Cover DAVID FINCHER : Le Nouvel Hollywood à l'heure du numérique (1ère partie)

DAVID FINCHER : Le Nouvel Hollywood à l'heure du numérique (1ère partie)

"Il n'y a pas 1000 façons de filmer une scène, il y en a deux. Une bonne et une mauvaise". Cette phrase résume bien le tempérament de l'un des plus grands réalisateurs américains dont l'activité couvre déjà près de vingt cinq années. Depuis la perte de contrôle de "Alien3" en 1992, Fincher s'est ...

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14 films

créee il y a plus de 7 ans · modifiée il y a 5 mois

Alien³
6.6
1.

Alien³ (1992)

1 h 54 min. Sortie : 26 août 1992 (France). Science-fiction, Épouvante-Horreur

Film de David Fincher

Star-Lord alias Peter Quill a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Le film de Cameron est un verre de cristal et le mien, une chope de bière". (David Fincher)

Voilà de quelle manière, David Fincher considère son premier film "Alien3", véritable combat de tous les jours entre le cinéaste et les exécutifs de la Fox. Un scénario non terminé, le Directeur de la photo limogé (Jordan Cronenweth) et des discussions à n'en plus finir sur l'orientation trop "dark" du film. Sorti sur les écrans l'été 1992, Alien3 se vautre et dégoûte Fincher du cinéma. La version officielle n'égalera pas celle de Scott, ni celle de Cameron mais une version sortie au début des années 2000 (avec 25 mn supplémentaires) hissera l'oeuvre au niveau du second opus.

Fincher n'approuvera pas non plus cette version préférant tourner le dos définitivement à cette éprouvante expérience. Pourtant la thématique naissante du cinéaste est ici prégnante avec en point d'orgue le jeu mortel, la religion comme rédemption et le suicide. Sigourney Weaver en Jeanne D'Arc s'y révèle absolument magnifique. Le "classieux brouillon" de Se7en" est une date dans la filmographie du réalisateur.

version ciné : 7,5/10
version Assembly cut : 9/10

Seven
8.1
2.

Seven (1995)

Se7en

2 h 07 min. Sortie : 31 janvier 1996 (France). Policier, Thriller

Film de David Fincher

Star-Lord alias Peter Quill a mis 9/10.

Annotation :

"Si on arrive à tout filmer rapidement, on pourra conserver la fin". (David Fincher)

On peut imaginer l'état d'esprit de Fincher sur "Se7en", filoutant au maximum afin de conserver l'essence et la substance de son histoire. Bien lui en a pris puisque c'est justement ce non happy end qui fera de ce film une référence du thriller noir et désespéré. Ce deuxième film du cinéaste tient la main du premier avec des scènes quasi identiques : Le serial killer pointant son arme en amorce sur la tempe de Pitt / Le xenomorphe menaçant Ripley de sa langue de résine à quelques centimètres de son visage. La scène d'autopsie de Newt / L'analyse du médecin légiste en compagnie de Pitt et Freeman au regard de la victime obèse etc...etc... Se7en instaure l'une des composantes du ciné de Fincher, la maitrise de l'écriture et la rigueur absolue de la mise en scène. Autre constante : La fibre expérimentale qui illustre parfaitement le générique de Kyle Cooper. Les thèmes du chaos et de l'entropie sont ici parfaitement étudiés et la religion comme vertu against la société achèvent de faire de Se7en une figure absolument nihiliste.

En prime, le suicide métaphorique de David Mills (Pitt) continue de creuser le sillon du désespoir absolu dans l'oeuvre de Fincher. Ajoutons à cela le côté ludique du jeu de pistes, l'obsession et la thématique entière est respectée. Si le serial Killer de "Se7en" est obnubilé par sa croisade, on peut également y voir métaphoriquement l'emprise de Fincher sur chacune de ses oeuvres qu'il contrôlera et parachèvera à la perfection. L' expérience douloureuse de Alien3 encore présente, Fincher n'aura de cesse de contrôler chaque photogramme allant jusqu'à supprimer sa seconde équipe. Ce métrage reste encore aujourd'hui le plus grand succès de l'auteur de "Gone girl". Pillé dans sa forme, "Se7en" donnera naissance pour le pire à quelques séries B opportunistes comme "L'ombre blanche", "Résurrection" et "Bone collector" et pour le meilleur, il sera le fer de lance de la nouvelle vague Coréenne avec "Old boy" et surtout "Memories of murder". A la sortie du film, Fincher fit une déclaration qui annonçait un autre de ses futurs classiques : "Je voyais en "Se7en"un film plus lent et plus complexe". Parlait-il de "Zodiac" ?
Un cinéaste est né.

9/10

The Game
7.1
3.

The Game (1997)

2 h 08 min. Sortie : 5 novembre 1997 (France). Thriller

Film de David Fincher

Star-Lord alias Peter Quill a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Dans mon film, il n'y aura pas d'avion qui explosera" ( David Fincher in L 'American Cinematographer)

C'est sur ces paroles que David Fincher décrit son long-métrage suivant, "The Game" tiré d'un scénario original de Ferris et Brancato et retouché par Andrew Kevin Walker déjà auteur de celui de "Se7en". Même si le réalisateur reste assez évasif sur le film à l'annonce du projet, on peut y voir une variation autour de "La mort aux trousses" à l'heure du nouvel hollywood. Michael Douglas dans les fringues d'un Cary Grant las et amer. Les intentions de Fincher sont simples : "Je veux des intérieurs comme ceux du Parrain". A partir de ces indications et du résultat obtenu à l'écran, la forme de "The Game" sera grosso modo la même que toutes celles de ses futurs films. Un scope soigné, luxueux, travaillé en panoramiques souples et contre plongées avec une profondeur de champ importante. Les dominantes noires et bleues aciers habillent chaque cadre à tel point que San Francisco ressemblerait presque à Gotham city.

Même si l'on s'en doutait un peu à l'annonce du titre, ce métrage met au centre de la thématique Fincherienne le jeu et amorce le développement du chaos au sein de l'espace bourgeois. Comme, il se doit, le film fait une fois de plus appel au suicide en dernière bobine. Chez Fincher, les protagonistes ressortent de leur expérience, exsangues physiquement et intellectuellement. Autre constat, le générique hardcore de Se7en est ici remplacé par une composition superbement mélancolique de Howard Shore sur un film de famille réalisé en 8 mm. Produit par "Propaganda films", Fincher est pour la première fois le patron de son film et sa sempiternelle névrose maniaque du contrôle apparaitra au cours des interviews de ses collaborateurs. "The Game" n'obtiendra pas le même succès que Se7en mais se remboursera sans peine et restera dans le coeurs des aficionados du cinéaste comme LE FILM fondateur de son style. Concernant les théories les plus extravagantes, certains l'ont rapproché de "Alice au pays des merveilles" avec Sean Penn dans le rôle du lapin Blanc.

7,5 / 10

Fight Club
8.1
4.

Fight Club (1999)

2 h 19 min. Sortie : 10 novembre 1999 (France). Drame

Film de David Fincher

Star-Lord alias Peter Quill a mis 9/10.

Annotation :

"Fight club sera anti-spectaculaire. C'est un film particulier et je ne suis pas sûr d'y comprendre moi-même quelque chose !" (David Fincher)

Ce n'est malheureusement pas moi qui ait interviewé Fincher par téléphone alors qu'il était sur le tournage de "Fight club"
mais l'un de mes chanceux camarades. Après lecture du roman de Chuck Palahniuk, le résultat à l'écran reste une expérience à part entière surtout après le spleen de "The Game". "Fight club" est l'occasion pour le cinéaste de compléter sa collection de personnages solitaires entamée avec Ellen Ripley (Sigourney Weaver), William Sommerset (Morgan Freeman) et Nicholas Van Orton (Michael Douglas) et surtout d'établir officiellement son obsession pour les sociétés secrètes incarnées ici par les "Space monkeys" chair à canon de Tyler Durden.

Si Fincher a passé près de 60% de sa filmo a malmener des bourgeois propre sur eux, rien ne prédisait qu'il allait atomiser la société de consommation de l'intérieur. Imaginez un cadre libre de toutes contraintes et de tout matériel entraîné à flinguer une société gangrenée jusqu'à la moelle. C'est tout le propos de "Fight club" film anarchiste et contestataire destiné à décrire le consumérisme de l'individu enfermé dans un carcan de besoins inutiles. Si le propos est déja bien au centre du roman, c'est la patte de Fincher qui déterminera la portée de l'oeuvre. Images subliminales, travail sur la pellicule, caméra tout terrain, SFX derniers cris, pellicule graineuse, la boîte à outils du réalisateur déborde d'idées et flambe la presse de l'époque qui voit en ce brûlot, un geste de gosse facho et déstabilisant. Pas peu fier de son p'tit effet, Fincher le sourire en coin annonce à qui veut bien l'entendre : "C'était fun hein ?" A la sortie de ce quatrième opus, "Fight club" accusera un sacré flop vite rattrapé par un mouvement de fans portant l'oeuvre au sommet comme un défouloir nécessaire. Après tout, éclater la gueule de son voisin, pisser dans la soupe, voler de la graisse humaine et plastiquer des immeubles, le cinéma a le mérite de faire peur sans bouger de son siège. On peut toujours y trouver à redire, il n'empêche qu'un uppercut social réalisé au coeur d'une major Hollywoodienne fait un bien fou ! Si le propos de l'homme dévoré par son contexte social semble aujourd'hui dépassé, la notion même de recréer une société sur les cendres d'un monde en déliquescence a une certaine résonance avec l'actualité. Alors Fincher, cinéaste visionnaire ?

9/10

Panic Room
6.5
5.

Panic Room (2002)

1 h 52 min. Sortie : 24 avril 2002 (France). Policier, Thriller

Film de David Fincher

Star-Lord alias Peter Quill a mis 7/10.

Annotation :

"Forest Whitaker c'est un peu Humphrey Bogart." (David Fincher)

Plutôt que de se refaire une santé sur un blockbuster "tradi", FIncher opte pour un script de David Koepp. Un "Home invasion" efficace avec Nicole Kidman en vedette. Blessée au genou lors d'un tournage, Kidman déclare forfait. Fincher se tourne alors vers Jodie Foster qui devait déjà interprétée le rôle de Sean Penn dans "The Game". "Panic room" est l'occasion pour le réalisateur d'améliorer sa technique de caméra tout terrain qui s'affranchit des lois de la physique. Toutefois ce film est aussi une manière de clôturer par un exercice de style près de 10 ans de cinéma. Fincher en aura donc terminé avec son sens du sacrifice et du suicide avec "Fight club" et s'offre avec ce nouveau film un moyen de refaire "The Game" en lieu clos. Les deux films partagent le même type de personnage, deux divorcés rupins dont l'expérience physique et mental va les amener sur un terrain particulièrement dangereux. Fincher refait équipe avec son décorateur de "Se7en" Arthur Max ainsi qu'avec le talentueux Chef opérateur Darius Khondji. Une brouille entre les deux hommes imposera Konrad W. Hall comme DIrecteur de la photographie successeur de Khondji. Si ce film ne représente pas l' Alpha et l'Oméga du ciné de Fincher, Il en conserve quelques adorateurs comme dernièrement Fede Alvarez dont le "Don't breathe" s'inspire largement. Concernant le générique de son film, Fincher se rapprochera encore de "The Game" en instaurant un dispositif particulier : Les lettres des acteurs et des techniciens prendront tout l'espace du cadre sur une musique sombre de Howard Shore. Un effet non ostentatoire à l'image des pièces de puzzle ouvrant le générique de "The Game". En opposition, "Se7en" et "Fight club" décochaient un générique électrisant annonçant une expérience viscérale.

Le succès de "Panic room" redonnera une certaine crédibilité à Fincher au sein des studios. L'homme à de l'or au bout des doigts mais il entrera en sommeil créatif pendant près de cinq ans avant d'entrer dans une nouvelle ère : Celle de la reconnaissance des critiques avec son film dossier : L'impressionnant "Zodiac".

7/10

Zodiac
7.2
6.

Zodiac (2007)

2 h 37 min. Sortie : 17 mai 2007 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de David Fincher

Star-Lord alias Peter Quill a mis 9/10.

Annotation :

"Zodiac est un des films les plus documentés que je connaisse, et il ne fait pourtant que gratter la surface, au regard de l'énorme masse d'informations qui s'est accumulée au fil de trois décennies". (James Vanderbilt scénariste du film)

Cinq ans ! Cinq ans pendant lesquels Fincher n'a pas donné signe de vie ou presque... L' annonce du projet "Zodiac" fut donc un immense soulagement pour les aficionados du cinéaste. Co-produit par La Paramount et Warner, le projet le plus ambitieux de Fincher est avant tout le projet d'une vie. Lui qui a vécu non loin des agissements du tueur et qui aujourd'hui lui accorde un film fleuve ultra documenté et d'une précision sans pareil. Sur près de 25 ans, le scénario de James Verderbilt va donner corps à une traque qui va tourner à l'obsession. Les choix de réalisation de Fincher participeront à la réussite du film : Utilisation d'une caméra "Thomson Viper" numérique qui donnera à la nuit cet aspect charbonneux contenant des dégradés ocres. Il s'agit du premier film de Fincher en numérique. Les teintes obtenues accentues la profondeur de champ tout en donnant une patine surannée à la texture des images.

Il est intéressant de constater l'influence de "The Game" sur Zodiac. Fincher y appose un générique sensiblement proche de son troisième long-métrage. Alors que les pièces de puzzle se détache dans "The Game" sur la musique de Howard Shore, ce sont les noms des acteurs qui s'effacent laissant apparaitre les cryptogrammes du tueur. Une ouverture sobre qui laisse à penser que l'approche du cinéaste sera aux antipodes de celle de "Se7en". Le film de genre se mue en film dossier proche des aïeuls du Nouvel Hollywood avec en ligne de mire "L'inspecteur Harry" cité à plusieurs reprises, "Bullit" et bien entendu "Les hommes du Président". La thématique Fincherienne s'y décline de manière concise avec l'obsession au coeur de l'intrigue et ses dommages collatéraux : La solitude. Les cryptogrammes participent au ludisme donnant aux protagonistes l'épreuve supplémentaire dans cette quête frustrante où le cinéaste avance littéralement masqué. "Zodiac" est le film le plus accompli de Fincher sur le plan formel et verrouille son histoire dans un dédale de pistes où il est impossible de décrypter quoi que ce soit où d'avoir une longueur d'avance. A partir de ce film, chaque métrage du cinéaste sera plus ample et d'une maîtrise toujours plus accrue. Le contrôle toujours...

version ciné : 10/10
version Director's cut : 10/10

This Is the Zodiac Speaking
7.

This Is the Zodiac Speaking (2008)

1 h 42 min. Sortie : 8 janvier 2008 (France).

Documentaire de David Prior

Star-Lord alias Peter Quill a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Disponible sur le Blu-ray/DVD, un documentaire retraçant les agissements du tueur avec les commentaires des policiers et de certaines victimes rescapées. Glaçant.

7,5/10

L'Étrange Histoire de Benjamin Button
6.8
8.

L'Étrange Histoire de Benjamin Button (2008)

The Curious Case of Benjamin Button

2 h 46 min. Sortie : 4 février 2009 (France). Drame, Fantastique, Romance

Film de David Fincher

Star-Lord alias Peter Quill a mis 8/10.

Annotation :

"L'Étrange histoire de Benjamin Button" est une romance dark" (David Fincher)

Le projet "Button" revient de loin. En hibernation dans l'enfer du développement depuis une quinzaine d'années, Fincher, à la tête d'un budget pharaonique (150 M de $) s'offre un "loner" dans sa carrière. Un film complètement détaché de ses préoccupations habituelles. Troisième métrage avec Pitt, "Button fait l'objet à l'instar de "Fight club" d'un immense film laboratoire. Fincher jouera en premier lieu sur la timeline en offrant un mélo classique riche en voyage intérieur et en contrées exotiques. La métaphore du temps et l'expérience de la vie n'est pas sans rappeler "Forrest Gump" mais Fincher bercé par le script de Eric Roth (partenaire producteur du réalisateur sur "House of cards) concocte un arsenal de procédés cinématographique absolument stupéfiant. "Button" est l'archétype absolu de la romance candide avec pour résultat, tout comme Cameron pour "Titanic", l'émotion brute provoquée par le fracas de la séparation des amants.

Si Cameron se livre très facilement sur les origines de "Titanic" et sa flamboyance toute "Leanienne", Fincher ne s'épanche pas plus que ça sur la moelle référentielle de son "Button". Sirk, Minnelli pour certains, Zemeckis pour d'autres, le réalisateur mutin de "Se7en" semble évasif sur la nature originelle alors que la texture et le sujet ne font que des appels du pied à la notion de temps. Une fois le métrage digérée dans sa lecture ordonnée, c'est toute son ambition narrative qui permet une seconde vision bien plus intime. Si le préambule constitue une forme d'impondérable dans les récits mélodramatiques (une vieille femme mourante évoque sa vie à sa fille), "Button" contrebalance ce classicisme par une séquence illustrant tout le propos du film : Le temps et son influence. Un court-métrage quasi inséré au coeur de la narration provoquant le relief émotionnel souhaité.(le fantasme de remonter le temps) Fincher ose également le running gag de l'homme frappé sept fois par la foudre qui fait écho à l'accident de Daisy. (le rapport corps/ temps) On pourrait étendre le travail sur la temporalité en reprenant la chronique amoureuse de Benjamin lors de sa rencontre avec une femme mariée dans un hôtel où les silences étirent les moments de séduction. "Button"est une jolie parenthèse philosophique qui laisse une amertume prononcée.

8/10


The Social Network
7
9.

The Social Network (2010)

2 h. Sortie : 13 octobre 2010 (France). Biopic, Drame

Film de David Fincher

Star-Lord alias Peter Quill a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Avant que l'on me propose le projet, je ne connaissais rien de Facebook" (David Fincher)

Si l'on peut rappprocher "Se7en" et "Zodiac", la paire "Fight club"/The social network" est l'évidence même. Depuis "Zodiac", le style Fincher s'est considérablement épuré et ce nouvel opus va adopter les contours les plus classiques de la grammaire du réalisateur. Générique d'une sobriété hallucinante, montage soft et mouvements d'appareils alambiqués aux abonnés absents. La forme, pourtant superbe, tout en scope et lumières douces s'offre au scénario d'Aaron Sorkin. Seul l'œil avisé reconnais la panoplie cachée du cinéaste : Symboles mathématiques, cassages de codes et algorithmes (le jeu), personnages charismatiques, marginaux et solitaires (Mark Zuckerberg=Tyler Durden=Nicholas van Orton=Robert Graysmith=Lisbeth Salander) et bien entendu l'obsession de voir le monstre informatique grandir. Qu'est-ce Facebook pour Zuckerberg sinon une créature technologique lui permettant d'avoir le monde au creux de sa main et de le refaçonner ? Tyler Durden était déjà passer par là...

"The Social network" est une expérience passionnante et constitue pour Fincher un second film dossier après "Zodiac". Dépourvu de gras et sec comme un coup de trique, le scénario de Sorkin permet en moins de 2 heures de retracer quasi sans efforts et de contourner tous les poncifs de la success story. Le secret consistant à conserver le point de vue de Zuckerberg et de le contrebalancer intelligemment avec celui de Savin(Andrew Garfield). L'aboutissement de la forme chez Fincher et de l'écriture concise se retrouvent ici de la manière la plus pure qui soit. "The Social network" peut être assurément l'œuvre la plus précise du réalisateur de Zodiac mais au cœur de cette machine parfaite et du plaisir qu'elle procure, on peut y deceler cette petite étincelle de folie manquante. A tel point qu'on pourrait presque se demander si la perfection à tout niveau est indispensable. A ce propos, il est important de noter que ce film sera le premier à être tourné en 4 K avec la fameuse "Red One" camera numérique d'une précision redoutable.

8/10




Comment ont-ils pu faire un film sur Facebook ?
7.7
10.

Comment ont-ils pu faire un film sur Facebook ?

How Did They Ever Make a Movie of Facebook?

1 h 33 min.

Documentaire de David Prior

Star-Lord alias Peter Quill a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un making of complet du tournage disponible sur le blu-ray/DVD où l'on apprend que le scénariste, Aaron Sorkin, a tourner un plan du film.

7,5/10

Millénium - Les hommes qui n'aimaient pas les femmes
7.1
11.

Millénium - Les hommes qui n'aimaient pas les femmes (2011)

The Girl with the Dragon Tattoo

2 h 38 min. Sortie : 18 janvier 2012 (France). Thriller, Drame, Policier

Film de David Fincher

Star-Lord alias Peter Quill a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Un godemiché, un donjon, un serial killer ? Appelez-moi Fincher !" (David Fincher à son propos concernant les exécutifs de Sony Columbia)

Lorsque l'on aime la filmographie d'un cinéaste et que l'on apprécie les qualités intrinsèques de la technique et de l'écriture, on peut raisonnablement se poser la question de la forme du film suivant. Si "Zodiac" était la sobre réponse au double défi que représentait "Fight club" et "Panic room", "Millenium" prendra les traits de la pure Schizophrénie artistique sans toutefois faire transparaitre le symptôme de la redite . Un objet filmique contenant absolument tout le décorum Fincherien. Une carte de visite de luxe rappelant le réalisateur de "Fight club" aux affaires criminelles par le truchement du roman de gare.

"Millenium" est le film de Noël du cinéaste. Un thriller dépressif qui fait se confronter la première période dangereusement sataniste et la seconde plus réaliste et moins ésotérique. "Millenium" c'est un peu la rencontre de la culture dite haute : Celle purement politique et économique d'une dynastie en chute libre qui a tout à cacher avec ce que cela implique de références historiques américaines (L'assassinat de Kennedy) et l'enquête policière noble proche du "Blow out" de De Palma. Mais aussi La culture dite basse : Celle de nazillons planqués, de crimes de serial killer et de violence physique assez explicite. Car pour la première fois, Fincher n'éludera pas la violence vue par le prisme de l'humour (Fight club) ou l'ellipse (Se7en). Elle sera frontale et flirtera avec les limites de la gratuité.Un étonnant revirement pour celui qui a refusé le cliché du viol évident de Jodie Foster dans "Panic room". "Millenium" est donc la part sombre du réalisateur tapi au plus profond de lui et qui ne demande qu'à sortir comme un diable de sa boîte. En témoigne un générique réalisé par Tim Miller (Deadpool) mêlant technologie et composés organiques hurlant un "Immigrant song" électrisant. Une chanson qui donne naissance au nouvel asocial androgyne du bestiaire freaks de Fincher : Lisbeth Salander.

8,5/10

Gone Girl
7.7
12.

Gone Girl (2014)

2 h 29 min. Sortie : 8 octobre 2014 (France). Drame, Thriller, Film noir

Film de David Fincher

Star-Lord alias Peter Quill a mis 8/10.

Annotation :

"Gone girl est un thriller absurde et à l'arrivée, une satire sociale." (Masterclass DAVID Fincher)

Le rapprochement entre l'œuvre de Fincher et celle de Verhoeven n'est aujourd'hui plus une simple coïncidence. "Fight club" trustait la place du virulent "Starship troopers" et maintenant "Gone girl" fait de l'œil à "Basic Instinct". Avec en ligne de mire un certain Hitch auquel Fincher rend hommage une troisième fois après "The Game" et "Panic room", "Gone Girl" occupe le créneau du psycho drame manipulateur. Cette fois-ci c'est une sociopathe qui emporte le morceau. Amy Dunne (Rosamund Pike) n'est rien moins qu'un monstre abrité au fond d'un corps ne laissant paraître aucune ambivalence. Un demon dans le corps d'un ange. Amy complète donc la liste de portraits dont Fincher se plait à cribler de tares. Un personnage déterminé dont la prise de hauteur et le côté calculateur n'est pas sans rappeler Frank Underwood ou encore Mark Zuckerberg.

Si la première période du cinéaste ( de Alien3 à Panic room) se polarisait essentiellement sur les mêmes thématiques qu'aujourd'hui, le point de vue restait quant à lui très à l'extérieur de chaque oeuvre. Une distance vis à vis du spectateur que "Fight club" et son humour corrosif ou les figures exotiques des victimes du serial killer de Se7en permettaient de conserver. Idem pour "Panic room" dont l'introspection familiale beaucoup trop en retrait n'autorisait pas le côtoiement intime. Depuis "Zodiac" et son tueur issu d'une figure réaliste, le ciné de Fincher pénètre une nouvelle sphère. Il s'insinue au coeur du quotidien et présente une facette du mariage peu reluisante. Mettons de côté la satire des médias (le couple Dunne filmé au jour le jour comme une télé-réalité) afin de se concentrer sur la forme de Gone girl. Le film évince rapidement l'aspect spectaculaire des thrillers de la première période. Pas de course poursuite à pieds, de Taxi coulant dans une baie ou de fight sanglant... Gone girl est d'avantage un rejeton de Zodiac et Millenium dont le film polit les derniers contours du thriller Fincherien à l'image de l'enveloppe parfaite de The Social network. Générique discret, ludisme présent mais sans apport de symboles dans l'omniprésent jeu de pistes, éclair de violence, sexe froid et distant, contexte social bourgeois effrité et moral dans les chaussettes. Gone girl ou l'aboutissement raffiné dans le divertissement pour adultes.

8,5/10

Mank
6.3
13.

Mank (2020)

2 h 11 min. Sortie : 4 décembre 2020. Biopic, Comédie dramatique

Film de David Fincher

Star-Lord alias Peter Quill a mis 10/10 et a écrit une critique.

The Killer
6.1
14.

The Killer (2023)

1 h 58 min. Sortie : 10 novembre 2023 (France). Thriller, Drame, Policier

Film de David Fincher

Star-Lord alias Peter Quill a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

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