Cover Chris Marker - Commentaires

Chris Marker - Commentaires

De Chris Marker on apprend, sans médiation et en interactif. Ses films relèvent du défi combinatoire avec, comme corollaire logique, des structures désarticulées où l’humour tempère les ruptures nécessaires aux incises. Le statut très particulier de son œuvre, qui dépasse le cadre du cinéma et la ...

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8 films

créee il y a plus de 6 ans · modifiée il y a plus de 5 ans

Les Statues meurent aussi
7.6

Les Statues meurent aussi (1953)

30 min.

Documentaire de Ghislain Cloquet, Alain Resnais et Chris Marker

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Ni traité ethnographique ni visite guidée muséale, cet étonnant documentaire est d’abord un précis anticipé des œuvres à venir de Resnais et Marker. Les prises de vues jouent de la plasticité des objets d’art africain, le montage pratique des entrechocs fructueux, le texte poétique stimule l’imaginaire et affûte la réflexion. Dénonçant la modernisation du continent des origines et l’appauvrissement esthétique causé par la colonisation, les auteurs s’en prennent avec une ardeur offensive aux ravages causés à la culture nègre par l’islam et surtout l’Occident, et font comprendre à quel point la mondialisation et la domination blanche ont phagocyté un héritage millénaire à nul autre pareil. Soixante ans après, la beauté et la pertinence de ce plaidoyer pour le développement spirituel restent intacts.

Lettre de Sibérie
7.8

Lettre de Sibérie (1958)

1 h 02 min. Sortie : 29 octobre 1958.

Documentaire de Chris Marker

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Les plus grands documentaristes ne sont pas objectifs et parlent à la première personne. Ainsi de Marker qui livre d’un pays lointain comme une délectable épître cinématographique. Une heure durant il entraîne dans un bondissant déferlement de notations, d’impressions s’enchaînant ou appelant une parenthèse, de coq-à-l’âne qui suivent le cours fluctuant de la pensée, de sauts en arrière dans l’espace et en avant dans le temps, ou bien l’inverse. Sans cesse il paraît improviser, dérouler sa missive spontanément au fil de sa plume-caméra, avec un brio de potache indiscipliné, une ironie facétieuse doublée d’une certaine tendresse, une intelligence étincelante mise en valeur par la belle voix de Rouquier, commentaire qui va au-delà des images en les chargeant toujours d’une signification plus profonde.
Top 10 Année 1958 :
http://lc.cx/Zw9w

La Jetée
8.1

La Jetée (1962)

28 min. Sortie : 16 février 1962. Drame, Romance, Science-fiction

Court-métrage de Chris Marker

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

La jetée, c’est la grande terrasse d’Orly où le héros, après avoir assisté enfant à la mort d’un homme, butte sur cette image de son propre destin : cette mort était la sienne, voyageur imprudent d’une immense parenthèse résorbée. Mais la jetée, c’est aussi l’impraticable pont suspendu sur les gouffres du temps, par lequel la mémoire s’efforce d’arracher au futur avide le souvenir de l’être rencontré et chéri. Aux angoisses glacées de la guerre et de la torture, de l’apocalypse atomique et du continuum einsteinien, Marker offre le contrepoids d’une idylle : l’unique battement de cils d’Hélène Chatelain y est comme une pulsion au sein de l’immobile, l’aveu fugace de la sensibilité parcourant cette construction de l’intellect dont les incidences miroitent à l’infini comme certains agencements de Borgès.

Le Joli Mai
8.1

Le Joli Mai (1963)

2 h 16 min. Sortie : 1 mai 1963.

Documentaire de Chris Marker et Pierre Lhomme

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

En ce printemps de 1962 où les accords d’Evian viennent d’être signés, où s’ouvre le procès de Salan, où la marée d’un peuple en deuil gronde après l’affaire de la station Charonne, Marker braque sa caméra sur Paris et ses habitants ordinaires. La mère de famille heureuse d’emménager dans un appartement moderne, l’adorable couple d’amoureux insouciants, les ingénieurs-conseils remuant des idées abstraites, le prêtre défroqué devenu ouvrier communiste, l’étudiant noir issu du colonialisme, le jeune algérien diplômé dressent le portrait kaléidoscopique et giruldacien d’un fragment spatio-temporel, d’une société qui se transforme, d’une humanité aliénée par le quotidien mais qui cherche à conjurer ses monstres familiers, à se libérer du besoin et de la rareté pour pouvoir un jour accéder aux étoiles.
Top 10 Année 1963 :
http://lc.cx/Be9

Le fond de l'air est rouge
8

Le fond de l'air est rouge (1977)

3 h 50 min. Sortie : 23 novembre 1977 (France). Historique

Documentaire de Chris Marker

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

À partir de documents issus de toutes les cinémathèques, Marker investit les points de focalisation d’une bataille mondiale adaptée aux conditions locales : la lutte du capitalisme et du socialisme. L’institutionnalisation ne pouvant être à la fois l’explication et la conséquence de l’échec des mouvements révolutionnaires entrepris à la fin des années soixante en Amérique latine ou en Occident, à Paris, à Prague ou à Santiago, il conclut que la matière en fusion du réel ne saurait être cadenassée par les a priori dogmatiques. Il y a des leaders et des foules, des guerres et des fanatismes, des désillusions et des aliénations, et au bout du chemin le visage incrédule de ceux qui croient domestiquer l’Histoire. Utopie à rebours fatale, analysée au fil d’une réflexion théorique, ardue, mais toujours d’une grande clairvoyance.

Sans soleil
8.1

Sans soleil (1983)

1 h 44 min. Sortie : 2 mars 1983. Expérimental, Société, Essai

Documentaire de Chris Marker

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Parce que le regard n’est chez lui jamais simple, le cinéaste le traque ici à longueur de plans, sur des affiches, des photos, dans le jeu d’une femme africaine qui le cache puis le concède un instant. Il organise un réseau audiovisuel qui éclaire l’état contemporain des images, et dont les éléments se répondent et se renvoient leurs imperceptibles frémissements. La force incantatoire de cet envoûtant film-journal se nourrit d’une culture enrichie alignant non sans gourmandise les formules paradoxales, les guirlandes si brillantes qu’elles éblouissent. L’artiste accélère le mouvement, cherche le flux, aspire à la représentation dans la spirale du temps, réunit hommes, animaux et machines en une méditation à la fois élémentaire et synthétique, pleine de boucles et de cycles, de rimes et de concordances.
Top 10 Année 1983 :
http://lc.cx/UyN

Le Tombeau d'Alexandre
7.9

Le Tombeau d'Alexandre (1993)

2 h. Sortie : 23 mars 1993 (France). Biopic, Historique

Documentaire de Chris Marker

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Tombeau, dit le dictionnaire : recueil de souvenirs, de pièces composées à la mémoire d’une personne chère ou d’un personnage remarquable. Dans les retombées désenchantées de la perestroïka, Marker suit le cinéaste Medvedkine, dédicataire de ce document, au cours de sa longue et difficile carrière, interroge ses archives, ses parents, ses amis, ses témoins. Mieux qu’une stèle commémorative, l’entreprise est d’abord un film d’histoire de l’URSS et du cinéma soviétique, une investigation poétiquement didactique qui poursuit en abondance et en liberté une écriture faite de rapprochements d’idées, d’associations facétieuses, de liaisons capricantes, et qui rappelle que les créateurs communistes furent des âmes divisées dont les réticences et les refus mêmes furent voulus au service de l’utopie.

Level Five
7.2

Level Five (1997)

1 h 46 min. Sortie : 19 février 1997. Romance, Guerre

Documentaire de Chris Marker

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Mise en relation des subjectivités, solitude de l’internaute, création de savoirs, élégie de l’Histoire, interrogation sur la falsification des icônes guerrières : tout Marker est présent dans cet essai-fiction tramé d’écrans, de cerveaux, de pensées, d’affects. D’un côté il travaille sur le miroitement quasi-baroque des surfaces télé-technologiques, la lumière scintillante des machines, la connexion de toutes choses entre elles. De l’autre il creuse les mémoires individuelles et collectives et fait effleurer les vestiges de ce passé qui nous aident à penser le présent. Tel un rubix-cube à deux hémisphères, l’un prospectif, l’autre introspectif, il demande au spectateur de ne plus être seulement un regardeur mais un "cliqueur" à qui on suggère en permanence que l’image se touche, se manipule, s’instrumente, se fabrique.

Thaddeus

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