Errances sauvages du Nouveau Monde — Black Metal d'Amérique du Nord

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C'est sans doute là que commence réellement le BM américain, en tout dans l'esprit que je souhaite souligner avec cette liste. C'est un album encore imparfait, aux influences multiples. Parmi celles-ci, sont décisives celle d'In the Woods (Norvège) et des débuts du néofolk, notamment Sol Invictus (Angleterre), Forseti (Allemagne) et Of the Wand and the Moon (Danemark).

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Le style d'Agalloch prend définitivement forme avec The Mantle, album avec lequel le groupe acquière également une reconnaissance internationale. C'est la matrice à partir de laquelle naîtra, à mon avis, une scène cascadienne à la fois cohérente stylistiquement et géographiquement. Son influence est évidente chez Fauna, Skagos, Alda, Harrow, qui, par un étrange hasard, étaient tous basés en Cascadie (région naturelle à cheval entre le Canada et les États-Unis, dont certains réclament l'indépendance).
Brillant album en tout cas, une sorte de pas de côté du monde moderne, de longue méditation panthéiste sur la nature, agrémentée d'une critique nietzschéenne de la civilisation...

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WITTR a également eu une grande importance dans l'épanouissement du BM américain. Diadem of 12 Stars est un album qui a beaucoup attiré l'attention des critiques. Quelque part, il complète l'approche d'Agalloch, en exploitant ce dynamisme rythmique propre au BM qui manque un peu à ce dernier. Si on devait le situer par rapport à l'idée d'un "Cascadian BM", expression qui a été forgée précisément à partir de ce groupe, on pourrait dire que WITTR y insuffle son approche mélodique là où Agalloch apportait l'influence post-rock et néofolk (cette dernière n'est pas tout à fait absente chez WITTR cela dit).

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Premier album de Fauna, très inspiré par Agalloch et WITTR, constitué d'un unique morceau d'un peu plus d'une heure. Fauna, dans une démarche primitiviste radicale, réfléchit sur l'importance symbolique de la chasse et du rapport au sauvage — aux animaux sauvages notamment — pour les sociétés humaines.

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On quitte la Cascadie avec le premier opus de cette formation brillante. Déjà s'entr'aperçoit une rare maîtrise de la composition et du son, assez originale pour l'époque. Le groupe, déjà ici, développe un style qui lui est propre, et difficilement classable avec exactitude. Les paroles abordent une réflexion générale sur l'homme, la vie, le temps, dans une démarche « païenne ».

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Avec cet album, Agalloch s'essaye à composer une musique dépourvue d'éléments Black Metal, pour se contenter de ne faire que du néofolk. Le résultat est simplement brillant. C'est presque, à mon avis, le meilleur opus du groupe.
L'album est tout au long ponctué d'extraits du film anglais The Wicker Man. On reste dans un état d'esprit tout à fait païen.

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Premier album de Fell Voices (Californie), qui entame une approche beaucoup plus lugubre de la chose. Le style n'est, cependant, pas encore tout à fait abouti.

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Un autre groupe dans la filiation d'Agalloch et de WITTR. L'utilisation d'un son sale type années 1990 lui donne une certaine froideur. Les passages acoustiques sont simplement sublimes. L'album, dans son ensemble, s'essaye à une méditation, sur un ton « païen » également, sur la vie, la mort, la nature, les rites...

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À l'inverse de The White, Marrow of the Spirit retire presque tous les éléments néofolk de la musique d'Agalloch. L'album m'évoque une sorte de voyage méditatif dans l'Amérique sauvage du XIXe siècle. Contient l'incroyable morceau The Black Lake Nidstang.

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Un des rares groupes de la côte Est. L'influence de la scène cascadienne est nette, mais l'approche sensiblement différente. À l'inverse d'une composition brute, dynamique et instinctive, tout ici s'élabore en longs entrelacs sophistiqués et soignés... mais absolument pas dépourvu d'une touchante poésie.

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Premier opus d'Ash Borer, très marqué par l'influence de Fell Voices, qui sont, comme eux, californiens. Un album magistral, ténébreux, mystique, froid et poétique. Les riffs sont d'une incroyable efficacité, parfaitement sublimés par une batterie aux évidentes influences post-hardcore.

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Je passe le précédent album d'Alda, plutôt anecdotique. C'est avec celui-ci que le groupe définit son style propre, fortement influencé par Agalloch, WITTR et Skagos. Alternent des passages acoustiques d'une incroyable beauté et blast beats énergiques et efficaces. La démarche du groupe est d'abord plus écologiste que réellement « mystique », au contraire de la plupart des autres formations de cette liste.

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Un autre essai expérimental d'Agalloch. Cette fois-ci, les guitares sont accordées quelques demis tons plus bas que le mi standard habituel, ce qui donne une certaine puissance, une certaine profondeur obscure à la musique.

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Avec ce deuxième album, Velnias fait l'étalage d'une musique subtile, complexe, sophistiquée, mais qui reste profondément poétique et belle. Les compositions, qui évoquent quelque part la contrepointe médiévale, sont simplement brillantes. Tout est en enchevêtrements, en progressions juxtaposées, en polyphonies savantes, tout en gardant une âme profonde, sensible, poétique, qui scrute l'Être du monde. Un album qui arrive à concilier virtuosité technique et profondeur émotionnelle.

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Avec cet album est enfin ajouté un bassiste au line-up d'Ash Borer. La basse y occupe une place centrale : d'une délicieuse lourdeur, notamment grâce à la saturation dont elle est judicieusement gavée, elle approfondit considérablement l'aspect de la musique du groupe.

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Cet album ne fait sans doute pas l'unanimité. Fell Voices a pris une orientation drone très étonnante. On plonge dans un long bourdon impénétrable, un magma où les mélodies, les sons, se confondent dans un chaos presque informe. Tel est le royaume froid et cruel de Saturne, maître des destinées...

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L'orientation prise par Skagos avec ce deuxième album a également de quoi surprendre. Des airs délicats, qui semblent venir des années 70, s'y invitent de façon curieuse. Les compositions s'étalent en longueurs méditatives. Tout s'arrête au milieu d'album pour laisser place à une incroyable récitation, chantée d'une voix haute, claire et émue, qui constitue l'aspect le plus curieux de l'album. Les deux membres du groupe y développent leurs perspectives anarcho-primitivistes, dans une touchante réflexion sur l'homme et la nature.