Cover Lars Von Trier - Commentaires

Lars Von Trier - Commentaires

"Les êtres humains sont mauvais" : dans la bouche de l’héroïne de son avant-dernier film (évidente projection de lui-même), cette réplique illustre la conception très antipathique que Lars Von Trier le misanthrope s’attache à exprimer avec un nihilisme satisfait, en déversant sa bile et son fiel ...

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8 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a presque 12 ans

Element of Crime
6.4

Element of Crime (1984)

Forbrydelsens element

1 h 44 min. Sortie : 30 janvier 1985 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Lars von Trier

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Les débuts du réalisateur traduisent déjà une recherche très poussée de la rhétorique et des dispositifs narratifs. Longs mouvements d’appareil, décors inquiétants et bizarres suintants d’humidité, photographie glauque, eaux croupies ou pluies torrentielles, précipités, bouillonnements et exposions graphiques : autant d’éléments qui refusent toute référence à une réalité supposée extérieure et tentent de fixer un imaginaire sous hypnose, quelque part entre le Welles de "Mr Arkadin" et de "La Soif du Mal" et le Tarkovski de "Stalker". Trier décline les ingrédients du récit policier en une introspection onirique aux antipodes du récit classique, un véritable délire baroque dont l’hyperformalisme fusionne ambitions esthétiques et velléités expérimentales, et qui métaphorise un pays en déliquescence.

Europa
7.2

Europa (1991)

1 h 52 min. Sortie : 13 novembre 1991. Drame, Thriller

Film de Lars von Trier

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Un train de cauchemar traverse la mémoire coupable d’une Europe en ruine. L’Allemagne violemment délabrée de l’imédiate après-guerre scelle pour les personnages l’asphyxie des illusions. Le film poursuit et approfondit la démarche du précédent, en quête d’une certaine idée de "cinéma absolu" dont l’artiste prendra le contre-pied par la suite. Plongeant dans un arrière-monde oppressant où tout a valeur de symbole, le héros suit un itinéraire initiatique aux allures de trip halluciné que la mise en scène, avec sa pellicule traitée en laboratoire, son recours élaboré au noir et blanc, aux surimpressions multiples, aux associations visuelles, aux couleurs signifiantes, aux compositions surréalistes, rend pour le moins original. L’exercice de style demeure quand même assez hermétique.

Breaking the Waves
7.4

Breaking the Waves (1996)

2 h 38 min. Sortie : 9 octobre 1996 (France). Drame, Romance

Film de Lars von Trier

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Le mélodrame, disait Truffaut, est du cinéma qui n’a pas honte de l’être. Ce premier grand virage dans la filmographie de l’auteur le prouve. La sophistication formelle des précédents opus est substituée par une approche brute, sans afféterie, presque organique, une trémulation fébrile tout juste trouée d’interludes psychédéliques. Quelque part entre la spiritualité de Dreyer et le romantisme de Brontë, le cinéaste raconte l’amour fou en faisant le portait d’une héroïne à la bonté absolue, oscillant de la naïveté à la dépravation, de la sainteté à la folie, et dont les sentiments incandescents pulvérisent l’intolérance d’une communauté bigote et rigoriste. D’une puissance émotionnelle rare, visant une expressivité viscérale, l’œuvre atteint les cimes d’une cantate bouleversante pour une âme meurtrie, jusqu’à un miracle final d’une audace folle.
Top 10 Année 1996 :
http://lc.cx/cTf

Les Idiots
6.9

Les Idiots (1998)

Idioterne

1 h 47 min. Sortie : 20 mai 1998 (France). Drame, Comédie

Film de Lars von Trier

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Dans une grande maison entourée d’un parc, un groupe de jeunes gens joue un jeu bien étrange, où chacun apporte ses problèmes personnels, ses frustrations, ses névroses : l’idiotie considéré comme un sport, un défi, un révélateur, un exutoire, un baromètre de l’intolérance ambiante. Ce film stimulant et perturbant parvient à transcender la puérilité un peu potache de ses provocations (une des spécialités maison) pour faire partager le trouble et l’ambiguïté d’une expérience-limite, entre régression fœtale et mise en crise des normes sociales. La catharsis qu’il tente de mettre en scène à travers sa petite communauté subversive, qui vire bientôt à la dérive sectaire, pose des questions passionnantes sur le regard, la limite individuelle, la règle, le défi qu’on impose à soi-même et aux autres.

Dancer in the Dark
7.3

Dancer in the Dark (2000)

2 h 20 min. Sortie : 18 octobre 2000 (France). Policier, Drame, Comédie musicale

Film de Lars von Trier

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

J’ai toujours été très ennuyé avec ce film – comme je le suis souvent vis-à-vis de Trier. D’un côté, l’œuvre expérimente des propositions formelles incroyables, notamment dans la façon dont elle fait percuter la spontanéité brute et vive des séquences vécues avec la fragmentation numérique des séquences chantées et dansées, purs moments de décollage verticaux. De l’autre, le terrorisme lacrymal de son traitement frise le scandaleux, véritable chantage à l’émotion qui ne s’épargne rien en termes de putasserie, suit aveuglément les rails de la fatalité consentie et impose une mise à l’épreuve en forçant à visionner l’impensable. Sublime ou honteux, sans doute les deux à la fois, même s’il est difficile de nier à cette tragédie lyrico-punk du sacrifice et de la sanctification une identité toute singulière.

Dogville
7.5

Dogville (2003)

2 h 57 min. Sortie : 21 mai 2003. Drame, Thriller

Film de Lars von Trier

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Même réception ambivalente. Je perçois ici une vraie intelligence d’artiste, un raffinement remarquable qui s’exprime dans la beauté du texte, la précision du cadre, la poésie paradoxale (car dépouillée) de l’image, le brio d’un dispositif hybride et composite exploité de façon assez magistrale. Trier est un authentique styliste, un véritable inventeur de formes. Il est aussi, de toute évidence, un misanthrope auto-satisfait, un petit joueur de flûte dont la condescendance envers les personnages et le nihilisme forcené trahissent un esprit moralisateur. Il déteste ceux qu’il filme et n’a de cesse de les mener vers l’abjection : dans cette parabole sur ce qui construit la communauté des hommes, tout le monde est pourri et voué à la lie, à la destruction. C’est peu dire qu’une telle acrimonie me déplaît.

Antichrist
5.8

Antichrist (2009)

1 h 48 min. Sortie : 3 juin 2009 (France). Drame, Épouvante-Horreur

Film de Lars von Trier

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Pour la troisième fois (je me répète), je suis partagé. Voilà encore un cinéma stimulant à bien des égards, dans la façon dont il tente de moderniser tout un héritage gothique et germanique, dans certaines de ses fulgurances plastiques, dans la création d’une atmosphère d’angoisse, de superstition et de folie en adéquation avec l’intériorité tourmentée de ses personnages, dans la radicalité d’une démarche qui plonge sans filet aux racines du deuil et de la culpabilité. Alors pourquoi de telles saillies puérilo-provocatrices (effusions sanguinolentes gratuites), pourquoi un tel grand-guignol final, pourquoi un discours si ambigu sur la nature féminine ? Curieuse et fâcheuse habitude de Lars Von Trier, qui semble vouloir systématiquement saborder des grands films en puissance à la seule fin de s’en réjouir.

Melancholia
7

Melancholia (2011)

2 h 10 min. Sortie : 10 août 2011 (France). Drame, Science-fiction

Film de Lars von Trier

Thaddeus a mis 5/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Une œuvre faussement tarkovskienne, sertie dans une majesté somptueuse, un écrin de beauté mortifère qui confère à l’Apocalypse une tonalité étrangement sereine : convoquant art préraphaélite, picturalité symboliste et poésie romantique, le cinéaste formalise avec un saisissant lyrisme figuratif l’état affectif de son héroïne. Hélas encore, que d’arrogance, de malveillance et d’aigreur mesquine : l’atroce Justine (aka Lars le narcissique-mélancolique) est une hyper-lucide omnisciente (elle connaît même le nombre de haricots dans la boîte) qui sait bien, contrairement aux êtres médiocres et méprisables qui l’entourent, que le bonheur est une maladie empêchant d’accéder à la vérité (le monde est pourri, méritant sa fin). Philosophie négativiste au ras des pâquerettes, d’une présomption insupportable.

Thaddeus

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