Films vus en 2018

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Plus déceptif que décevant, le film n'est pas un réel thriller politique - ce qui l'aurait sans doute rendu plus captivant et haletant - mais une auscultation en profondeur de l'art politique - ce qui le rend plus étrange et plus difficile à appréhender. Une opposition entre celui qui se voudrait normal (tiens donc) et le monde qui l'entoure avec toute l'ambiguïté requise et le machiavélisme inhérent à la fonction. Une impression de manipulation et de jeux dangereux dans un décor andin qui participe à la singularité de l'ensemble inégal, mais pas inintéressant.

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Ancré dans le réel d'une banlieue romaine, le film s'inscrit entre chronique sociale et romance en imbriquant avec densité et sans manichéisme de nombreux thèmes comme le déterminisme social, le poids de la religion et de la famille, boulet ou obstacle. Porté par ses deux jeunes comédiens qui crèvent l'écran, ce premier long-métrage révèle une belle énergie comme la capacité à mettre en scène aussi bien les scènes de groupes que les moments plus intimes.

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Le seul défaut de ce documentaire en tous points remarquable est sa longueur qui entraîne une certaine redondance des scènes vers la fin et peut du coup altérer l'émotion, la tristesse et l'empathie du spectateur que la vie de Belinda à trois âges ne manquera pas de susciter. Commencé comme un épisode de la série Strip-Tease, continué comme une version moins fictionnelle de Party Girl (similitude des accents, séquence de la fête foraine), le film fait de plus en plus penser au travail de l'historien Ivan Jablonka avec Laetitia. Il y a donc de la douleur, presque de la terreur, à voir Belinda changer physiquement à chaque scène, s'empâter et faire bonne figure en vue d'un mariage comme seule échappatoire d'une vie déjà bien amochée à 23 ans. Premier grand documentaire de 2018.

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Un premier film avec quelques trop rares moment de cinéma et beaucoup de prétention et d'afféteries de mise en scène sur le sujet rebattu du deuil, de la résilience. L'ensemble sonne souvent faux et frise avec le ridicule lorsqu'il cherche à singer le cinéma à la David Lynch. Si Bernal a un réel charisme et un peu d'ambiguïté, Biscayart continue dans ses rôles de mort et Marine Vacth à autant être translucide et si peu incarnée. Un objet qui se voudrait arty et chic, au final plutôt toc et convenu.

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Si l'esthétique du noir et blanc ainsi que le caractère rural d'une communauté villageoise fait penser à l'allemand Heimat, le propos est ici moins optimiste et nettement plus sombre au sortir de la Seconde Guerre mondiale qui vit la Hongrie doublement occupée par les allemands et les russes. Souffrant d'abord d'un dispositif théâtral et artificiel et d'un éclatement de la narration qui la rend complexe et inexpliquée par endroits, le film gagne en intensité dans la succession de révélations et de bouleversements.

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N'en déplaise à son Président, les Etats-Unis sont aussi capables de faire des films de m... Celui-ci en est un de la pire espèce sous couvert de (fausse) subversion et de désir (hypocrite et jamais assumé) de dresser le portrait de l'Amérique profonde. Passé l'idée de départ, le film s'enlise rapidement en cochant successivement toutes les cases de la liste des dérives et des errements d'une société raciste, homophobe, violente et éprise de justice. Allons bon : ne pouvait-on y glisser plus de subtilité, ne pas tant accumuler les clichés, ne pas jouer d'un humour scabreux juste prompt à susciter les rires gras, ne pas prendre enfin le spectateur pour un con ? Une bouse détestable.

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Les enquêtes journalistiques magnifiant le métier d'investigateur et sacralisant la liberté d'expression font toujours d'excellents films haletants sans temps mort. Celui-ci n'échappe pas à la règle car Steven Spielberg est aux commandes et son savoir-faire fait ici merveille dans un film qui, en revenant sur l'histoire récente de son pays (sa position avant et pendant la guerre du Vietnam) réussit à s'ancrer dans la double actualité de la présidence de Donald Trump et de la place des femmes dans l'espace public. Globalement débarrassé d'un sentimentalisme qui affleure parfois dans le personnage de Meryl Streep, ce thriller ravira les spectateurs de Spotlight. Il y règne la même détermination à faire éclater la vérité au seul profit de la défense de la démocratie et de ceux qu'elle doit représenter : les gouvernés et non pas les gouvernants. Du très bon boulot.

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C'est tout simplement un très grand film - le meilleur de son réalisateur depuis Voyages - qui est aussi une parfaite adaptation de l'ouvrage de Marguerite Duras incarnée, et surtout pas imitée, par une Mélanie Thierry remarquable et inspirée comme le sont ses partenaires masculins (en particulier Benoît Magimel). Avec un soin méticuleux apporté à la lumière (les clairs-obscurs comme ambiance logique de l'époque) et au son, Emmanuel Finkiel tout en ressuscitant la parole de l'auteur va également au-delà de s'interroger sur l'attente et les moyens d'y faire face en questionnant le retour des camps. Bouleversant et d'une force implacable qui ne quitte pas de sitôt le spectateur.

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Ce sont l'humour parfois décapant, la franchise du quotidien, l'absence de pathos et l'énergie qui s'en dégage qui constituent la force et l'originalité de ce film dont le seul point faible - et au demeurant inexpliqué - est son ancrage dans une sociologie de jeunes de banlieue, manifestement défavorisés, à part Ben qui en adopte cependant tous les codes. Une simplification hâtive qui déséquilibre un projet restant audacieux et attachant.

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On aurait aimé pouvoir dire davantage de bien de ce film en forme de conte naïf en dépit de sa thématique dramatique. Mais il y a trop de zones d'ombre et des situations à la fois inexpliquées et peu crédibles dans ce film pour qu'on y adhère véritablement. C'est dommage car le parti pris d'une certaine douceur - néanmoins brisée par un acte terrifiant - était intéressant, mais demeure inabouti, laissant au spectateur un goût d'inachevé malgré une poignante et inspirée séquence finale.

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L'humour semble donc avoir quitté le cinéma de Woody Allen, remplacé par une cruauté proche du désespoir. Doublement du reste, par rapport à ce que vivent les personnages, mais aussi parce qu'ils sont tous renvoyés, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, à leur état pathétique (insignifiant ?) d'humain. La palette chromatique a beau être flamboyante, presque irréelle, tout se délite et s'enlaidit comme le parc Coney Island. Seul le cinéma que fréquente avec assiduité le petit garçon, pyromane compulsif, demeure l'échappatoire, l'issue de secours. Une terrible et ironique pirouette (finale ?) signée du réalisateur de Manhattan, d'une noirceur et d'une acuité acérée qui se renforcent ces dernières années.

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Brillamment écrit et haletant comme tous les films de procès, L'Insulte es aussi une parabole sur l'engrenage implacable qui peut conduire à la guerre. Au Proche-Orient, le passé jamais vraiment enfoui resurgit à la moindre occasion qui fait remonter à la surface les secrets et les humiliations. La force du film est de faire de ces deux antihéros, paradoxalement proches par leur caractère et leur rapport à la justice deux victimes malmenées par l'Histoire qui les dépasse et les écrase. On pardonnera du coup quelques traits forcés du scénario mais le réalisateur libanais de la série Baron Noir sait faire preuve d'efficacité et de connaissance du sujet.

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Cette comédie à la fantaisie très fabriquée et donc artificielle, sonnant le plus souvent faux, est hélas symptomatique d'un certain nouveau jeune cinéma français, faussement décalé et au final prévisible en véhiculant les valeurs bien pensantes (et bien comme il faut) de la famille. Pourquoi pas, mais on est bien loin des premiers romans de John Irving ou de La Famille Tannenbaum de Wes Anderson. La folie n'est que superficielle à des fins d'une liberté revendiquée et affichée (tout le monde à poil, on est tellement open) mais que tout ceci reste convenu et calibré, y compris dans l'emploi d'une musique envahissante. Sympathique au demeurant puisque tous ces jeunes gens sont tout à fait charmants. Mais inoffensif et dispensable.

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Un joli conte kirghize, épuré et parabolique, sur la liberté et le prix à payer pour vivre intègre avec, en fond, la problématique islamiste. Sobriété et profondeur au service d'une cinématographie rare et donc nécessaire.

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Certes cette juge d'instruction est truculente, professionnelle et intelligente. Il est indéniable qu'elle connait son métier et encore mieux le genre humain qu'elle côtoie dans ce qu'il a de plus sordide, inouï et extravagant. L'accent belge et les expressions colorées participent à cette impression d'une attitude parfois trop appuyée, d'une représentation, ce qui finit par rendre plus anecdotiques ou superficielles des affaires dramatiques, voire tragiques qui devraient plus éclairer l'état d'une humanité sans repères. Les rires empêchent au final la possibilité d'un approfondissement, cantonnant le film à un sympathique divertissement. Anne Gruwez mérite à coup sûr bien mieux que cette vision simpliste et forcément réductrice.

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Transformer un banal drame familial en thriller et film noir, c'est à coup sûr une bonne idée. Peut-être un peu habile, mais Xavier Legrand a manifestement les moyens de son ambition. Néanmoins, on est en droit de trouver que les personnages sont cloués au pilori dès la scène d'ouverture, ne laissant guère de place au spectateur. De plus, le choix en filigrane de glorifier la police - efficace, rapide et humaine - en condamnant la justice à peu près dépourvue de ces qualités peut au moins susciter des questions. Rien à dire sur l'interprétation avec une mention spéciale au garçon Thomas Gioria d'une justesse impressionnante. Gageons sans risque du succès public d'un premier film parfaitement maîtrisé que je n'ai pu m'empêcher de voir comme une version moins bobo et plus extrême et donc assumée de L'économie du couple de Joachim Lafosse.

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Hormis la présence trop appuyée de l'artiste devant la caméra, il faut saluer l'intérêt de cette cartographie mondiale des mouvements de réfugiés. Ce long et copieux documentaire a le mérite de mettre des images sur des faits d'actualités que la plupart des médias survolent. Cette approche panoptique avec incrustation d'informations et de rappels historiques à l'écran prouve aussi que la France devrait être honteuse du sort qu'elle réserve aux quelques milliers de migrants sur son territoire, au regard notamment de ce que fait son voisin allemand (jungle de Calais versus hangars de l'aéroport berlinois).

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En bon faiseur davantage qu'en cinéaste, Paul Thomas Anderson continue les projets aussi immodestes que prétentieux sans jamais avoir vraiment les moyens de cette ambition démesurée. Alourdi par le jeu d'un Daniel Day-Lewis (qui semble se prendre pour Brando) plus cabotin que jamais, le film qui offre au passage une vision rance et sans charme ni inventivité de la mode multiplie les pistes (rapport à la mère, bipolarité, manipulation) et peine à les défricher jusqu'au bout, en nous noyant sous une musique pompière qui lasse beaucoup.

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Un documentaire humain mais aussi trop angélique et parcellaire qui a toutefois le mérite d'être à hauteur d'enfants et de s'intéresser aux réfugiés en tant que famille et sur le territoire français (ou européen) depuis de nombreuses années. Justement on aurait aimé plus de détails et d'explications sur les raisons et les effets d'une situation inacceptable dans son caractère pérenne et itératif (un déménagement tous les deux ans). L'éveil à la culture par l'écriture ou le chant apporte aussi une espérance dans des existences déjà malmenées.

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La distribution une à une des invitations pour un mariage filmée en temps réel sur une journée sert de double révélateur. D'abord des tensions familiales entre un père divorcé resté seul à Nazareth et son fils architecte exilé à Rome; ensuite, à travers elles, celles de toute une région et de tout un peuple sous le joug israélien. Tour à tour drôle et émouvant, le film a le grand mérite d'exposer les raisons de chacun, de montrer que rien n'est ni simple ni définitif, que le déchirement entre racines et expatriation ne se résout pas aisément. C'est intelligent et fin, en disant beaucoup sans jamais insister, préférant suggérer que marteler. Un réel coup de cœur.

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Curieux film au scénario bancal et parfois invraisemblable, en tout cas forcé. Pourtant cette triangulation de rapports troubles offre quelques beaux instants et enrichit d'un regard neuf et inédit la thématique des migrations et de la radicalisation en choisissant de l'aborder par la marge, plus dans ses effets que dans ses manifestations directes. Lorsque l'improbable trio se trouve réuni, un charme vénéneux opère et cueille le spectateur qui demeure toutefois circonspect devant ce jeu du chat et des souris.

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Au crédit du film, le lieu : une carrière gigantesque, poussiéreuse, faisant naître des ambiances fangeuses et aqueuses rendues anxiogènes par le bruit, l'obscurité et la monstruosité des machines. Dommage que le scénario et l'écriture des personnages ne suivent pas. Trop de complaisance dans le glauque et le grotesque au service d'un récit qui reste abscons et limité.

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Autant son remake de La Piscine était raté et clinquant, autant cette adaptation littéraire signée par Luca Guadagnino est une réussite complète. Une splendeur de sensualité et d'élégance en plein été au cœur de la Lombardie. Tout préside à l'éveil et à la satisfaction des sens, y compris les premiers émois amoureux du jeune Elio. Une ode magistrale et intelligente à la passion et à la douleur qu'elle finit inexorablement par faire naître. La fraîcheur de l'ensemble avec sa dimension intellectuelle et culturelle communique au spectateur un authentique bonheur, comme une escale dans un endroit magique où la beauté des lieux est au diapason de la grandeur d'esprit. Un petit miracle.

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Sur et mal écrit, sans qu'aucun dialogue ne parvienne jamais à faire mouche et encore moins à susciter le moindre rire, ce film signé par la comédienne en vogue Greta Gerwig a hélas tout du combat d'arrière-garde, tant l'impression d'avoir vu mille fois ce parcours extrêmement balisé d'émancipation adolescente est tenace. La succession de discussions et de situations terriblement prévisibles ponctuée par des scènes répétitives (en voiture ainsi que les travellings sur les trottoirs) achève de plonger dans l'ennui face à un petit objet pétri de prétention artistique. Consternant.

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On a pour tout dire un peu de mal à saisir où le réalisateur veut nous emmener tant son film qui comporte de jolies séquences apparaît bancal et inabouti. Alourdie par la dérive de la relation de la jeune photographe - dont on a peine à croire à l'activité et à ce qui la motive - et de son envahissant beau-père, la narration reste en-deçà des véritables enjeux : un portrait en creux de l'identité masculine en Tunisie. Sujet traité par le prisme de la captation du désir et de l'inversion des rôles. Étrangement, le film est dépourvu de désir et de troubles, passant donc à côté de sa cible.

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Par une mise en abyme qui n'a rien de vertigineuse, James Franco se livre à un exercice de singe savant en dupliquant l' aventure peu banale d'un artiste à la fois mythomane et passionné, fou de cinéma au point de réaliser un film dont le financement demeure encore un profond mystère, tout comme les origines de ce personnage irritant et touchant. Mais pour un hommage à un original qui ne possédait pas les codes, on est en droit de penser que justement James Franco - qui a un côté Depardieu dans la démesure - les maîtrise parfaitement au service d'un film sympathique, mais anecdotique au final.

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Pour un coup d'essai, c'est assurément un coup de maître. En effet, ce premier film russe d'un jeune réalisateur de 26 ans est une véritable épreuve, tant par la forme (écran 4/3 et palette chromatique stroboscopique et hypnotique) que par le fond (l'enlèvement de deux jeunes mariés juifs dans une ville du Nord Caucase où se côtoient de nombreuses communautés). Mais le cinéaste choisit un personnage secondaire (la sœur du kidnappé) pour en faire le pivot d'une histoire folle et terrifiante en terme de conséquences et de dégâts collatéraux. La pression ne se relâche jamais pendant deux heures. Au contraire l'étroitesse comme expérience de cinéma est de plus en plus prégnante, donc étouffante. Une épreuve, vraiment. Inconfortable mais tellement stimulante.

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Le cinéma du très prolifique cinéaste sud-coréen semble de plus en plus ténu et dépouillé, limitant les mouvements de caméra à des zooms qui rythment les plans-séquences et la narration à une succession de discussions (souvent autour d'un verre puisque l'alcool est constitutif de l'ADN du réalisateur). Pourtant ce petit bijou court, qui a l'air de rien, se révèle sophistiqué dans son éclatement temporel qui laisse au spectateur la tâche de reconstruire (ou pas) le puzzle. La ville de Cannes comme la comédienne Isabelle Huppert y perdent leur spécificité pour se couler à merveille dans l'esprit asiatique.

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La longueur du film qui entraîne redondances ainsi que la piètre qualité de l'ensemble de l'interprétation handicapent sérieusement un projet original, quoique lourdement référencé. Dans ce conte onirique à voir comme une robinsonnade d'émancipation, l'ambiance psychédélique et l'esprit libertaire sexuel ont quelque chose de gentiment vintage et désuet. Les partis pris formels permettent quelques belles séquences mais le projet ne tient pas complètement la route, ou plutôt la mer. En tout cas pas la révolution annoncée du cinéma national, mais juste un bancal objet branché pour happy few.

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Film âpre à la frontière de la fiction et du documentaire articulé autour du personnage de Manuel, jeune homme qui quitte son foyer et recouvre une liberté qui a un goût amer. Parcours du sacrifice et de l'abnégation dans une Italie laide et grise, celle des laissés-pour-compte, qui emprunte au cinéma des Dardenne dans la proximité et l'énergie du filmage.