproché de ne montrer l'enfant que quelques secondes. C'est justement un choix artistique fort de ne pas montrer l'infanticide, la démarche consistant justement à laisser travailler en nous ce qui n'est pas forcément sur l'écran. Plus des 4/5 du film se passent dans la salle du tribunal. Contrairement à beaucoup de films de procès, ce lieu n'est pas ici un théâtre où rebondit le récit. Alice Diop, par ses cadres très rigoureux, en filme son aspect cérémonieux (par exemple le tirage au sort des jurés), mais quelque chose d'insondable rentre à l'intérieur. Si ce n'est nullement anodin que Rama et Laurence sont des femmes noires, par rapport aux épreuves sociales qu'elles et leurs familles doivent traverser, ces corps sont néanmoins aptes à porter en eux la condition humaine et féminine dans ce qu'elle a d'universel, jusque dans les recoins les plus indicibles de la nature humaine.

Ouistreham
6.7
14.

Ouistreham (2021)

1 h 46 min. Sortie : 12 janvier 2022. Drame

Film de Emmanuel Carrère

cinelolo a mis 8/10.

Annotation :

Une écrivaine fait le pari de partager pendant plusieurs mois le quotidien de femmes agents d'entretien, en se faisant embaucher comme telle, et en s'interdisant toute béquille de sa vie d'avant, afin de pouvoir raconter de l'intérieur les conditions de travail, les horaires éclatés, les corps malmenés (notamment les cadences infernales sur un ferry) et les maigres payes. Elle est incarnée par Juliette Binoche, qui ne vampirise pas le film (on évite le syndrome "Nomadland") : elle est surtout des yeux qui regardent les autres personnages, incarnées par des actrices non professionnelles (stupéfiante Hélène Lambert). Certes, Emmanuel Carrère s'interroge sur le paradoxe de la démarche, de cette imposture pour décrire le vrai (et il aurait eu tort de ne pas le faire), mais il n'en fait pas un suspense paralysant. Au contraire, et ce n'était nullement gagné d'avance (Carrère n'est pas Ruffin), c'est bien la réalité sociale qui d'abord crève l'écran, même si les deux sujets ne sont pas sans lien : l'horreur de l'exploitation a aussi besoin de la cécité de la petite bourgeoisie pour se perpétuer...

Reprise en main
5.9
15.

Reprise en main (2022)

1 h 48 min. Sortie : 19 octobre 2022. Comédie, Drame

Film de Gilles Perret

cinelolo a mis 7/10.

Annotation :

La première fiction de Gilles Perret parle de l'impact de la finance vautour sur les PME (rachats en LBO), comme son tout premier documentaire, "Ma mondialisation" réalisé en 2006 au même endroit (la vallée de l'Arve). Il imagine ici une bande d'amis d'enfance qui, dans l'urgence, tente d'élaborer une stratégie assez improbable pour piéger les requins à leur propre jeu. La crédibilité vient de l'inscription de la fiction dans des décors réels, mais aussi de la qualité d'écriture des personnages. Leurs interprètes, concernés, s'appuient idéalement les uns sur les autres. Le point de départ est assez dramatique (dont un accident du travail). La suite met subtilement en évidence une superstructure (financière) radicalement opposée aux intérêts des travailleurs. Enfin, il y a la question de l'attitude des jeunes cadres, et de la désobéissance éventuelle à ce qu'on attend d'eux. Les N+1 peuvent-ils exprimer une solidarité de classe avec les exécutants, et ce de manière conséquente ? La trajectoire du personnage interprété par Laetitia Dosch va-t-elle s'inscrire d'une certaine manière dans les pas de celui de Céline Salette dans "Corporate" (Nicolas Silhol, 2017) ? Loin d'être un tract filmé, Gilles Perret nous livre de la belle ouvrage.

Pour toujours
6.4
16.

Pour toujours (2019)

La dea fortuna

1 h 54 min. Sortie : 9 février 2022 (France). Drame, Romance

Film de Ferzan Özpetek

cinelolo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Le titre français est un peu tarte à la crème. Le film nous arrive plus de deux ans après sa sortie en Italie, où il a conquis le public comme la profession. Car malgré sa distribution discrète de ce côté des Alpes, c'est une très belle réussite. Anamaria (Jasmine Trinca, une nouvelle fois formidable), une jeune femme mère célibataire, doit s'absenter quelques jours passer des examens à l'hôpital. Elle confie sa fille et son fils à ses amis Alessandro (Edoardo Leo) et Arturo (Stephano Accorsi), dont le couple ne va pas très bien... Ce n'est ni une comédie ni un mélo, ou plutôt ça tient un peu des deux à la fois. Le film est très bien écrit (le plaisir de la narration est communicatif), et très bien servi par les interprètes. La mise en scène ne prétend pas bouleverser l'histoire du cinéma, mais elle est, hormis l'ouverture (la capture d'une fête au téléphone portable), de bonne tenue. A l'instar de la scène finale, qui rappelle, même si les scénarios sont très différents, une scène mémorable de "La Chambre du fils", de Nanni Moretti, le film qui a lancé... Jasmine Trinca.

En corps
6.8
17.

En corps (2022)

1 h 57 min. Sortie : 30 mars 2022. Comédie dramatique

Film de Cédric Klapisch

cinelolo a mis 7/10.

Annotation :

Un historien engagé pourrait ironiser sur la base sociologique des personnages qu'on croise dans l'oeuvre de Klapisch : à quelques exceptions près ("Ma part du gâteau"), ce sont très majoritairement des urbains avec un capital culturel élevé. Ce qui n'empêche pas le réalisateur d'observer avec finesse les liens qui se construisent entre les personnages. Evacuons un autre point, le scénario : dans sa trame générale, le film est assez simple, voir simpliste, et téléphoné. Et pourtant on y croit. Le paradoxe n'est qu'apparent : l'effort n'a pas été mis sur la narration (qui frôle parfois le prêchi prêcha développement personnel), mais sur l'exécution. L'histoire de cette danseuse classique qui, après une double blessure (physique et amoureuse), doit renoncer à sa passion et réinventer sa vie est rendue très attachante par l'interprétation homogène (Marion Barbeau est la meilleure figure débutante chez Klapisch depuis Garance Clavel dans "Chacun cherche son chat", mais il y a tous ses partenaires), par des détails qui font mouche, par des instants plus gratuits (la danse dans le vent face à la mer) et par le soin apporté à la direction artistique, à commencer par les chorégraphies. Au final, malgré mes craintes, un des meilleurs films du réalisateur.

Leila et ses frères
7.7
18.

Leila et ses frères (2022)

Leila's Brothers

2 h 39 min. Sortie : 24 août 2022 (France). Drame

Film de Saeed Roustaee

cinelolo a mis 7/10.

Annotation :

Leïla est la seule femme de la fratrie. C'est aussi la seule à avoir un emploi stable. Elle propose à ses frères un plan pour les sortir de la misère : acheter un futur local commercial à l'emplacement des toilettes actuelles d'une galerie marchande. Mais la mise de départ est élevée, et ils ont besoin de l'aide de leurs parents. Or le père a très envie de recevoir des honneurs en devenant le "parrain" de la famille élargie, ce qui nécessite de financer un cadeau de mariage pour le mariage du fils d'un cousin... Les dernières réalisations d'Asghar Farhadi ont pu décevoir par leurs coups de théâtre un peu forcés qui les animent. Saeed Roustaee, après le succès de "La Loi de Téhéran", confirme son talent, avec une fresque plus subtile qui prend le temps de construire des personnages complexes. Les intrigues familiales peuvent se voir comme une métonymie de la société, écartelée entre traditions réactionnaires (auxquelles sont attachés les aînés) et mirages capitalistes (comment s'enrichir quand on n'a pas de capital initial ?). Courageux, à l'heure où le régime n'hésite pas à emprisonner des cinéastes accomplis (Jafar Panahi, Mohammad Rasoulof).

Media Crash - Qui a tué le débat public ?
6.8
19.

Media Crash - Qui a tué le débat public ? (2022)

1 h 25 min. Sortie : 16 février 2022. Société, Politique

Documentaire de Valentine Oberti et Luc Hermann

cinelolo a mis 7/10.

Annotation :

9 milliardaires contrôlent 90 % des médias français, tous supports confondus. Le constat est connu, et le navrant paysage médiatique a déjà fait l'objet de documentaires forts ("Fin de concession" de Pierre Carles, "Les Nouveaux chiens de garde" de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, par exemple). Valentine Oberti, journaliste à Mediapart (qui coproduit le film) et Luc Hermann rappellent de façon fort documentée comment cette hyper-concentration capitaliste nuit à la qualité de l'information et permet toutes les dérives du débat public. Divisé en trois chapitres (les incendiaires / les barbouzes / les complices), ils s'attardent sur le cas Bolloré (sa croisade idéologique, ses affaires en Afrique, ses méthodes brutales - management, procédures baillons), celui de Bernard Arnault (LVMH, propriétaire des Echos et du Parisien) qui fait espionner l'équipe de Fakir emmenée par François Ruffin, ou encore l'opération made in Lagardère de la fausse rétractation de Takieddine dans le financement libyen de la campagne de Sarkozy. Les faits sont relativement connus, notamment par les lectrices et lecteurs de Mediapart ou d'autres médias indépendants, mais la mise en images et le montage permettent de mieux faire ressentir les enjeux sous-jacents et enrichir la réflexion. Un film d'intérêt public.

Le Petit Nicolas - Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?
7.3
20.

Le Petit Nicolas - Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ? (2022)

1 h 22 min. Sortie : 12 octobre 2022. Animation, Comédie, Jeunesse

Long-métrage d'animation de Amandine Fredon et Benjamin Massoubre

cinelolo a mis 7/10.

Annotation :

L'originalité de ce film d'animation, récompensé du Cristal du meilleur long métrage au festival d'Annecy, tient essentiellement en deux caractéristiques. Sur le fond tout d'abord, il reproduit certaines histoires du petit Nicolas, mais fait aussi le récit de sa création par Sempé et Goscinny : le film peut donc aussi être vu comme un double biopic sur ces deux créateurs. Sur la forme ensuite, ces deux types de séquences sont réalisées en respectant le style graphique de Sempé, son épure (avec par exemple des personnages qui perdent de la couleur lorsqu'ils s'aventurent au bord du dessin). Dans les deux cas, fond et forme, c'est épatant, tout comme la fluidité avec laquelle on passe d'un niveau de lecture à un autre. Un petit ravissement pour tous les âges.

The Souvenir - Part II
6.9
21.

The Souvenir - Part II (2021)

The Souvenir: Part II

1 h 48 min. Sortie : 2 février 2022 (France). Drame

Film de Joanna Hogg

cinelolo a mis 7/10.

Annotation :

Les deux parties de "The Souvenir" n'ont pas été tournées simultanément : la première a d'ailleurs été présentée au festival de Berlin en 2019, et la seconde à Cannes en 2021. Pourtant, il semble très peu pertinent de les dissocier : le diptyque était conçu comme tel dès le départ, la partie II s'apprécie pleinement à condition d'avoir vu précédemment la partie I, dont elle modifie un peu la perception. Au début, Joanna Hogg raconte l'histoire de Julie (Honor Swinton Byrne), étudiante en cinéma dans les années 1980, qui vit une histoire d'amour avec un homme mystérieux, qui dit travailler dans les affaires étrangères. Cette première partie n'est pas très narrative, mais les moindres détails, dans l'agencement de l'appartement par exemple, ajoutent une singularité et une étrangeté indéfinissable à l'intérieur d'un style a priori réaliste. Dans la seconde partie, Joanna Hogg quitte l'autofiction, et imagine que Julie consacre son film de fin d'études à cette relation tourmentée et à peine (brutalement) achevée. Le style n'est plus le même, on voit Julie peu à peu relever la tête jusqu'à un film dans le film qui tranche avec le reste, par des extravagances visuelles et narratives qui font penser aux classiques de Michael Powell et Emeric Pressburger ("Une question de vie ou de mort").

Memory Box
6.3
22.

Memory Box (2021)

1 h 42 min. Sortie : 19 janvier 2022. Drame

Film de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige

cinelolo a mis 7/10.

Annotation :

Ce sont les vacances de Noël à Montréal. Un mystérieux colis en provenance de Beyrouth arrive chez Maia et sa fille Alex. Il s'agit de cahiers, de cassettes, de photographies, des lettres que Maia, pendant son adolescence, a envoyées de Beyrouth à sa meilleure amie partie à Paris pour fuir la guerre civile. Maia refuse de laisser ce passé remonter à la surface, mais Alex s'y plonge en cachette et découvre la vie de sa mère quand elle avait son âge... Dans cette fiction, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige continuent de s'intéresser à la mémoire et à sa transmission. Les allers-retours entre les deux époques sont assez limpides. Le récit est bien incarné, par les interprétations de Rim Turki et la jeune Paloma Vauthier pour l'époque contemporaine, et de Manal Issa (déjà vue chez Danielle Arbid dans "Peur de rien") pour la jeunesse de la mère. Et, par ailleurs, on remarque que certaines scènes, stylisées, bénéficient du travail formel des deux cinéastes, qui ont plus d'une corde artistique à leur arc.

Les Cinq Diables
6.6
23.

Les Cinq Diables (2021)

1 h 35 min. Sortie : 31 août 2022. Drame, Fantastique

Film de Léa Mysius

cinelolo a mis 7/10.

Annotation :

Le titre renvoie peut-être aux cinq personnages principaux du film, mais fait sans doute également écho aux cinq sens. C'est l'odorat qui est au coeur de cette histoire : une petite fille qui a l'odorat particulièrement développé conserve dans des bocaux des odeurs diverses dont celle de sa mère. En s'imprégnant de l'odeur de cette dernière, elle pénètre ses souvenirs, et va découvrir l'histoire maternelle précédant sa naissance. On n'en dira pas davantage, le scénario frisant avec les paradoxes temporels se prêtant aux découvertes. Il y a de nombreuses pistes, pas toutes abouties, mais cela témoigne d'une certaine ambition, qui se retrouve également dans la mise en scène, particulièrement talentueuse pour filmer... les quatre éléments. Côté interprétation, on retrouve Adèle Exarchopoulos dans un de ses meilleurs rôles, ainsi que Moustapha Mbengue (découvert dans "Amin" de Philippe Faucon).

Hit the Road
7
24.

Hit the Road (2021)

Jaddeh Khaki

1 h 33 min. Sortie : 27 avril 2022 (France). Comédie dramatique

Film de Panah Panahi

cinelolo a mis 7/10.

Annotation :

Ils sont quatre dans la voiture, qui sillonne l'Iran en direction de la frontière turque. Le fils aîné, qui est au volant, semble tourmenté, sa mère, assise à côté de lui, n'arrive pas à cacher son inquiétude non plus. A l'arrière, son jeune frère est un moulin à parole, tandis que son père, la jambe dans le plâtre, fait preuve d'une plus grande apparente placidité. Quel est le but de ce périple, au bout duquel le conducteur se séparera de sa famille ? L'un des mérites du film est de ne pas nous l'exposer d'emblée : contrairement aux scénarios de plus en plus sur-écrits d'Asghar Farhadi, il travaille davantage la suggestion (néanmoins éloquente). Le genre du road movie est assez courante dans le cinéma iranien d'auteur (Kiarostami, Panahi père). Pour son premier long métrage, Panah Panahi s'inscrit dans cette filiation, tout en distillant quelques scènes d'une remarquable invention, et réussit à se faire un prénom.

Revoir Paris
6.5
25.

Revoir Paris (2022)

1 h 43 min. Sortie : 7 septembre 2022. Drame

Film de Alice Winocour

cinelolo a mis 7/10.

Annotation :

Pas pressée de rentrer chez elle, Mia s'arrête un instant dans une grande brasserie parisienne, en attendant la fin d'un orage. Ce lieu sera le théâtre d'un attentat. Le film est fictionnel, mais inspiré de l'expérience du frère de la réalisatrice, présent au Bataclan le soir du 13 novembre 2015. Ce qu'il réussit de mieux, c'est de montrer les mémoires traumatiques des victimes : en se regroupant, en croisant leurs souvenirs respectifs, certains détails remontent à la surface. L'autre aspect réussi, c'est le gouffre qui peut se creuser entre les victimes et leurs proches qui n'ont pas vécu cette expérience. Au fur et à mesure, le film devient de plus en plus choral, tout en restant centré principalement sur Mia, incarnée par une Virginie Efira au sommet de son art, qui endosse son personnage pleinement, sans jamais en faire trop. Alice Winocour change de registre à chaque film, mais s'en tire avec les honneurs.

Aucun ours
6.8
26.

Aucun ours (2022)

Khers nist

1 h 46 min. Sortie : 23 novembre 2022 (France). Drame

Film de Jafar Panahi

cinelolo a mis 7/10.

Annotation :

Si le sous-texte n'était pas si grave, on pourrait dire qu'il s'agit d'une autofiction, dans laquelle Jafar Panahi joue son propre rôle de cinéaste. Il tourne un film autour d'une histoire d'amour contrariée par un exil qui ne s'offre qu'à l'une des deux et qui pourrait les séparer, histoire inspirée de la réalité vécue par les interprètes. Redoutant d'être arrêté, Panahi n'est pas présent sur le tournage, mais le dirige via internet, depuis une maison louée dans un village près de la frontière. Dans ce village, il est témoin d'une autre histoire d'amour compliquée (pour d'autres raisons). Avec très peu de moyens, Jafar Panahi (le vrai) multiplie les niveaux de lecture, et livre un film courageux, ultime pied de nez avant sa réelle arrestation et incarcération en juillet 2022 (comme deux de ses collègues, Mohammad Rasoulof et Mostafa Al-Ahmad).

Tori et Lokita
6.1
27.

Tori et Lokita (2022)

1 h 28 min. Sortie : 5 octobre 2022 (France). Drame

Film de Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne

cinelolo a mis 7/10.

Annotation :

Tori et Lokita sont deux adolescents arrivés depuis peu en Belgique, frère et soeur de circonstance : le plus jeune a réussi à avoir des papiers, mais pas la seconde. Le film montre leur tentative de survie, leur parcours du combattant, mais aussi la façon dont ils sont exploités... Au départ, on peut craindre un film trop didactique (comme sa bande-annonce ratée), avec la diction trop appliquée du petit garçon sur des dialogues un rien trop explicites. Ces craintes sont rapidement dissipées par le style des Dardenne, qui n'a rien perdu de son acuité. En effet, ils ne livrent pas une démonstration plaquée sur un discours, mais s'attachent constamment au plus concret des tâches effectuées par les personnages, dans leurs moindres gestes. Leur démarche, encore récompensée à Cannes cette année, peut s'apparenter à du naturalisme (on croit ce qu'on voit), mais leur mise en scène très stylisée, qui n'est pas sans rappeler le cinéma de Robert Bresson, n'appartient qu'à eux.

La Conspiration du Caire
6.8
28.

La Conspiration du Caire (2022)

Boy from Heaven

1 h 59 min. Sortie : 26 octobre 2022 (France). Thriller, Drame

Film de Tarik Saleh

cinelolo a mis 7/10.

Annotation :

Adam, fils d'un modeste pêcheur, obtient une bourse pour étudier à l'université Al-Azhar du Caire, haut lieu de l'islam sunnite. Le grand imam meurt subitement quelques jours après la rentrée, et se profile bientôt l'élection interne de son successeur. Adam est une proie idéale pour servir d'agent secret infiltrant malgré lui la tendance d'un candidat menaçant celui que le pouvoir politique égyptien voudrait voir élu... Logiquement primé à Cannes (ce qui n'est pas le cas de tous les prix décernés cette année), le scénario à tiroirs, à double ou triple détente, à la fois récit d'apprentissage (dans tous les sens du terme) et intrigue policière, est effectivement le premier atout de ce film sur ce plan très audacieux, la mise en scène et l'interprétation visant davantage l'efficacité maximale au service de la narration plutôt qu'une forme originale.

Les Graines que l'on sème
5
29.

Les Graines que l'on sème (2020)

1 h 17 min. Sortie : 23 février 2022. Société

Documentaire de Nathan Nicholovitch

cinelolo a mis 7/10.

Annotation :

Comme dans la réalité, une lycéenne a été placée en garde à vue, après avoir tagué "Macron démission !". Ses camarades bloquent le lycée, mais Chiara ne sortira pas vivante du commissariat : c'est l'aspect fictionnel mais hélas vraisemblable du troisième film de Nathan Nicholovitch, qu'il a co-écrit avec des élèves de 1ère L - option cinéma du lycée Romain Rolland d'Ivry-sur-Seine. Au cimetière, "Les gens qui doutent" d'Anne Sylvestre fait office d'ode à la liberté de Chiara, celle qui ne voulait pas "rester dans l'enclos" et qui en a perdu la vie. Le film se nourrit des introspections des jeunes : leur travail de deuil, leurs interrogations sur la liberté d'expression, systématiquement bafouée lorsque la parole est progressiste, par les néolibéraux au pouvoir (comme si entre ces derniers et l'extrême droite, il n'y avait plus qu'une différence de degré dans l'autoritarisme et le mépris de classe ou de race). Sans être à thèse, car il est kaléidoscopique et composite, le film rend hommage à celles et ceux qui à toutes époques se lèvent contre les injustices de leurs temps.

Petite Solange
5.6
30.

Petite Solange (2021)

1 h 25 min. Sortie : 2 février 2022. Drame

Film de Axelle Ropert

cinelolo a mis 7/10.

Annotation :

Une jeune fille de 13 ans assiste impuissante à la séparation de ses parents. Le matériau est banal mais, par son regard de cinéaste, Axelle Ropert en fait un grand film, court mais émouvant. Comme Jacques Demy, elle filme un instant sa petite héroïne déambulant dans le passage Pommeraye de Nantes (immortalisé dans "Lola"), suggérant l'attente de jours meilleurs, ou même la nécessité d'une traversée, des rives de l'enfance à celles de l'adolescence... Mais François Truffaut semble être une autre influence, peut-être plus grande encore, dans le soin apporté à la composition des plans, à une certaine musicalité (c'est un film très harmonieux sur un couac, une rupture), qui touche sans jamais rien souligner. Et surtout elle regarde avec subtilité Solange grandir, sans nier son caractère de jeune adolescente (il ne s'agit donc pas ici de réduire son personnage en lui plaquant des réflexions de future adulte en devenir). L'interprétation est au diapason, et on peut grandement apprécier, même sans références et quel que soit son âge, ce film limpide sur un sujet qui ne l'est pas forcément.

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