The Song of Saya
7.2
The Song of Saya

Jeu de Gen Urobuchi, Nitroplus et Jast USA (2003PC)

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Un gore utile à l'histoire

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Saya no Uta est un jeu gore. Mais contrairement à ses homologues, il n'utilise pas le gore comme une simple astuce, juste pour choquer le joueur après l'avoir attendri (pensez les twists en mode Doki Doki Litterature).

Non dans Saya no Uta, l'horreur est constante. Il n'y a au final que très peu de body horror. Le gore visuel est utilisé de façon suggéré: les décors ont des motifs de viande, les monstres ont des formes incompréhensibles, on discerne des veines ou des plis de peau parfois. (On ne verra jamais un corps démembré ou des intestins sortir de quelqu'un, le gore est là pour un autre but)

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La vraie horreur, c'est l'expérience totale que Fuminori ressent, et qu'il est seul à ressentir. L'horreur du jeu, c'est son extrême solitude. L'enfer qu'il doit vivre seul et qu'il ne pourra jamais exprimer ou partager. Un contraste renforcé par les scènes entrecoupées qui reviennent au point de vue "ordinaire" de ses amis. Fuminori veut juste mourir. Jusqu'à ce qu'il rencontre Saya.

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Une histoire d'amour universelle

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Le jeu a l'air de nous montrer une situation qui a l'air absurde, mais si identifiable parce qu'elle traite ses thèmes dans sa forme la plus pure. La souffrance, le combat, l'isolation et le besoin de relations humaines. Le scénario est très commun:

"Un homme est perdu dans la vie (il est aliéné / il est malade / il est au désespoir ), il rencontre une femme, une paria, qui la sauvera et ils se lient d'amour. L'homme arrive a sortir de sa situation et revoit ses anciens amis/famille, mais ces anciens amis trouvent cette femme inacceptable, continue alors un amour/choix impossible".

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Cette histoire peut être appliquée dans de tas de contextes, dans la drogue (l'homme finit addict, cette femme l'aide à s'en sortir mais elle est aussi dépendante ce que les amis n'aiment pas). Du travail (l'homme est surmené/il veut se tuer, la femme la convainc de changer de travail, mais c'est une clodo ou quoi) etc...

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Saya no Uta résume toutes ces histoires pour en faire une expérience universelle en décuplant toute l'angoisse et pousser la situation à son maximum. C'est une histoire d'amour la plus pure possible, avec une abomination au rôle de Juliette. On ne peut que comprendre l'amour que Fuminori a pour Saya, la seule dans son monde. Un amour désespéré.

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L'existentialisme

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Le jeu est vraiment émouvant. Je peux sentir qu'il est imprégné des angoisses que l'auteur a vécu et qu'il a transmis dans le jeu.

Le jeu nous fait voir de l'horreur là où c'est le quotidien, et nous fait voir de l'amour là où on y verrait normalement que de l'horreur. On aura des sentiments contradictoires pour Saya, on sera ému par elle mais on se rappellera qu'elle est une abomination dont on ne saura jamais la véritable apparence. Les 10 premières secondes le jeu réussit à parfaitement à rentrer le joueur.

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La fin où on décide de revenir au monde réel, j'ai trouvé ça très poétique qu'on ne voit jamais la forme réelle de Saya. C'était des adieux très émouvants et mélancoliques.

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Les défauts que je trouve le jeu a:

  • le côté sexuel du jeu, le jeu marche autant sans ces scènes de sexe, ainsi que le côté lolicon/pédo du jeu, l’auteur avait peut-être un fétiche pour Saya, dommage parce que Saya aurait pu avoir n'importe quelle forme humaine. Ce défaut rendra le jeu très niche, et beaucoup seront désintéressé.
  • Autre point qui me déplait, c’est que l’histoire est si centré sur la pseudo-science. Le héros est étudiant en médecine ainsi que ses amis et une grande partie de l’histoire se concentre sur l’origine de la condition (donc médical) que souffre le héros.

Ça ne me gênait pas tant que ça servait seulement d’excuse à la condition du héros (et c’est sa situation mentale et sa relation avec Saya et le monde d’avant le vrai point intéressant).

Mais l’histoire qui tourne ensuite autour de la recherche du docteur, pour moi c’est du temps perdu; à essayer de rendre l’histoire réaliste alors que c’était toujours une allégorie. Kafka n’avait pas besoin de la science pour mettre-en-place ses histoires d’aliénation. Pour le coup je n'ai pas vu les autres fins car je me suis arrêté avant.

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Je pense pas que j’oublierai ce jeu de si tôt.

FYNMORPH
8
Écrit par

Créée

le 11 janv. 2024

Critique lue 8 fois

FYNMORPH

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