Quand on regarde la jaquette de Spec Ops : The Line, on se dit « Oh, un nouveau shooter, encore... », quand on s'intéresse au lieu où se déroulent les événements du jeu, on se dit « Oh, ça se passe à Dubaï ? Plutôt original comme cadre, ça va être fun de tuer des tas de gens dans cette ville ! », quand on est vers le milieu du jeu, on se dit « Putain de merde... qu'ai-je fait ? », quand on l'a fini, on se dit « Waoh... waoh waoh waoh... ».

On ne ressort clairement pas indemne de l'expérience Spec Ops : The Line. Sous ses airs de TPS classique, le salopard en a pas mal dans les burnes. Par où commencer ? Je viens à peine de le finir, j'ai tellement de trucs à dire sur lui mais c'est pas facile aaah ! Bon, mon petit Seb', du calme, fais point par point. *Se gifle*

Déjà, Spec Ops : The Line, c'est un cadre inédit et enchanteur. Dubaï sous le sable, c'est beau, c'est frais mais c'est aussi sale, très sale (je dirais même plus, c'est très sable). Si certains lieux nous offrent des moments de zénitude et permettent de souffler un peu en contemplant ça, ça et ça, c'est surtout de nombreux cadavres qui nous attendent sur le chemin, que ce soient à cause de la tempête de sable qui a placé la ville en quarantaine ou à cause d'autres trucs pas très jolis. On en prend plein les yeux (surtout ce foutu sable), notamment sur PC où les graphismes sont vraiment pas mal du tout avec des décors maîtrisés, des personnages fort détaillés (sauf quand on les regarde de loin avec le fusil de sniper, là c'est moche mais on s'en fout c'est un détail), une direction artistique qui se permet quelques fantaisies bien senties et en plus, c'est foutrement bien coloré, enfin un shooter qui n'est pas terne. Technique plus qu'ok, direction artistique qui fait bien plais', de ce côté-là, le jeu nous offre un bien sympathique voyage.

Ensuite, le gameplay... Bah c'est du TPS mais c'est du bon TPS les gars (et les filles qui passeraient dans le coin mais vu que ça concerne un jeu pour les hommes, les vrais, les durs, peu de chances que vous lisiez ces lignes). En dehors de la couverture qui n'est pas toujours aussi souple qu'on le voudrait et de l'aspect couloir un peu redondant, Spec Ops : The Line est un plaisir à jouer : il y a pas mal d'armes variées (peut-être pas assez pour certains mais de mon côté, leur quantité me suffit largement) offrant chacune ses avantages et ses défauts ainsi qu'un feeling bien différent permettant de varier les plaisirs (ça fait pas le même effet de tuer un soldat avec un simple pistolet qu'en lui explosant la tête avec un gros calibre), l'IA des ennemis est excellente (j'ai dû mourir une bonne cinquantaine de fois en mode normal, les bougres savent viser et il faut peu de balles pour que la mort vienne nous faire coucou), on a des situations variées (dont certaines très originales, comme le passage où l'on doit buter un ennemi de type dans une salle remplie de mannequins, elle a de quoi donner des sueurs froides), les contrôles sont simples, efficaces et le tout est assez jouissif. Après, je suis bon public, je l'avoue mais il n'y absolument rien de mauvais dans le gameplay du soft. De plus, contrairement à de nombreux shooters où on n'éprouve aucune pitié face aux ennemis, ici, on ressent vraiment la mort de nos adversaires, grâce au scénario nous plongeant à la fois dans la rage, la folie, la tristesse et d'autres sentiments tout aussi mignons.

Le scénario, le voilà le gros point fort du jeu. Spec Ops : The Line possède une histoire solide qui vous demandera de la comprendre dans ses moindres retranchements pour que l'expérience soit optimale et marquante à tout jamais. Ici, pas d'Américains sauvant la veuve et l'orphelin de féroces rebelles, ici, pas de vrais gentils ou de vrais méchants, chaque acte a ses conséquences, souvent horribles. Au début, on croit avoir à faire à un scénario fort simple (mission de reconnaissance, quelques merdes ici et là, héros à la fin qui sauve tout le monde et hop on retourne bien peinard à la maison) mais au fil de la progression, on se demande ce qui se passe, le tout devient bien plus complexe et le sang n'est pas toujours sur les mains des autres... J'aimerais en dire plus sur le scénar' mais ce serait vraiment gâcher le plaisir, sachez juste qu'il y a de nombreuses séquences qui ont de quoi retourner l'estomac et la fin du jeu m'a mis sur le cul comme très peu de jeux ont su le faire, sachant me remettre en question et me donner une vision inédite, sombre et brutale de la guerre. De plus, de nombreuses interprétations de l'histoire sont possibles et on pense beaucoup à ce qui s'est passé même après avoir terminé l'aventure, c'est pas le shooter qu'on fait simplement en disant « Bon allez, un autre jeu maintenant ! » une fois fini.

Le jeu laisse parfois aux joueurs des choix à faire, il n'y en a pas énormément mais à chaque fois, on réfléchit pas mal à ce qu'il faut faire pour espérer aboutir à une bonne situation. L'un des tours de force du titre, c'est de nous donner l'impression à certains passages que Walker, ce n'est pas un simple soldat de jeu vidéo contraint de faire ce qu'il faut faire, non, des fois, Walker, c'est nous, moi, toi, vous, surtout lors et après le fameux passage des missiles guidés chargés de phosphore blanc, ceux qui ont joué au jeu voient sans doute de quoi je parle. On se rend compte alors de ce que nous serions prêts à faire lors de certaines situations dans une guerre, juste bluffant. Tout cela est servi par une mise en scène en béton, des dialogues très bien écrits, des personnages qui évoluent au cours du jeu (ce que l'on remarque à travers même les propos de Walker donnés à ses hommes lors des fusillades, allant de simples ordres au début jusqu'à des insultes à la fin, une bonne trouvaille de la part des développeurs) et qui sont marquants de la bonne façon, des musiques qui collent bien à l'ambiance (que ce soient celles créées pour le jeu, de très bonne facture ainsi que celles venant de groupes connus renvoyant à de nombreux films de guerre, Apocalypse Now en tête) de la ville de Dubaï sous le sable, le feu et le sang...

Vraiment dommage que le jeu ait fait si peu de bruit, pour une fois qu'on a un TPS digne de ce nom proposant un cadre et un scénario de cette qualité... Avec sa solide critique de la guerre sous tous ses aspects ainsi que celle de l'être humain, capable de tout dans les pires retranchements, Spec Ops : The Line est une expérience qui m'a bien marqué et qui me donne envie d'y replonger une seconde fois, peut-être même une troisième après et pourquoi pas une quatrième par la suite, qui sait. En tout cas, les gars de Yager ont fait un très joli travail, malheureusement grandement sous-estimé. Si c'était un simple TPS, je comprendrais mais quand on voit le souci du détail dans l'histoire, les décors, les dialogues, les personnages, ses nombreuses petites touches rendant l'expérience unique et marquante grâce au format vidéoludique (suffit de voir ce qui est écrit et montré dans les derniers écrans de chargement par exemple), rappelant un peu ce qu'a su produire Hideo Kojima avec la série Metal Gear Solid, c'est un crime de passer à côté. Bref, vous savez ce qu'il vous reste à faire si ce n'est pas déjà fait : plonger dans l'enfer qu'est Spec Ops : The Line. Saurez-vous franchir la ligne de trop ?
Sebalt
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le 13 juil. 2014

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le 13 juil. 2014

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Sebalt

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