2017 : Les films que j'ai vus

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A la fois plongée dans les milieux populaires de Londres (et dans la "face cachée" du bourgeois) et réflexion métaphysique sur l'Homme (rien que ça !), Naked est une très bonne surprise devant beaucoup à la mise en scène de Mike Leigh (alternant entre prises au vif et plans très travaillés) et à l'interprétation monumentale de David Thewlis.

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Variation sur "Un homme et une femme" (allusions dans les dialogues, utilisation du noir et blanc et de la couleur, similitudes scénaristiques), "La Bonne Année" est une romance parfois brouillonne mais intéressante par sa satire de la bourgeoisie et ses fulgurances de mise en scène.

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La caméra volatile de François Truffaut et sa précision du montage (rappelant parfois Hitchcock) au service de la mise à nue de l'infidélité, de l'éclatement de la cellule familiale et du portrait de la faiblesse de l'homme face à la femme.

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Malgré un discours sur la fugacité des relations hommes-femmes et un portrait de l'entrée dans la vie active plutôt intéressant, Truffaut fait preuve d'une mise en scène trop approximative et oriente son acteur principal vers de l'improvisation qui n'est jamais juste. Au final, j'ai le sentiment qu'il y avait beaucoup de bonnes idées, mais le résultat est trop brouillon et peine à trouver un juste milieu.

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Aussi abstrait que profondément encré dans l'histoire de l'Arménie (on y traite du génocide dans une convocation non-linéaire de l'histoire), Don Askarian lorgne du côté de Tarkovski sans jamais atteindre son génie à cause d'un symbolisme parfois inutilement alambiqué et d'une tendance au "beau plan" gratuit. Reste un film très riche et profond, dont certaines séquences méritent à elles-seules le visionnage.

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Un joyeux bordel, portrait de la génération politisée et/ou aliénée par la société de consommation des années 60.

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Certes, la musique tire parfois le film vers le mélodrame larmoyant (la faute aux producteurs ?) et la mise en scène en fait parfois trop pour montrer ses effets numériques. Mais, si l'on passe outre ses défauts évidents, Quelques minutes après minuit reste un film profond sur l'acceptation de la mort par l'enfant et la manière dont psychologie et imaginaire sont reliés. Il refuse le manichéisme classique des films et contes pour enfant afin de coller à un monde moderne complexe, où le dualisme bien/mal n'existe plus : cela donne des séquences de contes magnifiques mélangeant plusieurs techniques du cinéma d'animation. Au final, surpassant de loin la thématique du "l'imaginaire pour s'enfuir d'un monde angoissant", Juan Antonio Bayona le propose comme thérapie, et on ne saurait lui donner tort.

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Suite directe de "Baisers volés", Truffaut s'oriente vers la comédie frôlant l'absurde tout en continuant son portrait des relations conflictuelles entre l'homme et la femme. Rien de bien transcendant, juste un film au ton léger et, il faut le dire, assez en inadéquation avec l'atmosphère politique de son époque.

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Zéro de conduite a pris un sacré coup de vieux, mais il y a suffisamment de poésie visuelle et d'humour absurde dans ce pamphlet contre un système éducatif trop rigide pour en apprécier le visionnage.

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Il y a du bon dans Film Socialisme, notamment dans ces plans sur une croisière de luxe coupée du monde entremêlée aux discours philosophico-politiques des "personnages". Le problème, c'est que le film devient de plus en plus décousu, jusqu'à perdre de vue la véritable essence du projet pour ne devenir qu'un essai bâclé et faussement réflexif.

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Terrence Malick réalise une variation de Bonnie and Clyde en jouant avec la mythologie hollywoodienne. Il compense la violence de son protagoniste masculin par un traitement poétique de cette vie en pleine nature, sans jugement moraliste, tout en dressant un portrait assez cynique de l'Amérique profonde. Il manquerait peut-être au film un peu plus de génie dans sa mise en scène, qui s'en tient parfois au stricte minimum.

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Aussi intriguant par son rapport au corps, ses cadrages précis, son noir et blanc magnifique que profond par son questionnement sociologique de la femme et ses thématiques philosophiques. Une femme mariée n'est pas un grand film (il est bien trop fourre-tout) mais reste une oeuvre trop méconnue de Godard.

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Zootopie est un des rares films d'animation à ne pas se contenter d'un discours de tolérance passe-partout, mais creuse sa thématique jusqu'à donner une analyse plutôt intéressante de la politique par la peur et la stigmatisation. On sent par ailleurs la volonté de coller à une réalité plus complexe que dans les Disney des années 90, et on ne peut que saluer cette orientation. On regrettera cependant certains personnages caricaturaux qui nuisent au discours, un certains conformisme visuel (bien que techniquement, le film soit épatent) et une musique pop à la limite du supportable.

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On retrouve beaucoup de thématiques chères à Sion Sono dans Himizu : les relations familiales plus que tendues (ici, les cas sont extrêmes), la quête existentielle, la violence qui se niche au plus profond de la société japonaise... C'est une réussite, même si l'aspect "bordélique" de la structure et parfois de la mise en scène peut rebuter, la poésie de certaines séquences est d'une rareté précieuse.

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Following souffre de n'être rien de plus qu'un thriller avec un récit simpliste que Nolan tente de rendre complexe en mélangeant les temporalités. Certes, il fut réalisé avec un budget ridicule, mais ça n'explique pas non plus que la mise en scène soit aussi vide la plupart du temps, malgré une photographie rendant une ambiance poisseuse. Il reste alors quelques bonnes choses, comme les réflexions sur le foyer et le matérialisme, mais rien qui n'en fasse autre chose qu'un banal thriller à twist final.

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Comment une oeuvre d'art peut-elle naître d'un tel chaos ? C'est à cette question que tente de répondre Truffaut, en essayant d'englober tout ce qui fait entrave au processus créatif : les problèmes individuels, les aléas sur le tournage, les limites de temps etc... C'est aussi un film sur la transition du tournage studio à la nouvelle vague et ses tournages en équipe réduite en pleine rue. On pourrait lui reprocher parfois une certaine idéalisation des rapports producteur/réalisateur, mais le fait est que cet déclaration d'amour au cinéma est un riche témoignage d'un passionné.

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Spetters, c'est une vision de la perdition de la jeunesse parfois assez juste mais qui manque souvent de finesse (personnages caricaturaux, "subversif" tape-à-l'oeil...). On y trouve toutes les thématiques de Verhoeven à l'état embryonnaire, comme s'il n'avait pas encore acquis la distanciation si caractéristique de son cinéma.

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On trouvera difficilement un film traitant de la mort et de son rapport avec la religion (et le scepticisme) aussi profond que le septième sceau, qui en encrant cette fable fantastique dans un Moyen-Âge rongé par la peste rend son récit universel et intemporel. Sa science du cadrage et de la perspective (absent justement de l'art pictural du Moyen-Âge) donne une richesse figurative à chacun de ses plans.

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On retrouve déjà presque toute la dramaturgie et les gimmicks de mise en scène d'Hitchcock dans l'Ombre d'un doute. En encrant le meurtre au sein du cocon familial, il renverse les codes du thriller et propose un regard plein d'intelligence et de distanciation sur l'évolution de la famille américaine, le conflit générationnel et offre un "méchant" plein de nuance et de cynisme, qui se révèle comme souvent chez Hitchcock le personnage le plus lucide.

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On ne retiendra de ce film que les quelques pointes de satire intéressantes et l'utilisation très "anti-naturaliste" de la couleur, tant le génie d'Hitchcock est noyé dans cette comédie où il semble se caricaturer lui-même.

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Rien de vraiment nouveau sous le ciel Hitchcockien, L'homme qui en savait trop souffre de son récit et sa dramaturgie prévisibles. Mis à part quelques séquences à la mise en scène grandiose (l'opéra en est le plus bel exemple), il n'y a pas grand chose d'intéressant à se mettre sous la dent.

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Entre influence surréaliste (on pense à Bunuel) et film-énigme préfigurant déjà le cinéma de Lynch, Meshes of the Afternoon est une oeuvre intrigante où les expérimentations de mise en scène (mouvement de caméra et gravité, raccord spatiaux-temporels) sont au service d'un récit personnel sur la place de la femme.

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Autre expérimentation sur la manière dont le cinéma peut rapprocher des espaces-temps éloignés tout en créant un sentiment de continuité.

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Difficile de juger d'un film inachevé, 'on trouve dans Witch's Cradle des choses intéressantes mais le tout est assez décousu.

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Quand le corps d'un danseur s'extirpe des lois de l'espace-temps grâce au cinéma.

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Bien étrange essai filmique sur le temps, où l'on voit l'aboutissement des expériences de son film précédent.

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Moins intéressant d'un point de vue de la mise en scène que ses autres films, cette oeuvre vaut surtout pour la performance de Chao Li Chi qui associe une tranquillité apparente à une violence des mouvements.

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Dans la lignée de son précédent film en négatif, The eye of the night est un ballet entre le ying et le yang sublimé par la musique de Teiji Ito.

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Probablement pas le meilleur Keaton, L'opérateur atteste malgré tout d'une inventivité de mise en scène (passant comme toujours aussi par la précision des cascades) et d'un commentaire assez glaçant sur la course à l'image (toujours d'actualité).