Les 1001 albums qu'bla bla bla

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On croirait Sinatra backé par un orchestre de BO hollywoodienne, mais sans images en Technicolor pour nous en mettre plein les mirettes, on reste coincés avec sa voix lisse et chiante comme un horizon gris. Décevant qu'une canaille pareille soit aussi sage dans sa musique, mais ça prouve aussi que les lois du mainstream sont les mêmes à toutes les époques : on chante sans dépasser des cases de ce que l'époque attend de nous des textes dont on n'a pas écrit les paroles pour bien être sûr que notre individualité n'effraie pas la masse des consommateurs. Remis en perspective, c'est sûrement aussi la représentation ultime de ce que le rock des débuts cherchait à détruire. Enfin bon, j'imagine que ça faisait mouiller la ménagère et bander en secret les gangsters, mais en ce qui me concerne, sa place est dans un musée.

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Les ballades m'emmerdent un peu, mais sur les morceaux plus enlevés, c'est dingue comme on a effectivement l'impression que le mec chante du périnée (même si je préfère Eddie Cochran). Mais bon, pour le fun, je laisse Gil Scott Heron vous en parler (dans Ain't No New Thing) :

"dans Ain't No Ambulances For No Niggus Tonight, Stanley Crouch explique comment Chuck Berry faisait son truc, c'était quelque chose, c'était du rock n' roll, et lui, c'était le roi du rock n' roll. Mais pour les Blancs, pas moyen que leurs filles aillent mouiller devant un Noir qui se trémoussait sur scène, alors ils ont inventé Elvis Presley pour le remplacer."

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Y a pas à chier, les mecs tiennent bien leur rythmique. Dans le doute, d'ailleurs, ils la lâchent pas du premier au dernier morceau (sait-on jamais qu'elle leur échappe). C'est vraiment la branche de la country old school la plus relou, celle-là, où en chante en choeur des trucs entraînants comme des bons petits premiers de la classe. En filigrane, tout ça sent beaucoup la religion lourde et les valeurs traditionnelles avec toutes les saloperies qu'elles charrient. C'est con parce que la mandoline est vraiment bien quand elle se pointe.

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Une personnalité folle qui dégueule du cadre avec une jubilation communicative. Tout semble permis, les structures éclatent malgré l'apparente stabilité rythmique qui fait plus office de caution qu'autre chose, on croirait presque du punk avant l'heure.

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On sent Fats pas très à l'aise en studio, mais on entrevoit aussi clairement que sur scène, ça devait être quelque chose. En plus de ça, la production datée qui cradingue un son conçu pour la propreté n'aide pas des masses... Les cuivres sont ratatinés, le piano est étouffé, les cymbales deviennent du bruit blanc. Dommage, dommage.

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Un live brouillon et criard sans tout ce qui peut habituellement me plaire dans ces deux "défauts". L'annonceur qui fait ses speechs toutes les deux minutes nous sort complètement de l'ambiance du live, et je ne suis pas très sûr de vraiment apprécier l'hymne américain en ouverture. Le public est en folie et ça au moins ça fait plaisir à entendre, mais je reste complètement sur le bord de la route.

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Pop à big band encore, les pom-polom-pom très appuyés, les violons qui nous ont donné l'expression "sortir les violons"... On s'emmerde pas mal, et si je peux me permettre, Marcel 1001, la redite est totale avec l'autre Sinatra de l'année d'avant hein, y avait pas besoin de foutre les deux dans ta liste. Donc ça passe en fond d'une scène de bar chic dans un film noir, mais à part ça, non merci.

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Un peu sage, mais quand ça balance ça balance grave, et la voix de Buddy Holly a un petit plus qui fait vraiment la différence, surtout quand il la pousse un peu dans ses râpeux retranchements.

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Ces cuivres sont trop envahissants pour rendre service au meneur de troupe, mais ils ont au moins le mérite d'être vivant, et le petit piano de Basie est d'une malice tout à fait réjouissante. Entre la subtilité de son jeu et la lourdeur pachydermique du reste des zicos, on passe sans cesse du chaud au froid - ce qui n'est pas inintéressant, vous me direz.

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Hé bé voilà c'est nickel, on dirait que Marcel 1001 a entendu mes réserves sur l'album précédent et qu'il a décidé d'y remédier. En jazz comme en rock, en soul ou en folk, less is more.

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KING OF THE CONGA

KING OF THE CONGA DRUM

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Yup, c'est de la bonne, beaucoup d'élégance, des musiciens qui respirent et étalent leur talent sans frénésie mais sans ennuie non plus, ça trompette bien.

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Une énergie fantastique. Tout l'album donne l'impression de n'être qu'une déclinaison des couleurs de Tutti Frutti, mais ça n'est pas vraiment un problème.

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Un peu oppressé par tout cet enthousiasme. Ca doit être parfait pour danser, mais j'sais pas danser (j'bouge que sur du reggae). Et putain, ce genre de cuivres, c'est vraiment difficile à mixer j'ai l'impression, et dans les années 50 on n'était clairement pas encore au point, ça écorche pas mal les tympans.

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Un peu comme pour l'album précédent, le truc est parfait pour faire la fiesta, mais quand on l'écoute juste chez soi, on ressent plus de l'agacement que quoi que ce soit d'autre.

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Désolé, Billie. Peut-être la prochaine fois.

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Toujours eu beaucoup de respect pour Jack Elliott et sa démarche folk ultime. Bob Dylan dit que la folk, c'est la transmission, et Jack incarne cette idée bien mieux que lui, en tant que conteur absolu. Là où Bob Dylan en a vite eu marre de chanter le patrimoine et s'est mis en avant en écrivant et en interprétant ses propres textes, et là où des gens comme Dave Van Ronk attiraient l'attention sur eux-mêmes à travers leur interprétation exubérante des classiques, Jack semble nous dire à chaque morceau de ne pas le regarder (ou plutôt l'écouter) lui, mais plutôt de s'intéresser à la tradition qu'il véhicule. Et tout au long de sa carrière, il aura continué à renoncer à son hubris pour n'être qu'un canal, une mémoire vivante de tout un pan de la musique populaire américaine. Du coup, forcément, je ne ressens jamais de grosse grosse émotion en écoutant ses albums, parce que ce qui me touche dans la musique, c'est plutôt l'expression de l'individualité de l'artiste, mais je le remercie pour son sacrifice.

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On dirait un peu une Alice Russell gentiment chiante (je crois que c'est une de ses influences officielles, d'ailleurs), mais je préfère la souplesse et la pétillance d'Alice, pour qui la musique est une fête, alors que là je m'emmerde juste avec politesse. J'aime bien le minimalisme de l'instrumentation, par contre.
Ah et puis apparemment elle chantait avec les paroles sous les yeux, franchement j'aurais demandé à être remboursé direct.

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Ca me rappelle un peu les trucs de Sinatra, en fait, mais je préfère la voix d'Ella (qui l'a, comme on dit).

(ah tiens je découvre que c'est le même arrangeur. Comme quoi, on me la fait pas, à moi)

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Très bien ça, c'est pas si éloigné de Sinatra dans l'idée, mais avec de la personnalité, du caractère, une âme. Pour moi on est bien plus dans la pop orchestrale que dans la soul ou le RnB, d'ailleurs... Bon j'aurais peut-être plutôt appelé ça "The charming but not so overwhelming talent of Ray Charles", mais pas dit que ça se soit aussi bien vendu.

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À écouter le soir en picolant.

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Je trouve assez émouvant, en un sens, que ces histoires affreuses de pendaisons, de hors-la-loi et de coups de feu qui pétaradent dans tous les sens soient chantés par des gens aussi appliqués que des enfants de chœur sur des mélodies bondissantes. J'y vois une filiation directe avec la tradition médiévale (surtout que ce ne sont que des morceaux narratifs), sauf que les chevaliers ont été remplacés par des porte-flingues, qui ne se battent plus pour l'honneur mais pour ce qu'ils estiment être leur propre liberté. 'merica, quoi. Mais c'est fait avec tellement d'innocence qu'on a bien envie de se laisser emporter.

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C'est un peu les Quatre Saisons de Vivaldi mais en jazz, avec des ambiances assez marquées (sûrement ces signatures rythmiques de petit malin à gogo) mais traversées de la même brise - et j'ai l'impression de sentir parfois chez Brubeck des envies de jouer du piano comme un musicien classique plutôt que comme un jazzman, mais bon si les Danettes peuvent être bigoût, pourquoi pas les musiciens, hein ? De toute façon on s'en balance, parce que, no disrespect, Dave, mais en ce qui me concerne, la raie star de l'album, c'est Paul Desmond au sax alto.

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Peut-être la pire chanteuse de l'histoire de la folk. On dirait une thérémine de fête foraine.

Ecoutez plutôt Odetta Sings Ballads and Blues, tiens, c'est quand même autre chose.

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Elvis trouve sa voix mais se cherche musicalement, ça donne un album plus intéressant et moins générique que son précédent dans cette liste. Encourageant mais pas de quoi fesser un nonne non plus.

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Ambiance charmante et festive, éclats de rire ici et là, j'aime bien le grand écart entre Etats-Unis, France et Afrique du Sud, mais ça manque trop de corps pour que j'aie jamais envie d'y revenir.

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Je vais pas vous mentir, j'ai connu meilleurs rencards.

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Moi t'façon plus y a de sax plus je suis content, alors là ça jubille. Les volutes de cymbales sont impecc pour l'atmosphère, par contre sans vouloir blesser personne, l'orgue aurait peut-être gagné à être remplacé par un piano.

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Gros dynamitage du blues de papy, je comprends que ça ait créé autant de vocations.

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Bill Evans était limite mon préféré chez Miles Davis, mais en solo ça m'a quand même l'air d'être un truc de zicos hardcore, genre si t'as pas l'oreille absolu t'es pas admis dans la salle. En ce qui me concerne, mon player était en "repeat", et je crois que j'ai fait deux ou trois fois le tour de l'album sans m'en rendre compte, ce qui veut quand même dire que je n'en retiens absolument rien. Rudos.