1001 albums à écouter avant l'Effondrement

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On commence par le jazz et plus précisément par un style extrêmement influent qui s'est développé dans les années 1940 et 1950 aux Etats-Unis : le bebop. Le pianiste et compositeur Thelonious Monk a été l'un des pionniers de ce style qui a fait passer le jazz du statut de musique populaire à celui de genre complexe et virtuose. Le bebop a recours à un tempo rapide et apporte des innovations harmoniques et rythmiques. La dextérité de Monk au piano est époustouflante.

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Duke Ellington est l'un des plus grands compositeurs de l'histoire du jazz. Dans les années 1930, son "big band" (orchestre de jazz) était l'un des plus fameux de la musique swing, un genre qui donne une sensation de balancement. Ellington at Newport est un album live d'un concert donné par ce big band, où l'on trouve trompettes, saxophones, clarinettes, trombone, chant, contrebasse, batterie, ainsi que le piano joué par Ellington. A l'époque où l'album est enregistré, ce style de jazz est en perte de popularité au profit du bebop.

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Trompettiste hors pair, Miles Davis a été à la pointe de nombreuses innovations dans le jazz. Comme son titre l'indique, cet album s'inscrit dans le registre du "cool jazz", un style développé dès la fin des années 1940 sous la houlette de Davis en opposition à la virtuosité et à la complexité harmonique du bebop dominant. L'album compile des morceaux enregistrés à cette époque (beaucoup de choses se sont passées entre-temps) par son nonet qui comprenait six cuivres, un piano, une contrebasse et une batterie.

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Avec Chuck Berry, Fats Domino et Bo Diddley, Little Richard fait partie des musiciens noirs qui ont été les pionniers du rock'n'roll aux Etats-Unis à partir du milieu des années 1950. Ce genre musical dérivé du blues, du gospel et de la country aura une influence considérable sur la musique ultérieure. Chanteur et pianiste, Little Richard était réputé pour son exubérance et son énergie. Son premier album, paru en 1957, contient deux de ses grands classiques, aussi monstrueux l'un que l'autre : "Tutti Frutti" et "Long Tall Sally". D'autres morceaux comme "Slippin' and Slidin'", "Rip it Up" ou "Jenny Jenny" sont également réjouissants. Les saxophones qui accompagnent ses compositions leur donnent une certaine chaleur.

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Accompagné d'une contrebasse et d'une batterie, le saxophoniste Sonny Rollins joue un jazz qui donne l'impression de s'évader sur les rives du Rio Grande. Cette musique s'inscrit dans les registres du bebop et de son extension, le hard bop, caractérisées par l'improvisation et par la complexité des structures harmoniques et rythmiques. Du très beau travail.

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Considéré comme le premier « véritable » album solo du jazzman John Coltrane, avec des musiciens qu'il a lui-même choisis, alors qu'avant, il jouait avant tout avec ses maîtres (Thelonious Monk, Miles Davis...). Outre le saxophone de Coltrane, on trouve de la trompette, du trombone et du piano qui nous régalent de solos virtuoses sur une section rythmique composée de batterie et de contrebasse. Coltrane reste fidèle au style hard bop tout en imprimant sa singularité. La mélodie d'ouverture semble annoncer quelque chose de grandiose.

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Deuxième album de Little Richard, tout aussi frais que le premier. Il contient notamment "Lucille", l'un des titres les plus connus de Little Richard et par extension du rock'n'roll, très souvent repris. "Keep A-Knockin'" donne également une sensation d'énergie positive rarement égalée jusqu'à nos jours, notamment due à l'usage des saxophones en intermède. "Good Golly, Miss Molly" est un autre morceau d'anthologie.

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Cannonball Adderley est un saxophoniste alto qui, au moment d'enregistrer cet album, faisait partie du groupe de Miles Davis. Ce dernier joue d'ailleurs de la trompette sur quelques titres et a assuré un rôle plus important que celui d'un simple "invité" dans l'enregistrement. En plus des deux cuivres, on trouve juste du piano, de la contrebasse et de la batterie. L'album s'inscrit dans les courants bebop et hard bop et se compose de reprises, dont le standard "Autumn Leaves" (11 minutes) au début.

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Art Blakey est l'un des plus grands batteurs de l'histoire du jazz. Il a joué un rôle majeur dans le développement des styles bebop et hard bop. Sur l'album Moanin', il est accompagné du trompettiste Lee Morgan, du saxophoniste tenor Benny Golson, du pianiste Bobby Timmons et du bassiste Jymie Merritt. Ce disque exceptionnel est caractéristique du style hard bop : la virtuosité du héritée du bebop va de pair avec l'incorporation d'influences blues et gospel.

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Chet Baker était connu pour ses talents de trompettiste et de chanteur, mais sur cet album qui navigue entre hard bop et cool jazz, il se concentre sur la trompette. Il est accompagné par le bassiste Paul Chambers, le pianiste Bill Evans et le batteur Philly Joe Jones, connus à l'époque pour constituer la section rythmique de Miles Davis, et par d'autres pointures de l'époque : le flûtiste Herbie Mann, le saxophoniste Pepper Adams, le guitariste Kenny Burrell et le batteur Connie Kay.

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Le Chicago Blues est un style de blues développé à Chicago qui s'est caractérisé par l'ajout de divers instrumentaux, notamment une guitare électrique, une basse et une batterie (préfigurant le rock) au style dépouillé du Delta Blues représenté par Robert Johnson. Tout comme Muddy Waters, le chanteur et joueur d'harmonica Howlin' Wolf fut l'une des figures majeures du Chicago Blues. Son premier album regroupe des morceaux parus précédemment en singles dont certains comme "Moanin' at Midnight" ou "Smokestack Lightning" sont devenus classiques. Parmi les musiciens invités, on trouve notamment Willie Dixon à la contrebasse et Willie Johnson à la guitare. Ce dernier introduit un accord de guitare saturée, ce qui est innovant pour l'époque, sur "How Many More Years".

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Chuck Berry fut l'un des pionniers du rock'n'roll aux Etats-Unis dans la deuxième moitié des années 1960. Son énergie et sa qualité de composition rendent ses chansons toujours aussi fraîches aujourd'hui. Ce troisème album contient plusieurs standards repris plus tard par des groupes comme les Beatles ou les Rolling Stones : "Johhny B. Goode", "Roll Over Beethoven", "Maybellene" ou encore "Carol".

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Classique parmi les classiques, Kind of Blue est bien plus qu'un album de Miles Davis : c'est la rencontre passionnante entre certaines des plus grandes pointures du jazz, parmi lesquelles Miles Davis (saxophone), Cannonball Adderley (saxophone alto), John Coltrane (saxophone tenor) et Bill Evans (piano) qui font alors tous partie du sextet de Davis. Sur cet album, celui-ci met de côté le hard bop de ses oeuvres précédentes pour poursuivre l'exploration du jazz modal, un style laissant une grande liberté en termes de gammes qui aura une influence considérable dans la musique.

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L'un des albums les plus importants de Charles Mingus, célèbre contrebassiste de jazz, accompagné ici de deux saxophones, deux trombones, un piano et une batterie. Le style de Mingus s'inscrit dans le bebop avec une ouverture vers le free jazz, une nouvelle approche du jazz qui s'est développée dans les années 1950 et 1960 pour dépasser les limites du bebop, du hard bop et du jazz modal, en remettant à plat les conventions en termes de tempo ou d'enchaînements d'accord par exemple.

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Surnommé le "Genius" (génie), le pianiste aveugle Ray Charles est l'une des figures majeures de la musique américaine - plus précisément, afro-américaine à une époque de ségrégation raciale contre laquelle il a lutté. Il est passé par différents styles (jazz, gospel, blues, country, rhythm and blues…) et a eu une influence sur des styles futurs (soul mais également pop, rock et hip-hop). Paru en 1959, The Genius of Ray Charles comporte deux faces bien distinctes : la face A comprend des morceaux de swing joués avec un big band comportant moult trompettes et saxophones, tandis que la face B comprend des ballades accompagnées de cordes.

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Jacques Brel est l'un des plus grands compositeurs et interprètes de chansons francophones. Ce quatrième album contient un sommet de lyrisme, "Ne Me Quitte Pas", et un autre des titres les plus célèbres du Belge, le joyeux "La Valse à Mille Temps". On y trouve aussi des morceaux graves comme "La Mort" ou "Seul", d'une emphase rarement égalée, et d'autres plus légers comme le mignon "Isabelle", le moqueur "La Dame patronesse" ou le caustique et entraînant "Les Flamandes".

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Le quartet du pianiste Dave Brubeck inclut Paul Desmond au saxophone alto, Eugene Wright à la contrebasse et Joe Morello à la batterie. Time Out est l'un des albums les plus importants et les plus beaux de l'histoire du jazz. S'inscrivant dans le registre du cool jazz, il s'en extrait à travers des expérimentations en termes de signature rythmique : par exemple, "Blue rondo a la Turk" démarre en 9/8, "Take Five" est entièrement joué en 5/4 et "Kathy's Waltz" passe du 4/4 au 3/4. Les partitions de piano sur ces trois morceaux et les parties de saxophone qui se calent dessus sont un délice.

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John Coltrane vient de quitter le quintette de Miles Davis pour voler définitivement de ses propres ailes. Ce nouvel album est considéré à l'époque comme non orthodoxe en raison de l'usage d'un saxophone soprano, plus petit et aigu que le saxophone tenor habituel. On comprend que John Coltrane ait été fasciné par ce son, qui a quelque chose de magique. Il est accompagné d'un piano tout aussi ensorcelant, d'une contrebasse et d'une batterie. Le titre éponyme (signé Rodgers and Hammerstein) est un magnifique exemple de jazz modal, s'affranchissant de la tonalité : Coltrane poursuit en cela les expérimentations du maître Davis. La face B revisite deux morceaux de Ira et George Gerschwin dont le classique "Summertime".

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Père spirituel de la soul et figure importante des années 1950 et 1960, Sam Cooke est le fils d'un pasteur baptiste et a commencé dans le gospel. Il a gardé une part de cette religiosité tout en aspirant à créer des morceaux pop, d'où son style un peu hybride consistant en un rhythm and blues (style afro-américain développé dans les années 1940 et précurseur du rock'n'roll) mélancolique. S'inscrivant dans cette filiation, The Wonderful World of Sam Cooke est aujourd'hui considéré comme un classique de la soul. L'album commence par "(What a Wonderful World)", à la mélodie accrocheuse, qui reste l'une des plus belles chansons d'amour jamais composées.

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Surnommée "la reine du folk", Joan Baez fut l'une des chanteuses les plus importantes des années 1960 et 1970. Son répertoire est constitué principalement de reprises, mises en valeur par sa très belle voix de soprano. Son premier album Joan Baez, paru en 1960, comprend des ballades folk traditionnelles, des blues et des complaintes (chansons formées de nombreux couplets dont le sujet est sombre voire tragique). Certains de ces morceaux seront repris à leur tour par d'autres artistes dans des versions qui deviendront célèbres, comme "The House of the Rising Sun" par The Animals ou "John Riley" par les Byrds.

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Premier album de la chanteuse états-unienne Jamesetta Hawkins alias Etta James, il est remarquable par la diversité des styles auxquels se rattachent les reprises qui le composent : blues, soul, pop, R&B. Cela en fait une bonne occasion de s'immerger dans plusieurs pans de la culture américaine, avec le fil conducteur de la voix puissante, profonde et riche en contrastes d'Etta James. Le titre éponyme "At Last", repris de façon très personnelle, est devenu la signature d'Etta James et sa version a elle-même été souvent reprise par la suite.

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Dans la lignée de La Valse à mille temps, Marieke est l'un des albums de Brel les plus homogènes en qualité. Le titre éponyme, chanté à la fois en français et en flamand, est virevoltant : rarement un chanteur aura si bien réussi à matérialiser les emballement du cœur. "Le Moribond" fait partie de ces chansons tragi-comiques de Brel à l'humour mordant, qui s'écoutent comme on lirait un fabliau, avide de connaître la suite.

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De tous les musiciens du XXème siècle, peu ont eu une influence aussi considérable que Robert Johnson. La légende raconte qu'il aurait noué un pacte avec le diable pour devenir l'un des plus grands guitaristes de tous les temps. Dans les années 1930, il fut l'un des pionniers du Delta blues, un genre épuré né dans la région du Mississippi où un chant mélancolique est accompagné principalement de guitare acoustique et d'harmonica. Mort en 1938 à l'âge de 27 ans (il est donc un membre parfois injustement oublié du "Club des 27"), il a laissé un patrimoine de 29 chansons dont 16 ont été immortalisées en 1961 par le label Columbia sur une première compilation. La qualité d'enregistrement de l'époque est médiocre, ce qui peut rebuter, mais la qualité de la composition est immense.

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Le deuxième album de Joan Baez poursuit le filon du premier : il s'agit d'un recueil de chansons folk traditionnelles venues des Etats-Unis, de Grande-Bretagne ou d'Irlande, reprises par la chanteuse soprano. La reprise de "Lily of the West" notamment est très belle.

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Désormais libéré du quintet de Miles Davis, John Coltrane rejoint un moment Thelonious Monk pour une rencontre entre deux légendes du jazz. Le saxophoniste et le pianiste sont accompagnés du contrebassiste Wilbur Ware et du batteur Shadow Wilson, ainsi que d'autres musiciens sur deux titres notamment Coleman Hawkins, autre maître du saxophone.

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Sur cet album, Coltrane joue des saxophones tenor et soprano et s'accompagne de piano, de trompette, de contrebasse, de batterie ainsi que (plus rare !) de flûte. Comme sur l'album précédent Africa/Brass, il nous fait maintenant entendre ses propres compositions. Il s'agit d'un jazz modal donc très libre dont le premier titre "Olé" (18 minutes 17) s'inspire de la musique folk espagnole. Plus tendu qu'"olé olé", au final ! "Aisha", écrite par McCoy Tiner, est davantage calme et mystérieuse avec ses notes de piano graves.

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Un autre album de Brel qui contient son lot de perles qui font que c'est l'un des plus grands chanteurs francophones. "Le Plat Pays" est une ode touchante à sa Flandre. "Les Bourgeois", "Madeleine" et "Bruxelles" forment une belle triplette de chansons légères et entraînantes, avec des galeries de personnages finement décrits et un art du récit parfaitement maîtrisé.

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William Emanuel Huddleston, alias Yusef Lateef, est connu pour avoir intégré des éléments de musique orientale dans son jazz. Cela constitue une variation du hard bop. Eastern Sounds est caractéristique de ce style qui exercera une influence importante sur John Coltrane et est parfois considéré précurseur de la "world music". Lateef est avant tout saxophoniste mais joue aussi d'autres instruments, y compris originaires d'Afrique et d'Asie. En l'occurence, Eastern Sounds comprend notamment un xun (sorte de flûte en forme d'oeuf venant de Chine) joué par Lateef et un rubab (sorte de luth originaire d'Afghanistan) joué par le contrebassiste Ernie Farrow.

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La country est un genre qui s'écoute peut-être à petite dose, mais qui s'écoute. Les chansons de Willie Nelson, né au Texas en 1933, correspondent à ce qui existe de plus authentique dans ce genre de folk typique des Etats-Unis, réputé (un peu abusivement) comme le "blues des blancs" et qui fait la part belle aux états d'âmes. De la discographique abondante de Nelson, on retiendra notamment ce premier album.

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Cette rencontre entre deux légendes du jazz est aussi la rencontre entre deux générations. Le saxophoniste John Coltrane vient de bouleverser le jazz avec une série d'albums apportant des innovations majeures tandis que le pianiste Duke Ellington représente plutôt la vieille école. Il en résulte un album d'ambiance intimiste qui s'ouvre avec "In a Sentimental Mood", l'un des classiques d'Ellington.