Cover Deux derniers tiers : Films vus en 2023

Deux derniers tiers : Films vus en 2023

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165 films

créee il y a environ 1 an · modifiée il y a 3 mois

Antibirth
5.1

Antibirth (2016)

1 h 34 min. Sortie : 2 septembre 2016 (États-Unis). Épouvante-Horreur

Film DTV (direct-to-video) de Danny Perez

Hunchat-Hunchat a mis 7/10.

Annotation :

J'apprécie hautement "Oddsac", j'avais hâte de voir un autre travail de Danny Perez.

J'aime son histoire à la Cronenberg avec une ambiance à la Araki. Surtout pour ce qu'elle raconte de son époque, intemporelle, presque paradoxalement. Son point de vue sur la condition des femmes, la précarité sociale aux États-Unis, etc.
J'aime bien ses effets à la narration comme à la post prod, avec une maîtrise du montage qui me paraît assez évidente.

Malgré une esthétique souvent cheap, dans les dialogues souvent maladroits ou caricaturaux, un jeu d'acteur un peu poussif, et surtout une photo / lumière souvent dégueu.

Les Bonnes Étoiles
6.8

Les Bonnes Étoiles (2021)

Beulokeo

2 h 09 min. Sortie : 7 décembre 2022 (France). Comédie dramatique

Film de Hirokazu Kore-eda

Hunchat-Hunchat a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Dès la 1ère scène, Koreeda instaure une dialectique qui me fascine : la pluie et le cadrage de l'église plantent une verticalité, celle de la vérité, de l'autorité, lorsque les plans "voyeuristes", parallèles aux spectateurs de cinéma (jusqu'à la citation postmoderne du chœur du "Magnolia" de PTA), dressent une horizontalité du point de vue, du jugement, de la morale. Et, pour moi, tout le récit de ce film parle de ce balancement jamais résolu.
Avec une dynamique plus "action", qui permet aussi de renouveler autrement cette thématique déjà étudiée par le réal.

Les Éternels
5.7

Les Éternels (2021)

Eternals

2 h 37 min. Sortie : 3 novembre 2021 (France). Action, Aventure, Fantastique

Film de Chloé Zhao

Hunchat-Hunchat a mis 3/10.

Annotation :

Le générique défilant de début, 'à la' 'Star Wars', pose un double postulat intéressant, déjà exploité par Zack Snyder : des superhéros demi-dieux, éprouvés et émoussés par la vie humaine.
Mais tout reste ultra lisse et superficiel, l'esthétique des persos et leurs parcours : le "méchant" dieu qui balance son plan à 1h de film, les superhéros génocidaires qui n'ont eu aucune prise de conscience avant la sacro-sainte Terre... Et les 2 femmes objets - la Joli qui obéit et la sourde-muette qui prend la poussière pendant 5 000 ans. Ça reste condescendant, dans la caractérisation des persos et la mise en scène.
Je trouve qu'il se vautre totalement dans sa philosophie, accumule les contresens balourds.

Les gros plans tape-à-l'oeil pour se pavaner avec les effets spéciaux, je trouve ça doublement ringard.

La musique de Djawadi a 2 riffs catchy, le reste sert à meubler et à patienter.

Je trouve ce film d'une longueur à la limite de l'insupportable.

Un point qui m'intéresse est que les persos deviennent ponctuellement des symboles de temps et de lieux de cinéma : Bollywood, le western, les explorateurs / prédicateur...

Zaï Zaï Zaï Zaï
5.7

Zaï Zaï Zaï Zaï (2020)

1 h 23 min. Sortie : 23 février 2022. Comédie

Film de François Desagnat

Hunchat-Hunchat a mis 7/10.

Annotation :

Conceptuellement, la distance que le personnage soit personnage, sans ce flou avec une sorte d'autiobiophilosophie méprisante, m'enlève le malaise nauséeux que me procure la BD. Je trouve Rouve excellent pour ce rôle.
Ensuite, je trouve comme une évidence à adapter cette BD cinégénique, et pour moi ce récit passe mieux en film : le dispositif d'interruptions incessantes est amené par des traversées du perso dans le cadre, avec des mouvements de caméra qui recadrent et imposent un regard - puisque Fabcaro est un tyran dynamique, il faut que le film suive cette trace. Avant de laisser l'attraction opérer par des cuts.
Paradoxalement, je trouve que l'ensemble perd en percutant, dans son discours si trendy, aussi par un embourgeoisement formel global, mais, à mon goût, pour du mieux en ressenti.

Et y a des trucs franchement rigolos.

But I'm a Cheerleader
6.8

But I'm a Cheerleader (2000)

1 h 25 min. Sortie : 7 juillet 2000 (États-Unis). Romance, Comédie

Film de Jamie Babbit

Hunchat-Hunchat a mis 8/10.

Annotation :

L'esthétique kitsch est bien poussée à fond, dans les cadrages et au montage, l'humour fait mouche, les acteurs sont bien bons.

Manhatta
6.5

Manhatta (1921)

10 min. Sortie : 1921 (États-Unis). Expérimental, Essai

film de Paul Strand et Charles Sheeler

Hunchat-Hunchat a mis 8/10.

Annotation :

J'aime comme il varie autour de ses motifs en explorant les cadrages, par des zooms ou au montage. Cela donne en outre des effets de composition et de lumière remarquables.

Un ange à ma table
7.4

Un ange à ma table (1990)

An Angel at My Table

2 h 38 min. Sortie : 24 avril 1991 (France). Biopic, Comédie dramatique

Film de Jane Campion

Hunchat-Hunchat a mis 9/10.

Annotation :

L'expérimentation ultra douce avec laquelle Jane Campion débute son biopic me cueille totalement quand elle en vient à des séquences d'une brutalité dure à concevoir. Les acteurs sont monumentaux.

Crows Zero
6.5

Crows Zero (2007)

Kurôzu zero

2 h 10 min. Sortie : 27 octobre 2007 (Japon). Action, Thriller

Film de Takashi Miike

Hunchat-Hunchat a mis 4/10.

Annotation :

Je me laisse séduire par la légèreté bouffonne du début, notamment les coiffures à la fois grotesques et caractérisantes. Mais rapidement je trouve que le film se laisse prendre au piège du sérieux de ses enjeux d'une faiblesse vertigineuse, et la réalisation dont l'amateurisme extrême - volontaire par esprit provocateur et vindicatif, j'espère pour Miike. Ça me sort totalement de l'histoire. Surtout que ça dure très, trop longtemps. Heureusement, les acteurs sont très bons.

The Fabelmans
7.3

The Fabelmans (2022)

2 h 31 min. Sortie : 22 février 2023 (France). Drame, Biopic

Film de Steven Spielberg

Hunchat-Hunchat a mis 8/10.

Annotation :

Ce qui me touche et me percute d'emblée, c'est l'histoire familiale, les enjeux de projection des parents sur l'enfant et les jeux de pouvoir encouragements / empêchements. Je trouve les acteurs excellents : Michelle Williams m'impressionne toujours, Paul Dano arrive ici à me surprendre.
Du point de vue cinématographique, ce film se situe pour moi dans la partie roublarde de Spielberg : ça roule bien, c'est très joli, mais aussi très propre et poli. Il sait manier le langage cinématographique, les couleurs et les formes, mais il me manque la flamme qui me captive, comme pour Sam devant 'The Greatest Show on Earth' ou pour moi devant d'autres Spielberg.

Christophe… définitivement
6.3

Christophe… définitivement (2022)

1 h 24 min. Sortie : 8 mars 2023. Portrait, Musique

Documentaire de Dominique Gonzalez-Foerster et Ange Leccia

Hunchat-Hunchat a mis 9/10.

Annotation :

Dès le 1er plan, les réals font du chanteur un être phénoménal de lumière, qui viendrait se confronter à la matière du réel - il bute sur ce mot lors de la séquence maquillage. Il apparaît très isolé, comme un motif en guerre contre les autres motifs qui l'entourent.
Il apparaît très isolé, parce que le film se concentre essentiellement sur lui, par ses gros plans, ce qui est pour moi la seule limite du film : il aurait pu chercher comment renouveler sa forme.

Empire of Light
6.5

Empire of Light (2022)

1 h 59 min. Sortie : 1 mars 2023 (France). Drame, Romance

Film de Sam Mendes

Hunchat-Hunchat a mis 9/10.

Annotation :

Pour une fois, j'aime un film de Sam Mendes : son histoire simple mais d'une cruauté froide et efficace, de ce lieu-monde qui tourne quelques que soient les malheurs qui s'y déroulent et les départs-arrivées. Avec des acteurs hallucinants, voire vertigineux, et des plans magnifiques.

Everything Everywhere All at Once
7.2

Everything Everywhere All at Once (2022)

2 h 19 min. Sortie : 31 août 2022 (France). Science-fiction, Action, Comédie

Film de Daniel Kwan et Daniel Scheinert

Hunchat-Hunchat a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Comme avec 'Swiss Army Man', les Daniels utilisent une histoire bien potache, avec des motifs qui me font beaucoup rire, pour atteindre un message humaniste qui me touche bien comme il faut.
Les acteurs sont sublimes, la réal et le montage sont fous, évidemment.

Polina, danser sa vie
6.5

Polina, danser sa vie (2016)

1 h 52 min. Sortie : 16 novembre 2016. Drame

Film de Angelin Preljocaj et Valérie Müller

Hunchat-Hunchat a mis 3/10.

Annotation :

Je le trouve très amateur : le montage rend le récit difficile à lire, avec des plans d'insert vaseux, des raccords qui ne fonctionnent pas du tout. À en croire le synopsis, il y a même des contresens. À la mise en scène, aussi, trop de gros plans rend tout ça illisible et indigent. Je ne comprends pas ce qui intéresse les réalisateurs dans ce qu'ils filment : ils illustrent un storyboard, je veux bien le croire, mais sans thématique.

Cow
6.9

Cow (2021)

1 h 34 min. Sortie : 30 novembre 2022 (France). Animalier

Documentaire de Andrea Arnold

Hunchat-Hunchat a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un documentaire sans intervention de voix-off ou d'interview, mais il ne faut pas s'y méprendre : par ses cadrages et son montage, Andrea Arnold nous raconte une histoire. L'histoire d'un réel impossible, l'artifice empêchant toute réalité naturelle. L'histoire d'une vache qui n'est pas un animal en tant qu'être vivant et sensible, mais une unité utile dans un système de production, dans une sorte de déterminisme essentialiste questionnant. Les êtres humains, aussi, n'existent qu'en tant que travailleurs. Et qu'en est-il du cinéma ? Des gros plans, un mixage son, dans un élan comparable de condamnation par la culture.

Birds of Prey (et la Fantabuleuse Histoire de Harley Quinn)
5.1

Birds of Prey (et la Fantabuleuse Histoire de Harley Quinn) (2020)

Birds of Prey (And the Fantabulous Emancipation of One Harley Quinn)

1 h 49 min. Sortie : 5 février 2020 (France). Action, Aventure, Policier

Film de Cathy Yan

Hunchat-Hunchat a mis 7/10.

Annotation :

La 1ère séquence animée donne le ton de fable enfantine, ludique et divertissante. Malgré des blagues usées et éculées, je trouve l'esthétique pertinente, aussi les utilisations de couleurs, et les acteurs au taquet.

Werewolf by Night
6

Werewolf by Night (2022)

52 min. Sortie : 7 octobre 2022. Aventure, Drame, Fantastique

Moyen-métrage de Michael Giacchino

Hunchat-Hunchat a mis 8/10.

Annotation :

Le point qui me laisse en-dehors du récit : le film est BAIGNÉ de musique. Inondé, même, je dirais. Alors la musique en elle-même est sympathique, parce que Giacchino, mais faut arrêter la déconne.

Sinon, ce film vaut largement le détour pour son 2e acte, la chasse du loup-garou. Il a beau renouveler le même schéma narratif de l'évasion, il ressert en intérieur, comme si on zoomait sur une cible. Du coup il module sensiblement les motifs et enjeux, ça m'est jouissif. Et le casting est très bon.

La continuité entre les dessins style "grottes préhistoriques" (je me comprends) et les têtes de monstres en trophées de chasse, je trouve ça pertinent et intéressant.

Et le travelling avant sur la pièce ronde avec la porte qui se ferme au fond, il vaut assurément le coup d’œil.

Hardcore Henry
6.1

Hardcore Henry (2016)

1 h 36 min. Sortie : 13 avril 2016 (France). Action, Aventure, Science-fiction

Film de Ilya Naishuller

Hunchat-Hunchat a mis 8/10.

Annotation :

Quelques plans du générique de début me laissent penser une piste qui me fascine : des armes comme immobiles, les cibles semblent bouger vers elles. Comme une révision délirante du réel, une alternative cosmogonique fantastique. Tout comme ce choix du POV dans un récit de SF, faire croire que c'est arrivé, dans un cadre imaginaire. En incorporant des éléments de réel, de familiarité, comme la chimère Henri. Ça, plus la structure qui appuie le côté jeu vidéo, mais un jeu auquel on ne peut participer, juste assister, voire subir.

West Side Story
7.1

West Side Story (2021)

2 h 36 min. Sortie : 8 décembre 2021 (France). Comédie musicale, Drame, Romance

Film de Steven Spielberg

Hunchat-Hunchat a mis 6/10.

Annotation :

Le début m'intéresse dans ce qu'il montre de cet environnement cataclysmique, ces ruines fumantes d'un pays qui semble n'avoir de cesse de tout détruire pour ce rêve délirant de résurrection, de "repartir de zéro".
Puis le film trouve sa vitesse de croisière, faisant de ces paumés de la communauté des pseudo-prophètes que je trouve minables.
Surtout avec des persos qui portent tous leurs racisme en bas du front, je lâche rapidement prise.
Et ses gros plans, qui voudraient explorer les thématiques "Roméo et Juliette", en intégrant des grilles par exemple, je les trouve paradoxalement très inappropriés.
La réal ne décolle pas malgré la musique.
Je trouve l'utilisation des costumes ridicule : à part étaler des couleurs et jouer à cache-cache, je trouve tout ça d'une grande pauvreté.

Super Mario Bros, le film
6.3

Super Mario Bros, le film (2023)

The Super Mario Bros. Movie

1 h 32 min. Sortie : 5 avril 2023 (France). Animation, Aventure, Comédie

Long-métrage d'animation de Aaron Horvath et Michael Jelenic

Hunchat-Hunchat a mis 7/10.

Annotation :

Je crois que ce film cherche à être le + consensuel possible, pour racoler le + large public qui soit, en termes générationnel et socioculturel : la mise en récit est d'un archétypal on ne peut plus convenu et suffisant, les chansons balancées ultra référencées... La pop culture des winners, quoi. Même sa déconstruction des archétypes "masculinistes" - Bowser et Donkey Kong - me paraît d'une bienpensance peu porteuse sur un long terme conceptuel.
Heureusement, il me fait rire dès le début, ça reste une entreprise savante et maîtrisée, du très bon artisanat, parfois intelligent, qu'il le veuille ou non - le jeu avec l'esthétique "gameplay" du "2D vitrine", qui finit par jouer avec la hauteur du cadre et la profondeur de champ, évidemment.
Le rendu visuel est saisissant, tout aussi évidemment, même si je me demande à quoi ça sert à part frimer.

Beau is Afraid
6.5

Beau is Afraid (2023)

2 h 59 min. Sortie : 26 avril 2023 (France). Comédie, Drame, Épouvante-Horreur

Film de Ari Aster

Hunchat-Hunchat a mis 9/10.

Annotation :

Le tout 1er plan du film est évidemment programmatique, passant d'une abstraction de formes à une vision du réel. Avec, dès ce 1er plan, la prise de position et la constitution du rôle social de la mère - le triangle de Karpman, qui cherchera une possible résolution à la fin.
Je trouve que ce film s'articule essentiellement autour du sujet du point de vue (de l'ocularisation interne à une "spectatorialité"), par un travail à la fois simple et pointilleux sur les raccords sonores et visuels, qui lui permettent en 1er lieu de travailler la question du temps (ces jumps cuts), puis de l'espace par la collision de différents genres cinématographiques, du huis clos au film de guerre ou l'horreur.
Tout ça au service d'une atmosphère oscillant entre et combinant l'oppression au grotesque, ce qui me paraît pertinent, sur le thème universel de la famille et de la tension individu / social, qui parvient à transcender une structure aux effets visibles, ne serait-ce que ces malheureuses transitions au noir.
Je me dis qu'il doit y avoir un aspect allégorique, la question religieuse me paraît sous-jacente à plusieurs reprises.
Avec, enfin, une certain littéralité : j'ai pensé au Théâtre magique du "Loup des steppes" et au chapitre théâtral de "Ulysse", il doit y en avoir d'autres.

Thor: Love and Thunder
4.8

Thor: Love and Thunder (2022)

1 h 59 min. Sortie : 13 juillet 2022 (France). Aventure, Action, Science-fiction

Film de Taika Waititi

Hunchat-Hunchat a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

J'ai une épiphanie, devant ce film, il me fait puissamment vibrer.
Je lui emprunte 2 scènes pour étayer ma quête de compréhension :
1 : Thor n'arrive pas à se séparer des Gardiens de la galaxie, qui semblent plutôt contents de se débarrasser de lui, et il explique en gros qu'il aimerait lui aussi pouvoir faire partie d'un groupe, mais n'y arrive pas. Je comprends en une réplique l'intérêt de Waititi pour le perso de Thor, qui échoue à faire famille, amis, collègues, et même couple, ici. Le parcours de Thor serait alors de trouver sa manière de répondre aux modèles de vie offerts par une tradition culturelle majoritaire.

2 : plus méta, la scène où les 2 acteurs qui interprètent Thor et Loki dans la pièce de théâtre parlent d'écrire une scène sur le drame qui vient de se passer, au nom du "besoin populaire de divertissement". En parallèle avec la scène où Gorr se fait narrateur aux enfants, je trouve que ce film parle frontalement du rôle et du pouvoir de la fiction face au réel.

Puisque ce film s'ouvre directement sur les thématiques de la peur de la perte et de la solitude, avec des persos qui se cherchent une utilité existentielle, une raison de vivre, une mission à remplir, la fiction, qu'il s'agisse de l'amour, du travail, de la religion, des arts, etc., vient se poser en lieu d'expression, de catharsis, en même temps que de divertissement.

Je pense que ce film parle de lui-même, et de Waititi, dans sa position sociale comme de la mission qu'il se croit potentiellement confiée en tant qu'artisan de divertissement. Le rôle accordé aux enfants me paraît, à ce titre, d'une pertinence saisissante.
Thor met KO un dieu comme Gorr, finalement tout se vaut, l'existence n'est qu'un marasme au pire cynique, au mieux pessimiste, alors autant s'amuser en couleurs - oui j'adore la séquence noir et blanc.

Voilà qu'il me donne envie de revoir 'Ragnarok'.

The Fall
7.4

The Fall (2006)

1 h 57 min. Sortie : 12 août 2009 (France). Aventure, Drame, Fantastique

Film de Tarsem Singh

Hunchat-Hunchat a mis 8/10.

Annotation :

Sur des thématiques puissantes et universelles, il manie ses cadrages et sa photo avec une maestria impressionnante, malgré un montage et une direction d'acteurs qui me laissent parfois pensif.

Suzume
7.1

Suzume (2022)

Suzume no tojimari

2 h 02 min. Sortie : 12 avril 2023 (France). Animation, Aventure, Fantastique

Long-métrage d'animation de Makoto Shinkai

Hunchat-Hunchat a mis 9/10.

Annotation :

C'est du Makoto Shinkai pur jus, je retrouve toutes ses obsessions, intérêts, motifs, tics, visuels et narratifs : des plans sont revisités, le rendu graphique est sublimissime, et toujours l'histoire d'amour borderline, le surgissement du fantastique... Il opère 2 variations qui me rendent le film touchant et profondément pertinent : le fantastique métaphorise un réel en souffrance avec un portrait du quotidien japonais en filigrane - il l'a peut-être fait sur ses précédents, je ne me rappelle pas, ils m'avaient juste assommé d'ennui... et justement le ton comique, qui pour moi apporte enfin l'humanité à une œuvre si tristement papale. Son humour est aussi discret qu'efficace.
Il lance des appels du pied à Ghibli, aussi : les plus évidents, "Si tu tends l'oreille" et "Kiki la petite sorcière", pour aussi "Princesse Mononoke", pour moi, dans le combat final de Sadaijin contre le Ver. Ça + le combo dessin 2D / animation 3D, je le trouve pertinent dans cette perspective tradition / innovation, aussi sur ce sujet des catastrophes récurrentes.

Knock at the Cabin
5.7

Knock at the Cabin (2023)

1 h 40 min. Sortie : 1 février 2023 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de M. Night Shyamalan

Hunchat-Hunchat a mis 7/10.

Annotation :

Tant qu'on est autour de la cabane au présent de narration, la réal se fait très directive et incisive : la caméra impose un point, donc un regard, par sa focale, les mouvements d'appareil se mettent à suivre l'arme de Leonard la 1ère fois qu'il l'active, puis la tête de Rory-Redmond sous les coups d'Andrew... Le film nous balade, voire nous ballade, nous demande avec une force violente de croire à son récit. Puis viennent les flash-back. Pour moi, ils cassent la dynamique et l'ambiance, installent une distance malheureuse et dispensable, alors le reste doit ramer bien fort pour rattraper ce gâchis.
En soi, 2 points m'intéressent : les humains qui se retrouvent enfermés comme des sauterelles - le plan sur les sauterelles posées sur la fenêtre est d'un cynisme pertinent. Et le journal TV qui amène la question cinématographique du found footage, un genre qui repose sur la question insoluble du réel dans la fiction et de la fiction dans le réel.
D'autant que la question du genre semble intéresser, sinon motiver, Shyamalan, puisqu'il place dans la bouche de Eric la réplique "ce n'est pas du home invasion" - puisque les 4 intrus se suicident, il inverse effectivement le présupposé et les attendus.

Enfin, l'écriture du couple gay "unisexe" révèle pour moi la même dualité qualitative : il parvient à une écriture assez intelligente sur un thème, en l'occurrence celui du trauma et de la victimisation, une autre approche de la question de la vérité. Mais il reste des clichés, comme le prénom de la gamine, ou même la vision de la cellule familiale, qui font que Shyamalan, de mon point de vue, échoue à dépasser sa "ringardise".
Je ne peux m'empêcher de concevoir le manque, le "reste à faire" : puisqu'il entrouvre cette porte, autant y aller nettement : qu'en est-il du genre ? Pas seulement cinématographique, mais social. Il parle de couple unisexe, et c'est là pour moi une de ses erreurs. Pourquoi les femmes se retrouvent à la cuisine et à la trousse à pharmacie, là où l'homme est barbu et vient du bar ? Si on pose une question, autant la considérer au maximum avant d'envisager une réponse, non ?
J'ai l'impression que Shyamalan se pose des questions philosophiques et artistiques, mais reste incapable de déconstruire ses préjugés et de dépasser son carcan pour trouver une réponse, pour "croire à plus grand que lui" comme il le fait si bien dire.

Nope
6.8

Nope (2022)

2 h 10 min. Sortie : 10 août 2022 (France). Science-fiction, Épouvante-Horreur

Film de Jordan Peele

Hunchat-Hunchat a mis 7/10.

Annotation :

Je le trouve d'une facture technique très maîtrisée, dans sa narration comme dans sa mise en images, autant que je me suis nettement ennuyé.
Globalement, je me dis que soit il se prend trop au sérieux, soit il prend son spectateur de haut, avec une condescendance qui ne prend même pas la peine de dissimuler son cynisme - la chaussure qui tient debout, l'alien surnommé "viewer"... Les 2, possiblement. Sur un rythme "auteurisant" que je qualifierais de mensonger.

Le film s'ouvre sur Gordy, et pour moi c'est bien Ricky Park le coeur du film. En tout cas le perso qui tient mon intérêt en éveil. Son optimisme acharné à la "show must go on", à vouloir continuer à assurer le spectacle malgré le trauma, je pense qu'il résonne immédiatement avec la citation biblique qui introduit le film. Et il trouve sa continuité dans le perso de Em, alors que OJ est celui qui se laisse aller à la dépression, à "tirer la gueule" et à "maltraiter" sa soeur. Dompter ses émotions comme on dompte un animal sauvage, ça met en tension, et c'est prendre le risque que ça finisse par lâcher et par péter, et par nous bouffer.
La manière dont Peele donne à vivre l'expérience traumatisante, d'abord par le son uniquement, puis par des images à la fois progressives et radines - une maîtrise du hors-champ évidente et paresseuse - semble témoigner d'un parcours de Park à revivre et à affronter son trauma pour le résoudre. Mais il se fait submerger et bouffer, et c'est Em et OJ qui survivent.

C'est la lecture qui m'intéresse, tout le reste, les persos secondaires (Angel et Antlers en tête) m'agacent grandement, et tout le discours sur la domestication / appropriation, ce contrôle fétichisant qui met le réel en tension jusqu'à la friction explosive avec l'imprévu chaotique, comme celui sur le culte fétichiste et fantasmagorique de l'image, tout ça tout ça, je trouve tout ça très, trop lénifiant, pontifiant, superficiel et ridicule.
Ne serait-ce que le rapport à l'argent, je le trouve délirant : au début, ça tue le père, à la fin, ça crée l'image.
J'ai l'impression que Peele s'amuse à dresser un constat - hautain - sans chercher à en générer une pensée critique.

La Vie aquatique
7.1

La Vie aquatique (2004)

The Life Aquatic With Steve Zissou

1 h 59 min. Sortie : 9 mars 2005 (France). Aventure, Comédie, Drame

Film de Wes Anderson

Hunchat-Hunchat a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Le scénar de Baumbach finit par me toucher, en ce qu'il apporte un vent de vivant dans le formalisme rigide de Anderson. Et l'animation de Selick, aussi émouvante de candeur et de maîtrise. La maquette 1/1 du bateau, les reprises de Bowie par Seu Jorge... Et les acteurs sont brillants.

Infinity Pool
5.8

Infinity Pool (2023)

1 h 57 min. Sortie : 1 novembre 2023 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction, Thriller

Film de Brandon Cronenberg

Hunchat-Hunchat a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je me laisse aisément et intégralement embarquer par son immersion dans une histoire aux enjeux aussi évidents qu'universels. Il manifeste la question du regard par des motifs évidents et peu originaux, mais avec une efficacité et une pertinence qui me saisissent sans aucun doute. En partant du sujet du double, il aligne quelques poncifs attendus avec une sincérité "repaysante", en en faisant parfois trop (la 1e séquence de copie), pour débarquer sur un ressors que j'attendais nettement moins, celui du racisme et de la monstruosité héroïque.

EO
6.9

EO (2022)

1 h 27 min. Sortie : 19 octobre 2022 (France). Drame

Film de Jerzy Skolimowski

Hunchat-Hunchat a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je trouve ce film magnifique, notamment par son oscillation entre l'expérimental godardien "qui va de soi", qui se raconte par l'image (le montage qui fait naître l'abstrait du monde, et le filtre rouge qui construit une thématique), et le narratif néoréaliste d'un monde du "tout doit être utile", où tout n'est que rôles, costumes et accessoires, avec des émotions artificielles. Puisque "l'autre" construit le soi, l'ensemble définit l'individu dans une synergie centripète - autocentrée. Pour une balade aussi conventionnelle que grotesque, parce que les pires horreurs font partie avant toute autre chose de la norme. Pour un réel halluciné - parmi les réals auxquels ce film me fait penser, Terrence Malick et Nicolas Winding Refn.

Avec, bien sûr, en filigrane, un discours sur la place laissée à l'art dans un monde obsédé par la guerre et les rapports de force.

La BO est sublime, presque étonnamment, presque insaisissablement.

Avatar - La Voie de l'eau
6.7

Avatar - La Voie de l'eau (2022)

Avatar: The Way of Water

3 h 12 min. Sortie : 14 décembre 2022 (France). Action, Aventure, Fantastique

Film de James Cameron

Hunchat-Hunchat a mis 3/10.

Annotation :

Pour le divertissement, Cameron accumule les contresens en une poignée de scènes. Je ne peux toujours pas sympathiser avec ses persos.
D'autant qu'il grossit bien le trait, il n'a pas peur du ridicule (cette vision d'apocalypse juste pour un atterrissage...). Avec, paradoxalement pour cette durée poussive, son lot de rendez-vous manqués.

Il déploie une mise en scène bien agressive et autoritaire (y a du zoom, y a du fondu, y a du gros plan...), et s'arme d'une BO omniprésente et surlignante - avec cette voix-off atrocement paternaliste. Il se révèle à la fois bêtement démonstratif et lourdement explicatif. Une imagerie qui se veut universelle pour au final patauger dans une bienpensance qui ne parvient qu'à s'annuler - peut-être du fait qu'il fasse d'une quête spirituelle, lien avec la nature et tout et tout, un "sons et lumières" sacrément superficiel, rutilant mais sans relief.

Visuellement, y a des scènes très impressionnantes, c'est un poids lourd autant interminable que spectaculaire - assommant, en un mot. C'est lisse et joli, plaisant et inoffensif. Malgré d'inévitables laideurs ponctuelles - ce monstre sous-marin, au-secours.
Moralement, il me parait simplet, cliché, vaniteux, condescendant, incohérent, largement douteux.

Y a des points intéressants, surtout comment il gère et évacue le cahier des charges (il expédie la scène du train en "début", il dilate à l'extrême l'affrontement final), mais ça m'est largement insuffisant pour dépasser la mentalité limite, voire malsaine et toxique - ah cette virilité dégueulasse...

Pacifiction - Tourment sur les îles
7

Pacifiction - Tourment sur les îles (2022)

2 h 45 min. Sortie : 9 novembre 2022. Drame

Film de Albert Serra

Hunchat-Hunchat a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

J'aime énormément la sensibilité et l'artisticité de Serra.
J'aime sa construction des persos en puzzles, avec des moteurs différents à l'absurde. Qui se créent, ici aussi, des rôles avec des costumes, des accessoires et des attitudes, pour se raconter une histoire, pour donner un sens narrable à leur vie. Des histoires charmantes, même sensuelles, puis des histoires à se faire peur. D'où cette superbe ambiance ouatée, onirique, irréaliste - quelques effets en post-prod, une économie des mouvements de caméra, tout passe avant tout par les lumières, les cadrages et le montage.
Un autre point qui m'intéresse grandement, je me rends compte, dans le cinéma de Serra, c'est que, alors que les persos se racontent eux-mêmes, il reste le monde, non-dit, non-vu, voire invisible.
Avec ces acteurices qui ont une drôlerie à peine discernable, mais bien savoureuse, qui instille chaque scène.

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