TimeSplitters 2
7.8
TimeSplitters 2

Jeu de Free Radical Design et Eidos Interactive (2002PlayStation 2)

Free Radical, un nom de studio quasiment oublié du système, enterré et racheté par Crytek à cause d’une erreur de choix de carrière. Le nom du coupable ? Haze, un FPS sorti exclusivement sur PS3 en 2008, développé par Free Radical pour sa première incursion vers les consoles HD. Sauf que Haze est raté, Haze est une honte vidéoludique et est considéré désormais comme le pire jeu de cette génération. Pour moi personnellement, à ce moment-là, c’était pire que la mort de Mufasa dans le Roi Lion ou le naufrage de Squaresoft. Un projet issu d’un développement chaotique, une balle dans le pied qui a fait coulé le studio qui a quand même fait un des meilleurs first person shooter sur console : TimeSplitters 2.

Free Radical Design était un studio de développement britannique monté en avril 1999 par quatre game designers de chez Rare : David Doak, Steve Ellis, Karl Hilton et Graeme Norgate développeurs entre autres du mythique Goldeneye 007 sortie sur la Nintendo 64 en 1997 ou encore Perferct Dark en 2000. Préférant travailler en petit comité plutôt que monter une grande équipe, Free Radical reste un studio très familial où tout le monde connait tout le monde. Ce qui influence beaucoup le développement de leur premier jeu : TimeSplitters. Le premier volet de cette licence est sorti en 2000 pour accompagner le line-up de la Playstation 2 en Europe. Free Radical se voit accroître un succès d’estime plutôt que commercial. Le jeu se fait remarquer via son design cartoonesque et parodique. Le gameplay hérité tout droit du Goldeneye 64 (la même gestion de la vie) est salué par la critique pour avoir su affiner le style FPS sur console. Alors que communément le jeu de flingue se jouait sur les machines de riche aka le PC, souvent en réseau et en ligne à l’époque. Le FPS PC demandait du skill et du temps d’entraînement pour tuer facilement son voisin. Techniquement le PC était en avance également, le FOV (communément le champ de vision en vieux patois) n’était pas limité et bridé comme sur console, il y avait les 60 FPS, ce qui rendait l’action beaucoup plus fluide, bref, il y a 12 ans, les consoles étaient déjà dominé par le PC. Heureusement, le studio anglais en proposant TimeSplitters, a préféré se concentrer sur ce que les consoles font de mieux, la convivialité et un gameplay plus simplifié et plus accessible qu’un Quake ou un Counter Strike par exemple. Malgré les ventes du premier volet plutôt décevantes, rien n’empêche le studio via l’éditeur britannique Eidos de se lancer une nouvelle fois dans l’aventure en développant le second volet.

Comprenez bien que le message de cette critique n’est pas : « c’était mieux avant« , mais comprenez : « Time Splitters 2 est toujours mieux que la production actuelle en terme de FPS ».

Comme pour le premier volet de la licence, Eidos fait entièrement confiance à l’équipe d’Ellis composé toujours d’une vingtaine de personnes dans une ambiance toujours bonne enfant, entre pure déconne et ligne de code. Il n’aura fallu qu’à peine deux années de travail pour que TimeSplitters 2 sorte le 11 octobre 2002 sur Playstation 2, Nintendo Game Cube et Xbox. Ce nouveau volet propose un mode histoire plus complet que son aîné, un mode histoire avec un scénario prétexte et digne d’un gros nanar. En 2401, le Sergent Cortez et le Caporal Hart sont envoyés dans une station spatiale où des scientifiques ont réussi à créer une brèche temporelle, malheureusement, toute la station se voit envahit de Timesplitters (des aliens dégueulasses) qui ont décidé que ça doit être vraiment drôle de mettre le boxon dans l’espace-temps. Le seul moyen qu’on nos deux compères de sauver le passé, le présent et le futur, c’est de récupérer les cristaux du temps disséminés à travers le temps afin de combler la brèche spatiale. Un voyage dans le temps à l’image de Ape Escape, TimeSplitters 2 propose 10 périodes à travers l’espace-temps. Le mode campagne se conjugue par 3 difficultés entre Facile, Moyen, Difficile, les trois difficultés font varier les objectifs à accomplir avant de récupérer le cristal du niveau. Ce qui frappe directement dans le jeu, du moins quand on joue tout seul, c’est l’ambiance qui découle des niveaux outre la direction artistique cartoonesque, on se retrouve entre ton parodique pour le niveau de la Sibérie qui est une repompe de film de genre d’horreur sur un niveau de Goldeneye, ambiance infiltration tendax au sein d’une mafia dans le niveau de Chicago, ou le stress permanent à la fin de chaque niveau où il fallait rentrer dans la faille temporelle de départ tout en se mangeant des aliens ultra-armés et loin d’être con. Différents clins d’œil parsèment l’aventure, comme le niveau de Neo-tokyo qui est une lettre d’amour à Ridley Scott pour Blade Runner, les différents protagonistes qui sont des caricatures d’acteurs (Schwarzenegger, Tom Selleck, Bruce Willis), le jeu pullule de détails de ce genre, pour le plus grand bonheur des fans de la pop-culture.

Le moteur du jeu est toujours développé en interne, en terme de technologie fait à la maison, le travail en amont est un exemple hors pair, les développeurs ont dû créer un moteur de jeu qui s’adapte sur 3 consoles de jeu différentes et donc avec toutes des caractéristiques propres et chiantes à optimiser. Ils ont su également mettre en place une I.A réactive, fourbe et loin d’être conne, les ennemis se planquaient et n’hésitaient pas à vous poursuivre tout en vous canardant. Même avec maintenant 12 ans dans les dents (ce qui m’effraie quand on voit un jeu comme Thief en 2014), le jeu reste dynamique, beau, propre et fluide (version PS2) si on le remet dans le contexte, certains jeux sur PS2 ont pris un sacré coup de vieux et ceux qui étaient considérés comme une perle graphique, on pensera à Killzone ou Black sont deux FPS devenus sacrément dégueulasses aujourd’hui. Cette jeunesse quasi éternelle de TimeSplitters 2 n’est pas le fruit du hasard, loin de là. Free Radical en partant entre une esthétique dessin animé et de réalisme caricaturé , en se dégageant du réel et en caricaturant le tout, le jeu se décharge de la course au réalisme et gagne en charme tout en aidant beaucoup à l’ambiance déjantée de l’oeuvre, comme à l’image de l’excellent Team Fortress 2. Voyez COD 4 ou Crysis 3 dans 10 ans, on en rigolera tous, surtout nous les rétrogrades et les pisse-froid en chef. Comprenez bien que le message de cette critique n’est pas : « c’était mieux avant« , mais comprenez : « Time Splitters 2 est toujours mieux que la production actuelle des FPS ». Ce qui est effrayant en comparant les coups de productions et le nombre de personne employés aujourd’hui pour produire un AAA. Côté musique qui accompagne l’ensemble, c’est composé par Graeme Norgate pour l’ensemble des niveaux, toujours dans un ton électronique underground londonniene, les musiques et le thème principal ne marqueront pas la mémoire collective des joueurs, mais le travail reste plutôt correct et certaines tracks sont plutôt cool.

Plusieurs nouveautés viennent étayer le premier volet déjà généreux à l’époque, TS2 augmente le maximum de joueur en LAN ou Multitap à 16 Joueurs, 125 personnages disponibles en multijoueur dont chacun ont leurs points forts et faibles, le mode arcade et l’éditeur de map qui permet de créer son propre terrain, pas aussi poussé qu’un SDK Source, mais il y avait assez de manœuvres pour créer des terrains de jeu assez fun pour le multi local, à noter la possibilité de créer ses propres missions et ses levels. Le jeu s’ajoute d’un mode arcade qui propose 120 défis à terrasser pour allonger la durée de vie de façon conséquente, le joueur en avait clairement pour son argent. Mais la grande force et l’intérêt du jeu résidait sur son mode multi-local. Si vous êtes du genre a aimé vous la coller entre potes avec des Super Smash Bros Melee, Mario Kart et consorts, TimeSplitters 2 est le cousin éloigné de cette famille Nintendo. Le point fort des machines 128 Bits (et parallèlement le point faible des Consoles HD), c’était justement cette mise en avant et le soin apporté des développeurs au mode multijoueur local, cette période s’inscrit dans la continuité de ce qu’a amorcer EA et populariser avec 007 Espion pour cible avec son mode multi ultra-convivial. Le multijoueur de TS2 se paramètre au début via un matchmaking pour choisir sa map, le nombre de joueurs ou de bots, son personnage et le mode de jeu. Et des modes il y en a un bon paquet, entre le mode « virus » où un joueur ou bot commençait avec un virus et le dernier qui ne se faisait pas touché avec gagner, ce genre de partie pouvait durer entre 30 secondes à 30 minutes, selon votre espièglerie et votre skill camping. Au total il y a 16 modes de jeu différents, à quatre joueurs, vous avez quoi faire votre soirée. Excepté les modes de jeux tous plus fun les uns que les autres, l’arsenal du jeu relevait de la pornographie, on en avait tellement qu’on ne sait même plus quoi ramassé sur le terrain, entre fusil laser, colt de cowboy, lance-patate, les moyens de poutrer ses amis ne manquent pas.

TimeSplitters 2 est avant tout un jeu vidéo multijoueur, un jeu que je conseillerai personnellement pour une soirée entre potes, toujours au-dessus du panier de la production actuelle, il ravira tout ceux qui cherchent à s’éclater sur un jeu. Il est convivial, fun avec un gameplay quasi instinctif. Un bol d’air frais grâce à sa direction artistique cartoonesque, parodique et déjantée. La production de Free Radical Design est encore un exemple aujourd’hui, un exemple qui démontre qu’on n’a pas besoin de 400 personnes et des méga-caisses de billet vert pour assurer une production vidéoludique, un jeu généreux qui aime ses joueurs et qui ne le prend pas pour le dernier des cons.
Koreana
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le 5 avr. 2014

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Luc Le Gonidec

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