Tintin au Tibet
5.1
Tintin au Tibet

Jeu de Infogrames et Atari, Inc. (1994Mega Drive)

Le gaming, c'est en grande majorité pour s'échapper de notre quotidien, d’éclaté avec des potes, découvrir les nouveautés, avoir un certain plaisir, dégagé leur accumulation de stress ou encore prendre plaisir. À côté de cela, se cache un monde (assez sombres au passage) où certains gamers ne jurent que par des titres aux tendances sadiques où leur esprit et leur rectitude sont mis à tout épreuve. L'insurmontable, la notion de difficulté et de la punition mentale propulsée à de nouveau sommets où l'échec constant est synonyme d'affûtage pour en plus, en prendre plaisir. C'est ici que les termes "Hardcore Gaming" et "Nintendo Hard" sont employés. Là où le casual se rapproche plus des jeux faciles, sur rails ou faisable en automatisme sans grand effort demandant où même un "No Brain" peut réussir la main dans le slip, le hardcore gamer va encore plus loin que le casual gamer ou même, le gamer traditionnel et choisi des jeux où il faut un minimum de QI, beaucoup d'attentions, d'analyse et de persévérance forte afin d'y arrivé et ce, par le biais de jeux demandant une concentration maximale de celui-ci dans ces moments les plus tendus et où l'échec est laborieux, telle les bornes d'Arcades demandant au joueur de chercher la moindre pièce de leurs porte-feuilles Relic afin de pouvoir continuer la partie, ou de payer un jeu NES full-francs pour se retrouver avec un jeu, certes court, mais à la difficulté ultra-poussée à son paroxisme afin d'en faire ressortir toute sortes de satisfaction du consommateur, celui-ci ayant déjà payer le jeu presque Day One, d'où le terme "Nintendo Hard".


Bien avant que From Software soient à l'apogée de ce mouvement, les années 90 possédait un large panel de développeurs aux expériences plus ardues les unes que les autres. Il y avait soit Capcom avec les Ghosts'n Goblins (l'ancêtre de Dark Souls pour beaucoup), Ultra (ou Palcom en Europe), division de distribution occidental de jeux NES/SNES de Konami, reconnu pour le, certes presque impraticable, mais très sous-côté Teenage Mutant Hero Turtles sur NES, Rare avec les Battletoads, Ocean Software avec l'immonde adaptation du film Waterworld et Prugsley's Scavenger Hunt, Konami avec les Castlevania, Rocket Knight Adventures (et sa suite, Sparkster sur SNES) et autres Contra, Tecmo avec Ninja Gaiden et bien-sûr, un développeur Français que beaucoup de jeunes connaissent aujourd'hui grâce à JDG mais que les plus vieux d'entre-nous connaissent pour leurs adaptations complètement incessantes de BD sur 16 et 32 Bits, Infogrames et on va parler aujourd'hui de ce qui est belle et bien leur oeuvre la plus connue, Tintin au Tibet (non, V-Rally et Alone In The Dark ne comptent pas).


Considérée comme la BD préférée de l'auteur Hergé qui a subi une adaptation animé en 1992, le studio Lyonnais d'Infogrames décide deux ans plus tard d'en faire une adaptation vidéoludique, car les gamins de l'époque n'avait pas la chance de mattez la série Tintin dû à son heure de diffusion assez tard sur la 3. Mais, bien sûr, avec l'adaptation d'Astérix sur NES, il fallait bien sûr qu'Infogrames y rajoute une cuillère à soupe de schizophrénie et de "masocore" dans ce "dangereux" mélange. En se fiant à la pochette que reprend un plan de l'épisode éponyme de la série: entre Tintin qui essaie de grimper l'Himalaya afin de trouver son pote Chang qui était dans un avion qui s'est craché sur la montagne, on peut s'attendre à un autre cashgrab cynique sans grand intérêt sous forme d'un jeu plateforme dans un marécage de titres de la même veine de l'époque. Mais celui-ci est, pour le mieux que l'on puisse dire, différent. En effet, se cache derrière cette inoffensive cartouche Mega Drive de 4 MB un titre faisant 14 niveaux et seulement 4 mots de passes (ce qui est très peu), dans lequel votre âme et votre conscience va passé sous le rouleau compresseur! En effet, vous y êtes pour un tour, un SACRÉ TOUR!


Nous commençons donc ce périple douloureux par un flashback de la BD "Le Lotus Bleu" qui explique comment Tintin a connu Chang et une séquence dans un Hôtel de Katmandou où Tintin doit récupérer une lettre (présumablement de Chang, ce qui m'étonnerais vu que celui-ci venait à peine d'être témoigné du crash du vol dans lequel ce dernier se trouvait? Où alors, ses visions n'y était pour rien sachant qu'il s'apprêtait à recevoir un lettre de ce dernier?) à la réception de l'Hôtel. Vous allez vous dires que ces deux premiers niveau vont être potables mais, MAIS, avec le gameplay incroyablement miteux, les enfants qui vous fonces dessus et les tourbillons d'eaux et autres conneries qui vous allez devoir éviter jusqu'à Chang, en passant par les serveurs de l'Hôtel et autres chiens qui vont vous surprendre en sortant de certaines chambres. C'est à partir de ce niveau que l'on se rend compte qu'en terme d'abus indésirable, Tintin n'a rien à envier face à un certains duo de glandeurs aux langues de charretiers, étudiants au collège d'Highland qui ont aussi eu la chance d'avoir leur adaptation vidéoludique sur Mega Drive et SNES en 1994.


Vos esprits déjà un peu aux bas des rats, vous continuez dans le niveau de Katmandou où des jarres, des passants et même des clochettes au-dessus de certaines plate-formes peuvent heurter (ou dans le pire des cas, tuer) notre héro Belge. On passe ensuite à des niveaux où tu dois carrément nourrir des bœufs en montagne afin d'avancé et où tu dois sauver Milou de la noyade avec le timer parfaitement chronométré à la DEMI-SECONDE PRÈS! Vous pourrez progresser. L'ambiance déjà posée, vous êtes déjà bien.


Et là, vous arrivez dans les Chortens, un niveau absolument traumatisant, d'une brutalité frôlant le morbide et digne des pires descentes aux enfers sous une ce qui semble présumé être une piste d'Aphex Twin (issue de sa période Jungle) ultra-compressée et high-pitched pour mieux s'accorder avec la maigre (mais parfois solide) puce audio Yamaha YM2612 de la MegaSis, en fond, résultant à de la sous-Breakcore en MIDI. Il faut choisir le bon chemins à prendre afin d'arriver à Milou en évitant les failles, les rochers et les arbres mais, dû à la configuration ridicule des touches sur ce niveau, les chances de vous voir finir agenouillé sous le douche en train de chialé excèdent ce qu'on pourrait appelé de la "certitude". Si vous pensiez que le niveau de l'Hôtel était une espèce d'allégorie du purgatoire et le niveau de Katmandou pendant l'orage était l'avis du juge à la porte du paradis. Les chortens, c'est la chute longue et DUR vers l'enfer, après que celui-ci vient d'apprendre que vous êtes, à un moment précis en 2008, rentré dans le métro, le boombox à l'épaule, en train d'improviser sous du BrokenCyde, le tout en hurlant: "QUE C'EST BON"!, causant ainsi la confusion et le déni parmi les passagers et autres travailleurs (oops!).


Et vous vous frayez un chemin à travers cette dance macabre avec le niveau de l'épave, de l’Himalaya ou encore de la caverne du Yéti remplie de pièges bien "Dark Soulsesques", avec un gouffre joliment placé dans une épave, des plate-formes fondantes, une séquence d'escalade bien redondante accompagnée d'une AI alliée (dans ce cas, ce bon vieux Capitaine Haddock), où encore une fois, vous vous positionnez de mauvaise manière ou l'inertie ultra-janky d'un de vous deux avec la corde foire (et croyez-moi, elle VA foirer) et c'est le démise ultime pour vous deux, un autre passage de "pseudo-investigation" au monastère (qui est, encore une fois, loin d'être mieux que celui de l'hôtel du départ en terme de game-design et balancing) et même une ombre de Yéti pouvant tuer Tintin. On continue donc à serpenter dans cette asile mentale vidéoludique anxiogène à l'effigie de l'un des plus célèbre figures de la BD Franco-Belge où la rage, l'anxiété, le stress, les pleures, les larmes de sang sont rois et reines, et dès que l'on arrive à Chang au Niveau 14, enfin vient la lumière au bout du tunnel vers l'inévitable perte d'esprit.


C'est là où l'on voit que Infogrames divergent totalement avec les développeurs de jeux du mouvement "Nintendo Hard" où prenant tout simplement une licence appréciée et là transformant en marche sur le feu vidéoludique en la mélangeant avec quelques défauts de Design et de Gameplay afin d'y ajouter un peu de difficulté artificielle aimée de tous. Préparez-vous, ces 14 niveaux sont des épreuves spirituelles où la cohérence du jeu de plate-forme n'a plus aucun sens, même dans un jeu de cette vague! Si vous considérez que Bloodborne frôle ce que l'on pouvait accomplir en terme de difficulté dans le milieu du jeu vidéo, réfléchissez un peu, donnez-y une chance et sortez-y retourné de l'esprit et ainsi, rien du titre précédemment cité ne vous surprendra.


(Critique modifiée le 11 Novembre 2020)

Just_Guillaume
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les jeux où il y a une forte chance de casser sa manette (ou son clavier)

Créée

le 22 déc. 2015

Critique lue 1.2K fois

3 j'aime

Just_Guillaume

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

3

D'autres avis sur Tintin au Tibet

Tintin au Tibet
Kwack
7

Critique de Tintin au Tibet par Kwack

Ouais, il est insupportable ce jeu. Oui, Tintin est une tata qui se fait éclater par des clochettes. Oui, la difficulté de base est en mode "Jedi". Il n'en reste pas moins très beau...

le 30 mars 2013

7 j'aime

24

Tintin au Tibet
Lonewolf
3

Critique de Tintin au Tibet par Lonewolf

LE jeu le plus frustrant que j'ai fait sur Super NES. Ce truc indéfinissable est beau, fidèle à la BD dans sa forme comme dans l'histoire développée...Et le son est sympa. Mais comment c'est pas...

le 13 déc. 2010

4 j'aime

1

Du même critique

Cosmogramma
Just_Guillaume
9

Un visage d'ordinateur et un être pure

Moi, étant un assez grand fan de musique électronique, j'ai quand même pris un peu de temps à me faire à l'IDM (l'Intelligent Dance Music). Là où j'étais un très grand fan de Massive Attack, de The...

le 27 oct. 2015

1 j'aime