Cover 2022 au cinéma, ou là où seront les films

2022 au cinéma, ou là où seront les films

2022 devrait être une année riche en films, qu'ils aient la chance de sortir en salles ou qu'ils doivent passer par le streaming de plus en plus omniprésent comme alternative aux salles obscures. Entre une situation sanitaire toujours troublé et une incertitude vis à vis de films qui peinent de plus ...

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132 films

créee il y a environ 2 ans · modifiée il y a environ 1 an

Le Bar de la tendresse
6.3

Le Bar de la tendresse (2021)

The Tender Bar

1 h 44 min. Sortie : 7 janvier 2022 (France). Biopic, Drame

Film de George Clooney

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

George Clooney signe avec The Tender Bar un feel good movie sensible et bienveillant qui s'impose comme une légère amélioration suite à ses précédents films. Sa carrière de cinéaste commençait sincèrement à s'essouffler et il parvient à retrouver un peu de couleurs tout en offrant à Ben Affleck un de ses meilleurs rôles depuis déjà quelques temps.
Après il faut reconnaître qu'on se retrouve face à un récit de coming of age particulièrement classique et que le parcours de son protagoniste en deviendra très attendu. Que ça soit sa relation troublé avec son père, l'apport de son père de substitution dans sa vie et la façon dont cela impacte son avenir et ses relations sont d'une simplicité assez confondante mais le film à le mérite de justement prendre un recul plus léger et décontracté avec tout ça. Le film fonctionne le mieux quand il passe surtout par son humour efficace ou ses moments de vie plein de tendresse assez touchant. Evitant tout aspect larmoyant ou trop forcé, le récit s'exécute avec légèreté et fonctionne grâce à ses modestes ambitions.
S'intéressant plus finalement à donné un rôle plus consistant à son ami, Clooney gratifie à Ben Affleck d'un rôle en or de l'oncle sympathique que tout le monde appréciera et permettant à l'acteur d'aller explorer une délicatesse dans son jeu encore trop rare. Même si on tombe dans certains tropes masculinistes un peu dépassé, avec une vision très binaire de ce qu'est la bonne masculinité et ce qui est la mauvaise, l'ensemble reste suffisamment en second plan pour ne pas trop agacer. De plus Tye Sheridan retrouve aussi ici un rôle à sa mesure et l'interprète avec beaucoup de justesse. On regrettera juste la réalisation soignée mais un peu trop plate ainsi que certains tics de mise en scène de George Clooney plutôt agaçant, ne sachant ici que d'abuser du zoom et des gros plans pour accentuer les émotions.
The Tender Bar est donc un film plaisant mais limité. Un léger mieux pour Clooney qui évite ici de nous ennuyer même si il confirme la platitude de sa réalisation et le côté insipide de sa mise en scène. Reste que l'humour et la bonne ambiance générale fonctionne, aidé par un casting plutôt convaincant. Sans prétention, ni ambition, on est face à un divertissement attendu mais efficace qui passera le temps lors d'un dimanche soir un peu morose.

355
4.7

355 (2022)

The 355

2 h 04 min. Sortie : 5 janvier 2022 (France). Action, Thriller

Film de Simon Kinberg

Flaw 70 a mis 4/10.

Annotation :

Pour son deuxième film, Simon Kinberg continue à prouver son incompétence en tant que metteur en scène alors qu'il signe avec The 355 un film d'action au féminin qui passe à côté de tout ses objectifs.
Issue d'une volonté de Jessica Chastain de s'offrir un rôle d'actionner et d'établir une franchise dans la continuité de Mission: Impossible ou de James Bond mais en faisant la part belle à des personnages féminins pour s'approprié un genre beaucoup trop masculin. L'envie est louable mais jamais le film ne parvient à faire quelque chose tant il se vautre avec complaisance dans tout les clichés du genre. Caractérisant ses héroïnes à la truelle tout en ne parvenant pas à les développer au delà de leur stéréotypes, le récit n'en devient qu'un prétexte prévisible et attendu d'un film d'action plutôt lambda.
Malgré un casting plutôt investi et qui à manifestement envie de bien faire, mention spéciale à Diane Kruger qui en impose vraiment en action hero, il faut reconnaitre que toute ne sont pas taillées pour ce que ce genre de rôle impose. A commencer par Jessica Chastain, déjà peu crédible dans sa partition physique pour l'oubliable Ava, elle confirme ici avoir sérieusement du mal à être convaincante lors des passages les plus musclés. Cela limite une réalisation qui doit beaucoup misé sur un aspect très cut sur son action, rendant le tout plutôt illisible et pas aidé par la mise en scène plate et chaotique de Simon Kinberg. Le pire sera les fonds verts assez immonde lors des gros plans de Fan Bingbing qui n'a visiblement pas tourné ses scènes avec les autres membres du cast. Cela apparaît comme un ajout de dernière minute pour attirer le marché chinois et s'impose comme une décision marketing plutôt lamentable et mal incrustée qui témoigne de la fainéantise et du manque de soin apporté au film.
The 355 est donc un divertissement plutôt déplorable. Le rythme soutenu fait que l'on ne s'ennuie jamais et le charisme du casting permet un minimum d'investissement mais à côté de ça le film n'offre qu'un spectacle pauvre, plutôt laid et insipide. L'ensemble ne se paie même pas le luxe d'être mauvais tant il ne prend pas suffisamment de risque pour ça, et est juste terriblement insignifiant.

Licorice Pizza
7.1

Licorice Pizza (2021)

2 h 13 min. Sortie : 5 janvier 2022 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Paul Thomas Anderson

Flaw 70 a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Cinéaste à la filmographie étincelante, Paul Thomas Anderson retourne dans les années 70 avec Licorice Pizza pour signer une comédie romantique sous forme de coming of age et où il en profite pour y explorer les idéaux de l'Amérique en détournant adroitement nos attentes et préjugés sur son récit.
Ne s'étant jamais résolu au conformisme, PTA ne change pas la donne avec son nouveau film alors qu'il nous plonge dans une romance pour le moins atypique dans la droite lignée de ce qu'il avait déjà esquissé dans Punch Drunk-Love, Inherent Vice ou Phantom Thread. Continuant sur sa verve romantique et la détournant par son sens déviant de ce dernier, il aborde une relation au rapport de force biaisé mais jamais de la façon dont on pourrait s'y attendre et s'en sert de parabole pour y confronter un aspect de l'Amérique. Alors que dans Inherent Vice son amour contrarié était en proie à la corruption et la politique, celui plus vénéneux de Phantom Thread lui se confrontant à l'écart sociale et l'étiquette de la bourgeoisie britannique. Avec Licorice Pizza c'est l'incertitude de l'avenir qui transparaît dans ses personnages alors qu'il se confrontent au tumulte des années 70 qui accompagnent les désillusions du rêve américain et court sans cesse après un futur qui ramène ses protagonistes inlassablement l'un vers vers l'autre.
L'amour, aussi peu orthodoxe qu'il puisse être, devient un rempart aux impératifs de la société et du capitalisme alors que cette peur de l'avenir s'incarne dans une jeunesse qui se refuse de grandir. Brillamment pensé et d'une richesse insolente, le film paie aussi le prix de sa densité lorsqu'il vient se perdre dans quelques sous intrigues parfois dispensable. Il garde néanmoins un sens du comique irrésistible accompagné par un casting exemplaire dont Alana Haim et Cooper Hoffman qui sont d'une grâce imparable et ont déjà l'étoffe des grands.
Avec sa réalisation somptueuse, superbe photographie et une BO irréprochable, PTA englobe le tout dans une mise en scène millimétrée et évocatrice qui possède un sens du mouvement libérateur et stimulant donnant à l'ensemble une énergie communicative. Il finit par là de faire de son Licorice Pizza un excellent film et un pur moment de cinéma qui déborde de passion et de savoir-faire faisant de lui déjà une des œuvres majeures de l'année.

Cher Evan Hansen
5.5

Cher Evan Hansen (2021)

Dear Evan Hansen

2 h 17 min. Sortie : 12 janvier 2022 (France). Drame, Comédie musicale

Film de Stephen Chbosky

Flaw 70 a mis 4/10.

Annotation :

Adapté d'une pièce de Broadway à succès, Dear Evan Hansen part d'un postulat prometteur et ambitieux par sa volonté de traiter le suicide chez les adolescents à travers les codes de la comédie musicale. Malheureusement, le film ne parvient jamais à réitérer la réussite de la pièce et tombe dans tout les pièges à éviter.
Le problème est que l'écriture passe par des modifications et une simplification du propos difficilement justifiable. Enlevant des arcs narratives pourtant majeures pour mieux se recentrer sur son protagoniste, le film va tenter de justifier sa conduite et finit même pas lui accorder un 3e acte larmoyant sous forme de rédemption. Moins à l'aise avec l'ambiguïté morale par rapport à l'œuvre d'origine, le récit n'en devient qu'une caricature simpliste et mal venu qui finit par passer à côté de son sujet en ne sachant jamais quel ton abordé. Devenant un mélo lourd et poussif, pas aidé par des chansons certes réussies mais jamais correctement traité par le film qui les enferme dans une mise en scène amorphe de Stephen Chbosky qui ne semble jamais savoir quoi faire avec le traitement musicale de son scénario. Il charcute les numéros avec un montage chaotique et une réalisation plate par peur de plonger dans la psyché de ses personnages au profit d'un réalisme constant mais contradictoire avec son genre.
Le tout n'est pas aidé par son acteur principal, qui était aussi celui de la pièce, qui apparaît ici trop vieux et en décalage des autres pour le rôle. Même si le casting est globalement bon, et très compétent lors des passages chantés, Ben Platt lui à tendance à forcer les émotions et peine à trouver la justesse nécessaire devant la caméra. Dear Evan Hansen en devient donc une adaptation foireuse de l'œuvre d'origine en raison d'un manque de direction flagrant mais aussi une vraie crainte du sujet abordé qui empêche donc le film de lui donner la place et le traitement qui lui est dû. Simpliste, larmoyant et forcé, on se retrouve face à un film qui au moins réuni un casting compétent et conserve la qualité des chansons mais cela fait bien peu pour en faire un film recommandable.

La Vie extraordinaire de Louis Wain
6.3

La Vie extraordinaire de Louis Wain (2021)

The Electrical Life of Louis Wain

1 h 51 min. Sortie : 11 janvier 2022 (France). Biopic, Drame, Romance

Film de Will Sharpe

Flaw 70 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Peintre qui aura révolutionné l'image du chat dans l'opinion publique et l'aura rendu populaire en tant qu'animal domestique, un élément qui était à l'époque controversé, Louis Wain aura marqué par son besoin de briser les conventions. Une chose que ce biopic aura su retranscrire à merveille.
Artiste loufoque, qui souffrait clairement d'une maladie mentale qui ne fut jamais vraiment bien diagnostiqué, Wain réfuta toute sa vie l'idée du conventionnel et se détourna assez vite des obligations de l'étiquette très présente dans la bourgeoisie britannique du début du 20e siècle. Se mariant avec une femme d'un rang social inférieur au sien et de 10 ans son aîné, il s'imposera comme une personnalité sensible et tragique bouleversante que le récit parvient à capter avec une rare justesse. Prenant totalement le point de vue de son style artistique, celui d'un esthétisme souvent enchanteur et jovial, le film garde un ton souvent en décalage de la tragédie pour éviter de tomber dans la dureté de ce qui nous est dépeint.
Il sera pourtant impossible de ne pas être touché par le parcours pourtant assez typique d'un artiste incompris par son époque et laissé pour compte entre les aléas financiers d'un système qui abuse de la naïveté et les tournants d'une vie qui survient avec son lot de tragédie et ses inattendus impitoyables. Drôle et frais dans son approche, le film basculera dans un dernier acte plus académique mais où l'émotion fonctionne à plein régime tout comme cela permet à Will Sharpe de brouiller encore plus la ligne entre le réel et la psyché meurtri de son protagoniste. S'imprégnant de son style formel, il signe une mise en scène sophistiqué et créative qui brille par sa réalisation soignée et sa superbe photographie.
Accompagné par un excellent casting, avec en tête le toujours impeccable et intense Benedict Cumberbatch qui brille de sensibilité et la solaire Claire Foy. The Electrical Life of Louis Wain s'impose comme un biopic audacieux et touchant qui parvient à alléger l'académisme de son genre par une approche formelle plus inspirée qui rend un joli hommage au travail de l'artiste dont il conte l'existence. On ressort ému d'un film qui ne fera sûrement pas date mais qui aura su s'imposer comme une jolie petite réussite.

Macbeth
6.2

Macbeth (2021)

The Tragedy of Macbeth

1 h 45 min. Sortie : 14 janvier 2022 (France). Drame, Thriller

Film de Joel Coen

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Premier film qu'il réalise sans le soutien de son frère, Joel Coen décide de s'attaquer à un classique en s'accaparant le récit de Macbeth pour une énième adaptation. De quoi surtout confirmer suite à ses deux dernières œuvres un vrai essoufflement dans le cinéma des Coen.
Ne cherchant jamais à chamboulé le texte de Shakespeare, il va le suivre quasiment à la lettre dans une relecture qui manque cruellement d'audace et d'inventivité. Misant tout sur son apport formel, conférant à l'ensemble une esthétique d'un autre temps replongeant dans un format d'image issue de la période des films muets et une photographie en noir et blanc qui rappelle l'expressionnisme allemands des années 30. La volonté est clairement ici de se rapprocher d'une théâtralité plus affirmée mais qui viendra surtout plomber le récit par son extrême froideur qui empêche toute émotions d'un récit dont pourtant cela devrait être le cœur.
Il faut reconnaitre que la mise en scène de Joel Coen possède quelques envolées assez virtuoses notamment lorsqu'elle embrasse totalement le mystique de l'œuvre originale et qu'elle arbore quelques transitions de scènes plutôt ingénieuses et picturalement audacieuses. Le film est souvent beau et parvient à créer des visions qui imprègnent durablement la rétine mais le statisme ambiant, ainsi que la pauvreté et l'épure des décors tant à venir enfermé son cadre dans une monotonie qui fait que sa beauté formelle finit par sonner creuse. Pas non plus aidé par un casting appliqué mais au service d'émotions absentes ce qui fait que leurs performances paraîtront assez vite vaines. Les principales victimes étant Denzel Washington et Frances McDormand qui semblent tout deux surnager sans parvenir à trouver une alchimie et de la justesse dans leur personnages.
The Tragedy of Macbeth s'impose donc comme une déception. Joel Coen ne semble n'avoir rien à dire avec cette adaptation et peine à y apporter un regard pertinent et différent. On se retrouve donc à reparcourir un récit que l'on connait pourtant par cœur sans but précis et où ses évidentes qualités n'en deviennent plus que dénué de leur substance. L'œuvre est belle mais sonne creuse, les acteurs charismatiques mais leurs performances vaines et cet édifiant récit sur l'ambition, la corruption et la culpabilité apparait finalement d'une étrange banalité.

Adieu Monsieur Haffmann
6.1

Adieu Monsieur Haffmann (2022)

1 h 55 min. Sortie : 12 janvier 2022. Drame

Film de Fred Cavayé

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Après une petite parenthèse vers la comédie populaire, Fred Cavayé revient un peu vers le début de sa carrière et même si il ne replonge pas dans le polar nerveux, il signe avec Adieu Monsieur Haffmann un thriller légèrement plus ambitieux.
Adapté d'une pièce de théâtre, il en gardera son aspect de huit clos pour une majeure partie de son récit où il livre un face à face entre 3 individus pris dans une situation qui paraît de plus en plus impossible. Se passant en plein milieu de la Seconde Guerre Mondiale, le film explore les aspirations d'une personne qui aura passé le plus clair de sa vie dans l'ombre d'autrui et qui voit la montée du fascisme et de l'occupation nazi comme un moyen de tirer son épingle du jeu. Au final très actuel dans sa façon de contempler comment l'homme moyen se laisse séduire par les extrêmes dans sa quête de pouvoir et de reconnaissance. C'est tout cet aspect là et son face à face avec son ancien employeur, un bijoutier juif qu'il cache dans la cave de sa boutique et dont il va exploiter le talent à ses propres fins, qui sera le plus intéressant.
Néanmoins, voulant aussi explorer la situation de son couple qui se voit détériorer par la situation, le film tend à se montrer beaucoup plus attendu et limité à ce niveau malgré le talent de Sara Giraudeau qui parvient un peu à faire passer la pilule. Daniel Auteuil s'en sort aussi très bien, même si un peu plus effacé qu'un Gilles Lellouche intense et nuancé qui parvient à montrer toute la complexité de son personnage. Mais l'ensemble souffre quand même d'une réalisation limitée, même si la reconstitution d'époque s'avère convaincante, la mise en scène minimaliste de Fred Cavayé donne surtout à l'ensemble des airs de téléfilm de luxe.
Adieu Monsieur Haffmann s'impose donc comme un thriller historique plutôt plaisant notamment dans son étude de personnage qui fait intelligemment écho avec notre époque. Néanmoins l'ensemble reste très limité par sa facture télévisuelle et son intrigue plutôt prévisible malgré ses comédiens investis.

Scream
5.1

Scream (2022)

1 h 54 min. Sortie : 12 janvier 2022 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Suite au succès de Ready or Not, leur précédent film, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett hérite de la responsabilité de faire revenir la saga Scream sur les devants de la scène avec un 5e opus entre la suite et le reboot mais aussi de prendre la relève de Wes Craven qui pour la première fois ne se retrouve pas directement impliqué à la conception de cet épisode.
Entre hommage et tentative maladroite de renouveau, l'intrigue s'avère dans la pure tradition de la saga au point d'en perdre toute surprise. Moins une réflexion autour de l'iconographie de son tueur, le film se pose plus en réflexion méta de l'état des productions horrifiques dans le paysage cinématographique d'aujourd'hui. Jouant d'ailleurs sur ce point un peu trop la carte du petit malin subversif, le film s'enferme dans une formule dont il peinera à être totalement maître et offre une écriture souvent inconséquente et faussement intelligente qui tendra à lui donner un aspect puéril et vite redondant.
Même si on lui reconnaitra quelques virages narratifs plus inspirés, il ne repose que sur la manière de réexploiter les personnages d'antan et ne parvient jamais à rendre ses nouveaux personnages ni attachants ni intéressants. Pas aidé non plus par un casting en déficit certain de charisme hormis le trio principal de la saga dont un David Arquette particulièrement inspiré. Mais on saluera une réalisation plus travaillée, accompagnée surtout de la mise en scène beaucoup plus brutal de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett. Replaçant l'iconographie des meurtres au centre du processus créatif, il offre parmi les séquences plus plus viscérales et sanglantes que la saga ait offert et montre un sens du gore particulièrement maîtrisé. Même si il faut reconnaitre qu'en dehors de ça, ils se reposent sur un classicisme plutôt ronflant.
Sans être ce que la saga aura offert de plus raté, ce nouveau Scream s'impose comme une suite bancale qui peine à vraiment trouver sa place au sein de la saga. Malgré un retour à une forme de slasher bien plus agressive et quelques tournants narratifs plutôt bienvenus, l'aspect méta du film assez foiré ainsi que ses personnages et son casting particulièrement peu intéressants en fond un opus moyen qui peinera vraiment à marquer.

Nightmare Alley
6.7

Nightmare Alley (2021)

2 h 30 min. Sortie : 19 janvier 2022 (France). Drame, Thriller, Film noir

Film de Guillermo del Toro

Flaw 70 a mis 10/10.

Annotation :

S'éloignant du cinéma fantastique qui a fait sa renommé, Guillermo del Toro adapte le roman de William Lindsay et fait de son Nightmare Alley une exploration glaçante de notre époque en la plaçant en parallèle de la Dépression des années 30.
Décortiquant son propre cinéma, le cinéaste se sert de l'histoire de cet escroc qu'est son protagoniste pour venir contempler avec horreur son propre mythe et y présente une industrie du divertissement viciée qui en est l'incarnation d'une époque sans avenir. Exploitant celui qui sera dans le besoin et consumant la misère humaine pour en tirer un profit, c'est notre époque troublé ainsi que l'industrie cinématographique que del Toro montre sauvagement du doigt. Jamais le cinéaste n'aura été aussi personnel et désabusé, faisant de son protagoniste une extension de lui-même se pensant trop malin pour échapper à la bête mais se voit confronté à sa propre monstruosité. Les croyances d'hier, autrefois source de poésie et de fantastique prêt à soigner la réalité, ne sont ici que des voiles mensongers au service de l'escroquerie qu'est le spectacle. Le divertissement n'est ici qu'une arme qui sert à abuser et manipuler, où même ses propres artisans s'y perdent devenant les complices et victimes de leur propre destruction.
La monstruosité devient ici le visage de la lâcheté et la folie de croire en son illusion, elle se matérialise autant dans l'ambition de l'Homme que dans la loi spirituelle que tout le monde applique, consumer et exploiter. Loi qui a forgé l'Homme et le monde dans lequel il vit aujourd'hui, un cirque, un jeu de dupes dont personne n'échappe. Ses rouages du film noir devenant intégralement au service de son propos quand bien même son intrigue s'avère attendu ou que sa narration tire un peu en longueur lors de sa première moitié. L'ensemble reste muni d'un écrin virtuose, entre sa somptueuse photographie et la mise en scène appliquée et élégante de del Toro qui atteint ici un niveau de maestria insolent.
Beaucoup plus implacable, dense et passionnant, le cinéaste signe avec Nightmare Alley une de ses œuvres les plus intimes et sidérantes. Rarement il n'aura semblé aussi amer, mais dans sa mise à nu il tire un coup de maître incontestable et offre probablement un des derniers vrais classique du film noir. Emmenant avec lui un casting brillant, dont un Bradley Cooper qui n'a jamais été aussi bon, Guillermo del Toro signe un grand film et incontestablement un de ses meilleurs.

L'Étau de Munich
6.3

L'Étau de Munich (2022)

Munich: The Edge of War

2 h 11 min. Sortie : 21 janvier 2022. Drame, Historique, Thriller

Film de Christian Schwochow

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Dans le climat tendu de pré Seconde Guerre Mondiale, Munich - The Edge of War explore la courte période qui mena aux accords de Munich dans un thriller historique qui joue un peu trop avec l'Histoire pour justifier son suspense.
Plaçant au centre de son récit l'amitié conflictuelle entre un jeune britannique et un allemand qui vont devoir œuvre ensemble pour exposer la menace que représente Hitler et faire réaliser à tous qu'une guerre est inévitable, le film prend un parti pris révisionniste plutôt étrange tant il ne dévie jamais de ce qu'il s'est passé mais pourtant invente une dramaturgie qui contredit pourtant les faits historiques. L'exemple le plus frappant viendra du traitement fait au Premier Ministre britannique, Chamberlain, qui se voit ici montré sous un jour particulièrement clément en le montrant comme quelqu'un de plus naïf que foncièrement lâche. De plus, le récit tend à essayer de faire croire que ce sont ses actions qui auront indirectement pu mener à la victoire des Alliés plusieurs années après. Mais même si cette partie du récit s'avère particulièrement raté, malgré pourtant la très bonne performance de Jeremy Irons, le reste s'impose comme un thriller d'espionnage plutôt efficace. La relation entre les deux protagonistes possède suffisamment de substance pour qu'on s'y attache et même si le suspense tombe souvent à plat car on sait ce qu'il va se passer, la tension est solidement gérée pour qu'on y reste investi.
Avec en plus un casting solide et une réalisation classique mais maîtrisée qui montre que Christian Schwochow est un metteur en scène sans génie mais appliqué, ce Munich - The Edge of War s'impose comme un divertissement plaisant qui même si il manque un peu d'ambition et que ses choix narratifs peine parfois à se justifier, il maîtrise suffisamment son rythme et sa tension pour qu'on passe avec lui un agréable moment.

Nos âmes d'enfants
6.8

Nos âmes d'enfants (2021)

C'mon C'mon

1 h 48 min. Sortie : 26 janvier 2022 (France). Comédie dramatique

Film de Mike Mills

Flaw 70 a mis 8/10.

Annotation :

Mike Mills continue sur la lancée de son cinéma en explorant l'inattendu des liens humains en faisant de son C'mon C'mon un récit initiatique intimiste et qui déjoue adroitement les clichés auquel il aurait pu facilement tomber.
Sur ce point, le cinéaste n'aura jamais semblé aussi accompli tant il orchestre son récit autour de l'apprentissage de l'écoute et de la communication avec beaucoup de savoir-faire et de sensibilité. Entre un enfant particulièrement éclairé et un adulte qui peine lui à exprimer ses sentiments, le film déconstruit habilement les attentes qu'on peut avoir sur ce genre d'histoire d'amitié. Les responsabilités de l'adulte ne sont pas tant d'arriver à apprivoiser et se faire apprécier par le jeune garçon mais plutôt d'arriver à assumer une position qui le dépasse clairement. Jamais l'adage du "des enfants qui ont des enfants" n'a jamais semblé aussi bien s'incarné tant tout le monde sont ici au même point face au tumulte existentiel.
De manière minimaliste mais très complète, Mills brosse le portrait de ses personnages avec beaucoup d'empathie et il les englobe d'une bulle de douceur au milieu de l'incertitude de la vie. Le film s'avère doux et plein de charme parvenant à se montrer particulièrement touchant dans l'exploration de sa relation centrale. Tenu en plus par un excellent casting où Joaquin Phoenix et Woody Norman irradie de justesse et naturel, partageant une alchimie renversante. Avec sa réalisation aboutie, notamment sa très jolie photographie en noir et blanc, le film profite aussi de la mise en scène élégante et épurée de Mike Mills qui parvient sans peine à laisser respirer ses acteurs et ses plans pour mieux en faire sortir l'émotion.
C'mon C'mon s'impose donc comme un très beau film. Une jolie réflexion sur l'importance de l'écoute et de l'apprentissage de la communication. Montrant que l'importance n'est pas dans la réussite mais dans la volonté de se rapprocher des autres, s'ouvrir à eux mais surtout s'ouvrir à soi-même. Porté par un duo central attachant et surtout touchant, on se retrouve face à une œuvre sensible et consciencieuse qui brille par sa finesse.

A Journal for Jordan
5.5

A Journal for Jordan (2021)

2 h 11 min. Sortie : 3 octobre 2022 (France). Drame

Film de Denzel Washington

Flaw 70 a mis 4/10.

Annotation :

Coincé dans ses convictions très américaines, véhiculant des convictions qui semblent sortir d'un autre temps, A Journal for Jordan s'impose comme un drame larmoyant et pompeux qui échoue à vraiment créer une empathie et des émotions pour ses personnages et son histoire.
Pourtant tiré d'une histoire vraie, le récit dévitalise ses protagonistes pour n'en faire que des véhicules sur des idées préconçues les rendant étrangement caricaturaux et clichés. Pas aidé par des dialogues qui manquent cruellement de naturel, à aucun moments on a l'impression de suivre un drame autour d'êtres humains tant ils finissent plus qu'à incarner des idéaux américains et moralisateurs. Pourtant sur son premier tiers, le film se montrait plutôt intéressant dans son approche et surtout sa façon très naturelle et organique dont il débute la romance qui sera au final central au récit. Mais ce dernier finit par perdre en focus et se fait rattraper par l'histoire qu'il est censé raconter. Même sa protagoniste finira par s'effacer tant son travail et son indépendance se voient remis en question par sa position de femme et de mère pour finalement plus que la caractérisé à travers le modèle familiale et chrétien américain.
Pas aidé par son symbolisme ringard que Denzel Washington adopte pourtant à bras le corps et qui résulte en une mise en scène maladroite entre effets de manche foireux et platitude étonnante qui donne plus à l'ensemble des allures de téléfilms. Le casting est ce qui s'en sort le mieux tant les acteurs se démènent pour être investi et crédible, en tête un toujours très bon Michael B. Jordan. Mais ce n'est pas suffisant pour vraiment sauver ce A Journal for Jordan qui s'impose comme un mélodrame forcé, pompeux et anodin qui ne tombe jamais dans le ratage complet mais flirte un peu trop avec la leçon de moral fumeuse.

Red Rocket
6.7

Red Rocket (2021)

2 h 08 min. Sortie : 2 février 2022 (France). Comédie, Drame

Film de Sean Baker

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Continuant à dessiner le portrait de l'Amérique à travers l'exploration de ses marginaux, Sean Baker change un peu de registre avec son Red Rocket prenant comme protagoniste un individu antipathique qui survit de combines minables et manipulations pathétiques.
Là où l'empathie était un des vecteurs principaux de son cinéma, il arbore ici un ton plus moqueur et incisif en plaçant son anti-héros comme un parasite assez minable et ridicule qui sera souvent rabaissé dans son périple. A mi-chemin entre le proxénète de bas étage et l'adulescent raté, il sera le vecteur principal du récit qui lui voue malgré tout une fascination parfois mal placée notamment lorsqu'il se concentre sur la relation borderline qu'il entretiendra avec une adolescente de 17 ans. Dénonçant la figure du white trash qui devient le visage d'un rêve américain déviant, Baker reste néanmoins coulant avec son protagoniste qui flirte plus avec le looser magnifique que le prédateur sociopathe qu'il laisse transparaître.
On se retrouve donc face à une écriture moins pertinente, comme si le cinéaste ne savait pas non plus comment aborder les nuances morales de son récit et de ses personnages. Un peu trop long aussi pour son propre bien, on reste néanmoins happé par la qualité de ses dialogues mais aussi son humour grinçant qui parvient néanmoins à toucher du doigt un problème fondamental de l'univers du star-system et de l'exploitation d'une misère provinciale à travers des rêves de succès empoissonnés et véhiculé par des bonimenteurs. Le film bénéficie aussi de son excellent casting avec en tête un Simon Rex magnétique mais surtout une Suzanna Son magistrale par son naturel et son énergie. Avec sa réalisation soignée, le film parvient aussi à créer une ambiance assez unique et plutôt enivrante malgré la mise en scène un peu en retrait de Sean Baker qui tend un peu à répéter ses tics formels sans parvenir à les renouveler.
Red Rocket est un bon film, bien exécuté avec des dialogues ciselés et un casting aux petits oignons mais qui se perd un peu trop dans les lignes de moralités pour savoir poser un vrai point de vue sur son protagoniste. Ce flou qui émerge sera donc le gros frein d'un récit pourtant intelligent dans son propos mais qu'il incarne un peu trop avec timidité. Sans être honteux vis à vis de ses précédents films, on est face à une œuvre plus tiraillée et moins marquante qui reste comme un passage mineur dans la filmographie de son auteur.

Waldo, détective privé
5.7

Waldo, détective privé (2021)

Last Looks

1 h 50 min. Sortie : 17 février 2022 (France). Action, Thriller

Film de Tim Kirkby

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Se voulant en film néo-noir dans la veine du cinéma de Shane Black, Last Looks s'entoure d'un casting plutôt prestigieux pour entretenir un film d'enquête guère palpitant mais qui parvient quand même à s'imposer en sympathique divertissement.
Pourtant assez prévisible dans ses rouages narratifs, et même assez foiré lorsqu'il s'essaie aux clichés du genre avec notamment son traitement de la femme fatale qui tombe totalement à l'eau, le film peine vraiment à proposer un récit engageant. Plus original par l'apport de son protagoniste assez foutraque qui donne à l'ensemble un vent de fraîcheur plutôt bienvenu. Le film repose quasiment intégralement sur ses épaules et peut compter sur un Charlie Hunnam investi pour lui donner un charisme et une présence louable grâce à sa très bonne performance. On se laisse guider avec lui à travers les péripéties et le film dispose ici et là de situations cocasses qui sauront parfois tirer un sourire ainsi que quelques personnages secondaires plus intéressants comme celui incarné par un très bon Mel Gibson.
Tenu par une réalisation assez générique qui manque un peu de relief et de personnalité, notamment dans sa photographie plutôt quelconque, le film possède néanmoins la mise en scène plutôt maîtrisée de Tim Kirkby. Accentuant progressivement son rythme et son énergie, il permet au film de monter progressivement en puissance au fur et à mesure de l'éveil de son protagoniste. La démarche est classique mais plaisante surtout qu'elle s'accorde avec quelques passages plus légers qui brille par la récurrence de certains détails qui s'impose en running gags convaincants.
Last Looks ne casse pas des briques mais s'impose quand même en divertissement sympathique. Loin d'être un film vraiment réussi, il parvient ici et là à offrir quelques moments plus inspirés et qui fonctionne pleinement. Ne cherchant jamais à renouveler son genre et manquant de la vivacité et de la précision d'écriture des aînés du genre, il applique néanmoins sa formule en bon élève et profite de son attachant protagoniste. Sans génie mais plutôt honnête.

Wolf
5.3

Wolf (2021)

1 h 38 min. Sortie : 11 septembre 2022 (France). Drame, Thriller

Film de Nathalie Biancheri

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Malgré un sujet plutôt intéressant, Wolf peine pleinement à l'incarner se perdant dans son allégorie sociale qui manque de profondeur et de subtilité.
Ici la jeune cinéaste Nathalie Biancheri décide de traiter son sujet à travers les clichés du genre plutôt que de donner à son film un traitement plus en adéquation avec son récit. Plus une critique d'un milieu hospitalier aliénant qui méprise et humilie ses patients, montrant ici la ligne floue entre la compassion et l'animosité. Intéressant vue le sujet qui explore justement la dissociation entre l'Homme et l'animal, et que l'humain est bien plus synonyme de complaisance et de cruauté face à la pureté spirituelle de l'animal. Mais ici le film va choisir une approche parfois trop caricaturale et suivre une intrigue mainte fois vu et donc forcément attendu.
Ne se sortant jamais de la citation à ses aînés, le film peine à créer de l'émotion et de l'empathie restant étonnamment froid et insensible de son approche. Même si les acteurs sont au top de leur forme, notamment un George McKay impressionnant dans sa physicalité mais aussi la force de son jeu. On notera aussi un Lily Rose-Depp plutôt inspirée et bien meilleur qu'à son habitude. Malgré tout la mise en scène de Nathalie Biancheri peine à garder une constance sur son récit. Plutôt habile dans son approche sensorielle, elle filme les corps avec adresse et un érotisme palpable dans quelques séquences plutôt impressionnante. Mais lorsqu'elle se retrouve dans la routine de la clinique, elle se perd dans une approche plus classique et moins pertinente.
Malgré tout le film peut compter sur une réalisation technique solide ainsi qu'une très jolie photographie permettant à ce Wolf de s'imposer en film bancal mais intriguant. Plutôt moyen par son récit un brin caricatural et attendu, le film trouve quelques coups de grâce lorsqu'il cède au sensoriel et laisse son très talentueux casting habiter l'écran.

Mort sur le Nil
5.3

Mort sur le Nil (2022)

Death on the Nile

2 h 14 min. Sortie : 9 février 2022 (France). Policier, Drame

Film de Kenneth Branagh

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Suite au succès de Murder on the Orient Express, Kenneth Branagh continue à adapter les aventures d'Hercule Poirot en y adaptant son autre roman le plus célèbre et probablement un des meilleurs, Death on the Nile.
Malgré tout, on se retrouve face à une suite qui mise bien trop sur la surenchère. Le premier opus essayant déjà de dynamiser et moderniser assez maladroitement son protagoniste mais ici le film va encore plus loin, confondant faire plus avec le fait de faire mieux. Commençant sur un flashback bancal sur la jeunesse du protagoniste, le film se sent même obligé de venir servir une origin story sur la célèbre moustache du détective. Une scène qui met bien en avant la note d'intention du film, celle de tout sur-expliquer avec des gros sabots. C'est dans cette continuité que la première moitié du récit s'enchaîne et sert de set-up. Beaucoup trop longue, dans le seul but de donner un peu de temps à l'écran à Gal Gadot qui vu son jeu médiocre aurait gagné à justement être moins présente.
Le film évente tout suspense alors qu'il montre dès le début toute ses cartes et l'on devine très vite qui sera amené à faire quoi. Que l'on connaisse ou non l'histoire, le film déroule son intrigue sans la moindre finesse et peine à retrouver les éléments qui avait rendu le premier film un tant soit peu sympathique. Moins empathique dans son approche, le film perd aussi son sens du rythme tant il peine à se lancer car il faudra bien attendre 1h avant que le meurtre arrive, diminuant drastiquement la partie liée à l'enquête. Le casting parvient à tenir la barque malgré des performances parfois inégale ou un peu too much à l'image d'un Armie Hammer sans nuance ou un Kenneth Branagh qui a tendance à forcer un peu le trait. Malgré tout, en dehors d'un abondance de fond verts assez hideux, le film possède une mise en scène un peu plus inspirée. Dans la deuxième partie lorsque l'enquête prend de l'ampleur, Branagh accompagne son récit avec une emphase et une élégance plutôt bienvenu et qui donne quelques plans plutôt réussis.
Death on the Nile est une suite qui tient debout pour son plaisir régressif d'une approche qui joue plus sur le charme pulp et le glamour. Sans subtilité aucune, il possède néanmoins quelques plans plus élégants et une deuxième moitié de récit qui possède quelques moments un peu plus inspirés. Mais avec son casting inégal et son rythme en dent de scie, on se retrouve face à une suite moins efficace qui peine à n'être qu'un divertissement plutôt moyen.

The Innocents
6.9

The Innocents (2021)

De uskyldige

1 h 57 min. Sortie : 9 février 2022 (France). Épouvante-Horreur, Thriller, Drame

Film de Eskil Vogt

Flaw 70 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Beaucoup de films ont exploré la thématique de l'enfance à travers le fantastique et en la plaçant au centre d'un film d'horreur, mais rare sont ceux qui ont réussi à le faire de manière aussi glaçante que ce De uskyldige.
Collaborateur régulier de Joachim Trier, Eskil Vogt passe pour la deuxième fois derrière la caméra et signe un film ambitieux, qui ne recule jamais devant la froideur et la cruauté de son récit. Explorant l'enfance comme une force hyper sensorielle, il en fait les reflets de l'humanité dans le large spectre des émotions humaines. Autant sadique que compatissant, ils apparaissent plus que jamais comme des petits êtres à vifs lâchés dans les cruelles règles de l'apprentissage. A travers leur façon d'appréhender leur pouvoir, c'est la vie et ses aléas qu'ils doivent encaisser, entre joie et déception, amitié ou abandon, c'est à travers les expériences que l'on fait l'apprentissage du bien et du mal. Ici Vogt en fait un terrain de jeu déviant où les ténèbres n'ont jamais paru aussi sombre mais où les éclats de lumières aussi lumineux.
Sensible, le film ne perd jamais de vue l'humain même à travers ses scènes les plus choquantes. Ne faisant aucune concession envers ses personnages, le film frappe fort et remue. Le cinéaste en profite pour y apporter une mise en scène implacable, privilégiant les plans longs pour instaurer l'angoisse, il sait aussi céder à une approche plus abstraite lorsqu'il contemple le surnaturel. Avec ses plans aériens nébuleux ou ses séquences de cauchemars anxiogènes, il ne recule pas non plus devant une approche beaucoup plus concrète et violente de son fantastique. Par son minimalisme sourd, le film parvient à en tirer quelques séquences spectaculaires par leur tension. Le tout emporté par une réalisation sophistiquée, en particulier une superbe photographie.
Tenu aussi par de jeunes acteurs talentueux, De uskyldige s'impose comme une superbe réussite. Un film glaçant et prenant qui traite son sujet avec une rare intelligence. Ambitieux dans son approche du fantastique, il ne recule jamais devant son spectacle et l'impacte de sa violence. Une habile réflexion qui possède aussi quelques jolis moments d'humanité notamment avec sa marquante conclusion. Même si parfois il y va de ses quelques facilités, il n'en reste pas moins un très bon film.

Moonfall
4

Moonfall (2022)

2 h 10 min. Sortie : 9 février 2022 (France). Action, Aventure, Science-fiction

Film de Roland Emmerich

Flaw 70 a mis 3/10.

Annotation :

Toujours pas lassé de détruire le monde, qui se résume pour lui à l'Amérique, Roland Emmerich replonge dans tout les poncifs de son cinéma avec Moonfall et offre son maxi best-of bien gras, bien con et souvent indigeste de son cinéma.
On ne va pas voir les films de Emmerich pour la finesse de leur écriture, là où le scénario est souvent prétexte à du destruction porn bien régressif. Mais il faut reconnaitre qu'ici le cinéaste allemand le plus américain ever s'est surpassé dans sa façon de conjuguer les plus gros clichés possibles dans une intrigue fumeuse digne des plus grands thread conspirationnistes sur reddit. Le film est un carnage à tout les niveaux tant il peine à caractériser ses personnages, s'essaie à un humour de bas étage et traite son récit avec une sérieux lunaire malgré le niveau de débilité de ce qu'il tente de nous faire avaler. Scindant son histoire en deux parties entre la mission spatiale qui régurgite les idées probablement avortés de Independance Day 3, et l'aventure terrestre qui tente de rejouer maladroitement le film catastrophe 2012 à coup d'effusions familiales assez nauséabondes. Le film s'avère indigeste, sans surprises et cumule tout les relents patriotiques du cinéma de Emmerich, des valeurs familiales hasardeuses jusqu'au sempiternel sacrifices pleine d'emphases, préférant l'héroïsme pompeux à un vrai rapport humain avec ses personnages.
Le pire étant qu'il ne parvient pas non plus à proposer un spectacle édifiant tant ses visions apocalyptiques semblent tristement se répéter. La mise en scène s'avère dénuée de spectaculaires à force de surenchère qui confond le gigantesque avec le ridicule tant la vision de la Lune qui se crashe sur la Terre tant à s'imposer comme une image plus involontairement drôle que franchement horrifiante. Pas aidé en plus par des effets spéciaux foirés, le film jongle entre le film de SF turbo débile à coup de twists fumeux et le film catastrophe qui s'impose par une mollesse sidérante. Avec en plus son casting totalement aux fraises qui semble ici que pour cachetonner, et s'avère au service des dialogues les moins bien écrits vu depuis déjà un bon moment.
Moonfall est tout simplement une nouvelle preuve que le cinéma de Roland Emmerich est bel et bien has been. Ne parvenant plus à produire le frisson régressive qu'il parvenant si bien à conjuguer il y a quelques années, le cinéaste se répète sans jamais parvenir à se renouveler. Il n'en reste que ses pires défauts dans un film terriblement mauvais.

Enquête sur un scandale d'État
6.2

Enquête sur un scandale d'État (2021)

2 h 03 min. Sortie : 9 février 2022. Drame, Thriller

Film de Thierry de Peretti

Flaw 70 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Inspiré d'une histoire vraie, Enquête sur un scandale d'Etat s'impose comme une reconstitution minutieuse d'un scandale policier que Thierry de Peretti explore avec une radicalité assez étonnante.
On est très vite surpris, et ce dès sa scène inaugurale, de voir que le film prend une approche si peu cinématographique. Documenté et précis dans son écriture, le scénario à la bonne idée d'explorer son récit avec une absence salvatrice de prise de position. Trouble, se plongeant dans les nuances, le cinéaste déroule une enquête où les tenants et aboutissants semblent échapper à ses personnages et à lui-même et donc par extension son spectateur. Totalement immergé dans l'enquête, on devra se faire ses propres conclusions face aux faits qui nous sont exposés et cela s'impose comme un partie pris audacieux. Le film n'apparaît pourtant jamais timide avec son sujet et en prend la pleine mesure de sa complexité.
Misant sur le naturel de ses dialogues et de ses comédiens, le film apparaît presque dénué de directions. Les acteurs semblent ici plus vrais que nature tant il ne semble plus être des personnages mais bel et bien des personnes issues d'un fait divers. Ces derniers opèrent un travail d'équilibriste tant il brille de naturel dans une approche qui tient plus du documentaire que du film de fiction. Avec sa mise en scène minimaliste, Thierry de Peretti aborde son intrigue avec un détachement étonnant. Absence quasiment totale de rythme, tension sourde omniprésente et scènes qu'il étire jusqu'à l'extrême, le cinéaste prend une approche mal aimable mais qui incarne à la perfection les tâtonnements et frustrations d'une investigation et met habilement en lumière la rigueur du travail journalistique.
Enquête sur un scandale d'Etat est un film admirable par sa radicalité mais qui risque aussi de laisser pas mal de monde sur le carreau. Dans son approche anti cinématographique, le film va en accuser des longueurs inévitables tant il fait le choix d'un non rythme. Rigoureux et passionnant dans son approche intellectuelle, le film manque parfois à ses devoirs de fiction mais propose néanmoins une œuvre atypique qui reste fidèle à sa ligne directrice et s'impose comme une complexe mais édifiante réussite.

Uncharted
5.1

Uncharted (2022)

1 h 56 min. Sortie : 16 février 2022 (France). Action, Aventure

Film de Ruben Fleischer

Flaw 70 a mis 4/10.

Annotation :

Les adaptations de jeux vidéo au cinéma n'ont jamais été de franches réussites, même si l'on a à faire à deux médias qui n'ont pas cessés de s'inspirer l'un à l'autre ses dernières années, ils sont aussi deux médias assez différents et qui fonctionne indépendamment.
Uncharted est d'autant plus un cas particulier car même si elle s'impose comme une des franchises les plus cinématographiques des œuvres vidéoludiques, elle fonctionne avant tout grâce à ses mécanismes de jeu vidéo et par sa façon de plonger activement le joueur dans un film d'aventures. Il était donc évident que l'adaptation cinématographique ne pourrait rien apporter de nouveau à un genre qui a connu de nombreuses itérations au cinéma. Prenant certains éléments narratifs issues des jeux et en les remodelant assez drastiquement, le scénario en devient donc le récit cliché de la chasse au trésor dans une formule qui manque souvent d'intelligence et de recul. Le film accumule les facilités narratives et dévitalise les personnages et leur relations de leur substance, devenant des copies qui paraissent plus factices que ceux des jeux vidéos.
Ayant réussi à mettre l'emphase sur ses personnages et ayant su laisser la place à l'émotion, surtout dans son excellent 4e opus, les jeux avaient mis la barre très haut en terme de narration et de densité de l'histoire mais aussi le jeu de ses acteurs que le film ne parvient même pas à effleurer. Le casting est un miscast complet entre acteurs sans charismes et dont aucun possède la moindre alchimie avec une palme qui revient à Mark Wahlberg qui est dans un non jeu complet plutôt embarrassant. On a donc du mal à croire à ses personnages caricaturaux et s'investir avec eux. Pourtant Ruben Fleischer essaie d'injecter un peu de dynamisme à son film. Même si on déplore une photographie anecdotique et des effets spéciaux inégaux, le film arbore une réalisation plus ambitieuse qui tente un peu plus de privilégier les décors naturels et le dépaysement. Avec un sens du rythme efficace, cela s'impose comme un plus appréciable même si la mise en scène manque de panache et de savoir-faire, ne retrouvant jamais la surenchère spectaculaire de la franchise et offrant même quelques scènes d'actions parfois difficilement lisibles.
Uncharted s'impose donc comme une adaptation décevante, fade et désincarnée. Sous-écrit, mal casté et filmé sans grande conviction, on est face à un divertissement qui se contente trop du strict minimum malgré une production value solide.

BigBug
4

BigBug (2022)

1 h 51 min. Sortie : 11 février 2022. Comédie, Science-fiction

Film de Jean-Pierre Jeunet

Flaw 70 a mis 2/10.

Annotation :

Après presque une décennie d'absence, Jean-Pierre Jeunet refait enfin un film en passant par la case Netflix. Un retour tant attendu pour ses fans tant il a su s'imposer comme un des cinéastes les plus créatifs et passionnants du cinéma français. Mais pourtant son Bigbug est la preuve qu'il ne fait pas bon de vieillir tant Jeunet vient d'assurément signer son pire film à ce jour.
Voulant explorer les questionnements autour de l'intelligence artificielle et des nouvelles technologies, le cinéaste prend très vite la direction d'un regard de vieux con. Entre ses personnages insupportables et libidineux qu'il prend constamment de haut, Jeunet prend une attitude moqueuse et rend toute satire, qui aurait pu être pertinente sur l'évolution du monde à travers un système toujours plus connecté et parfois même abrutissant, totalement obsolète en raison de son approche dégradante et peu subtile. Prenant la forme d'un huit clos et le ton d'une comédie de vaudeville, le film ne parvient jamais à rendre son univers cohérent. Trop orienté vers son humour indigeste et trop confiant dans sa position de boomer prétentieux, le scénario en oublie de vraiment poser les bases de son background. On y perçoit une position politique fragile qui tant à créer des enjeux et cause le confinement qui lancera le récit, mais jamais on ne comprendra les tenants et aboutissants d'un élément qui prendre pourtant au fur et à mesure une place centrale dans l'intrigue.
Le problème étant que Jeunet explore la technologie sans jamais vraiment la comprendre et donc l'expose de manière grossière et invraisemblable rendant son scénario particulièrement malaisant et inconsistant. Pourtant habile par le passé pour justement jouer sur le malaise et la gêne à travers des univers loufoques, Jeunet devient ici la parodie ringarde de son propre style. Pas aidé par un casting absolument catastrophique dont aucun semble savoir vraiment dans quoi ils jouent et ce qu'ils sont censé apporter tandis que la réalisation technique se montre particulièrement infâme. Entre sa direction artistique cheapos et ses effets spéciaux hideux, notamment une abondance de fond verts qui brûle la rétine, le film souffre d'une esthétique ridicule et pauvre qui conjugue avec la mise en scène mollassonne et vulgaire de Jean-Pierre Jeunet. De quoi faire de Bigbug un ratage dans les grandes largeurs et un film absolument catastrophique ou rien est à sauver.

Kimi
6.1

Kimi (2022)

1 h 29 min. Sortie : 10 mars 2022 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Steven Soderbergh

Flaw 70 a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Se lançant dans le thriller hitchcockien avec Kimi, Steven Soderbergh accouche d'un divertissement tendu et efficace mais vite rattrapé par ses limites d'un genre éculé qu'il peine à vraiment transcender.
Muni d'un scénario un peu facile et cliché, avec son héroïne torturée et considérée comme peu fiable qui finira par être seule témoin d'un crime dont personne ne voudra croire qu'il a été commis. Même si le fait que le récit prend place à travers la technologie et la politique nocive des multinationales, venant ici confronter la notion de pouvoir et de corruption, donne à l'ensemble un propos plutôt pertinent, le fait que cela soit abordé de manière si superficielle tant à en amoindrir son impact. Préférant l'immédiateté de son suspense et de sa tension à la force évocatrice de son scénario, le film en néglige ses personnages et prend un recul peut-être trop froid avec ce qu'il essaie de raconter.
Même si cette froideur brille lorsque le film regarde droit dans les yeux la cruauté d'hommes de pouvoir prêt à tout pour se couvrir, il faut reconnaitre qu'on peine un peu plus à s'investir du côté émotionnel. Mettant aussi 40 minutes à vraiment se lancer, ce qui est énorme pour un film qui n'en fait que 1h30, son approche serré et épuré se montrera finalement vraiment palpitante lors de la deuxième moitié du film lorsque sa protagoniste prendra ici une part plus active. Se servant d'ailleurs un peu trop de ses troubles psychologiques comme moteur narratif pour la limiter dans ses actions, le film peine à sortir des sentiers battus quand à la caractérisation de son personnage. Néanmoins Zoë Kravitz offre ici une excellente performance et le film peu aussi compter sur un Steven Soderbergh très en forme pour dynamiser l'ensemble.
Avec sa mise en scène appliquée, il parvient à donner à l'ensemble une approche sensorielle pertinente et salvatrice. La manière dont il aborde le vertige de sa protagoniste lorsqu'elle quitte son domicile où qu'il juxtapose l'effroi de cette dernière face à la froideur implacable du meurtre dont elle sera témoin montre toute sa maîtrise pour asséner des plans percutants et brillamment pensé. Le tout allant jusqu'à se conjuguer dans un dernier acte palpitant et tendu qui impressionne par sa précision. Kimi est donc un thriller efficace, resserré et plutôt plaisant qui parvient à palier son scénario un peu trop attendu et superficiel par une approche formelle audacieuse et une actrice principale bourrée de talent.

Belfast
6.3

Belfast (2021)

1 h 38 min. Sortie : 2 mars 2022 (France). Drame

Film de Kenneth Branagh

Flaw 70 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Cela fait plusieurs années que Kenneth Branagh ne s'est pas donné la peine d'écrire lui-même ses films, devenant un peu un yes man au service des gros studios. Avec Belfast il entend changer la donne alors qu'il reconnecte avec le cinéaste en lui en venant signer un de ses films les plus personnels car directement inspiré de sa propre enfance.
Beaucoup de cinéastes se lancent dans l'introspection arrivé à un certain âge, Scorsese étant passé par là et bientôt Spielberg qui travaille sur son propre film autobiographique. Ici Branagh contemple avec beaucoup de tendresse sa jeunesse pour le moins atypique car plongé en plein cœur des Troubles qui frappa l'Irlande à la fin des années 60. Dans un quartier en plein conflit, il va aborder sa situation familiale et les premiers émois autour de sa passion avec beaucoup de délicatesse. Même si il navigue sur des éléments assez attendus, notamment entre les tensions qui s'accumulent entre ses parents qui s'avèrent pour le moins classique, il porte sur eux un regard bienveillant et parvient indéniablement à les rendre attachants.
L'ensemble est finement écrit sur la partie familiale qui fait le cœur solide du film, même si on regrettera une approche parfois un peu laxiste autour du conflit qui grondait à Belfast. Se limitant au quartier de son protagoniste et à sa seule vision, le cinéaste tant à manquer d'audace tant il peine à pleine capter avec justesse le regard de l'enfance. Jouant sur ce point la caricature, il préférera jouer sur quelques effets un peu faciles pour dramatiser son récit au risque de tomber dans le too much. Sur ce point, on regrettera une mise en scène empli d'excès de zèle et de sensationnalisme mal placé de la part de Kenneth Branagh qui démontre encore son absence de finesse et de subtilité quand à son approche formelle.
Il peut cependant compter sur un casting exemplaire pour tenir l'ensemble, et même si son film n'est pas exempt de défauts, il parvient à faire de Belfast une de ses œuvres les plus réussis en près de 20 ans. Un retour aux sources donc plutôt bienvenu pour le cinéaste qui propose un film attachant, léger et drôle qui parvient à s'imposer comme une jolie réussite même si l'ensemble aurait gagné à avoir un regard plus affirmé.

The Batman
7

The Batman (2022)

2 h 56 min. Sortie : 2 mars 2022 (France). Action, Drame, Policier

Film de Matt Reeves

Flaw 70 a mis 9/10.

Annotation :

Probablement un des super-héros le plus populaire et le plus adapté au cinéma, Batman se voit ici offrir une nouvelle itération indépendante de l'univers DC qui a été mis en place et permet d'offrir au personnage une relecture plus intimiste sous la houlette de Matt Reeves.
Le cinéaste continue à prouver sa place très intéressante d'un cinéaste populaire qui parvient à donner à ses films un savoir-faire auteuriste non négligeable. Parvenant à donner à un personnage qu'on pourrait croire trop exploité une nouvelle direction rafraîchissante en faisant lorgner son récit du côté du polar et replaçant son protagoniste vers ses autours de détective. Plus terre-à-terre et minimaliste dans son approche, Reeves signe une intrigue certes prévisible et qui s'éparpille dans des sous-intrigues qui traînent parfois en longueurs mais il parvient à replacer ses personnages et les caractériser avec une certaine intelligence.
Se construisant sur un propos politique pertinent et brillamment actuel, le film confronte vraiment son protagoniste avec sa position trouble de justicier et vient le replacer en symbole d'héroïsme souvent bouleversant. Laissant de côté la persona de Bruce Wayne pour nous plonger comme jamais dans l'intimité de Batman, il arrive à y aborder sa rage et son symbole comme jamais les adaptations live n'ont su le faire jusque là. Véritable évolution d'un personnage que l'on voit grandir et évoluer d'un élément de peur à celui d'espoir, le film propose un character arc passionnant et parfaitement exécuté qui permet à Robert Pattinson de livrer une performance intense et nuancé qui impressionne d'autant plus qu'on ne voit quasiment jamais son visage.
Avec sa réalisation somptueuse, dont son impressionnante photographie et un score virtuose de Michael Giacchino, Matt Reeves offre une mise en scène minutieuse et abouti qui parvient à réiconiser ses personnages avec une adresse remarquable. Prenant son temps à travers des plans longs et une ambiance lourde, il donne à son film une atmosphère palpable qui magnifie une Gotham qui n'a jamais semblé aussi vivante et poisseuse. Distillant ses séquences d'actions avec parcimonie, celles-ci s'avèrent sèches, précises et brutales donnant au personnage une stature terriblement imposante. Avec The Batman, Matt Reeves offre une des itérations les plus humaines, fragiles et passionnante du personnage avec son casting parfait et son approche formelle qui n'a jamais paru aussi sublime.

Fresh
6.1

Fresh (2022)

1 h 54 min. Sortie : 4 mars 2022. Comédie, Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Mimi Cave

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Thriller à l'humour grinçant et satirique qui explore les relations hommes-femmes via un sexisme pleinement digéré et qui s'affiche sans vergogne pour consumer la féminité et la réduire à un produit de luxe destinés aux privilèges de classes. Car sous ses allures de film de tueur en série, Fresh dénoue un propos à charge pertinent mais qu'il n'explore jamais en profondeur.
Mimi Cave se montre assez frontale quand au sexisme ambiant toujours très présent dans une masculinité qui ne cherche qu'a s'approprié et contrôler l'image de la femme. Elle se montre même assez évidente lorsqu'elle compare la nouvelle tendance du dating comme une commodité de supermarché où les rencontres et relations en sont plus que des produits à estimer comme l'on choisirait quel fruit est mûr et un autre pas assez à notre goût. Trainant même ce processus à la comparaison d'un prédateur qui en viendrait à choisir sa prochaine proie. Assez rafraichissant et donc inventif dans ses parallèles, notamment en couplant les codes de la comédie romantique à ceux du thriller avec une tendance pour le body horror tant ce dernier ne devient finalement qu'un produit de présentoir et de consommation.
Explorant donc une relation ambigu dans un jeu de chat et de souris entre une proie et son prédateur, le film fonctionne par son sens de l'humour déviant et son approche qui privilégie l'efficacité à la subtilité. Plutôt intriguant dans sa mythologie qui vient clairement dénoncer les privilèges des plus riches et des plus puissants, il est juste dommage que le film laisse trop cet aspect en toile de fond et qu'il cède à une conclusion un peu trop abrupte pour marquer sa pertinence. Néanmoins l'ensemble s'avère excellemment joué par un duo d'acteur au top entre un Sebastian Stan charismatique et irrésistible dans son jeu à contre-emploi mais surtout une Daisy Edgar-Jones plus nuancée et qui démontre l'étendu de son talent. Une actrice clairement à suivre de près.
Fresh possède aussi une réalisation habile quoique un peu classique et surtout très sobre sur son approche graphique qui évite consciencieusement le gore. Préférant la suggestion, la démarche n'engendre pas autant de malaise qu'elle le souhaiterait mais propose un rendu sophistiqué avec un travail minutieux sur le son. Le film s'impose donc comme une réussite dont on en attend quand même un poil plus pour vraiment se démarquer mais qui s'impose néanmoins comme un premier film maitrisé et pertinent.

Alerte rouge
6.4

Alerte rouge (2022)

Turning Red

1 h 40 min. Sortie : 11 mars 2022. Animation, Aventure, Comédie

Long-métrage d'animation de Domee Shi

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Nouvelle production des studios Pixar, Turning Red est encore une fois une belle vitrine technologique pour le studio et le cinéma d'animation tout en offrant ici une perspective rafraîchissante sur la question de la puberté. Avec en plus une vraie volonté de diversité dans la représentation de ses personnages, on sent une volonté de proposé une démarche inédite même si l'ensemble s'embourbe dans les lacunes d'une formule qui peine à se renouveler.
Sur son sujet, même si celui-ci s'avère intéressant et assez peu exploité dans le cinéma d'animation et encore moins de manière aussi frontale, on reste face à un récit terriblement attendu qui emploie les mêmes rouages narratifs que le studio nous sert depuis 20 ans. Une vision toujours assez similaire et conservatrice de la famille tout comme sa morale sur l'importance de l'amitié et des liens qu'on tissent en grandissant, on se retrouve sur des rails bien huilés mais que l'on connait désormais par cœur. Et même si on ressent la volonté d'appliquer un nouveau vernis sur l'ensemble, on est jamais surpris par un scénario en pilotage automatique qui peine vraiment à rendre ses personnages vivants offrant un ensemble assez caricatural et qui manque un peu d'émotions, pourtant habituellement un des points forts du studio.
Néanmoins son humour ici fait pleinement mouche et parvient à se renouveler avec beaucoup de malice. Cela faisait un moment que Pixar ne nous avait pas proposer un spectacle aussi hilarant et même si le film peine à offrir un propos plus mature et solide que ce qu'il a fait par le passé, sur sa partie comédie ils n'ont rarement été aussi en forme. L'ensemble s'avère en plus assez énergique sur sa partie formelle avec une réalisation enlevée et une mise en scène de Domee Shi qui lorgne avec habilité vers le foisonnement et l'excentricité des animés japonais. On regrettera juste une direction artistique un brin simpliste qui tranche avec la qualité impressionnante d'une animation toujours aussi experte.
Avec son casting vocal irrésistible, Turning Red s'impose comme une bonne réussite même si encore une fois Pixar semble s'être enfermé dans une formule qui ne se renouvelle plus et qui tend maintenant à amoindrir même ses propositions les plus originales. Personnages caricaturaux et structure narrative sans génie font que le film ne parvient jamais vraiment à décoller mais reste rattraper par son humour irrésistible. Un bon film, mais un Pixar qui restera assez mineur.

Adam à travers le temps
5.5

Adam à travers le temps (2022)

The Adam Project

1 h 46 min. Sortie : 11 mars 2022. Action, Aventure, Comédie

Film de Shawn Levy

Flaw 70 a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Collaborant à nouveau avec Ryan Reynolds, Shawn Levy signe un divertissement dans la continuité de son cinéma et continue à contempler le cinéma des années 80 en tentant un resucé des productions Amblin de la grande époque. Faisant de ce The Adam Project un film pour le moins attendu mais loin d'être déplaisant.
Malgré son scénario formaté et qui accuse de lourdes facilités dans son déroulement et son histoire de voyage dans le temps, l'ensemble parvient à éviter les travers des derniers films de Ryan Reynolds. Même si ses exubérances persistent et qu'il reste le cœur du projet, le récit à le mérite de ne pas tourner qu'autour de ses pitreries et parvient à donner une narration plus ambitieuse sur ses élans tragiques. Sans être vraiment abouti, le film tente de joueur sur une verve plus dramatique et offre quelques enjeux dramatiques bienvenus et correctement exécutés qui rendent le tout parfois vraiment touchant. Cela permet de trouver une bonne alchimie avec un humour présent mais jamais envahissant et qui fonctionne plutôt bien. On passera sur certaines relations artificielles dont une romance pourtant centrale mais qui ne parvient jamais à s'incarner ou encore une antagoniste caricaturale et franchement ratée.
Pourtant on se laisse facilement prendre au jeu grâce à un casting convaincant et plaisant. Ryan Reynolds reste fidèle à lui-même mais voit ici la possibilité d'offrir un surplus d''émotions bienvenu à un numéro pourtant épuisé. Mais il est parfaitement contrebalancé par la présence énergisante et rafraichissante du très bon Walker Scobell et surtout celle de Mark Ruffalo toujours aussi impeccable et juste. L'ensemble profite aussi d'une réalisation technique soignée, avec sa photographie appliquée et des effets spéciaux plutôt réussis et qui ne mise pas sur la surabondance de fonds verts. Le spectacle paraît constamment crédible et maîtrisé même si on regrette la mise en scène sans ambition et fonctionnelle de Shawn Levy. L'ensemble n'est jamais honteux mais manque un peu de peps et d'identité alors que le metteur en scène se perd dans sa démarche très référencée.
The Adam Project reste néanmoins un divertissement particulièrement plaisant et étonnamment plus touchant que ce à quoi Levy et Reynolds nous avaient habitués par le passé. On reste face à un film qui ne surprend jamais mais qui fonctionne grâce à sa façon de doser efficacement son humour et ses enjeux dramatiques. Pas des plus mémorables mais bien plus recommandable qu'espéré.

Eaux profondes
4.7

Eaux profondes (2020)

Deep Water

1 h 55 min. Sortie : 18 mars 2022. Drame, Thriller

Film de Adrian Lyne

Flaw 70 a mis 4/10.

Annotation :

Après 20 ans d'absence, Adrian Lyne revient signer un thriller érotique, genre qui aura fait sa renommé dans les années 90. Muni d'une carrière assez peu glorieuse à une exception près, il revient ici en petite forme avec un film qui ne parvient jamais à créer suspense ou souffle passionné.
Pourtant mené par Ben Affleck et Ana de Armas, qui ont d'ailleurs vécu une aventure sur le tournage, on aurait pu espérer une vraie audace et authenticité dans l'érotisme passionnel du film. Mais l'ensemble se vautre complétement alors que les deux stars ne possèdent aucune alchimie. Ben Affleck semble fatigué et peu intéressé par ce qu'il joue tandis que Ana de Armas fait ce qu'elle peut pour maintenir la barque. Plus à l'aise dans l'exercice, elle se montre plutôt convaincante mais n'est jamais aidé par une mise en scène ronflante de Adrian Lyne qui ne parvient jamais à émulé la tension sexuelle ni nous offrir quelques moments excitants.
Sa démarche s'avère plutôt plate et malgré une réalisation néanmoins aboutie, il peine à y injecter un rythme et une atmosphère palpable ce qui rend l'ensemble terriblement mou. Pas sauvé par une écriture caricaturale et inconséquente tant le film ne raconte quasiment rien de la relation ambigu entretenu par ses deux protagonistes. Tout comme sa partie thriller s'avère tristement téléphonée et n'engendre aucun suspense tant le récit est déroulé avec une banalité confondante. On en retiendra juste une conclusion gentiment nanarde qui pousse les curseurs du ridicule au maximum et créera quelques bons rires involontaires dans la foulée.
Deep Water est un thriller érotique qui ne se montre jamais excitant et qui n'amène aucun suspense. De quoi assister à une démarche ratée pour un film pleinement décevant. On retiendra une actrice principale impliquée et une réalisation soignée mais on aurait aimé que le film fasse preuve de plus de folie quitte à assumer ses autours de série Z comme son improbable final. Pas mauvais pour autant, on aura vu bien pire dans le genre, mais un film qui reste néanmoins sacrément inintéressant.

Small Engine Repair
5.7

Small Engine Repair (2021)

1 h 43 min. Sortie : 13 mars 2022 (France). Comédie, Drame, Thriller

Film de John Pollono

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

John Pollono vient adapter sa propre pièce de théâtre dans une démarche qui vient plus apparaître comme une belle opportunité à des acteurs sous-estimés à se faire plaisir et offrir de solides performances. Plutôt que de faire de ce Small Engine Repair un film décisif.
Et pour ça, le film se montre particulièrement plaisant tant le casting fait ici des merveilles. En particulier Jon Bernthal et Shea Whigham qui sont tout deux excellents apportant une dimension terriblement humaine et candide à leurs personnages. Leur alchimie est évidente et il apporte une retenue, un naturel et une nuance assez phénoménale à leurs personnages. Magnifiant un script parfois un peu trop rigide quand à son approche tant son regard sur une masculinité pris dans ses tourmentes et virant à la démonstration toxique s'avère pertinent et parfois même touchant, l'ensemble manque parfois d'un recul salvateur. On est parfois pas loin du discours de vieux con, et même si le film en a conscience et y joue avec une certaine ironie, il n'évite pas quelques maladresses qui manque de finesse.
Plutôt réussi dans sa façon de caractériser ses personnages et de donner de l'épaisseur à leur amitié, il faut aussi reconnaitre que le récit met beaucoup trop de temps à vraiment se lancer et évacue un peu trop vite son dernier acte avec une conclusion qui manque d'audace et d'impact. Le tout n'étant pas forcément aidé par le fait que John Pollono signe une mise en scène qui manque de relief et peine à élever l'ensemble donnant à l'aspect formel une platitude un peu gênante. On le sent assez peu à l'aise dans l'exercice et il peine aussi à gérer sa narration et la chronologie de son récit d'un point de vue purement cinématographique.
Small Engine Repair est un film qui ne manque pas de qualités dans son regard pertinent sur la toxicité masculine tout comme il parvient à être magnifié par un casting vraiment exemplaire. Mais très vite rattrapé par ses maladresses, l'ensemble manque de finesse et de recul sur son sujet comme d'une forme plus audacieuse pour faire du film une vraie réussite. On reste face à un tout agréable mais inconséquent dont on appréciera surtout pour les beaux rôles qu'il offre à Jon Bernthal et Shea Whigham.

Ambulance
5.6

Ambulance (2022)

2 h 16 min. Sortie : 23 mars 2022 (France). Action, Gangster, Thriller

Film de Michael Bay

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Adaptant un film danois pour en faire un pur shot d'adrénaline, Michael Bay pousse son Ambulance au sommet de ses expérimentations formelles pour en livrer un film d'action assez grisant.
Il est juste dommage qu'au delà de ça il peine toujours à creuser ses personnages et ses thématiques. Même si on y retrouve le contour de ses obsessions, notamment sur son amour des garants de la société, celles-ci restent encore une fois à un stade superficiel. Le traitement arbitraire fait au soldat démuni après la fin de leur service n'est ici évacué que comme prétexte pour pousser son protagoniste vers la voie que le récit souhaite lui faire emprunter sans qu'un réel propos en émerge. Plus intéressant lorsqu'il traite de la figure de l'ambulancier, vrai héros oublié dans le processus de sauver une vie, cela lui permet aussi de proposer un personnage féminin mieux caractérisé qu'à son habitude et qui montre de la part de Bay une maturité et une retenue bienvenue. Le cinéaste s'assagie sur sa tendance au cliché même si il peine à sortir de sa formule larmoyo-chiante lorsqu'il s'épanche sur le drame humain qui sert de liant entre deux scènes d'actions.
Entre une histoire familiale qui n'apparaît jamais crédible et est traité par dessus la jambe ou encore la fraternité des deux protagonistes qui manque cruellement d'alchimie, on peine vraiment à trouver de quoi s'investir avec des personnages trop caricaturaux. Les acteurs s'en sortent plutôt bien pour tenir l'ensemble, même si on aura connu Jake Gyllenhaal plus inspiré et moins cabotin. Mais Yahya Abdul-Mateen II fait un lead convaincant et Eiza Gonzalez tient le film avec une énergie remarquable. Reste que la réalisation elle n'est jamais pris en défaut. Véritable esthète et technicien, Michael Bay signe encore un festival de pyrotechnie assez ahurissant. Avec une photographie léchée, un montage ciselé qui ne relâche jamais le rythme et ne sacrifie jamais la lisibilité malgré sa vivacité, le tout ressemble à un ballet tonitruant ou le metteur en scène use avec maîtrise et ingéniosité des plans drones au cœur de son action pour y aborder le mouvement avec une approche virtuose et encore jamais vu. Un spectacle formel étincelant dont on regrettera juste la musique pompeuse de Lorne Balfe.
Ambulance est donc un solide film d'action et qui par sa mise en scène spectaculaire et brillant s'impose sans mal comme un des meilleurs films de Michael Bay. Le problème étant que le tout reste au service d'une écriture pompeuse.

Flaw 70

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