Vous ai-je déjà parlé de ce pote à moi ?


Celui qui biglouche comme une taupe dans ses binocles culs-de-bouteilles... Mais si ! Celui qui se trimbale avec des Curly plein les narines, l'étourdi, en rêvant de Texas la bave aux lèvres, âme voyageuse s'il en est, amoureuse de cartes et d'estampes, tout le tintouin... Celui-là même oui !... Vous le connaissez en plus... Le laid oui ! c'est ça, pas faux... Bref, je te cause de lui parce qu'un jour de nuages pastels sur le couchant d'un soleil ensoleillé se reflétant sur les eaux liquides d'un port languedocien ressemblant à un chiffre dont je tairai la nom parce qu'un jour donc, disais-je, ce con me demanda de l'accompagner, ce con, à l'hôpital. Pour une opération de première importance soi-disant. C'est qu'il s'était mis dans l'idée de se faire greffer une énorme paire de nichons à cet illustre ; égalité homme-femme qu'il répétait, avenir de l'Homme, Tripotage pour tous, une avancée sociétale impérative pour la société qu'il beuglait... Vous voyez un peu le genre... Un vrai mec de convictions mon pote. Il voulait des gros nibards à s'en faire péter le bonnet et il en démordait plus.


Sauf que j'ai jamais pu les souffrir les hôpitals moi, déjà pour la simple et bonne raison que j'ai jamais été foutu de l'écrire correctement au pluriel, d'une. Et puis de deux, aussi, parce que. Sans compter qu'il y en pas mal des gens qui y meurent la-dedans, les hospitals, et c'est jamais bon signe. J'dis pas que y'a pas des gens sympas qui y travaillent, des blanches blouses, qui essaient de te réparer du mieux qu'ils peuvent quand t'es tout en vrac, ça j'dis pas, même que, aussi, des infirmières coquines, j'dis pas non plus, qui te comblent d'aisance du mieux qu'elles peuvent, dans des chambres, comme qui dirait, impersonnelles, j'dis pas, n'empêche que, j'aime pas ça moi les zôpitals, et même que, si un jour mon corps fait crac, d'une manière ou d'une autre, que je veux pas qu'on m y emmène dans un de ces bouges. Faudra que ça se finisse direct pour moi, au Pére sur l'instant, quitte à trouver, une comme qui dirait, bonne âme charitable, pour me comme qui dirait, terminer prestement à la batte, dans l'éventualité où mon fil de vie se montrerait, comme qui dirait, récalcitrant. Dernière mienne volonté ! Je veux pas de suspense ni de fil d'attente dans l’éther des couloirs, c'est tout. Pas de tralalas ! Qu'on m'organise des funérailles nationales subséquemment, une oraison funèbre (très) élogieuse (très), qu'on verse quelques beaucoup de larmes et quelques beaucoup de likes sur ma dépouille, et puis baste ! Au trou ! Avec les os des autres !


Alors j y ai dit qu'il pouvait bien se le mettre au cul son hôpito à mon poto, et bien profond toujours, de même que ses grosses gougouttes d'ailleurs, bien profondes pareilles, que j'irai pas dans son mouroir risquer la mort, même en échange de certaines caresses sur ses mamelons de la volupté. Mais vu que ça commençait à lui émoustiller le calbute plus qu'autre chose ce que je disais, j'y ai dit tel quel, définitif : "Y voudront pas de toutes façons, question des tiques !". Rideau !


Notez qu'il en existait quand même un d'hospital, que j'affectionnais tout particulièrement, du temps d'il y a longtemps. C'était celui que je devais gérer sur Theme Hospital, un jeu qui donnait foutrement envie d'en débusquer du lupus. Plutôt Rock'n'Roll comme ludiciel. Le but en était très simple : ramasser le plus de caillasse possible en faisant raquer les moribonds, et, accessoirement, les soigner aussi, ces moribonds, si vous aviez le temps, un peu. Et tous les coups étaient permis pour toucher au but.


D'abord, il fallait prendre possession de ses mètres carrés, tranquilou bilou, et ensuite commencer par employer le personnel. Quatre catégories pour faire tourner la baraque : les médecins (chirurgiens, psychologues et chercheurs), les infirmières, les réceptionnistes et les agents de maintenance. Le tout en prenant bien soin de choisir les moins incompétents et les moins cons, évidemment, et dans la mesure du possible, les moins coûteux. Libéralisme oblige, il était de toutes façons possible de les virer à n'importe quel moment à grands coups de taloches dans la gueule en cas d'erreur de casting. Dans le rectum le code du travail !


Une fois votre petite bande de foufous recrutée, liberté vous était alors donnée de construire les salles et les équipements adéquats pour accueillir les enfoirés de malades. Et question maladie c'était pas piqué des hannetons dans le genre nawak. Les infections étaient bien plus attrayantes que celles imaginées par Dame Nature depuis des siècles. L'Encéphantiasis (tête hyperenflée), la Courante (comme qui dirait, la chiasse), la Pilose (hyperpilosité des poils), le Syndrôme du King (mecs habillés en Elvis), l'Invisibilité (mecs qu'on voit pas, comme qui dirait, invisibles), l'Hyperlangue (langue grosse de manière très) sont quelques-uns des cas médicaux qu'il vous fallait résoudre. Les causes, de même que les traitements, étaient par ailleurs pour la plupart aussi loufoques qu'hilarants. Car c'était un ludiciel marrant, oui de oui ! Qu'il était drôle de voir les gens se faire éclater la tête à coup d'aiguille, avant de se la faire regonfler à la pompe. Ô Joie ! de voir des gens se faire couper la langue, qu'ils avaient trop pendues, et de les faire raquer un maximum pour prix du traitement. Ô Ivresse ! de voir des chauves recouvrer enfin leur dignité, suite à un bref passage dans la moumouteuse de génie, redonnant ainsi éclat et touffeur à leur crânes clairsemés. Le fun en maudit !


Ah ! oui, Theme Hospital, c'était bien la seule fois de ma vie où je me sentis à l'aise avec ce genre d'établissement, je peux le dire. Même quand tout le monde crottait mes divins couloirs parce que j'étais trop pingre pour construire plus de toilettes, ou trop pingre pour engager plus de personnel de maintenance, j'aimais. De même que j'adorais ma fourberie, lorsque je montais la température des radiateurs au maximum, afin de faire consommer à mes moribonds le plus de boissons rafraîchissantes possible, avant de trépasser, éventuellement, tant pis. Ou encore lorsque je renvoyais les patients agonisants à grands coups de pompe dans le train, pour ne pas qu'ils claquent dans mes divins murs.


Et n'importait quelle urgence, que ce fussent les accidents, les épidémies ou encore les visites de personnalité, j'étais preneur. Corps et âme dévoué. Tout entier au service de mon prochain. Pourvu que j'amassais du freaky fric à tire-larigot, tous les moyens étaient bons. Quelquefois même, histoire d'accentuer un tant soit peu la réputation de mon vénérable établissement, j’embellissais celui-ci dans un élan inconsidéré de générosité, pour le plaisir et le confort de tous, en ajoutant deux trois poubelles par ci par là, et une petite plante pas plus, stratégiquement placée selon les critères les plus recommandables du feng shui. J'étais bon, pas de doute, à un point tel, que vous m'auriez très probablement considéré comme un bienfaiteur du genre humain si vous m'aviez rencontré. Tout n'était alors que luxe (bof), calme (moyennement en fait) et volupté (sans plus).


Et puis un jour funeste, toute mon oeuvre périclita dans un foutu tremblement de terre. Alors je pétais un plomb. Et me retirais définitivement de la carrière médicale.


Gagner du flouze c'est bien, mais sauver des gens, ça va deux minutes en fait, comme qui dirait.


Depuis je déteste les hospitals.


PS : Pour info, il parait qu'on dit "hôpitaux" au pluriel, parce qu'il y en a plusieurs justement, des hôpitals. Suffisait d'y penser.


PPS : Mon pote s'est tout de même fait poser des nichons de type maouss au final, dans une clinique d'Ouzbékistan. Si ça vous intéresse j'ai son 06.


Sa photo*


*Remerciements à Richard Grayson pour avoir paparazzé mon pote.

Saint-John
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le 12 sept. 2015

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