Lectures de 2023

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Une histoire de famille et de secrets que l'on pourrait qualifier d'« à tiroirs » si les tiroirs en question étaient rattachés à une armoire quantique dont les éléments se superposeraient et se mouvraient continuellement dans le temps et l'espace. Ces récits et réflexions enchâssés, s'ils peuvent rappeler Kundera dans l'idée – bien qu'il semble que Marías ne l'apprécie guère – ne suivent cependant, contrairement aux ouvrages de l'écrivain franco-tchèque, aucune structure préhensible. Comme dans un flot de pensée, les signes ne se laissent pas toujours déchiffrer dès leur première manifestation, certaines pistes longuement parcourues se révèlent être des impasses, d'autres sont abandonnées, mais avec de la persévérance (et aussi quelque chance), d'aucunes finissent par dessiner une carte aux contours fuyants. En dépit des tendances verbeuses et un peu doctes de l'auteur, la lecture est prenante.

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Another meeting that could have been an email... L'écriture balzacienne est agréable, parfois facétieuse, souvent moderne, mais l'histoire en elle-même ne présente aucun intérêt, pas au point en tout cas de l'étirer sur tout un roman – même court.

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Toujours cette même capacité de Bernhard à capturer en quelques mots ce que l'on ressent sans pouvoir le décrire (voire parfois sans le savoir), à la manière d'un Proust pessimiste et rêche. Si ce livre permet d'en apprendre davantage sur l'écrivain, sa forme moins inventive et obstinée que celle d'autres de ses écrits ne permet pas, à la lecture, d'accéder aux mêmes petites jouissances.

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Gros problème de sources dans ce livre... J'entends qu'il ne s'agisse pas là d'un ouvrage scientifique mais plutôt d'un petit manuel pour pimenter les repas de famille avec son oncle de droite (pour celles et ceux qui ont la chance que cet oncle se conjugue au singulier), toutefois pousser un peu plus loin la note de bas de page qu'un lapidaire "INSEE" (quand la note de bas de page existe) ne me paraît pas demander un effort surhumain. Un peu de sérieux camarade !

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Hésitant entre le 6 et le 7, j'ai choisi de récompenser le fait que Leïla Slimani m'ait réconciliée avec la lecture, après un début d'année poussif. En effet, ce premier tome d'une trilogie familiale se boit comme du petit lait, fluide, absorbant. Cela étant, je cerne de plus en plus ce qui, chez l'autrice, me gêne d'ouvrage en ouvrage : cette écriture où un nom ne peut aller sans un adjectif, que celle qui érige la nuance en valeur ne va pourtant puiser que dans des antagonismes triviaux et souvent lourds de jugement (beau/moche, jeune/vieux, triste/heureux, qui pue/qui sent bon... je n'invente rien). L'on aimerait quelquefois que l'histoire s'écrive en marge du cadre de la morale, fût-ce pour s'y opposer.

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Court roman qui tiendrait presque du policier à deux sous, avec ses coups de pistolet, ses mallettes et son sexe peu recherché, si l'écriture particulière – et troublante – ne venait apporter une dimension plus mystérieuse et équivoque à l'ensemble.

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En plaçant au cœur de son récit la relation toxique entre un père survivaliste violent et sa fille adolescente, l'auteur aurait pu livrer un superbe roman sur l'individualisme américain, les mécanismes d'emprise, le passage à l'âge adulte... Encore aurait-il fallu pour cela que celui-ci ait du tal(l)ent – haha. L'épaisseur du bouquin est ici moins synonyme de profondeur que de ressassement à l'usure de scènes au mieux ennuyantes (dialogues mal ficelés et faussement intellectuels où l'on namedrop Marc Aurèle et Hume entre deux grattages de couilles), au pire dégueulasses (je ne comprends pas, notamment, cette étrange ambiguïté que l'auteur cherche à tout prix à instiller dans les scènes d'inceste et de maltraitance). Je n'ai rien contre l'abject et le sordide en littérature, mais trouver sa jouissance dans un misérabilisme 'border' et gratuit... pas mon truc.

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Je n'avais jamais vraiment réalisé, avant de lire ce livre, combien il était reposant et presque consolant de se plonger dans une œuvre dont l'auteur (ici autrice et cela joue évidemment) perçoit et décrit les événements avec une approche qui n'est pas sans ignorer le féminisme. Bien sûr, il y a Ernaux, Groult, Despentes... mais en l'occurrence je ne savais pas à quoi m'attendre et ai été agréablement surprise. Rien ne paye de mine, le récit n'est pas captivant, pourtant en peu de mots Levy dit beaucoup – et peut même se révéler particulièrement touchante, notamment au sujet de sa mère.

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Oups... J'avais oublié de le noter. Pourtant ce court roman m'a arraché quelques larmes et fait vivre deux-trois jours dans l'angoisse de perdre mon colocataire bien aimé.

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Une histoire correctement écrite (bien que l'auteur trique sur une statue antique) mais dont moi (qui préfère les êtres de chair) n'ai strictement rien eu à cirer.

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Bien des éléments ne manquent pas d’intérêt dans le roman, à commencer par cette manière de représenter les personnages, au moyen de formules incarnées et situées, qui juste touchent et qui touchent juste. Le livre aurait pu être à la hauteur de ce que j’en avais entendu, et de ce que j’en attendais donc un peu, s’il n’avait été gâté par la redondance de certaines idées (le titre... on a compris) et formulations. Gênée aussi par la tournure trop évidente, à deux doigts de la platitude, que prennent certains passages – notamment pour décrire le monde du conseil dans lequel évolue la protagoniste. La fin, compilation affadie et expédiée du ‘Loulou’ de Pialat et des ‘Parapluies de Cherbourg’ de Demy sauce Leroy Merlin, en est un triste exemple. Mais le tout se laisse lire, à condition de n'être pas soi-même trop déprimé(e) par la médiocrité de son existence...

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Je subis plus ou moins mes lectures depuis quelques mois et c'est donc une victoire de venir (enfin !) à bout d'un roman. Ici, nous découvrons les USA à travers les mots d'un narrateur européen en rupture avec son pays et sa compagne. Rien de bien inédit donc, et les quelques bonnes saillies qui jalonnent le récit ne suffisent pas à combler les attentes que ce très joli titre laissait espérer, ni à faire oublier les passages très '1970s' (dirons-nous avec euphémisme) de rapports non consentis romanticisés. Si j'arrive à passer outre sa misogynie satisfaite, je redonnerai sa chance à Handke... plus tard.

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Quand les formidables personnages, les formules bien senties et le regard amer sur l'Amérique des 'Corrections' manquent à l'appel, ne restent que les longueurs et les répétitions. Vraiment décevant – il va falloir apprendre à mieux choisir son Franzen de l'été.

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Plus que dans l'histoire, que l'on finit par connaître par voie de presse, l'intérêt de ce livre réside, d'une part, dans sa structure (décrire d'abord le passé, les lieux, les personnages, les événements, les dynamiques... avant de resserrer l'étau autour de l'inceste) et, d'autre part, dans le point de vue adopté (celui d'une victime qui ne peut se nommer, qui se sent coupable, car pas la "pire"). Pour mille raisons qui ne tiennent pas seulement à la petite célébrité de l'incesteur, l'on imagine combien il a dû être difficile de livrer un tel témoignage – pour ce courage, bravo et merci.

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Que dit ce roman épistolaire (et c'est dommage) de notre époque ? Rien. Que dit-il de Virginie Despentes ? Qu'elle se sent vieillir mais se démène tant bien que mal pour rester dans le coup – et qu'elle avait besoin de payer ses factures. Que dit-il de son éditeur ? Que l'achat d'une villa sur la côte revêt plus d'importance pour lui que la belle littérature. Que dit-il de moi ? Que je suis trop influençable...

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Un ouvrage de sociologie d'une remarquable rigueur, qui dépasse les limites de la simple enquête commentée pour proposer des outils sémantiques et critiques essentiels aux réflexions actuelles sur le monde du travail et les modes d'encadrement qui s'y développent – d'autant plus aujourd'hui, en 2023, qu'à la publication du livre en 2015.

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Pas pour me jeter des fleurs, mais encore une année où j'ai eu du flair avec le Goncourt – guère le bon livre mais le bon auteur, c'est déjà ça. Hâte de découvrir ce 'Veiller sur elle' dont on me dit tant de bien car, en l'occurrence pour 'Ma reine', si je reconnais des qualités d'écriture à Andréa, l'histoire ne m'a pas transportée... et la fin m'a laissée perplexe.

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Ici, Tal Madesta raconte sa/la transidentité en une poignée de courts chapitres thématiques, allant du sensible au politique. Si l'on s'arrête à la forme, l'écriture gagnerait à être moins empruntée mais, pour le fond, le témoignage est vibrant, important.

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Finalement assez niche puisque, en se donnant pour objectif de critiquer la pensée du « vivant » qui fait actuellement florès, les auteurs se concentrent en réalité sur 3-4 penseurs représentatifs de cette mouvance – donnant parfois à l'ouvrage, il faut bien le dire, des allures de règlement de compte. Cela dit, le livre constitue une ressource utile et (globalement) bien étayée si, comme cela est mon cas, vous manquez parfois d'outils pour décrypter voire démonter les analyses, théories et projets de société portés par les doux rêveurs ou durs charlatans, au choix, que sont les penseurs du vivant.

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(lu en anglais/ebook)

Cet ouvrage offre un éclairage historique sérieux, dépassionné (mais engagé) et très accessible pour mieux comprendre ce qui s'est joué et se joue encore aujourd'hui en Palestine. L'historien israélien démonte dix mythes/discours liés à Israël, au sionisme, à la création de l'Etat israélien, aux 'conflits' et aux tentatives de 'paix', à la solution des deux Etats... L'on tient moins un livre somme et scientifique qu'un bon outil pour fixer plus nettement quelques notions importantes et s'armer d'arguments pour défendre une véritable solution de paix et de justice, viable et durable, pour tous – car c'est de cela qu'il s'agit. Bravo à Ilan Pappé pour ce travail essentiel et (malheureusement) difficile. Dommage que le texte ne soit pas disponible en français.

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Le livre se boit comme du petit lait, en cela que l'écriture est efficace... mais aussi que l'on reste toujours à la surface du yaourt. En effet, astuce de l'auteur pour ne pas trop se fouler le poignet et masquer la vacuité de son récit, tous les personnages (notamment féminins) sont décrits comme secrets, évanescents, impénétrables – au sens figuré tout du moins, car si le poignet ne s'active pas sur le stylo, il paraît fort occupé par une autre besogne... Premier Murakami que je lis et je ne peux pas dire qu'il ait fait naître en moi l'envie irrépressible de dévorer le reste de son œuvre.