Cover Lis-je ? 2022

Lis-je ? 2022

wishful listing = espérer que créer une liste de lecture de l'année me poussera à lire pour de vrai

hénaurme flottement entre la rentrée 2021 et la fin de l'été 2022 - je m'y remets tout tout doucement, la liste sera très brève mais elle aura le mérite d'exister et de servir de ...

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5 livres

créee il y a plus d’un an · modifiée il y a environ 1 an

Les Détectives sauvages
8.4

Les Détectives sauvages (1998)

Los detectives salvajes

Sortie : 2006 (France). Roman

livre de Roberto Bolaño

T. Wazoo le lit actuellement.

Annotation :

(en cours/en pause, reprise prévue j'espère pour 2023)

Les braves gens ne courent pas les rues
7.4

Les braves gens ne courent pas les rues (1955)

A Good Man Is Hard to Find

Sortie : 1955. Recueil de nouvelles

livre de Flannery O'Connor

T. Wazoo a mis 7/10.

Annotation :

(Terminé) 8

Collection de portraits terribles d’une humanité petite, superstitieuse, opportuniste, envieuse, obstinée… portraits peints avec une plume pleine d’un sans de l’humour pince-sans-rire qui fait qu’on serait presque tenté de taxer O’Connor de cynisme. Mais ça me semble faux, les « bons sentiments » et la naïveté bien-intentionnée de certains personnages n’est pas moquée par la plume ; c’est plutôt qu’ils sont punis par une réalité cruelle, que leurs illusions ne tiennent pas, à cause d’une réalité humaine, sociale mais aussi géographique. Ces portraits, même s’ils ont un côté universel, sont aussi spécifiquement ceux du Sud des Etats-Unis, qu’une chrétienté mal ordonnée maintient dans un état parfois quasi-médiéval (je me suis retrouvé à halluciner à quelques moments sur l’année de parution tant le paysage semblait « arriéré »), en tout cas obscurantiste.

Et quelquefois j'ai comme une grande idée
8.6

Et quelquefois j'ai comme une grande idée (1964)

Sometimes a Great Notion

Sortie : septembre 2013 (France). Roman

livre de Ken Kesey

T. Wazoo a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et le lit actuellement.

Annotation :

(Terminé) 9

Encore un livre dont je peinais à croire que l'action se passait dans les années 50/60. Décidément les States c'est un délire. Comme pour beaucoup d'autre annotations, j'aurais aimé rédiger celle-ci juste après avoir refermé la dernière page, celle que vous lisez sera beaucoup plus distante et vague.

Mais pfiou, quelle aventure. Dès les premiers paragraphes, le découpage de Kesey impose ce récit comme celui d'un chœur, mais pas un où chacun chante en harmonie. Chaque point de vue, chaque chant intérieur est en compétition avec les autres. Les lignes en italiques lézardent la fluidité du texte, les calculs névrosés de Leeland se bousculent au milieu des réminiscences fatiguées du colosse Hank. On ne laisse pas l’autre parler, penser en paix, il n’y a pas de rencontres, et à un niveau plus « méta » c’est un livre qui demande une grande flexibilité mentale au lecteur pour n’en pas perdre une miette. Mais se sentir précisément bousculé, avoir du mal à suivre les exactes turpitudes des protagonistes, c’est évidemment un effet important du texte ; celui qui s’en sortirait sans y perdre de plumes, sans ressentir une certaine forme d’épuisement, serait passé à côté du corps du livre. Lire « Et Quelquefois… », c’est un peu nager à contre-courant dans les eaux poisseuses du fleuve qui ronge toute la terre autour de lui. C’est accepter de se prendre en pleine figure les saucées de pluie sans essayer de passer entre les gouttes.

Quelle finesse dans les portraits des personnages – des Stamper surtout (les rares personnages féminins ne me semblent pas aussi bien dessinés que les masculins, il faut bien admettre que c’est avant toute chose un roman de mec et ce qui a trait à la féminité ne se passe pas d’un passage par le fantasme). Et quelle force dans cette tragédie qui lorsqu’elle arrive à son dénouement, a eu chez moi ce double effet de me prendre à revers tout en me faisant dire « mais comment aurait-il pu en être autrement ? ». Oui, il y a cette scène, qu’on m’avait présagé sans toutefois me dire quoi que ce soit sur son contenu. Et oui, c’est une des scènes les plus puissantes de mon histoire de lecteur. Soit dit en passant je suis curieux de voir ce que Paul Newman en aura fait dans son adaptation du roman.

La Chambre claire
7.7

La Chambre claire (1980)

Note sur la photographie

Sortie : septembre 1989 (France). Essai, Photographie

livre de Roland Barthes

T. Wazoo a mis 8/10 et le lit actuellement.

Annotation :

(Terminé) 8-9

Etant dans un mood où je m’amuse beaucoup avec le modeste appareil photo de mon tel, ça me semblait indiqué de poursuivre sur l’essai de Barthes – dont j’avais beaucoup apprécié l’humour, la précision et la pédagogie dans Fragments d’un discours amoureux. La première partie, décrivant les chemins de pensées qui ont conduit Barthes à entreprendre cet essai, m’a réellement bouleversée, tant j’y retrouvais beaucoup de mes propres questions, des notions qui m’animent au quotidien, formulées avec des mots justes, minutieusement choisis.

Pour ce qui est de la théorisation, c’est assez fabuleusement intéressant – pour ne pas se fâcher avec l’auteur en revanche il faut accepter que c’est guidé par son goût qu’il théorise, laissant de côté ce qui ne le touche pas. Ce travail de pensée part en effet de ce qui interroge et touche Barthes dans certaines photographies, c’est donc ce cela dont on parlera, et pas de l’immense majorité des photos qui ne le touchent pas. Les notions de studium et de punctum notamment vont m’être très utiles à l’avenir – et le sont déjà depuis quelques mois que j’ai fini le livre. Inévitablement, à mesure que le livre avance Barthes se détache quelque peu d’une tentative de rencontre de pensée avec le lecteur pour renouer, d’une manière intime très surprenante, avec l’être disparu de sa mère qu’il retrouve avec une singulière acuité dans une photographie – qui jamais ne nous sera montrée, et c’est sans doute pour le mieux.

Les Terriens
6.4

Les Terriens

Sortie : 12 mai 2021 (France). Roman

livre de Sayaka Murata

T. Wazoo a mis 5/10 et le lit actuellement.

Annotation :

(Terminé) 5

D’une plume très froide – ou pourrait-on dire « dépersonnalisée, déréalisée » pour suivre les avancées de langage en matière de santé mentale de ces dernières année – Sayaka Murata conte un récit marginal et pourtant sans doute terriblement commun : être une femme au Japon et souffrir des attendus sociaux. Tu seras un ventre fécondable, tu te sacrifieras sur l’autel de la grande usine humaine. Ta famille n’entendra pas ta singularité, tu seras seule, toujours seule. Ta seule échappatoire sera ce récit imaginaire, ce filtre que tu dois mettre sur le réel pour le rendre tout juste supportable.

Ce que je reproche principalement au livre, c’est sans doute d’être lui-même si désincarné que j’ai pris peine à m’émouvoir (tout au plus ai-je ressenti une certaine nausée sur la fin, là où justement parait une certaine « chaleur »). Et d’être malheureusement si cliniquement avare en détails, en anecdotes, en développement qu’il empêche de considérer certains destins comme autre chose que le produit d'une équation trop simple, causale. C’est un parti pris entendable, mais pas un avec lequel je résonne vraiment.

T. Wazoo

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