Cover Les 100 meilleurs films américains selon les Inrockuptibles

Les 100 meilleurs films américains selon les Inrockuptibles

Classement établi en septembre 2018 par la rédaction cinéma de la revue Les Inrockuptibles.

EDIT : Pour les films concernés (seulement trois), j'ajoute les notules rédigées à l'occasion de la publication en mars 2022 sur le site des Inrocks d'un Top 100 des "plus grandes histoires ...

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Liste de

100 films

créee il y a presque 5 ans · modifiée il y a presque 2 ans

Sueurs froides
8.1
1.

Sueurs froides (1958)

Vertigo

2 h 08 min. Sortie : 12 décembre 1958 (France). Romance, Thriller, Film noir

Film de Alfred Hitchcock

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Froidement accueilli à sa sortie, semi-échec commercial, il aura fallu plusieurs décennies pour que "Vertigo" s'impose aux yeux de l'internationale cinéphile comme "le plus beau film du monde". En France, un pallier décisif fut sa reprise en salle en mars 1984, générant presque un million d'entrées et révélant à une génération oubliée un film méconnu d'une profondeur et d'une poésie enténébrée rares. Depuis chaque ressortie (celle de 1997 fut aussi un événement) a fait grimper la cote de cette histoire de détective amoureux d'une femme-fantôme, blonde puis rousse, vivante et morte. Si "Vertigo" est le film préféré de la majorité des amoureux du cinéma, c'est évidemment parce que la fixation cinéphile est son sujet. Scottie est ce grand obsessionnel foudroyé à jamais par une image, incorporée puis projetée sur toutes les autres. Un effet-miroir suffisamment réfléchissant pour faire de "Vertigo" le film-fétiche de ces grands fétichistes que forment toutes les tribus cinéphiles. JML

Mulholland Drive
7.7
2.

Mulholland Drive (2001)

Mulholland Dr.

2 h 26 min. Sortie : 21 novembre 2001 (France). Drame, Thriller, Romance

Film de David Lynch

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Le cinéma entre dans le XXIème siècle par des larmes, celles de Betty (sublime et inoubliable Naomi Watts) qui coulent au Silencio et qui n’arrêtent pas de s’égoutter. Histoire d’un amour contrarié et de rêves peu à peu asséchés à force d’aimer sans retour, le chef-d’œuvre de Lynch met également en scène une passation de pouvoir, ne serait-ce que dans les influences qu’il brasse et qu’il remanie au moyen d’extraordinaires trouées oniriques. Passage d’une époque à l’autre, du rêve au cauchemar, ce film labyrinthique aux recoins inépuisables représente surtout un monde pourri, celui d’un Hollywood finissant qui se détraque de l’intérieur et d’où s’échappent bien des monstres épouvantables. C’est le cinéma dans son ensemble qui sort alors de ses gonds tel Betty estomaquant tout ce vieux monde à l’agonie lors d’une surprenante session de casting : personne n’en revient, "this is the girl". Astre noir dont la lumière ébène n’a pas fini d’irradier le cinéma contemporain, "Mulholland Drive" frappe là où plus grand monde n’osait s’aventurer, dans la frontière qui sépare le rêve de la réalité, l’imaginaire du réel. ADJ

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n°2 du Top 100 "Plus grandes histoires d'amour LGBTQI+" :

À ce jour, l’un des plus beaux films au monde est aussi, par chance, la plus belle histoire d’amour entre deux femmes. "Mulholland Drive" ou le film par excellence du slow-burn lesbien, de la dévoration lente. S’il faut se mettre d’accord au moins sur une chose concernant un film où la multitude des discours adore s’égarer avec la clé (et le trousseau), c’est sur sa parfaite linéarité de drame amoureux. Début, milieu, fin : le trouble fou, la déclaration d’amour de Betty à Rita, charnelle et chuchotée dans la volupté obscure d’un baiser, enfin le dernier acte de la tragédie, l’amour trahi et la mort au long surplomb. Grand film tragique, "Mulholland Drive" est en quelque façon le "Vertigo" des temps modernes, un film dans lequel l’énigme est passée corps et biens du côté de qui regarde jusqu’au vertige : le voyeur n’est plus Scottie-Stewart mais, de l’autre côté du rideau, le spectateur lui-même, les spectatrices elles-mêmes, Betty, Rita, emprisonnées dans le grand mystère – de l’amour des femmes. Lynch a signé là son "film-émotion" (emotion picture, genre lynchien en soi) le plus violemment épris et lyrique. Betty et Rita se cramponnent l’une à l’autre, en boucle et pour toujours. "Silencio" résonne de l’écho murmuré : "I’m in love you." – Camille Nevers aka Sandrine Rinaldi –

L'Aurore
8.3
3.

L'Aurore (1927)

Sunrise: A Song of Two Humans

1 h 34 min. Sortie : 11 octobre 1928 (France). Drame, Romance, Muet

Film de Friedrich Wilhelm Murnau

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Invité par William Fox à Hollywood pour concevoir un film sans aucune limite de budget, l'allemand Murnau réalise avec "L'Aurore" un chef d'oeuvre à l'inébranlable perfection. S'il est presque le plus vieux film de notre classement (juste derrière "Le Mécano de la Générale"), il en complète le podium avec une étonnante cohérence. Comme les deux films qui le devancent, "L'Aurore" est une reconfiguration du mythe de la blonde contre la brune. C'est entre ces deux pôles capillaires, qui incarnent tour à tour l'angélisme contre le vampirisme, le quotidien contre le fantasme ou la pureté contre la luxure, que semble se trouver un espace où naissent les meilleurs films du cinéma américain. BD

Elephant
7.3
4.

Elephant (2003)

1 h 21 min. Sortie : 22 octobre 2003 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Gus Van Sant

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Plus haut film de Gus Van Sant cité dans ce top après "My Own Private Idaho" et "Gerry", "Elephant" est un chef d’œuvre décidément étrange, autant du côté de la vie que de la mort, aussi réel qu’abstrait, aussi court (1h21) qu’immense. La caméra flottante imprime avec pudeur la vie anodine d’Alex, Eric, John, Elias, Jordan, Carrie, Nicole… et orchestre calmement un ballet où les corps de ces lycéens circulent déjà comme des fantômes. Car bientôt l’impensable arrive. Les portes claquent et les douilles tombent. Mais ne demandez pas à GVS d’y trouver un sens ou des "reasons why". Elles se trouvent sûrement dans un des recoins de ces couloirs vides et sans fins, mais personne n’y a voulu mettre l’œil. LB

Voyage au bout de l'enfer
8.3
5.

Voyage au bout de l'enfer (1978)

The Deer Hunter

3 h 03 min. Sortie : 7 mars 1979 (France). Drame, Guerre

Film de Michael Cimino

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

S’il existe des films dont le souvenir est semblable à un rêve, "Voyage au Bout de l’Enfer" fait partie des oeuvres qui nous reviennent comme des cauchemars, par visions, par flashes, comme si Cimino souhaitait reproduire sur nous la logique du trauma. Le Vietnam est un trou noir dans lequel Mike (Robert De Niro) ne cesse de replonger pour ramener ses amis à la surface. Le film se partage entre deux mondes, entre le cauchemar et l’éveil, entre le Vietnam et Clairton, une petite ville industrielle de Pennsylvanie que Cimino filme comme l’aurait fait John Ford : en trouvant l’Histoire dans les plis de l’intime, en réalisant un film d’amour et d’amitié déchiqueté par le film de guerre. MJ

La Nuit du chasseur
8.1
6.

La Nuit du chasseur (1955)

The Night of the Hunter

1 h 32 min. Sortie : 11 mai 1956 (France). Drame, Thriller, Film noir

Film de Charles Laughton

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Le seul film réalisé par le grand acteur britannique Charles Laughton alors qu'il a déjà 56 ans a d'abord été mal accueilli par la critique (notamment, en France, par le jeune François Truffaut), et le public, pour des raisons souvent morale religieuses (oui, le film oppose les bons aux mauvais, mais conspue aussi les faux dévots, les psychopathes qui se cachent derrière l'habit de révérend, et qui pratiquent le lynchage dans l'allégresse la plus totale). Le film noir qu'est "La Nuit du Chasseur" est aussi un conte de fée panthéiste au style expressionniste (on vante toujours, à juste titre, la photographique étonnante de Stanley Cortez, époustouflante). Mais ce qui dessine derrière ces angles bizarre, c'est que pour se réconcilier avec l'image paternelle (le vrai, le faux) et devenir un adulte qui régule (celui qui possède le temps - la montre que lui offre Rachelle Cooper à la fin du film), le jeune John devra trahir la mission bien trop énorme que lui avait confié son père génétique sous le sceau de la promesse : rendre le fruit défendu. "La Nuit du Chasseur" ou comment essayer d'en finir avec les fantômes du père. JBM

Gerry
6.7
7.

Gerry (2002)

1 h 43 min. Sortie : 3 mars 2004 (France). Aventure, Drame

Film de Gus Van Sant

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Quand il réalise "Gerry", Gus Van Sant est déjà installé. Quatorze ans plus tôt "Mala Noche" a fait de lui le petit prodige underground du cinéma US. Depuis, le natif de Portland s’est illustré dans des domaines bien variés, passant du film fauché au tube à Oscars ("Will Hunting"). Dans la carrière du cinéaste, "Gerry" apparaît comme un retour aux sources : à un mode de fabrication artisanal et à ce que le cinéma peut produire de plus brut. Filant en voiture sur une route interminable ou errant dans un désert infini, les deux amis de l'histoire (Matt Damon et Casey Affleck, co-auteurs du scénario inspiré d’un tragique fait divers) comme des enfants s’aventurant dans un grand jeu de piste, finiront par se perdre. À travers ce récit insensé, Gus Van Sant interroge, par des plans hypnotiques qui semblent ne jamais vouloir finir, la capacité du cinéma à enregistrer le tragique d’un destin. Rarement un film aura fait ressentir avec autant de force l’empreinte du temps et sa terrifiante irrémédiabilité. MD

Il était une fois en Amérique
8.4
8.

Il était une fois en Amérique (1984)

Once Upon a Time in America

3 h 49 min. Sortie : 23 mai 1984. Drame, Gangster

Film de Sergio Leone

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Je le cite souvent comme mon numéro 1, et s’il n’est pas 1 au gré de mes humeurs, il est toujours dans mon top 10. D’une histoire de gangsters new-yorkais qui pourrait sembler banale, Sergio Leone a tiré une saga sublime, ample, violente, mélancolique, qui est aussi une recherche proustienne du temps perdu (pour le coup vraiment perdu), une rêverie où le cinéma possède des propriétés similaires à celles de l’opium. Au passage, le cinéaste en profite pour recréer le monde englouti des shtetls d’Europe centrale à travers sa reconstitution sensible et précise d’un quartier juif de Brooklyn (ou du Lower East Side) des années trente, contemporaines de la montée du nazisme. Là encore, primat absolu du cinéaste : cadrages minutieux, dilatations dramatiques des durées, ralentis, agencement complexe du récit en multiples flashbacks et flashforwards qui dynamisent la narration mais aussi la complexité des relations entre les protagonistes. Ajoutons la partition extraordinaire d’Ennio Morricone, l’une des plus belles BO du monde, aussi bien en tant que telle que dans son ajustement au pouls du film. Et un casting ou chacun est à son sommet. À la fin du film, on est généralement dans le même état que Noodles/De Niro, dans la plénitude d’un sourire béat qui aura mis du temps à affleurer. SK

Eyes Wide Shut
7.4
9.

Eyes Wide Shut (1999)

2 h 39 min. Sortie : 15 septembre 1999 (France). Drame, Thriller

Film de Stanley Kubrick

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Que le dernier film de Kubrick soit le mieux classé (et si haut !) relève de l’évidence : c’est celui de l’auteur qui a le plus à voir avec l’expérience cinématographique. Comme l’indique son titre mystérieux, tout tourne autour du regard et du désir ou non qui l’habite. Celui antonionien de Nicole Kidman d’abord qui se détourne de l’étreinte de son mari juste avant de lui révéler ses fantasmes adultérins. Une baise imaginaire qui va ensuite obséder Tom Cruise à mesure qu’il s’enfonce dans une nuit bleue, aussi longue qu’un tunnel sans fin où s’ébattent portes dérobées et regards évocateurs. Avec en pic cette fameuse partouze à l’ambiance très fin XVIIIe, son odyssée érotique où il ne jouira jamais métaphorise, en un sens, la trajectoire de tout spectateur, faite de frustration et d’obsession, de peur et de caresse. "Eyes Wide Shut" le murmure : tout fantasme naît d’un désir de mise en scène. ADJ

La Prisonnière du désert
7.6
10.

La Prisonnière du désert (1956)

The Searchers

1 h 59 min. Sortie : 8 août 1956 (France). Western, Aventure, Drame

Film de John Ford

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Déjà en 1939, l’ouverture d’une porte déclenchait l’irruption de la couleur dans "Le Magicien d’Oz" et faisait basculer la pâleur du quotidien vers le merveilleux. Près de 20 ans plus tard, la porte du premier plan de "La Prisonnière du Désert" fera soudain jaillir la lumière, comme un morceau de pellicule que l’on projette sur un écran. Nous voilà invité au voyage, valsant au milieu du sable texan et des monolithes rocheux de Monument Valley. Un monde fait de mythologie où le dieu serait John Ford et son héros John Wayne, un monde où triomphe la fiction et où nos rêves de cinéphiles seraient nourris à jamais. LB

A.I. Intelligence Artificielle
6.5
11.

A.I. Intelligence Artificielle (2001)

A.I. Artificial Intelligence

2 h 26 min. Sortie : 24 octobre 2001 (France). Science-fiction, Fantastique

Film de Steven Spielberg

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Qu'aurait été "A.I." si Kubrick avait mené à bien ce projet longtemps en germe dans ces cartons autour d'un petit robot en manque d'amour ? Un film moins émouvant sans doute. Et évidemment moins spielbergien. Car en s'appropriant ce vieux projet kubrickien, Spielberg a décoché son film le plus personnel, où toutes ses obsessions (la terreur de l'abandon, l'enfant livré a lui-même...) vibrent d'une violence affective jamais atteinte, se déplient jusqu'à atteindre une étendue cosmique. Car il ne faut pas moins que le passage de plusieurs millénaires, l'extinction de plusieurs civilisations, la fonte des glaces et la métamorphose de la terre en globe exclusivement marin pour résorber le chagrin sans fond d'un petit orphelin. JML

La Mort aux trousses
8
12.

La Mort aux trousses (1959)

North by Northwest

2 h 16 min. Sortie : 21 octobre 1959 (France). Action, Aventure, Thriller

Film de Alfred Hitchcock

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Est-il un film plus parfait au monde ? Certes, "Vertigo" est plus mystérieux, profond, sombre... Et "Fenêtre sur Cour" plus astucieusement théorique. Et "Psychose" plus violemment impactant. Mais "La Mort aux Trousses" est l'objet de démonstration le plus imparable de ce qu'on a pas peur de qualifier, au risque de paraitre un peu tarte, la magie du cinéma. La fascination pure d'un spectacle inouï. La quintessence de ce dispositif qui sidéra les foules au XXème siècle. La promesse d'un mouvement qui, de trains en avions, ne s'arrête jamais. Une circulation ininterrompue d'objets dont la valeur s'inverse sans cesse (un revolver postiche, une boite d'allumettes...). Toute la valeur ajoutée en terme d'érotisme et de puissance projection de ces figures humaines fétichisées connues sous le nom de stars (est-il un couple de cinéma plus glamour que Cary Grant et Eva Marie Saint ?). Et surtout le déploiement à son plus haut degré d'expressivité et d'hypnose, de ce fascinant système de signes, cette science magique des espaces, des durées, des ellipses et des associations visuelles, que d'aucun ont vénéré sous le nom de "mise en scène". Spectacle, star, mise en scène, équilibre inouï entre l'intention d'art et la volonté de divertissement : "La Mort aux Trousses", c'est toute l'aura d'une apogée du cinéma. JML

Fenêtre sur cour
8.1
13.

Fenêtre sur cour (1954)

Rear Window

1 h 52 min. Sortie : 1 avril 1955 (France). Thriller

Film de Alfred Hitchcock

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Chacun a son Hitch préféré : moi, c’est "Fenêtre sur Cour" (de peu, certes, devant "Vertigo", "La Mort aux Trousses", "Les Oiseaux" ou "Marnie"). Ici, Hitch est à son sommet de croisement entre le plaisir pur du spectacle haletant (la fameuse "tranche de gâteau") et la virtuosité conceptuelle – puisque ce film ne parle pas seulement d’un photographe en convalescence qui observe ses voisins, mais aussi de cinéma, du rapport entre le spectateur et l’écran, de sexe, d’impuissance et de conjugalité. Prenez James Stewart : c’est un reporter aventurier dont la jambe dans le plâtre est bien sûr une castration. L’idée du mariage, que lui propose avec insistance Grace Kelly, est aussi à ses yeux une forme de castration. Et que voit-il sur les fenêtres-écrans de l’autre côté de la cour ? Non seulement un possible meurtre mais aussi tous les états possibles de l’amour et du couple (ça, il m’a fallu plusieurs visions du film pour en prendre conscience et le formuler), soit toutes les hypothèses de sa future existence selon ce qu’il décidera avec Grace Kelly. Hitchcock, un de ceux pour qui le mot "génie" n’est pas frelaté. SK

Elle et lui
7.5
14.

Elle et lui (1957)

An Affair to Remember

1 h 55 min. Sortie : 2 octobre 1957 (France). Drame, Romance

Film de Leo McCarey

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

"Elle et Lui" est une histoire de confiance. C'est l'histoire d'une femme qui n'a d'abord pas tellement confiance dans les sentiments réels d'un homme, et d'un homme qui perd toute confiance dans la femme qui lui semblait la plus fiable qu'il soit. Et c'est l'art, finalement, qui va leur prouver qu'ils avaient tous les deux raisons de se faire mutuellement confiance. Lui, c'est Nickie, riche milliardaire d'origine provençale, alias Cary Grant, l'homme dont Hitchcock nous a bien montré qu'il était trop ambigu pour qu'on puisse se fier à lui : "Soupçons", "Les Enchaînés" ne racontent que cela. Elle, c'est Terry, alias Deborah Kerr, donc une actrice qui inspire le respect. La suite, il faut la voir, la revoir, la déguster, pour juger du génie de Kerr et de Grant, et comprendre que décidément, le cinéma est une histoire de fantômes qui peuvent éventuellement aider les vivants à se réparer. "Anything can happen, right ?", conclue Deborah Kerr ("Tout peut arriver, non ?"). JBM

Psychose
8.3
15.

Psychose (1960)

Psycho

1 h 49 min. Sortie : 2 novembre 1960 (France). Thriller

Film de Alfred Hitchcock

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Un an avant, en 1959, Hitchcock fait une démonstration éblouissante de ce que peut encore le cinéma, cette forme désormais en déclin, concurrencé par la télévision : déploiement du tournage aux quatre coins de l'Amérique, scènes d'action ébouriffantes, récit à multiples rebondissements, gigantisme généralisé en scope et en couleurs. En 1960 en revanche, Hitch se bat avec les armes de l'ennemi et transpose au cinéma la forme contractée qu'il avait expérimentée pour sa série TV "Hitchcock présente" : noir et blanc, image carrée, lieu quasi unique, dramaturgie simplifiée. "Psychose" ressemble formellement à ce que l'Amérique consommait à la maison. Mais que fait entrer Hitchcock dans la maison ? Une maison justement, la plus terrorisante jamais filmée, ruine gothique juchée sur sa butte. À la maison, cet espace domestique et matriarcal, le pire est possible. L'horreur se niche de la salle de bain à la cave. Ce serait plus prudent de retourner au cinéma. JML

2001 : L'Odyssée de l'espace
8
16.

2001 : L'Odyssée de l'espace (1968)

2001: A Space Odyssey

2 h 40 min. Sortie : 27 septembre 1968 (France). Aventure, Science-fiction

Film de Stanley Kubrick

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

J’en connais qui n’aiment guère ce film, lui préférant Spielberg, alors que je n’échangerais pas une copie rayée de "2001" contre l’intégrale restaurée en 4K de l’auteur de "La Liste de Schindler". Ainsi vont les goûts… "2001" est fondateur de ma cinéphilie et cela est sans doute dû au fait de l’avoir découvert à l’âge de 10-11 ans, au Kinopanorama (salle défunte dotée d’un écran géant propice au 70mm) où m’avait emmené ma mère. Pour la première fois de ma jeune vie de spectateur, j’avais pris conscience que le cinéma n’était pas seulement un spectacle du samedi soir mais un lieu de mystère et de questionnements. D’où ma dette, et ma fidélité à "2001". Mais ce n’est pas qu’une affaire de principe ou de bio personnelle. J’ai revu le film cinq fois, dix fois, et chaque nouvelle vision m’a sidéré par sa modernité de fabrication et de vision (Kubrick anticipait Skype, les bugs informatiques, l’intelligence artificielle…), sa poésie (faire tourner planètes et satellites au son du Danube bleu, intuition géniale), son ampleur métaphysique (rien moins que le destin de l’humanité), sa teneur expérimentale inouïe pour un film produit par une major. Quel studio financerait aujourd’hui un film lent, quasi-muet, dépourvu de héros et de processus identificatoire, où la contemplation rêveuse l’emporte sur l’action, et dont le sens reste ouvert à toutes les spéculations ? Ou quel cinéaste saurait imposer un tel projet à un studio ? La beauté mystérieuse du film étant liée au mystère du destin de l’humanité et du cosmos, autant dire qu’on n’est pas prêt de l’épuiser. Jamais dépassé ni égalé, "2001" demeure le grand monolithe de l’histoire du cinéma. SK

Le Parrain - 2e Partie
8.3
17.

Le Parrain - 2e Partie (1974)

The Godfather: Part II

3 h 20 min. Sortie : 27 août 1975 (France). Gangster, Drame

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Quatrième et dernière apparition de Francis Ford Coppola dans ce top 100, "Le Parrain 2" a la particularité d'y supplanter son aîné, sorti deux ans plus tôt. Mieux, il apparaît dans notre classement comme le plus grand film d'un cinéaste ayant à son actif une poignée de chefs d’œuvre. C'est que le film, sorti à une époque lointaine où suites à répétition et grosses franchises hollywoodiennes n'étaient pas monnaie courante, a réussi la prouesse de prolonger les enjeux du film original tout en réinventant sa mythologie. Son secret ? Scinder le récit en deux temporalités avec d'un côté les tribulations shakespeariennes de Michael, fraîchement intronisé héritier de la lignée Corleone et, de l'autre, un flashback retraçant l'ascension new-yorkaise, à l'aube du XXe Siècle, du jeune Vito Corleone, campé par Robert De Niro dans l'un de ses plus grands rôles. Magistral. LM

Citizen Kane
8
18.

Citizen Kane (1941)

1 h 59 min. Sortie : 3 juillet 1946 (France). Drame

Film de Orson Welles

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

C’est le "Benjamin Button" du cinéma : à 25 ans seulement, Orson Welles s’imaginait déjà en vieillard agonisant. Autant dire qu’avec "Citizen Kane", premier film et premier chef-d’œuvre, longtemps tête de gondole de tous les classements, il démarre en fanfare, ouvrant en grand les portes de la modernité et inventant, quasiment à lui tout seul, la profondeur de champ (porte vers l’altérité). Puis le jeune homme pressé a vu bien des embûches se dresser sur son chemin. Sa tumultueuse carrière s’est ainsi terminée comme commence généralement celle des grands modernes avec un lot de films inachevés et fauchés, d’esquisses et de balbutiements géniaux. Dès "Citizen Kane", il faisait pourtant de la recherche d’une enfance perdue l’énigme d’une vie : comment arrive-t-on de "Rosebud" à Xanadu ? Ou alors est-ce l’inverse ? ADJ

Apocalypse Now
8.3
19.

Apocalypse Now (1979)

2 h 27 min. Sortie : 26 septembre 1979 (France). Drame, Guerre

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Film sur et contre la guerre, "Apocalypse Now" est sans doute le film qui a le mieux montré l'horreur, la folie psychédélique (le film, comme la remontée du fleuve, ont été réalisés sous l'empire des drogues), et le mal absolu qui transforme peu à peu des hommes en des monstres assoiffés de sang, addicts à l'atrocité, qui n'ont d'autre solution que de s'en gaver et gaver encore, sans aucun espoir de revenir à la réalité, de retourner à la paix, qu'elle soit politico-militaire ou intérieures. La longueur du film (3h14) nous immerge dans un bain glauque, angoissant, dans le cerveau malade de soldats, d'hommes égarés aux limites de toute raison, drogués à la guerre sans espoir de retour. Coppola a suggéré qu'il allait produire une série pour la télévision à partir de la version Redux, comme il l'avait fait pour "Le Parrain". Jusqu'à ce jour, et peut-être ne le fera-t-il jamais, il semble avoir abandonné cette idée. Mais l'on sait qu'il reste des scènes (apparemment très violentes) tournées et jamais montées du film, qu'il était à la fin des année 70 inconcevable de montrer à un public non averti. Toujours est-il que les différentes formes du film ont obsédé longtemps Francis Ford Coppola, et qu'elles l'obsèdent peut-être encore aujourd'hui. Car la violence, le mal en l'homme, sont au cœur d'une partie conséquente de son cinéma, encore aujourd'hui. JBM

Les Lumières de la ville
8.2
20.

Les Lumières de la ville (1931)

City Lights

1 h 27 min. Sortie : 7 avril 1931 (France). Comédie dramatique, Romance, Muet

Film de Charlie Chaplin

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Troisième et dernier film de Chaplin à figurer dans le top, "Les Lumières de la Ville" n’a pas la force politique du "Dictateur" ni l’éblouissante maîtrise du pantomime des "Temps Modernes" mais concentre en son cœur à peu près toute la tendresse du cinéma de Chaplin. Mélo ultime du cinéaste, il décrit les habituelles déambulations de Charlot qui devient l’ange gardien d’une jeune fleuriste atteinte de cécité. On ne se remettra jamais de cette rencontre finale durant laquelle un regard fait jaillir la lumière, et du sourire débordant de malice enfantine d’un Charlot qui n’aura jamais semblé aussi heureux. LB

Johnny Guitare
7.4
21.

Johnny Guitare (1954)

Johnny Guitar

1 h 50 min. Sortie : 10 novembre 1954 (France). Western, Drame, Romance

Film de Nicholas Ray

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Est-ce un western, est-ce un mélo, est-ce une tragédie, est-ce un film un peu baroque et barré ? Oui, tout cela. Un saloon adossé à la roche de la montagne, deux anciens amants qui se retrouvent après une longue rupture, des conflits d’intérêts terriens, des jalousies amoureuses recuites, une Joan Crawford brûlante et pré-transgenre, un Sterling Hayden cool dans les tempêtes... Nicholas Ray sublime ce marigot d’affects dans le chatoiement du technicolor, réservant les couleurs vives aux amants et le noir aux vilains. "Dis-moi un mensonge, dis-moi que tu n’as jamais cessé de m’aimer". Non, je n’ai pas cessé de t’aimer, "Johnny Guitare", mais ce n’est pas un mensonge. SK

Diamants sur canapé
7.4
22.

Diamants sur canapé (1961)

Breakfast at Tiffany's

1 h 55 min. Sortie : 6 décembre 1961 (France). Comédie romantique

Film de Blake Edwards

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

"Diamants sur Canapé" a l’apparence d’un souvenir qui sentirait bon les cosmétiques. Changeant d’identité pour mieux tirer un trait sur ses origines sociales, Audrey Hepburn se voudrait pourtant sans mémoire pour être sans attaches. L’immeuble dans lequel se condense l’intrigue prend ainsi la forme de ce désir de fuite gigogne (on prend autant la porte que la fenêtre) en même temps d’en souligner son impossibilité (tout y ramène sans cesse). Avec légèreté et une élégante félinité, Holly Golightly se débat donc dans un vase clos. Car cette frivolité glamour qui rend le film de Blake Edwards si affriolant cache aussi une réalité plus sombre : celle d’un gigolo qui tombe éperdument amoureux de sa voisine escort. ADJ

Thé et Sympathie
7.6
23.

Thé et Sympathie (1956)

Tea and Sympathy

2 h 02 min. Sortie : 5 novembre 1956 (France). Drame

Film de Vincente Minnelli

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Soixante ans avant Eddy de Pretto et Edouard Louis, Vincente Minelli s'en prenait déjà avec virulence à la virilité abusive. "Thé et Sympathie" décrit le calvaire social d'un jeune homme très peu porté sur le football dans un pensionnat de garçons très coercitifs. Seul réconfort pour le garçon sensible : l'épouse du prof de sport est Deborah Kerr, infiniment compréhensive, infiniment intuitive, infiniment laissée pour compte elle aussi par le cirque narcissique de la virilité. Même si Deborah et lui n'ont pas de lien de parenté, l'acteur principal s'appelle John Kerr. Kerr + Kerr donc, pour le film le plus sublimement queer de l'Hollywood classique. JML

Le Parrain
8.5
24.

Le Parrain (1972)

The Godfather

2 h 55 min. Sortie : 18 octobre 1972 (France). Policier, Drame

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Avant le "Que La Famille" de PNL, il y avait le pacte des Corleone : protéger sa famille, même s’il faut brûler en enfer. Peut-être que Michael aurait dû s’en méfier davantage à son retour du front ou peut-être qu’il avait déjà perdu la bataille. Un dîner dans un restaurant italien, un pistolet caché dans des toilettes, trois coups de feu comme trois coups frappés avant le lever de rideau d’une tragédie funeste, et le voilà déjà en enfer. Mais d’abord il y aura les honneurs et le sacre, et puis les regrets ("Le Parrain 2"), et puis l’horreur de n’avoir pu sauver personne ("Le Parrain 3"). Alors le rideau tombe et Michael, seul et vieux, s’écroule une dernière fois en rêvant des morts. LB

Mirage de la vie
8
25.

Mirage de la vie (1959)

Imitation of Life

2 h 05 min. Sortie : 2 octobre 1959 (France). Drame

Film de Douglas Sirk

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Deuxième présence dans ce top de Sirk, l'esthète du mélo hollywoodien capiteux doublé d'une observation critique des plus aigües de l'Amérique des années 50 et de la normativité de ses rites sociaux. L'affrontement parents/enfants, les conflits générationnels sont une fois encore au coeur du récit, avec cette fois une étude très forte sur la honte de sa classe et de sa communauté vécue par une jeune femme noire. À noter que juste avant le tournage du film la sulfureuse Lana Turner sort d'un scandale judiciaire et médiatique tonitruant. Sa fille de 14 ans a poignardé et tué l'amant de sa mère, le gangster Johnny Stompanato, qui battait celle-ci sous ses yeux. A l'issue du procès, la star du Facteur sonne toujours deux fois est donnée pour finie. Mais contre toute attente, "Le Mirage de la Vie est un triomphe commercial et l'actrice redevient une des plus powerful d'Hollywood. JML

Rio Bravo
7.9
26.

Rio Bravo (1959)

2 h 21 min. Sortie : 21 octobre 1959 (France). Western

Film de Howard Hawks

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

John T. Chance (John Wayne), shérif exemplaire de Rio Bravo vient d’incarcérer le bandit Joe Burdette. Son frère, Nathan Burdette, l’une des personnes les plus influentes de la région ne compte pas le laisser croupir dans sa cellule. Barricadé dans la petite prison vétuste de la ville, Chance doit attendre l’arrivée des renforts alors qu’il est épaulé d’une équipe de freaks : le shérif adjoint Dude (Dean Martin) est un ivrogne, son collègue Stampy (Walter Brennan) un vieillard infirme. Comme à son habitude Hawks prend pour prétexte une intrigue minimaliste et classique d’un genre pour mieux réaliser une description attentive et minutieuse de ses personnages. Ici ce qui importe bien plus que les coups de fusils et autres cascades de cow-boys, c’est l’entraide mutuelle de ces trois hommes qui avaient presque oublié qu’autrefois ils étaient amis. L’arrivée de Feathers, une joueuse professionnelle va même déjouer les certitudes de John T. Chance sur l’amour et les femmes. Comme quoi même au Far West, il y a de la place pour les sentiments. LB

Matrix
7.8
27.

Matrix (1999)

The Matrix

2 h 16 min. Sortie : 23 juin 1999 (France). Action, Science-fiction, Arts martiaux

Film de Lilly Wachowski et Lana Wachowski

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Aussi brutalement visionnaire que vaguement démodé (le cuir, les lunettes, Limp Bizkit, tout ça…), "Matrix" est le film par lequel le monde a plongé dans le millénaire numérique. Un sommet SF sous lequel s’est ouvert le précipice de la virtualité, à la fois champ infini de possibles (prendre la pilule rouge pour devenir un übermensch) et effroyable machine à cauchemars (les "champs" de bébés). Façon pays des merveilles – tout commence par un "suivez le lapin blanc". En est-on jamais revenu ? TR

Certains l'aiment chaud !
7.9
28.

Certains l'aiment chaud ! (1959)

Some Like It Hot

2 h 01 min. Sortie : 9 septembre 1959 (France). Comédie, Romance, Gangster

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Sans doute le film dont la dernière réplique ("Nobody’s perfect") est la plus célèbre du monde... Le scénario et des dialogues de Wilder, co-écrits avec son co-auteur habituel I.A.L. Diamond, frisent la perfection. Comment amener deux hommes hétérosexuels et cisgenres (deux musiciens d’orchestre de jazz), dans les années 30, à se déguiser en femmes ? En les mettant dans une position où leur vie en dépend : témoins du massacre de la St Valentin, les deux musiciens (Tony Curtis-Jerry, le saxophoniste et Jack Lemmon-Joe, contrebassistes) sont poursuivis par les gangsters auteurs du crime. Justement un orchestre féminin recherche une saxophoniste et une contrebassiste… Alors ils se travestissent. Mais voilà, dans le train qui les emmène en Floride, terre de prédilections des vieux milliardaires, Joe et Jerry rencontrent Sugar (Marilyn Monroe), chanteuse et joueuse de yukulélé portée sur la boisson et… les saxophonistes et les milliardaires. Tony Curtis, charmé, va devoir jouer un double-jeu, sans cesse obligé de changer de sexe, d’un côté pour pouvoir séduire Sugar et de l’autre afin de pouvoir garder sa place dans l’orchestre. La modernité thématique - sur l’identité sexuelle et sa fragilité (Jack Lemmon-Joe, notamment, finit par ne plus savoir s’il est un homme ou une femme…) - de ce film par ailleurs considéré comme l’un des grands classique de la comédie américaine, explique peut-être qu’il se retrouve si haut dans notre classement 2018. Mais c’est aussi l’un des plus beaux rôles de Marilyn Monroe (qui chante ici certains des titres les plus connus de son répertoire), une Marilyn dont Natalie Wood a donné un jour une très belle définition : "On voudrait qu’il ne lui arrive jamais rien de mal". JBM

Freaks - La Monstrueuse Parade
8
29.

Freaks - La Monstrueuse Parade (1932)

Freaks

1 h 04 min. Sortie : 7 octobre 1932 (France). Drame, Thriller

Film de Tod Browning

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

"One of us !", s’exclament les créatures du freak show lorsqu’elles tiennent enfin leur vengeance contre celle qui a voulu les humilier. La monstruosité n’est évidemment pas dans l’apparence physique mais dans le comportement, et la beauté est d’abord celle de l’âme : telle est la leçon, peut-être évidente à force d’être rabâchée mais toujours aussi essentielle, du chef-d’oeuvre de Tod Browning. Échec à sa sortie (trop terrifiant, dira-t-on), ce film produit par la MGM pour contrer Universal, à la lisière du fantastique et du mélodrame, a aujourd’hui tendance à éclipser le reste de l’oeuvre de ce cinéaste homosexuel (qui savait donc ce qu’était le rejet), notamment son magnifique "L’Inconnu". Lynch en retrouvera l’esprit dans "Elephant Man". JG

L'Impossible Monsieur Bébé
7.4
30.

L'Impossible Monsieur Bébé (1938)

Bringing Up Baby

1 h 42 min. Sortie : 18 mars 1938 (France). Comédie, Romance

Film de Howard Hawks

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Sommet de la screwball comedy, "L’Impossible M. Bébé" est, dès son titre, affaire d’intrusion. Le bambin en question n’est autre qu’un charmant léopard accélérant la nuit de noce entre Susan Vance, héritière excentrique, et David Huxley, paléontologue, un brin coincé, sur le point de se marier avec sa secrétaire (détail rapidement évincé). Intrusion donc : celle d’une joyeuse pagaille menée tambour battant par Susan dans le monde rectiligne du scientifique. Car c’est bien elle qui tient le tapis dans lequel lui n’arrête pas de se prendre les pieds. D’un coup, une anarchie burlesque entre par effraction dans la comédie de mœurs et ni l’une ni l’autre ne s’en remettront vraiment. Symptôme des mariages réussis : Katherine Hepburn et Cary Grant vont filer la métaphore sexuelle avec une espièglerie communicative (on cherche un os disparu tout du long…). ADJ

Thaddeus

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