Cover 2021, le déclin du cinéma ?

2021, le déclin du cinéma ?

Après une année 2020 qui aura été très fortement perturbée par une pandémie mondiale, l'industrie cinématographique en aura donc naturellement pris un coup voyant beaucoup de ses tournages mis en pause, les salles de cinémas fermées et engendrant donc un report important de films. C'est les services ...

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Liste de

150 films

créee il y a plus de 3 ans · modifiée il y a plus de 2 ans

Pieces of a Woman
6.8

Pieces of a Woman (2021)

2 h 06 min. Sortie : 7 janvier 2021. Drame

Film de Kornél Mundruczó

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Avec Pieces of a Woman, Kornél Mundruczó revient à ses premiers amours dans un drame intimiste intense et par instants en état de grâce mais qui souffre d'un développement parfois bien trop lourd.
Lorsque le film se plonge à corps perdu au cœur de son drame, il peine parfois à doser ses effets et vire par moments dans un pathos assez redondant. Le portrait de ses personnages et de leur tiraillement en devient donc vite inégal malgré quelques jolis moments et un traitement du deuil plutôt juste. C'est finalement quand le film capte les instants fugaces où son personnage remonte à la surface qu'il devient vraiment bouleversant notamment quand il s'intéresse aux petits détails tant il se montre plus habile dans sa façon de regarder l'intime et le tout petit plutôt que l'universel.
On regrettera aussi parfois quelques métaphores qui manque de finesse, mais l'ensemble brille surtout par son incroyable sens de la mise en scène. Même si sa structure narrative est quand à elle un peu trop rigide, notamment dans sa façon de gérer les ellipses, c'est finalement sa capacité d'immersion qui impressionne. Misant beaucoup sur les plans séquences, notamment un inaugural de 10 minutes qui se montre juste brillant, la mise en scène naturaliste de Kornél Mundruczó s'avère ingénieuse et intense permettant à l'ensemble de son casting de briller. Tout les acteurs sont ici incroyable mais on retiendra la performance toute en retenue, justesse et habitée de Vanessa Kirby qui porte le film par son charisme et son talent sidérant.
Pieces of a Woman est donc un drame plutôt réussi mais qui aurait gagné à se montrer plus resserré sur son récit et ainsi de trop tirer sur sa carte dramatique qui vire trop souvent au pathos. On reste néanmoins subjugué par la précision de la mise en scène mais aussi par la justesse d'un casting irréprochable. Pas forcément le grand film espéré pour débuter cette nouvelle année, mais un film réussi et plein de qualités.

Boss Level
5.8

Boss Level (2021)

1 h 40 min. Sortie : 6 mars 2021 (France). Action, Science-fiction, Thriller

Film de Joe Carnahan

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Après 7 ans d'absences, Joe Carnahan revient pour signer un film concept où il tourne le principe du jour sans fin en film d'action de série B pas si décomplexé dont il peine trop souvent à choisir une direction et trouver son originalité.
Assez attendu, l'écriture souffre surtout de son interminable exposition ainsi que des choix narratifs plus que discutables allant d'une voix-off omniprésente qui devient purement agaçante ou encore une incapacité de vraiment exploiter ses personnages secondaires. Un élément qui serait moins visible si le film ne passait pas autant de temps à vouloir développer son scénario et donner de l'épaisseur à ses personnages au lieu de se concentrer sur son action. L'ensemble en devient donc assez raté car malgré une volonté d'élargir l'aspect dramatique du récit, qui se montrera par ailleurs payante lorsque le film s'arrête sur la relation entre le héros et son fils, Boss Level ne parvient jamais à vraiment faire vivre des personnages bloqués dans sa boucle temporelle tout comme à vouloir se montrer trop sérieux ses aspects plus loufoques ont tendance à tomber à l'eau.
Joe Carnahan souffre ici d'un excès de prétention tant l'aspect philosophique et profond qu'il tente de donner à son film semble totalement en décalage avec son esprit pulp et décomplexé qui tient de l'actionner des années 90. Les deux approches ne fonctionnent jamais ensemble même si elles disposent toute deux de vrais qualités parfois, Par exemple l'action se montre ici souvent efficace et maitrisée malgré quelques effets visuels par toujours très réussis mais cela se compense par la mise en scène énergique et percutante de Joe Carnahan qui dispose d'une ambition et d'une lisibilité qui fait plaisir. Frank Grillo est d'ailleurs très bon dans l'action, comme à son habitude, mais peine à vendre la partie plus émotionnelle du film. D'ailleurs le casting sera vite décevant tant en dehors de Grillo, le reste n'est là que pour cachetonner comme un Mel Gibson fatigué et une Naomi Watts aux abonnés absents.
Boss Level est un film plutôt moyen qui ne sait jamais vraiment qu'elles sont ses forces et ses faiblesses. Lorsque le film laisse un peu d'espace à son action, il se montre suffisamment décomplexé pour amuser et divertir mais il se laisse trop rattraper par sa prétention qui n'accouche au final que de ruptures de rythme dommageable, une conclusion ratée et une couche dramatique louable mais trop timide. Le film à du cœur, mais il manque de convictions et de focus.

Locked Down
5.2

Locked Down (2021)

1 h 58 min. Sortie : 17 août 2021 (France). Comédie, Drame, Romance

Film de Doug Liman

Flaw 70 a mis 4/10.

Annotation :

Se déroulant en plein confinement durant la pandémie du COVID-19, Locked Down essaie de trouver sa voie entre la comédie romantique et le film de casse malgré les limitations auquel il doit faire face et résulte en un produit vite éreintant.
Il faut dire que le film de Doug Liman possède que très peu de choses pour s'avérer palpitant, même si il essaie d'inclure le confinement au cœur de son récit pour innover sur sa formule de film de casse mais cette intrigue met au final bien trop de temps à se mettre en place pour avoir une vraie incidence. En plus d'une limitation des ressources suite à la situation qui empêche l'ensemble de gagner en ampleur et de devenir palpitant. Concrètement le film se résume à suivre ses deux protagonistes enfermés dans une maison pendant la majeure partie du récit et qui se lamente sur leur sort et leur couple qui se dégrade à travers des tirades souvent trop démonstratives et bien trop étirées, que ce soit en face à face ou à travers beaucoup trop de conversations Zoom.
Le film apparaît interminable, durant près de 2h pour au final une intrigue qui aurait pu être géré avec bien une demi-heure de moins et malgré l'implication du casting où Anne Hathaway et Chiwetel Ejiofor sont tout les deux impeccables et partagent une bonne alchimie, on peine à vraiment s'intéressé à l'ensemble. Surtout que Locked Down n'est pas transcendé par la mise en scène très plate de Doug Liman qui se contente ici que du strict minimum pour venir mettre en images son récit.
Locked Down est donc un film assez inintéressant et qui use maladroitement de son contexte sans jamais exploité le ludisme que cela aurait pu impliqué pour sa partie de film de casse. Que ce soit pour des raisons sanitaires, de moyens ou juste de paresse, jamais le film ne va chercher à exploiter son potentiel et se contente juste de se reposer sur son couple principal. En résulte un film beaucoup trop long et assez ennuyeux qui n'est jamais foncièrement mauvais mais s'avère juste terriblement insignifiant.

Siberia
5.9

Siberia (2020)

1 h 32 min. Sortie : 2 juillet 2020 (Italie). Drame, Expérimental

Film de Abel Ferrara

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Sorte de doublon plus radical de son Tommaso, Abel Ferrara signe avec son Siberia une exploration expérimentale et rugueuse de son subconscient quitte à offrir son film le plus abstrait et étrange qui laissera pas mal de monde sur le carreau.
L'audace introspectif et le besoin thérapeutique qui découle du récit seront des atouts clairement louable de ce songe cinématographique qui reste cependant trop abscons et autocentré pour vraiment révéler toute ses qualités. Plus que jamais, Ferrara semble avoir abandonné son audience pour ne faire un film que pour lui-même ce qui accouche d'un geste de cinéma courageux, à mi-chemin entre l'onirisme cauchemardesque d'un Lynch ou l'abstraction pure d'un Carax. Mais même si la forme reste remarquable, Abel Ferrara signe ici une mise en scène inspirée et portée par une photographie somptueuse, il faut reconnaitre que le cinéaste peine ici à renouveler la portée de ses réflexions.
Plongeant encore dans les limites de l'esprit confronté à l'isolement et à la peur de soi, il explore la crainte d'une paternité tardive et d'une masculinité dysfonctionnelle qui mène à la solitude et au bord de la folie. Reprenant donc les mêmes réflexions qui faisait le cœur de son précédent film et il leur donne ici un revêtement plus énervé et abstrait. Pour autant il ne les fait que très peu avancer et reste sur une finalité assez similaire faisant de son Siberia une œuvre plus répétitive et limitée.
Abel Ferrara peine à se renouveler avec ce Siberia, œuvre radicale et personnelle qui finit même par en oublier sa portée universelle. Il reste dans ce film quelques visions remarquables et un Willem Dafoe encore une fois habité et investi qui montre le brio de la collaboration entre les deux hommes, ici en communion parfaite. Siberia étant un objet de cinéma assez fascinant dans ses meilleurs instants mais qui en devient très vite limité par son aspect répétitif et son incapacité à vraiment embarquer son spectateur dans son délire très autocentré. Reste une expérience atypique portée par quelques beaux instants de grâce.

The Empty Man
5.9

The Empty Man (2020)

2 h 17 min. Sortie : 23 avril 2021 (France). Policier, Drame, Épouvante-Horreur

Film de David Prior

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

The Empty Man est un premier film qui souffrira d'une construction maladroite qui amoindrira ses quelques bonnes idées. Car assez loin du film d'horreur aux sensations bas de gamme qu'on aurait pu craindre, il se cache derrière The Empty Man un film par moments assez intriguant.
Malheureusement les défauts bien trop nombreux de l'ensemble empêcheront le film de vraiment décollé. The Empty Man s'impose déjà avec un faux départ avec son prologue de 20 min qui sera au final assez déconnecté du reste. Il instaure une ambiance anxiogène et une imagerie parfois même vraiment prenante par le mystère et l'effroi sourd qui en découle mais prend après une direction bien trop différente pour faire de son mythe une creepypasta un peu cheap. Allant de la légende urbaine, au film de possession en passant par la secte satanique, va cumuler différents genre et un cahier des charges qui manque d'originalité et de surprises. Même si il arrivera à user de certaines pistes avec efficacité, l'ensemble devient un brouillon mal dosé qui peine à trouver son identité. Surtout que le tout bascule dans un dernier acte tiré par les cheveux et pour le coup franchement raté tant il accumule les incohérences.
Pourtant il faut reconnaitre que la volonté de David Prior d'instaurer une vraie ambiance en ne cédant jamais aux effets faciles pour créer la peur, le film ne contient aucun jumpscares, s'avère plutôt payante. The Empty Man dispose d'une mise en scène travaillée et parfois même assez intéressante dans sa façon d'insinuer l'effroi par son approche mystique et abstraite qui n'est pas sans rappeler le style lovecraftien. Quelques passages se montreront même plutôt efficace grâce à cette volonté de ne jamais céder à la facilité et propose une vraie approche de l'horreur grâce à un jeu sur les lumières et le son plutôt habile couplé à une composition des plans plutôt sophistiqués. Prior cèdera néanmoins à quelques effets de style un peu too much mais impose un regard intéressant à défaut d'être vraiment innovant.
The Empty Man n'est donc pas la catastrophe redoutée même si on est assez loin de la réussite. Maladroit dans sa construction, raté dans sa conclusion et parasité par son envie de trop en faire, The Empty Man s'impose comme un film d'horreur moyen qui trahit le manque d'assurance de son jeune metteur en scène. Pourtant celui-ci parvient à proposer de vrais idées esthétiques, une ambiance réussie et un bon casting, dont l'impeccable James Badge Dale, pour éviter le naufrage.

Mughal Mowgli
6.3

Mughal Mowgli (2020)

Mogul Mowgli

1 h 30 min. Sortie : 6 février 2022 (France). Drame

Film de Bassam Tariq

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Introspection culturelle et intimiste, Mogul Mowgli s'impose comme un film très personnel pour Riz Ahmed qui ne se contente pas que dans être l'affiche mais co-signe le scénario en plus de le produire.
Basé sur ses origines et celle de Bassam Tariq, le réalisateur, le scénario s'impose comme une réflexion ambitieuse de la complexe question de l'identité qu'elle soit ici personnelle ou culturelle. Sincère, touchante et souvent juste, l'écriture brille par son intelligence même si parfois elle se perd dans son ambition ne sachant plus vraiment si elle regarde vers l'onirisme ou le parcours intime de son protagoniste. Baignant dans la musique en tant que rappeur de second zone, le film prend un portrait presque autobiographique de sa star soucieux de son impact et son succès tardif qui suite à une déconvenue va le pousser à réfléchir sur lui-même.
Encore une fois bouleversant et intense, Riz Ahmed livre une performance toute en nuance et complexité même si il faut reconnaitre qu'il joue un rôle qu'on a l'impression de l'avoir déjà vu joué. On est assez vite devant un best of de ses meilleurs rôles et l'ensemble fait terriblement écho à la partition qu'il a tenu dans Sound of Metal. Le film en partage même une histoire assez similaire mais tire son épingle du jeu grâce au regard atypique de Bassim Tariq qui offre une mise en scène à mi-chemin entre la rigueur documentaire et le trip spirituel. Il signe une réalisation enivrante et souvent même prodigieuse par ses audaces formelles, aidée par une photographie saisissante.
Mogul Mowgli s'impose comme un film atypique et réussi par son audace et sa vigueur. Malgré tout, il donne trop souvent une impression de déjà-vu en dehors de son aspect purement formelle. Le portrait du personnage de Ahmed, en dehors du pertinent questionnement sur l'identité, s'avère finalement attendu voire même incomplet tant il semble parfois noyé dans une approche bien trop dense. De quoi laisser en mémoire un premier essai imparfait mais prometteur tant Mogul Mowgli reste une œuvre hypnotique.

Teddy
6.5

Teddy (2020)

1 h 28 min. Sortie : 30 juin 2021. Comédie dramatique, Fantastique, Épouvante-Horreur

Film de Ludovic Boukherma et Zoran Boukherma

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Deuxième long-métrage pour Ludovic et Zoran Boukherma qui décident de se lancer dans le film de genre, Teddy se veut une réinvention du mythe du loup-garou par le terroir français mais qui ne parvient jamais vraiment à être à la hauteur de ses ambitions.
Manquant cruellement de budget, le film apparaît extrêmement cheap dans son exécution, même si les frères Boukherma tente parfois assez habilement dans faire une force grâce à l'utilisation du hors champs, cela vient finalement entacher un tout qui manque cruellement de direction. Ne sachant jamais vraiment comment jongler entre la comédie et le drame, le film n'aboutit jamais vraiment ses idées car trop sérieux pour assumer son aspect jubilatoire et donc trop léger pour vraiment s'imposer comme la tragédie qu'il tend à être dans ses derniers instants. Ni pleinement la romance maudite qu'il aimerait être tant son couple principal s'avère assez peu exploité ni un body horror vraiment mémorable tant il n'embrasse que trop rarement son aspect gore. Teddy est tout et rien à la fois.
Une indécision particulièrement agaçante alors que l'on se retrouve face à une écriture qui peine à digérer ses références et accouche d'un récit au final classique et attendu qui finit par rentrer dans le rang et signer les cases du film de loup-garou traditionnel. C'est d'autant plus dommage car il en tire un portrait plutôt sincère et touchant des marginaux en célébrant avec beaucoup d'empathie et un humour bienvenu la différence. Et pour un film qui tente autant de célébrer le fait d'être à part, il est décevant qu'il soit aussi classique. Mais il faut aussi reconnaitre que le film se perd parfois dans un regard trop empathique pour son protagoniste, même quand celui-ci montre un visage clairement plus antipathique, et cela finit même par céder à une morale maladroite dans ses ramifications.
Teddy est donc un film moyen qui parvient difficilement à tirer le film de genre français vers le haut. On aura vu par le passé plus audacieux, plus abouti et plus radical dans la réinvention du mythe horrifique. Le portrait des laissés pour compte brille par sa sincérité, l'humour est plutôt efficace et la mise en scène soignée mais on reste face à un film qui peine à donner corps à ses ambitions, qui souffre d'un traitement superficiel et maladroit tout comme il est porté par des jeunes acteurs aux jeux perfectibles. Teddy est une déception.

The Dig
6.4

The Dig (2021)

1 h 52 min. Sortie : 29 janvier 2021. Biopic, Drame, Historique

Film de Simon Stone

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Inspiré d'une histoire vraie, The Dig s'impose comme un mélodrame très romancé en prenant certaines libertés avec son sujet mais qui parvient néanmoins à en déterrer un propos universel souvent émouvant.
Le récit s'impose comme une belle fresque sur la postérité et étudie la nécessité de déterrer le passé pour refléter sur son avenir tant l'histoire humaine repose autant sur ce qui a été que ce qu'il sera. Il prend place dans un contexte d'autant plus intéressant que la Seconde Guerre Mondiale est sur le point d'éclater menaçant d'éradiquer les traces du passé et aboutir à un avenir incertain. Autant à contempler à travers ses personnages, les trésors que renferment le sol et les promesses qui se cachent dans les étoiles on ressent cet entre-deux assez fascinant dans lequel les personnages naviguent et tentent de trouver leur place.
Que ce soit à travers leur sexualité, leur ambition, leur sens du devoir ou face à leur propre mortalité, on se retrouve face à des protagonistes face à la mélancolie de leur place dans ce monde et les trace qu'ils laisseront à l'avenir. Même si le scénario tend à tirer un peu en longueurs vers le milieu de son récit en raison d'une romance un peu inutile en plus d'être un peu hors propos. Néanmoins on est souvent bouleversé par les performances de l'ensemble du casting, avec un tête une prodigieuse Carey Mulligan et un émouvant Ralph Fiennes qui possèdent une superbe alchimie et composent deux personnages très attachants. L'ensemble est tenu par une réalisation somptueuse, avec sa photographie naturaliste saisissante et accompagne bien la mise en scène classique mais maîtrisée de Simon Stone.
The Dig est un bon film, même si il traîne un peu en longueurs et qu'il souffre de certains développements un peu trop aléatoire, on reste ému et embarqué par cette jolie histoire de postérité et ses attachants personnages. Le casting est exemplaire et la réalisation soignée, The Dig impressionne aussi par sa retenue et sa justesse qui en font un drame classique mais réussi.

État d'esprit
5.1

État d'esprit (2021)

Bliss

1 h 43 min. Sortie : 5 février 2021. Drame, Science-fiction, Romance

Film de Mike Cahill

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Pour son troisième film, Mike Cahill signe une synthèse un peu mollassonne et superficielle de son cinéma même si il parvient encore ici et là à y retrouver sa particularité et son charme.
Le problème viendra d'une écriture parfois trop facile entre ses personnages artificiels et son récit attendu qui manque cruellement de profondeur. On sent le cinéaste dans une zone de confort dont il peine à sortir et celui-ci livre un film qui peine à vraiment renouveler ses thématiques. C'est pourtant encore agréable de replonger dans un style assez atypique que l'on a en plus pas revu depuis presque 7 ans mais Cahill n'a pas vraiment chercher à consolidé la fragilité pourtant évidente, et attachante de ses précédents travaux. Encore plus imparfait qu'à son habitude, il offre une intrigue mollassonne qui peine à aller au bout de ses idées et n'exploite donc que trop rarement la dimension tragique bouleversante qui se situe dans les entrailles de son propos. On retiendra donc quelques idées plutôt intéressantes, notamment sa façon si unique de se servir de la science-fiction comme d'un moyen d'explorer l'intime, ainsi qu'une conclusion plutôt touchante par son humanité.
Bliss est plutôt bien réalisé, avec une photographie qui s'adapte à la réalité qu'elle explore et possède un côté désaturé et impersonnel qui finalement fait corps avec la proposition visuelle de Mike Cahill. Ce dernier signe une mise en scène adroite, minimaliste mais plutôt inspirée dans sa façon de faire s'entrechoquer les deux mondes qui le compose. L'ensemble manque un peu de rythme mais pas de maîtrise, on reprochera surtout une direction d'acteurs approximative d'un casting en dent de scie. Si Owen Wilson est convaincant dans un registre qui lui va plutôt bien, Salma Hayek en fait beaucoup trop dans une prestation hyper caricaturale et proche du catastrophique. Le duo possède en plus assez peu d'alchimie et leur personnages manquent parfois de substance pour qu'il puisse vraiment les habiter.
Bliss est un film assez moyen dont son seul mérite serait peut-être d'attirer un nouveau public au cinéma de Mike Cahill, même si il n'en est pas le meilleur représentant. On est face à une synthèse peu palpitante de son cinéma qui n'en atteint jamais la dimension émotionnelle et créative au profit d'une quête de facilité et d'accessibilité qui desserre sa vision. L'ensemble n'en est pour autant pas déplaisant et Bliss possède quelques bons moments mais il ne dépasse que trop rarement le stade de l'anodin.

Malcolm & Marie
6.7

Malcolm & Marie (2021)

1 h 46 min. Sortie : 5 février 2021 (France). Drame, Romance

Film de Sam Levinson

Flaw 70 a mis 8/10.

Annotation :

Avec Malcolm & Marie, Sam Levinson signe son film le plus personnel et mature alors qu'il décortique l'importance et la vacuité d'une industrie à travers une relation conflictuelle où tout est matière à confrontation jusqu'à ce que chaque intentions vire à l'abstraction et qu'il ne reste plus que des notions insensées à l'image de l'ambivalence qu'est l'amour.
Film écrit et tourné en pleine pandémie du COVID-19, il se sert de cette contrainte pour se limiter à une unité de lieu et une unité de temps. Un huit clos sous tension où l'on ne voit que deux personnages qui s'affrontent sur l'autel d'ego fragilisé et d'une existence contrastée d'un monde brisé où tout n'est que politique et quête de sens. Soulignant la difficulté de se reconcilier avec soi-même et avec autrui, l'écriture prend la forme d'un dialogue théorique entre deux personnages qui se détruisent autant qu'ils se reconstruisent, qui s'aiment autant qu'ils se haïssent. L'ensemble est peut-être d'ailleurs un peu trop démonstratif malgré un sens de la réplique qui fait souvent mouche surtout lorsqu'il pose un regard plutôt pertinent sur l'état de l'industrie cinématographique.
La réalisation somptueuse et soigné, notamment le noir et blanc sophistiqué qui encadre l'ensemble, s'accorde avec une mise en scène intuitive et habile tant elle incarne à merveille les jeux de pouvoirs qui anime ses protagonistes. Sam Levinson démontre encore une fois l'étendu de son talent et il peut aussi compter sur un duo qui brille par son charisme et son intensité. Zendaya et John David Washington sont tout deux prodigieux et livrent des performances habitées et mémorables en plus de partager une alchimie qui crève littéralement l'écran.
Malcolm & Marie est loin d'être un film parfait tant il se voit limité par sa structure, et même si il arrive à transformer la plupart de ses contraintes en force, il reste parfois beaucoup trop démonstratif pour son propre bien. Préférant un peu trop les grandes déclarations au bienfait de la nuance, Sam Levinson fait un film parfois éreintant mais souvent admirable. Une proposition de cinéma ambigu et instinctive qu'on admire par son courage et sa vivacité, qui s'impose sans trop de peine à l'heure actuelle à ce qu'on a vu de mieux en ce début d'année. Un très bon film.

Notre ami
6.7

Notre ami (2019)

Our Friend

2 h 04 min. Sortie : 22 avril 2021 (France). Drame, Romance

Film de Gabriela Cowperthwaite

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Inspiré d'une histoire vraie, Our Friend s'impose comme un drame intime à petite échelle humaine qui évite une dramatisation excessive pour proposer un point de vue qui brille par sa pudeur et sa sincérité.
Donnant ici une nouvelle perspective à l'approche de la fin de vie en s'intéressant autant à l'impact que peut avoir la perte imminente sur une famille que l'importance du soutien qu'on peut recevoir. Comme son titre l'indique, Our Friend est au final un film sur l'amitié et rend autant hommage à la personne qui nous as quittée qu'à celui qui est resté malgré les épreuves et à fait preuve d'un soutien indéfectible. Sur ce point, le film s'impose avec une sensibilité bouleversante dressant un portrait touchant d'un homme rongé par le mal être d'une vie qui n'a pas répondu à ses attentes et qui souffre d'une image de lui-même déplorable pas aidé par le mépris que sa famille ou ses amis lui témoignent ne voyant en lui qu'un looser pathétique.
Et à travers cela, le film montre que la valeur d'une personne ne se mesure pas à sa réussite ou son travail mais bien la générosité et la dévotion dont elle est capable de donner aux autres, sans jamais rien attendre en retour et à travers des moments difficiles. Porté en plus par un Jason Segel fantastique d'humanité et de tendresse, il s'impose comme un personnage absolument magnifique et attachant. De plus, malgré son récit prévisible en dehors de cela qui souffre d'autant plus d'une narration bancale, Our Friend porte un regard sur la maladie en tout sobriété, évitant le pathos larmoyant pour montrer une réalité d'autant plus impactante. Gabriela Cowperthwaite mise donc sur une approche minimaliste et signe une mise en scène qui valorise l'authenticité de façon payante. La réalisation se montre ici en retrait mais favorise la mise en avant du récit.
Avec son très talentueux casting et son histoire particulièrement touchante, Our Friend s'impose comme une dramédie réussie. Autant bouleversante par sa justesse que par instants d'une candeur drôle et bienvenue, le film dresse un beau portraits de ses personnages foncièrement attachants. On passera sur sa facture très classique et surtout sa narration loin d'être maitrisée pour finalement se laisser embarquer par un petit film sobre et pleins de belles qualités ainsi que de justesse.

La Mission
6.2

La Mission (2020)

News of the World

1 h 58 min. Sortie : 10 février 2021 (France). Aventure, Drame, Western

Film de Paul Greengrass

Flaw 70 a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Nous ayant plutôt habitué à un cinéma nerveux et souvent lié à des événements marquants de l'actualité, Paul Greengrass change quelque peu son fusil d'épaule avec News of the World où il plonge dans un des genres les plus vieux du cinéma pour y contempler son évolution et la lier à celle de l'Amérique.
Contemplant une époque révolue pour montrer à quel point elle impact encore notre société actuelle, le film reste dans son propos éminemment politique et dans la continuité directe du cinéma de Greengrass. Surtout que le cinéaste prend ici un recul qu'il n'avait pas toujours l'habitude d'avoir permettant d'en signer une œuvre plus subtil par ce qu'elle propose. Mais elle s'avère parfois trop subtile, embourbé par sa structure narrative trop répétitive, l'enchaînement des rebondissements devient parfois redondant, on se retrouve face à un développement souvent superficiel de ses idées n'allant jamais les développer jusqu'au bout.
On se retrouve donc face à une écriture intéressante mais limité qui ne parvient jamais à mettre en relief sa dimension émotionnelle s'avérant donc comme un voyage assez peu touchant et mémorable. Ici, au lieu de construire son film autour de son sujet, Greengrass fait surtout un film autour de sa star. News of the World est avant tout un Tom Hanks movie où l'acteur est comme à son habitude impeccable et porte littéralement l'ensemble. Le reste du casting peine à exister face à son imposante présence, même la jeune et prometteuse Helena Zengel dont le personnage peine à sortir de sa case de sidekick. Pourtant le récit aimerait reposer sur la relation qui se noue entre les deux personnages mais n'arrive jamais à approfondir celle-ci.
Avec News of the World, Paul Greengrass présente aussi une mise en scène plus sobre et posé qui sert assez bien l'ensemble mais si elle ne sort jamais vraiment des classiques du western, elle parvient à les réemployer avec savoir-faire. On sera parfois moins convaincu par la réalisation technique un peu sommaire entre une photographie qui manque de personnalité ainsi que des ajouts numériques trop nombreux et criards qui rendent certains plans assez disgracieux. News of the World est donc un western convaincant mais mineur. Paul Greengrass tente de renouveler son cinéma de manière intéressante mais dans une tentative encore trop timide et superficielle. De beaux moments, et un regard assez pertinent sur l'Amérique tel qu'elle est encore, mais un tout un peu trop anecdotique.

Promising Young Woman
6.7

Promising Young Woman (2020)

1 h 53 min. Sortie : 26 mai 2021 (France). Comédie, Drame, Policier

Film de Emerald Fennell

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Flirtant avec le sous-genre du rape-and-revenge et une volonté claire de s'imposer comme un thriller subversif et audacieux, Promising Young Woman échoue à remplir ses objectifs faute à une démarche paradoxale qui parvient à d'autant être terriblement pertinente que tristement à côté de la plaque.
Lorsque Emerald Fennell porte un regard acerbe et sans concessions sur la prédation masculine, aussi terrifiante que pathétique, qui sous couvert de la conviction d'être le "nice guy" profite des moindres faiblesses pour assouvir les pires atrocités, la jeune cinéaste démontre une précision implacable. Dressant un portrait bien trop actuel et juste d'une masculinité érigée en une fratrie omnipotente qui fait mine d'une solidarité imparable quand il s'agit d'abuser d'autrui. Avec un humour noir mordant et qui fait mouche, en plus d'une absence de subtilité destinée à enfoncer le message avec l'efficacité la plus jubilatoire, défonce du mascu et les confronte avec une justesse désarmante, n'hésitant pas à prendre un virage particulièrement sombre vers la fin de son récit.
Un virage qui aurait été particulièrement intéressant et aurait dit quelque chose sur le monde dans lequel on vit si la réalisatrice n'avait pas été enclin à privilégié une gratification de surface au profit de la profondeur de son récit et de son propos. Plongeant dans une conclusion proche de la catastrophe qui vient contredire son propre propos et néglige l'entièreté de sa dimension psychologique. On sent finalement la volonté d'être un divertissement accessible et donc inoffensif qui privilégie la douceur acidulée plutôt que l'amertume pur. Et c'est tragique de voir le scénario rétropédaler après avoir livré un twist si audacieux dans une séquence à la dureté sidérante.
Reste une Carey Mulligan incroyable, malgré la psychologie de son personnage trop souvent sacrifié et peu remis en cause, ainsi qu'une réalisation sophistiquée qui accouche d'une photographie soignée et d'une composition de plans assez ingénieuses pour une mise en scène sobre mais inspirée de Emerald Fennell. Promising Young Woman est un film qui possède des qualités évidentes mais qui malheureusement les sacrifies trop souvent par son développement et sa moralité parfois douteuse. Il dénonce brillamment mais peine à vraiment raconter quelque chose avec son sujet plongeant dans les dérives les plus problématiques du revenge movie. Un sujet pourtant nécessaire et bien trop actuel pour être traité avec autant de superficialité.

I Care a Lot
5.8

I Care a Lot (2021)

1 h 58 min. Sortie : 19 février 2021. Comédie, Policier, Thriller

Film de J Blakeson

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Malgré des ambitions plutôt louable et une volonté d'être autant un thriller décomplexé qu'une satire acerbe autour du capitalisme, I Care a Lot peine à pleinement savoir où il veut aller et se perd trop souvent en cours de route.
Muni d'une écriture assez peu subtile, il porte néanmoins un regard intéressant sur la manière dont un système légal, basé sur les injustices et les angles morts, peut s'avérer plus terrifiant et carnassier qu'une criminalité traditionnelle. La tentative de bras de fer entre le gangster et la criminelle en col blanc s'avère d'abord particulièrement prometteur avec en plus une volonté louable de dénoncer avec acidité un système qui ne voit les gens que comme des ressources exploitables. Mais l'ensemble se perd très vite entre des variations de tons par toujours maîtrisées ainsi qu'une succession de péripéties de plus en plus improbables. Au point même d'accoucher d'un dernier acte moralisateur et sans substance qui vient allégrement plagier des films bien plus aboutis que lui.
Pourtant, jamais I Care a Lot ne sera foncièrement déplaisant car il dispose de la présence d'une Rosamund Pike en très grand forme qui rejoue une partition de garce bigger than life assez jubilatoire. Soutenu par un casting très bon et qui semble beaucoup s'amuser, l'ensemble à un caractère sympathique indéniable. Aidé en plus par une esthétique léchée entre sa photographique générique mais soignée, et surtout un score plutôt inspiré et une mise en scène de J Blakeson rythmée et impeccable.
I Care a Lot s'impose donc comme un thriller honnête mais limité en raison d'une satire jamais vraiment pertinente ou développée. Le film choisit trop souvent la voie de la facilité mais propose un tout pour le moins divertissant et qui n'est rarement pris en défaut sur son rythme et son capital sympathique. C'est énergique et agréable malgré le fait d'être superficiel mais I Care a Lot permet néanmoins de divertir le temps d'un dimanche soir pluvieux.

Sons of Philadelphia
5.3

Sons of Philadelphia (2021)

The Sound of Philadelphia

1 h 30 min. Sortie : 26 mai 2021. Action, Policier, Drame

Film de Jérémie Guez

Flaw 70 a mis 4/10.

Annotation :

Pour son deuxième film, Jérémie Guez continue à explorer les méandres du polar et comme pour son premier coup d'essai, ne parvient pas à en retirer quelque chose de substantiel. Même si il s'avère moins problématique dans son approche, il évite soigneusement ici tout personnage féminin ou presque en témoignage de son incapacité à les écrire correctement, il continue avec Brothers by Blood à créer un cinéma sans envergure.
Sur l'aspect narratif, le film ne proposera absolument rien de nouveau autour de son histoire de liens du sang entremêlé avec la criminalité. Même si les personnages ne sont ici que cousins, on retrouve la figure de celui ingérable et de l'autre plus calme qui tente de ne pas trop se mêler avec son milieu. A partir de là, tout est attendu dans un scénario qui recycle tout les clichés du genre ad nauseam. Se focalisant en plus beaucoup sur la psychologie de ses personnages, il explore le passé de son protagoniste à coup de flashbacks redondants. Cela fait que le film peine à développer son histoire, laissant l'ensemble sur une conclusion abrupte au goût d'inachevé, mais par la durée très courte de son récit il peine aussi à dresser un portrait suffisamment abouti de ses personnages.
Le casting fait au mieux pour combler les lacunes du scénario, notamment l'impeccable duo formé par Matthias Schoenaerts et Joel Kinnaman, mais les deux acteurs restent dans un registre qui leur est habituel, les empêchant vraiment de surprendre. Reste que la réalisation s'avère soignée, notamment sur son ambiance rugueuse aidée par une photographie aboutie. Même la mise en scène de Jérémie Guez s'avère efficace grâce à l'élégance de certains de ses cadres mais reste parfois beaucoup trop statique comme prisonnière de l'apathie de son intrigue.
Brothers by Blood est donc un polar bancal qui ne possède strictement rien de nouveau à raconter. Même si on saluera son ambiance soignée ainsi que son casting convaincant, on restera globalement de marbre face à ce qu'il propose. On ne se passionne guère pour un polar souvent feignant avec son héritage, se reposant dessus sans le moindre recul et qui manque cruellement de profondeur. Un film déjà vu, déjà fait et qui est déjà oublié.

Une affaire de détails
5.7

Une affaire de détails (2021)

The Little Things

2 h 08 min. Sortie : 5 mai 2021 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de John Lee Hancock

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Pour son nouveau film, John Lee Hancock tente d'émuler un thriller particulièrement sombre dans la tradition des grands films sur les tueurs en série mais avec The Little Things il, comme à son habitude, cite les classiques sans jamais parvenir à les surpasser.
La faute à un scénario à l'écriture fragile, qui manque cruellement de subtilités et de profondeur pour rendre son intrigue troublante et passionnante. Pour un film qui parle de l'importances des petits détails dans un modus operandi, l'écriture à une fâcheuse tendance à les négliger dans un récit mal dégrossi et trop souvent aléatoire. Jamais en plus aussi sombre et insidieux qu'il aimerait être, il déroule une histoire paresseuse et attendu dénoué de toute complexité et peuplé de personnages limités dans leur caricatures et des dialogues souvent insipides. L'ensemble manque d'intelligence et préfère au final placer son spectateur dans une zone de confort plutôt que d'essayer de le bousculer.
Le tout n'est pourtant jamais foncièrement mauvais, surtout qu'en dehors d'un Jared Leto encore une fois en cabotinage complet, on se retrouve face à un casting impeccable notamment grâce au duo convaincant formé par Denzel Washington et Rami Malek. Pas de grandes performances mais des acteurs qui savent tenir l'ensemble. La réalisation technique est même plutôt bonne, on regrettera peut-être un score musical un peu hors sujet de Thomas Newman, mais la photographie s'avère soignée et la mise en scène de John Lee Hancock, un peu trop fonctionnelle, mais d'un classicisme efficace.
The Little Things est un thriller moyen, le film parvient à divertir malgré sa mollesse et son manque de profondeur car il s'avère globalement bien réalisé et bien joué même si on déplore que le tout soit au service d'une écriture particulièrement faible. Ce n'est pas avec ce film que John Lee Hancock donnera tort à sa réputation de suiveur, un cinéaste qui vit dans l'ombre des classiques du genre, les citent mais ne parvient jamais à les égaler. Et The Little Things ressemble encore à un coup d'épée dans l'eau.

Sputnik, espèce inconnue
6

Sputnik, espèce inconnue (2020)

Sputnik

1 h 53 min. Sortie : 24 février 2021 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de Egor Abramenko

Flaw 70 a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Enième héritier d'Alien, Sputnik s'impose comme un film de science-fiction intriguant et globalement maîtrisé qui bénéficie surtout de son contexte assez inédit pour parvenir à sortir son épingle du jeu.
Se passant vers la fin de L'URSS, le récit permet de développer un point de vue moins américain sur ce genre d'histoire et donne au genre une perspective assez nouvelle surtout que le scénario n'esquive jamais complètement sa dimension politique. Au contraire, c'est souvent sa manière d'explorer un genre pourtant éculé sous la perception de la politique Russe de l'époque qui en font un tout pour le moins intéressant. Se montrant plus sombre et plus critique qu'escompté, l'écriture arrive vraiment à rendre son point de vue plutôt original et parvient à traiter sa créature de façon plus intimiste et pertinente que la seule volonté d'en faire une machine à tuer.
Le concept qui entoure l'organisme alien s'avère bien vu et permet de donner un peu de relief à une narration malgré tout assez attendu et qui repose sur pas mal de clichés ainsi que des personnages très stéréotypés. En ça, la relation centrale qui unit les deux protagonistes deviendra parfois un peu trop invasive car cette dernière, en plus d'être maladroitement caractérisée, souffre d'une écriture un peu trop lourde et qui va jusqu'à forcé une conclusion un peu trop sentimentaliste. Le casting parvient néanmoins à se montrer convaincant tandis que le film possède une réalisation soignée et efficace. Les effets spéciaux sont employés avec parcimonie et s'avèrent réussis, accompagné d'une photographie léchée ainsi qu'une mise en scène maîtrisée d'Egor Abramenko notamment dans ses passages les plus gores et viscéraux.
Sputnik s'impose donc comme une agréable surprise qui parvient à stimuler son genre grâce à la pertinence de son point de vue et la fraicheur de son contexte. Le tout étant en plus tenu par un bon casting ainsi qu'une réalisation vraiment maîtrisée. Pourtant, le film ne parvient pas totalement à être une réussite en raison de problèmes de rythme un peu gênants tout comme de quelques faiblesses d'écritures un peu trop fréquentes. Cela dit, on ne boude pas son plaisir devant un divertissement efficace et réfléchi qui parvient aussi à offrir quelques frissons inespérés.

Mangrove
7.4

Mangrove (2020)

2 h 07 min. Sortie : 26 février 2021 (France). Drame

Film de Steve McQueen

Flaw 70 a mis 8/10.

Annotation :

Projet ambitieux que de lancer une anthologie de 5 films autour d'une communauté antillaise implantée à Londres et qui y subira un racisme systémique à travers les époques, Small Axe apparaît sans précédent dans la carrière déjà pourtant étincelante de Steve McQueen.
Avec Mangrove, le premier segment de l'anthologie, le cinéaste s'intéresse vraiment à cette question de la communauté et de l'appartenance à travers une histoire vraie assez peu connu mais pourtant d'une importance capitale. Là où le cinéma à longtemps pu laisser penser que le racisme était une institution américaine, il est important de montrer que le racisme endémique sévit aussi malheureusement en Europe et à travers le monde. Que par essence, l'aspect communautaire est la cible de l'oppression et de la discrimination. S'intéressant sur le point de la responsabilité et le devoir d'éduqué, McQueen signe un film de procès édifiant et d'une puissance engagée assez terrassante qui, dans son genre, s'impose comme un exemple.
On regrettera par contre qu'il se montre un peu trop linéaire parfois dans sa narration, et qu'il gère maladroitement les ellipses de son scénario tout comme il survole certains de ses personnages à l'image des femmes du mouvements. Même si Letitia Wright livre une excellente performance, à l'image de l'ensemble du casting, elle se voit finalement assez mise de côté au sein du récit. C'est ici Shaun Parkes, véritable révélation, qui crève l'écran par son charisme et son intensité. Steve McQueen en vient aussi à épuré sa mise en scène, ici plus classique qu'à son accoutumé, mais n'en perd pas sa précision. Laissant l'espace nécessaire à ses interprètes pour tirer profit de chaque émotions au sein d'un découpage habile et d'une composition de plans souvent inspirée et ingénieuse.
Mangrove est non seulement un très bon film mais aussi une vraie leçon de son cinéma apportant ici un impact inédit au film de procès grâce à sa forme plus engagée moins concerné par le divertissement mais par la violence brute de ses émotions. Peut-être aussi le film le plus classique de Steve McQueen tout comme son plus accessible et même si il accuse quelques choix narratifs qui seront légèrement moins payant, il reste une superbe proposition et un très beau élan du cœur.

Nomadland
6.8

Nomadland (2020)

1 h 47 min. Sortie : 9 juin 2021 (France). Drame

Film de Chloé Zhao

Flaw 70 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Avec Nomadland, son troisième film, Chloé Zhao assoit la particularité de son cinéma alors qu'elle récolte déjà les éloges et les récompenses, son film ayant reçu les Golden Globes de la meilleure réalisatrice et du meilleur film dramatique.
Il faut reconnaitre qu'avec Nomadland elle ne bouscule pas ses acquis mais parvient toujours à toucher du doigt le majestueux dans le portrait qu'elle dresse de ses personnages ou encore d'une Amérique déshéritée en pleine perte de ses repaires. Parlant de la perte, et donc du deuil, autant sur l'intime de ses personnages que celui d'une nation suite à la récession, le récit prend la forme d'un road movie intimiste et contemplatif qui part ses extraits de vie vire parfois vers le pur docu-fiction. Encore une fois, il est fascinant de voir avec quelle précision et émotion Zhao parvient à capter l'authenticité et la beauté, non seulement des paysages mais aussi des personnalités sur lesquels elle s'attarde. Et même si la force de son cinéma en est toujours autant présente, elle a ici tendance à rester dans une zone de confort qui la desserre tant elle peine vraiment ici à renouveler son point de vue déjà présent dans ses précédentes œuvres.
Se voulant aussi plus accessible, la cinéaste à aussi parfois tendance à céder à des tropes légèrement plus hollywoodien et force le trait de ses émotions, ce qui cela passe aussi à une musique omniprésente lors des séquences émotions et qui s'avère incroyablement envahissante et larmoyante. De plus, même si elle peut encore une fois compter sur une photographie somptueuse qui magnifie chaque sublimes panoramas, la mise en scène naturaliste et minimaliste de Chloé Zhao s'avère parfois redondante tant elle parvient à paraître anodine à force de reposer sur les mêmes effets. Le tout apparaît un peu répétitif, et accuse donc des longueurs, que ce soit dans son déroulé ou mis en perspective des autres travaux de la cinéaste.
Mais Nomadland peut aussi compter sur Frances McDormand, encore une fois prodigieuse, et soutenu par un casting exemplaire. C'est vraiment les personnalités et récits atypiques qui composent le film de Zhao qui finissent par emporter l'adhésion et en font une œuvre poétique et touchante. La cinéaste possède très clairement un regard délicat et précis pour magnifier son sujet mais ici, elle manque d'un certain lâché prise où elle force trop son sujet plutôt que de se laisser guider par lui. La réussite reste au rendez-vous, mais s'avère moins étincelante qu'escomptée.

Lovers Rock
7.1

Lovers Rock (2020)

1 h 10 min. Sortie : 26 février 2021 (France). Drame

Film de Steve McQueen

Flaw 70 a mis 9/10.

Annotation :

Pour le deuxième segment de Small Axe, Steve McQueen signe une œuvre plus resserrée et sensorielle qui fait abstraction de son approche narrative pour basculer dans une pure expérience formelle.
Se passant que lors d'une seule soirée et dans un seul et même lieu où se déroule une fête, le récit de Lovers Rock se tiendra que sur ce postulat simple et n'explore que le frisson de premiers instants, de rencontres fugaces comme d'autres décisives au rythme des corps qui dansent et s'enlacent. Mettant en toile de fond le poids des responsabilités familiales mais aussi d'une omniprésence religieuse tel un croix que l'on porte, ici littéralement, le cinéaste s'attarde aussi à un regard ici plus féminin par rapport à son Mangrove et aborde de manière plus frontale les disparités au sein d'une communauté très viriliste.
Néanmoins McQueen ne se laisse jamais aller à une sur-intellectualisation et laisse ses personnages à leur représentation la plus simple, celle du corps. Son Lovers Rock s'impose en ode à la musique et aux corps laissant ses acteurs s'aller à des performances physiques endiablées dans des moments de pur flottements absolument grandioses. Que ce soit un chant à cappella ou une danse finale qui vire vers la pure abstraction formelle, le cinéaste offre des instants mémorables et habités qui nous transcendent vers une autre époque. Le tout étant porté par une mise en scène dynamique, intuitive et virtuose qui tranche avec le classicisme du premier segment et retrouve la fureur organique qui faisait la magie des débuts du metteur en scène.
Lovers Rock est un excellent film qui s'impose comme un geste de cinéma sidérant et mémorable. Probablement le plus pur que l'on a vu en ce début d'année et qui parvient à nous embarquer comme aucun autre. Une expérience sensorielle enivrante qui ne cède jamais à n'être qu'un simple exercice de style tant celui-ci incarne parfaitement la moelle du cinéma de McQueen mais recèle aussi des ambitions premières de son audacieux projet. Celui d'une célébration qui transcende les idées et les corps dans un portrait intemporel et nécessaire. Grandiose.

Détour mortel - La fondation
4.9

Détour mortel - La fondation (2021)

Wrong Turn

1 h 49 min. Sortie : 3 juin 2021 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Mike P. Nelson

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Reboot d'une saga de série Z du cinéma d'horreur, ce Wrong Turn nouvelle monture n'a de similaire avec ses aînés que son titre tant il décide de prendre une approche totalement différente pour tomber dans une filiale beaucoup plus folklorique de l'horreur.
Une relecture qui marque aussi le retour du scénariste du premier film et qui se sert de sa petite popularité pour vendre un film qui aurait pu aisément porter un autre titre. Il est clair ici que le titre n'a que pour vocation d'être un attrait marketing pour vendre un film qui sans cela serait définitivement passé inaperçu. Car comparativement à la saga dont il est issue, on note une hausse qualitative indéniable qui tant à lui donner une impression sympathique. Mieux produit et réalisé mais aussi proposant une scénario un peu plus recherché que ses aînés, il est facile d'en garder une bonne impression face à son héritage même si au sein de son genre, il peine relativement à briller.
Se voulant plus "arty" dans son approche, il tente de singer la mouvance moderne du cinéma d'horreur plus auteuriste et en reprend tout les poncifs. Avant, on avait la bande de jeunes pas très futée et très portée sur la débauche et ici on se retrouve plutôt face à la bande de jeunes bien pensante et accomplie même si au final ils s'avéreront pas forcément plus intelligent face à la menace qui pèse sur eux. Même si à travers son twist le scénario tente de proposer un récit plus actuel en se voulant une réflexion plus assidue de l'Amérique et ses dérives, le film s'avère politiquement lourd et ne parvient jamais à faire de son propos quelque chose de plus intéressant ou subtil. Reste que le casting est plutôt bon et la réalisation particulièrement soignée avec une mise en scène parfois assez efficace de Mike P. Nelson notamment dans les premiers instants et sa façon de faire monter la tension. Les premières 45 minutes de film s'avère même plutôt réussie malgré l'abattage un peu facile des clichés du genre, on se retrouve face à un survival plutôt stimulant. Mais le tout se perd par la suite dans ses incohérences et sa narration bien trop alambiquée qui met en place des personnages assez peu développés.
Wrong Turn arrive à s'imposer comme un reboot moins honteux que ses prédécesseurs mais force est de reconnaitre que la barre était assez basse et que cela ne fait pas forcément du film une réussite. Un peu trop facile, opportuniste et lourd pour vraiment sortir son épingle du jeu et s'impose comme un divertissement moyen.

Cherry
6.3

Cherry (2021)

2 h 22 min. Sortie : 12 mars 2021 (France). Policier, Drame

Film de Anthony Russo et Joe Russo

Flaw 70 a mis 4/10.

Annotation :

Après être sortie de plusieurs années à travailler au sein du MCU dans une position majeure, et qui représente le plus gros morceau de leur carrière cinématographique, les frères Russo décide de s'attaquer à un projet plus modeste et intime tout en essayant de prouver aux autres mais surtout à eux-mêmes qu'ils sont des cracks derrière une caméra.
C'est d'ailleurs principalement cette conviction inébranlable des deux metteurs en scène qu'ils sont en train de filmer quelque chose de grandiose et d'unique qui vient tuer dans l'œuf ce Cherry. N'ayant aucun recul sur lui-même, que ce soit sur le plan narratif ou formel, et apparaissant totalement imbu de lui-même dans sa démarche globalement à côté de la plaque, on se retrouve face à une proposition boursouflée, éreintante et qui ne parvient jamais à savoir vraiment ce qu'elle est en partant dans toute les directions. Voulant raconté la descente aux enfers d'un jeune homme pris dans la tourmente de ses propres sentiments au sein d'une Amérique prédatrice, le film va se noyer dans un amas de métaphore anticapitaliste et antimilitariste simplistes et sans subtilités sans jamais vraiment comprendre l'insidieux problème qui ronge le système qu'il dépeint ni celui qui détruit ses personnages.
Se préférant finalement en romance contrariée par les aléas de la vie, Cherry perd très vite son focus, après ce qui est pourtant un passage plus réussi sur le reformatage collectif qu'est l'armée, et finit par ne plus vraiment savoir ce qu'il veut raconter. Ce n'est pas aidé par la mise en scène esthétisée à outrance d'Anthony et Joe Russo qui bourrine à coup de grand effets stylistiques leur propos et métaphore ne laissant plus aucune matière de réflexions ou de suggestions à son spectateur. Allant même parfois à des choix de cadrage dénués de sens qui apparaît comme de la pure autosatisfaction.
Porté néanmoins par un très bon casting, dont un Tom Holland habité et dans sa performances la plus complexe et dense, Cherry reste un film particulièrement décevant et qui manque de substance malgré quelques passages plutôt réussis. La manière dont les frères Russo traite le segment militaire s'avère particulièrement exemplaire et inspiré mais reste l'exception à un film trop long et inconsistant qui prouve que l'ego et la démonstration mal placée des Russo tend plus à montrer qu'ils sont plus intéressés par leur image plutôt que le regard porté sur leur film. A trop se regarder filmer, ils en oublient de raconter quelque chose.

Red, White and Blue
7.2

Red, White and Blue (2020)

1 h 20 min. Sortie : 26 février 2021 (France). Drame

Film de Steve McQueen

Flaw 70 a mis 8/10.

Annotation :

Avec le troisième segment de Small Axe, Steve McQueen retrouve une forme de récit plus classique et similaire à Mangrove alors qu'il explore les débuts de carrière dans la police de Leroy Logan dans un biopic moins intéressé que par son aspect factuel que par son saisissant propos.
Suivant l'histoire vraie d'un jeune policier noir qui finira par créer une association d'ampleur et qui arrivera à reformater un système de l'intérieur pour essayer de réduire les inégalités liés au racisme, Red, White and Blue n'explore qu'une infime partie de l'histoire de son protagoniste et montre d'autant plus ses difficultés à s'imposer dans une institution archaïque, vindicative et raciste. Ici, le scénario de McQueen ne mentionnera même pas l'association que le personnage finira par créer et se concentre juste sur l'indignité que lui et son père subit. Dressant un portrait souvent bouleversant du père et du fils, le film explore la répression imposée à des individus qui n'ont d'autres choix que de se murer dans le silence et une colère sourde qui ne trouve jamais d'interlocuteur.
Entre la dureté du père qui cache sa frustration dans des valeurs très conservatrices et le laxisme d'un fils qui cherche à s'intégrer, les deux hommes sont aussi différents que rapprocher par la violence physique et moral subit par une société qui leur refuse toute justice. C'est souvent dans ce qu'il se joue entre les deux hommes que le film trouve ses moments de grâce à l'image d'une scène finale évocatrice et bouleversante.
Porté par un casting excellent, notamment un John Boyega habité et dans son meilleur rôle qui démontre ici toute l'étendue de son talent, le film s'avère aussi très actuel dans sa façon de montrer une police corrompue par leur position de pouvoir et leur préjugés institutionnalisés. On regrettera un début peut être un peu poussif, se voulant plus léger et plus classique avant de faire place à un développement de plus en plus captivant grâce à l'urgence et la rage qui vient littéralement irradié l'écran. La mise en scène de Steve McQueen, plus dans la retenue, brille par sa précision et le choix de ses cadres qui souligne et appuie sur la dissociation d'individus dont on leur refuse d'affirmer leur place grâce à quelques plans évocateurs qui les décentre de l'objectif. De plus, en faisant le choix d'un récit très court et condensé en passant à la trappe les éléments plus factuels, le cinéaste privilégie l'impact de son propos, évite les distractions et frappe fort.

Zack Snyder's Justice League
6.5

Zack Snyder's Justice League (2021)

4 h 02 min. Sortie : 18 mars 2021. Action, Aventure, Fantastique

Film de Zack Snyder

Flaw 70 a mis 6/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Voir ma critique

Judas and the Black Messiah
6.7

Judas and the Black Messiah (2021)

2 h 06 min. Sortie : 24 avril 2021 (France). Biopic, Drame, Historique

Film de Shaka King

Flaw 70 a mis 8/10.

Annotation :

Plongeant avec vigueur dans la vie et le combat de Fred Hampton, éminant leader du mouvement des Black Panthers, sous le prisme d'un informateur du FBI infiltré, Judas and the Black Messiah s'impose comme un film percutant et admirable qui démontre la talent de Shaka King, un jeune cinéaste à suivre de près.
Explorant cette histoire avec un regard assez malin, notamment par le fait de nous immerger au côté de l'informateur infiltré plutôt qu'aux côtés de Fred Hampton, le film étudie l'ambivalence comme un acte de trahison en soi mais surtout de soi. Autant victime du système que celui qu'il est censé faire tomber, le personnage de Bill O'Neal s'impose comme un figure complexe et brillamment mis en relief à travers le parcours de Hampton. Distillant ses références à la trahison biblique de manière plus subtile que son titre pouvait le laisser prévoir, Judas and the Black Messiah interroge avec intelligence ce qu'est l'investissement et en quoi cela peut effrayer un système corrompu et oppressif qui ne se bat que pour défendre son propre pouvoir au détriment du peuple à travers la police, une force armée impitoyable à l'époque comme aujourd'hui.
Très actuel dans son portrait, il démontre la limite qu'est de se battre pour les autres contre le fait de se battre pour soi à travers deux personnalités fascinantes et contraire qu'il ne condamne jamais. La trajectoire des deux hommes étant au final aussi tragique l'un que l'autre mais aussi opprimée par la même figure. Porté par la performance habitée, charismatique et posée de Daniel Kaluuya et celle plus fiévreuse, chaotique et intense de Lakeith Stanfield, le film possède un casting exemplaire ainsi qu'une réalisation impeccable. Photographie soignée, montage millimétrée et mise en scène percutante notamment à travers quelques explosions de violences viscérales et brutales, on regrettera peut-être l'académisme dans lequel se retranche parfois Shaka King pour conduire son récit.
Judas and the Black Messiah est donc un très bon film, il est dommage parfois que dans son portrait plus intimiste il passe à côté d'événements qui paraissent plutôt essentiels dans la construction du combat de Fred Hampton tout comme le fait qu'il le laisse globalement dans une position assez secondaire s'intéressant plutôt au tiraillement subit par Bill O'Neal. Reste un film décisif, qui brille par sa précision et son impact qui mérite clairement ses louanges et dont on espère qu'il saura être le tremplin pour un cinéaste prometteur.

Alex Wheatle
6.5

Alex Wheatle (2020)

1 h 06 min. Sortie : 26 février 2021 (France). Drame

Film de Steve McQueen

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Pour le quatrième segment de Small Axe, Steve McQueen signe probablement son œuvre la moins forte et la moins mémorable qui même si elle tend à apporter une perspective personnelle et un peu différente de ses autres films manque de profondeur dans l'élaboration de son récit.
C'est difficile de faire des miracles sur un film qui fait à peine plus d'une heure, et alors qu'il veut s'imposer en biopic en apportant la vie du romancier Alex Wheatle, dont son nom sert de titre au film, il reste particulièrement superficiel dans le traitement de celle-ci. Pour la première fois, on sent le protagoniste écrasé par le regard du cinéaste qui prédomine face à la vie de ce dernier. Explorant le processus créatif et ce qui alimente une passion et un besoin de s'exprimer dans un milieu où il est difficile de le faire sans finir en prison, Alex Wheatle raconte aussi l'importance de se connaitre et d'affirmer son appartenance pour pouvoir se construire un avenir.
On sent ici que McQueen aborde à travers le portrait d'un autre artiste ce qui le poussera aussi à en devenir un mais aborde tout ça dans un récit très mineur malgré sa qualité indéniable. En plus porté par un très bon casting, majoritairement composé d'acteurs débutants, Alex Wheatle brille aussi par la mise en scène maîtrisée et toujours aussi intuitive de Steve McQueen mais qui se fait ici plus sobre et effacé derrière sa caméra ce qui rend sa réalisation moins percutante mais aussi paradoxalement plus humble.
Alex Wheatle est donc probablement le segment le plus faible de Small Axe et sans conteste le film le plus mineur de son auteur. Néanmoins celui-ci arrive encore à proposé de belles qualités par sa finesse et surtout l'empathie avec laquelle il aborde son sujet. Même si il ne fait jamais un travail en profondeur, il explore l'ensemble avec beaucoup de cœur et ça en fait tout la différence, permettant à Alex Wheatle d'être une vraie réussite.

Minari
6.9

Minari (2020)

1 h 55 min. Sortie : 23 juin 2021 (France). Drame

Film de Lee Isaac Chung

Flaw 70 a mis 8/10.

Annotation :

Avec Minari, Lee Isaac Chung signe un récit semi-autobiographique attachant qui brille par sa modestie et la douce candeur qui l'habite alors qu'il dresse un portrait saisissant d'une famille sud-coréenne qui tente difficilement de s'implanter dans l'Amérique rurale.
Véritable introspection de ce rêve américain inaccessible et des préconçues autour de l'Amérique, Chung dresse un récit au regard atypique tant il parvient à masquer sa radicalité derrière son apparente douceur et parvient de parler du pays qu'il explore avec une perspective inédite. Tout est traité à échelle humaine mais rien ne paraît petit dans cette fresque aux proportions émotionnelles souvent vertigineuses. Et ce qui est d'autant plus admirable c'est de voir avec quelle simplicité le cinéaste parvient à développer un film qui paraît si humble et accessible pour aborder des thèmes aussi denses. Ne négligeant en plus jamais les variations de tons, on se retrouve face à un film tantôt drôle et tantôt grave, parvenant même à atteindre des petites trouvailles de comédies insoupçonnées grâce à sa sincérité et sa malice désarmante.
Porté aussi par un excellent casting dont on retiendra surtout l'incroyable Youn Yuh-jung, mémorable en grand-mère loufoque, et Steven Yeun qui s'avère ici brillant de retenue et de fragilité où tout deux n'ont clairement pas volé leurs nominations aux Oscars. Pour la réalisation celle-ci brille par sa photographie somptueuse et son habile sens du cadrage mais ainsi que pour sa partition musicale particulièrement inspirée qui transcende la délicatesse de la mise en scène de Lee Isaac Chung qui brille par sa mesure et sa précision.
Minari est un très beau film, empli de tendresse et de candeur il parvient aisément à émouvoir mais surtout à faire rire et à attendrir. Portant un regard vraiment intéressant sur l'Amérique, il brille surtout par l'humanité qui déborde de ses personnages auquel ils donnent vie avec une authenticité sans pareil. Il s'impose d'ailleurs comme une des meilleures films de récentes mémoires à dépeindre aussi bien l'enfance, ce qui se fera un peu au détriment des adultes, moins passionnants et plus limités dans les clichés, notamment le conflit parental pas toujours aussi fin que le reste malgré de très bons interprètes.

Education
7.1

Education (2020)

1 h 03 min. Sortie : 26 février 2021 (France). Drame

Film de Steve McQueen

Flaw 70 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Pour le dernier segment de son anthologie Small Axe, Steve McQueen vient parler de lui-même dans un film semi-autobiographique qui après avoir parler de la communauté, puis des personnalités les plus marquées, vient finalement contempler son propre parcours.
Restant assez mineur dans son approche, notamment en raison de sa très courte durée, Education est un film pourtant bien plus personnel au sein de l'œuvre du cinéaste et qui s'impose comme la conclusion idéale pour Small Axe qui aura permis à McQueen de parler de sa culture, sa communauté et son histoire avec beaucoup de finesse tout en dressant un portrait terrible d'un racisme institutionnalisé et présent dans tout les aspects de la société. Ici, ce seront les enfants qui payeront le prix d'un système éducatif qui les négligent et les abandonnent au seul titre de leur appartenance sociale.
Assumant aussi bien le point de vue du fils pris dans la tourmente que celui de la mère qui ouvre les yeux sur une réalité qui lui avait échappée, Education dresse un récit édifiant et qui brille surtout par le regard très intime que le cinéaste apporte à son sujet. Etant assez cloisonné dans sa structure, on reste impressionné par la précision de l'ensemble qui n'en n'oublie jamais la complexité du combat qu'il dépeint. Porté par un très bon casting et une réalisation soignée, particulièrement la mise en scène appliquée de Steve McQueen, Education s'impose aisément comme une belle réussite et qui permet au cinéaste de signer son œuvre la plus intime. Néanmoins on reste face à une approche plus minimaliste, qui même si plus engageante que le précédent segment reste finalement dans ce que McQueen aura produit de moins mémorable même si il ne perd pas en impact.

Godzilla vs Kong
4.4

Godzilla vs Kong (2021)

1 h 53 min. Sortie : 22 avril 2021 (France). Action, Aventure, Science-fiction

Film de Adam Wingard

Flaw 70 a mis 4/10.

Annotation :

Quatrième film du MonsterVerse qui avait pour but de venir faire s'affronter les deux icônes du cinéma que sont Godzilla et King Kong au sein d'un même univers, Godzilla vs. Kong vient, comme son nom l'indique, enfin remplir son objectif.
Après une série de films à la qualité déclinante, on sent ici la volonté de venir servir de climax à cet univers à la pérennité menacée tant le dernier opus avait été une déceptions au box office montrant la lassitude du public face à des films à l'intérêt et à la qualité toute relatives. Ici le scénario viendra fermer bon nombres de portes et vient offrir une conclusion expéditive tant il est évident que ce dernier abandonne presque toute ambition et ne va pas s'embarrasser à essayer d'élaborer des enjeux crédibles ou tenter de raconter quoique ce soit.
C'est sur ce point expéditif, souvent incohérent avec lui-même quand l'ensemble n'est juste pas totalement débile mais cela à une telle façon de s'assumer que ce je m'en foutisme permet au film d'atteindre un niveau de régression particulièrement appréciable loin de l'emphase et le sérieux ridicule qui habitait le mauvais Kong: Skull Island et le médiocre Godzilla: King of the Monsters. Se vouant intégralement à l'aspect primitif de grosses bêbêtes qui se foutent sur la tronche, il laisse les aspects les plus irritants de ses films de côté car même si les personnages humains particulièrement agaçants sont toujours présent, ceux-ci sont plus aisément relégués au second plan.
Cela n'enlève rien à la stupidité de l'écriture mais l'ensemble s'avère donc moins lourd et accable moins le casting par des prestations vide de sens. De plus l'ensemble s'avère mieux rythmée, globalement plus soigné avec ses effets spéciaux corrects, son montage qui favorise plus la lisibilité, et sa photographie moins saturée et plus agréable. Néanmoins, en terme de mise en scène Adam Wingard offre ici le strict minimum dans une démarche souvent incohérente. On le sent dépassé par ses monstres et il semble incapable de jouer sur les perspectives et la mise en échelle qui ne souligne que trop rarement le grandiose des affrontements. Et même si par sa courte durée, il parvient à élaborer une narration plus fluide et efficace, il faudra attendre un climax un peu plus pêchu pour avoir une action plus spectaculaire et satisfaisante. Godzilla vs. Kong apparaît donc plus supportable et divertissant par sa volonté de s'assumer en spectacle régressif, ce qui ne le rend pas meilleur mais au moins regardable.

The Nightingale
7

The Nightingale (2018)

2 h 16 min. Sortie : 9 mars 2021 (France). Drame, Aventure, Thriller

Film de Jennifer Kent

Flaw 70 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Après avoir fait forte impression en 2014 avec son premier film, The Babadook, il aura fallu du temps pour que le deuxième long métrage de Jennifer Kent voit le jour. Probablement trop intimidé par sa radicalité, les distributeurs ne se sont clairement pas pressés de le sortir, lui qui avait déjà chamboulés aux quelques festivals où il a été présenté. Et il sort donc ici en catimini pendant une période troublée où on est quasiment sûr qu'il passera inaperçu, le tuant dans l'œuf.
Pourtant, ce The Nightingale en a à revendre. Certes très dur, voire même par moments insoutenables notamment dans sa première demi-heure, le film s'avère sans concessions alors qu'il s'enfonce dans un récit de vengeance nihiliste sous la forme d'un western âpre et brutal. Evoquant l'ignominie et la folie de l'homme blanc dans sa conquête mégalomaniaque des terres et des corps, le scénario montre avec une radicalité sidérante comment celui qui se croit fort impose son insatiable dominance à celui qu'il prend pour faible. Faisant un parallèle entre le viol et la colonisation en montrant à quel point cela peut être les deux actes les plus violents et cruels qu'il est possible de commettre, privant un individu de sa maison et de sa terre, et de l'autre son corps et son choix.
La révolte n'est que seule réponse à cette barbarie et le film dresse un portrait saisissant de la quête de vengeance de cette jeune femme à qui ont a tout pris et de ce jeune homme noir qui aura subit tout les affronts alors que les siens sont massacrés et violés sans le moindre remord. Ici la justice n'est qu'illusoire et le constat final, terrassant d'amertume. Porté par un casting talentueux et une réalisation somptueuse, le film prendra souvent le chemin d'un voyage onirique et sensorielle. Avec sa photographie organique, Jennifer Kent signe une mise en scène picturale impressionnante conservant ici une approche très horrifique dans sa façon de dépeindre la violence et le trauma. Elle démontre ici tout son talent même si elle étire parfois un récit trop long qui connaîtra quelques longueurs dans un second tiers moins inspiré et un peu plus répétitif.
Même si parfois il aurait gagné à être un peu plus resserré pour gagner d'autant plus en impact, The Nightingale reste un puissant western qui brille par sa radicalité, sa brutalité ainsi que l'approche sans concessions de son sujet. Lucide sur le monde qu'il dépeint, il nous sert un récit amer et authentique qui s'avère aussi ténébreux que bouleversant.

Flaw 70

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