Fait pas froid en 2023 (BD)

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24 décembre
7,5/10

Chaudement recommandée par mon libraire, cette deuxième BD de Lisa Blumen, que je découvre avec "Astra Nova" est réussie. L'autrice parvient à soulever l'intensité de la solitude de sa protagoniste avec beaucoup d'humour, de simplicité et de sincérité, dans un récit un brin WTF mais qui donne un cadre clair à son intrigue. Sans être trop démonstratif, et avec un dessin/colorisation chouettes, Lisa Blumen fait quelques promesses.

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21 décembre
7/10

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14 novembre
8,5/10

Un numéro exceptionnellement percutant, avec un niveau de rédaction et d'intérêt très homogène entre les différents dossiers. Ceux sur les violences pénitentiaires et le harcèlement des journalistes lanceuses d'alerte sont particulièrement convaincants et touchants.

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5 novembre

Je me suis longtemps attaché à conserver un cordon sanitaire entre Jancovici et moi-même. Je reconnais au polytchnicien un sens du mot et de la démonstration d'une redoutable efficacité, une très grande clairvoyance quant à la mise au point du bilan carbone et surtout un engagement en faveur du climat qui force la reconnaissance. Mais son approche des solutions manque de rupture à mon sens et j'ai du mal à lui pardonner ses positions pronucléaires.

"Le Monde sans fin" est une BD dont l'atout principal est sans doute le rouleau-compresseur de sa démonstration. J'en comprends le succès et l'impact potentiel dans la lecture de ces pages ou s'égrènent sans répit des vérités trop longtemps et facilement niées sur l'impact des fossiles. Dans l'ensemble, Blain fait du bon boulot pour illustrer avec ingéniosité et humour un propos qui pourrait vite mêler la désespérance à l'aridité des démonstrations scientifiques.

J'ai trouvé la première partie de la BD la plus percutante. L'approche originale de Jancovici repose ici sur la démonstration implacable du saut de potentiel qu'a généré la découverte des propriétés énergétiques du pétrole dans l'histoire de l'humanité, ouvrant une parenthèse qui ne peut apparaître a posteriori que comme une anomalie historique et qui sera d'autant plus difficile à refermer que personne ne semble prêt à le faire. Vraiment impressionnant.

La deuxième partie m'a comme attendu moins séduite. Bien sûr les arguments avancé par le polytechnicien paraissent aux profanes insusceptibles de recours. Mais il a une manière de choisir les aspects qui l'arrangent dans le problème qu'il pose qui finit par interroger. En se concentrant comme il le fait sur les émissions carbone, on en oublierait presque la dimension systémique des impacts générés par les solutions technicistes, dont le nucléaire fait évidemment partie.

J'ai dans l'ensemble été tout de même un peu réconforté et, malgré une connaissance assez générale assez poussée du sujet, j'ai été vraiment séduit par l'originalité des démonstrations faites.

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3 novembre

Est-ce parce que l'effet de surprise du premier tome ("Le Dieu vagabond") s'est estompé ? Ou cela tient-il à un récit plus confus et des planches somme toute moins impressionnantes ?
Sans doute un peu des deux, mais ce deuxième tome des aventures de Eustis, écrit et dessiné par Fabrizio Dori, est moins prenant et joli que son aîné. La gallerie de personnages inspirés de la mythologie grecque attire toujours autant de sympathie, mais l'intrigue flanche vite, dommage.

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15 octobre

Difficile de mesurer la fidélité de cette BD à l'essai de Piketty, mais elle trouve dans son approche narrative une illustration claire et pertinente d'un traité d'économie. La difficulté était a priori en effet de rendre accessible les conclusions de l'essai du chercheur et de raconter plutôt que d'exposer son travail. Ce pari est réussi. Pour autant, peut-être par accoutumance de longue date aux thèses de l'auteur et à la pensée de gauche dans laquelle elles s'inscrivent, j'ai l'impression d'avoir peu appris dans le fond, malgré quelques éléments, notamment historiques, particulièrement inintéressants.

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7 octobre

Séduit en librairie par le style graphique de ce roman graphique argentin, j'ai peiné à en venir à bout. "Naphtaline" se veut une exploration du lien de son héroïne à sa grand-mère récemment décédée, un propos qui avait tout pour me toucher. Mais malgré la perspective historico-politique et sociétale que l'autrice donne à son œuvre, celle-ci manque de rythme et d'enjeu. Le lien présumé entre la grand-mère et l'héroïne, dont on attend une concrétisation lumineuse qui éclairairerait l'oeuvre de son sens, n'éclot finalement jamais aussi précisément, ce qui laisse un goût d'inachevé.

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6 juillet

Finalement très similaire au cycle "Pucelle", ce premier tome de "Jumelle" explore le lien si particulier, assez rare dans mes expériences de littérature (voir "Les Météores" de Tournier notamment), entre des jume.aux.lles. Je pensais être lassé de l'approche de Dupré La Tour, cf ma récente lecture de "Confirmée" qui m'avait moins plu que le premier tome. Finalement, le récit de l'autrice trouve toujours un équilibre assez subtil entre humour et profondeur et se révèle souvent touchant.

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2 juillet

Me souviens plus mais niveau constant.

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24 juin

Me souviens plus mais niveau constant.

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7 juin

Sur un ton mi-sarcastique, mi-tendre, Brecht Evens s'offre avec délectation le scalp d'un certain art contemporain facile à vouer aux gémonies. Dans la même veine, "Les Amateurs" se distingue cependant de "The Square" de Ruben Östlund qui se réfugie dans la surenchère et le conservatisme pour dénoncer l'hypocrisie de la Haute. Ici, au travers d'une galerie de personnages excessifs mais très drôles et touchants, Evens cherche plutôt à rendre palpable la fragilité d'un monde amateur face aux certitudes des sachants. Il met en lumière avec délicatesse les habitus des artistes dans la place, la vanité de l'amateurisme, la condescendance des experts... Cette BD se lit avec beaucoup de plaisir, son rythme et son style graphique aidant.

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30 mai

Pas forcément emballé par le dispositif narratif mis en place, je dois reconnaître à cette BD une certaine recherche d'équilibre dans son sujet qui cherche à révéler un pan méconnu de la deuxième guerre mondiale (l’enrôlement de force de jeunes alsaciens dans la Waffen SS à compter de 1943) sans trop tomber dans l'outrance. Le récit vaut surtout pour sa perspective historique, qui s'appuie sur des faits réels (même si les personnages sont fictifs), en particulier les massacres menés par les SS en Italie du nord. Le dossier historique en annexe en remet une couche en reprenant le sujet de manière plus didactique mais parfois confuse. J'ai trouvé le dessin anecdotique.

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23 mai

Moins séduit par ce deuxième et dernier tome que par le premier, je dois finalement admettre qu'il réserve une perspective à la fois intime et vertigineuse sur l'adolescence de l'héroïne et autrice. Comme pour le dernier tome de "l'Arabe du futur" - avec lequel "Pucelle" partage décidément beaucoup de points communs (père absent, mère en perdition, jeunesse et sexualité sans repères...), Dupré La Tour cède progressivement l'humour décalé à la noire chronique d'une société sexiste vue à hauteur d'enfants. Viols, agressions, conditionnement, honte, désinformation... la réalité tristement banale d'une société malade est ici décrite avec un ton qui rend bien son abjection.

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21 mai

Si c'est un pari qu'il s'est fixé, Etienne Davodeau l'a bien relevé : il est devenu dans mon paysage bédé - et sans doute dans celui de nombreu.ses.x lecteurices - un incontournable dont on surveille les sorties, dont on attend la lecture, et pour lequel on s'autorise un soupir de satisfaction lorsqu'on tient le fameux exemplaire enfin dans les mains.

Il m'aura fallu pas moins de deux ans pour lire "Le Droit du sol", journal d'une pérégrination diagonale du Lot à la Meuse, visant à interroger, comme beaucoup d'autres essais, le rapport de sapiens à la planète qui l'abrite en explorant l'épineux sujet de Bure. Au-delà d'un sujet passionnant et critique, Davodeau fait comme souvent preuve d'une très grande maîtrise du rythme de son récit, usant d'un mode de narration progressif éprouvé dans ses livres d'enquête. L'humour, la convocation de différents témoins et la sincérité du propos jouent également en faveur de ce tome qui fait néanmoins preuve d'une certaine langueur, écho au rythme de la marche.

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11 mai

Spin-off réussi des aventures de Tulipe, qui reprend la recette de l'original au travers d'un conte philosophique et moral sur la foi et le rapport au savoir. Toujours aussi attachant, juste et terriblement efficace.

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22 avril

Je suis toujours fasciné par le sens du détail que semble permettre de capter et de conserver le déracinement. Mon échantillon est bien trop réduit pour constituer une population robuste statistiquement, mais je crois avoir confirmation que le fait d'avoir quitté leur pays d'origine (Syrie, Irak, Iran) donne à Zeina Abirached, Brigitte Findakly ou Marjane Satrapi cette qualité rare du sens aigu du détail, de la préservation du souvenir et ce pouvoir de les faire vibrer et de les magnifier à hauteur de cœur.

Avec "Broderies", Satrapi ne fait pas que raconter des souvenirs dorés d'une enfance bel et bien perdue. Elle esquisse un portrait rare de la bourgeoisie féminine d'un pays du Moyen Orient. Elle loue la liberté de parole, de ton et la sororité d'une communauté qui trompe par l'humour et le partage la chape d'un patriarcat que l'extrêmisme des Mollahs ne nous fera certes pas regretter, celui-ci tristement commun d'un pays "moderne". Elle dément les mauvais procès en ignorance, en servilité, en fausse pudeur. Un opuscule drôle et intime, irrésistible.

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19 avril

Ne vous fiez pas à la fausse candeur du dessin : Tulipe est là pour vous retourner doucement le cerveau. Nounours introspectif, oisif et bienveillant, Tulipe interroge notre rapport à soi dans des saynètes dont l'enjeu est ramené à sa quintessence. C'est là la vraie force de cette BD de Sophie Guerrive, qui parvient avec une économie rare de moyens à nous renvoyer à nous même. La douce nostalgie de l’œuvre, peu galvanisante il est vrai, pourrait en éconduire certains.

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17 avril

Séduit par les prémisses de ce qui se présente comme un roman d'apprentissage dans la plus pure tradition, et notamment par le dessin chaleureux de Nuria Tamarit, je dois avouer avoir été assez sévèrement déçu par le tour que prennent les aventures de Céleste. La nature mystérieuse et l'allure exubérante de cette héroïne pouvait augurer d'une réflexion progressive sur la différence et introduire à bon compte un regard décalé sur la société médiévale que dépeint Deveney. Las, malgré les détours bienvenus vers un personnage de sorcière des plus progressistes ou vers des personnages masculins éloignés des canons du genre, les aventures prennent la forme d'une succession de péripéties sans lien réel, dont l'héroïne ne semble rien retirer. L'épilogue faussement libertaire a achevé de me décevoir.

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10 avril

Le jury du festival d'Angoulême aura donc récompensé l'audace d'un format à nul autre pareil plutôt qu'un dessinateur de génie ou un remarquable conteur d'histoire. "La couleur des choses", récemment récompensé du Fauve d'Or, ne brille en effet pas par son récit qui, malgré un rythme soutenu et un humour certain, pêche un peu par son dénouement. On reconnaîtra au dessin sa minutie, son originalité et la judicieuse exploitation de son parti pris, mais son aspect clinique renforce l'humour de l'histoire autant qu'il dessert la proximité du lecteur avec les personnages.
J'aurais pas passé un mauvais un moment cela dit.

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5 avril

Voir critique

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31 mars

L'initiative est aussi réussie que salutaire, et s'inscrit dans une stratégie de visibilisation des minorités - en l'occurrence, les travailleur.se.s du sexe - qui me paraît incontournable. La compilation de ces récits de vie, racontés par des protagonistes réels et mis en image avec un certain goût, est réussie. Muriel Douru parvient donc à trouver un équilibre entre illustration et dessin auto-portant, entre dénonciation et fidélité aux histoires, entre pathos et description des conditions de vie de personnes qui incarnent peut-être plus que quiconque la fragilité de l'application de notre devise nationale.

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26 mars

Délicate et intime, dans un dessin à l'unisson du propos sur la vulnérabilité de deux héroïnes traversées par les doutes, "Peau" livre un regard subtil sur la condition des femmes dans une société qui les épie. D'une grande poésie, l'histoire accompagne la maladresse et la détresse communes et les soigne autant que possible par le dessin.

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12 mars

Pas forcément le livre que j'aurais ouvert au premier abord, mais d'en avoir entendu parler par des collègues m'a donné envie de le lire lorsque je l'ai vu dans le salon de ma soeurette. Cette BD-témoignage de Sophie Lambda se propose comme un manuel d'auto-défense en deux parties. La première, très réussie, est un récit de l'expérience de l'autrice avec un homme toxique. Le dessin, la pédagogie générale, les dispositifs narratifs, les idées de mise en scène, sont autant d'atouts forts dans la manche de l'autrice pour éveiller les consciences au phénomène d'emprise que peuvent exercer certains conjoints. La deuxième partie, qui se veut plus comme une boîte à outil à destination des victimes putatives m'a laissé plus froid, car virant parfois dans le développement personnel, un univers qui ne m'est pas particulièrement sympathique. J'en retiens qu'il faut tout de même se laisser la liberté de chercher à se réparer par tout moyen que la victime jugera bon.

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5 mars

Surfant sur le style absurde désormais convenu d'un Fabcaro ou d'un Pignocchi, et avec ô combien moins de faconde, cette BD de Théo Hernandez m'a laissé globalement froid.

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4 mars

Délice pictural et magie de l'histoire.
Le Japon a beau hanter nos imaginaires occidentaux depuis longtemps vidés de leur magie propre, peu d'artistes parviennent à réellement embrasser le style, le regard et la typicité des œuvres nippones. Qu'une telle réussite vienne d'une jeune autrice suédoise a de quoi laisser coi. Et pourtant, ce conte "Une rainette en automne" subjugue par la simplicité de son effort et son efficacité à nous enchanter. Dans les traces d'un Kazuo Imawura et ses célèbres illustrations sur les familles souris, mais en ramenant son style à l'épure, Sterte signe un petit chef d’œuvre.

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26 février

Sous l'allure d'une épopée médiévale et rigolote vers l'émancipation d'une jeune femme du joug patriarcal exercé par son alcoolique de père (un prémisse intéressant), cette BD de GM et MB s'étiole dans un scénario pas franchement réussi et une écriture sans grand enjeu. Dommage

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19 février

Pas forcément séduit par le dessin d'AJ Djungo (que l'on pardonnera car ce n'est pas son métier), je n'ai pu qu'être bouleversé par son histoire avec Kristen, amour de jeunesse décédée des suites d'une longue maladie. Le surf, discipline que l'auteur prend le temps de réhabiliter derrière les clichés, y fait figure à la fois de thérapie et de lien éternel avec l'être aimé et perdu. Il y a beaucoup de délicatesse, de tendresse et de pudeur mise à nu dans cet hommage poignant.

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12 février

Peut-être un peu à cause de la traduction, sans doute beaucoup en raison du bouillonnement de l'autrice, toujours est-il que la découverte du "Secret de la force surhumaine" est un objectif qui exige de son lecteur une assiduité rare. Le récit autobiographique d'Alison Bechdel est en effet nourri de multiples réflexions et digressions qui en compliquent grandement la lecture, dont une certaine linéarité aurait mieux permis de saisir les enjeux de l'ouvrage. La promesse du prémisse est d'ailleurs souvent rompue pour incliner l'histoire vers d'autres sujets périphériques, souvent passionnants mais qui alimentent une certaine confusion : le couple, la famille, l'homosexualité, la spiritualité et par dessus tout, le commentaire des œuvres de poètes transcendantalistes.

Mais si l'on arrive à dépasser le complexe tissu de ce récit, qu'on pourra considérer après tout comme l'image fidèle du bordel qu'est la vie, on trouvera dans ce roman graphique un matériau introspectif poussé, sans compromis envers l'autrice et très instructif sur la communauté lesbienne américaine - sujet sur lequel j'ai tout à apprendre.

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2 février

Superbe bédé, sur la forme (j'ai trouvé admirable la technique de dessin et de mise en couleur, les angles de vue et les portraits) et sur le fond. Cette biographie sélective, personnelle et référencée de la diariste et écrivaine d'avant-garde que fut Anaïs Nin - que j'ai découvert grâce à Léonie Bischoff - est l'occasion de se pencher sur le profil atypique d'une femme embrassant avec beaucoup d'humanité, de doutes et de passion sa sexualité. Les deux premiers tiers du roman graphique sont galvanisants, parce qu'ils donnent à voir une femme d'une liberté quasi-absolue, admirée autant pour ses attraits que pour son intellect et sa puissance créatrice. La dernière partie, qui marque les retrouvailles avec le père, engagent l'oeuvre dans un aspect plus glaçant, dont le vertige permet toutefois une forme de rééquilibrage du sujet. Clairement une des meilleures bd que j'ai lue ces dernières années.

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22 janvier
7,5/10

Captivé par la première partie du dernier roman graphique de Rochette, j'ai un peu décroché dans la deuxième en raison du virage narratif pris. Il faut dire que l'incipit de "La Dernière Reine" semble faire la promesse d'un récit atavique à la force de conviction proportionnelle à la profondeur historique et à la gravité du sujet traité. Comme effrayé par la poigne de ce récit choral, l'auteur embrasse finalement celui d'un héros broyé par la Grande guerre, héritier immuable et muet d'un autre rapport au monde. Là encore, le récit fonctionne parce qu'Edouard Roux incarne un solennité à la hauteur des enjeux qu'il défend. Mais les allers-retours de l'histoire, qui s'ouvre aux années folles et à une romance certes touchante, diluent l'enjeu initial. On ne le retrouve qu'en toute fin de la BD, par cette série de portraits noirs des bêtes qui peuplent ou peuplaient le Vercors et qui semblent nous dire tout le désespoir que notre société leur inspire.