Une refonte pleine de grâce, mon effort de mémoire pour un colosse intemporel...

C'est durant ce début de mois de juillet 2022, à l'aulne d'une célèbre festivité nationale annuelle célébrant un illustre passé, un temps où la défense du patrimoine est désiré, une période où les questions environnementales sont au cœur de l'actualité, une ère où la souffrance animale est au centre de toutes les préoccupations mais aussi une semaine de vache maigre en terme d'actualité vidéo-ludique et après un week-end consacré à une replongé dans des univers ludiques que j'affectionne...que je me suis lancé dans ce fameux remake de "Shadow Of The Colossus", jeu que j'avais terminé en 2021, dans sa version PS2, sur un vulgaire emulateur PC et qui m'avait fait entré dans l'univers onirique de Ueda, qui m'avait enchanté malgré son ancienneté, les limites de l'émulation et des conditions de jeux pas optimales...développé et revu par Bluepoint Games, dont c'est la spécialité, en 2018, sur PS4...qui m'offrait l'opportunité de revivre une splendide aventure dans de meilleures conditions, de tester ma mémoire, de pouvoir lui rendre un vibrant hommage, de le célébrer avec grâce et élégance....

Une grâce, qui après une cinématique avec ces bandes noires, à la musicalité orchestrale mystique, aux plans de caméras cinématographiques, aux chatoyants effets de lumière, aux douces couleurs enivrantes, sans mots, sans voix, dévoilant à peine l'environnement, dépeignant un jeune cavalier solitaire, traçant sa route à travers des routes escarpées, sous un ciel nuageux, portant un défunt enrôlé dans un drap, le déposant sur un autel, au sein d'un immense temple, un léger coup de vent, le drap s'envole, quelques feuilles tombent, un soleil nous ébloui, une lumière se fait aveuglante, un silence s'impose, un titre apparaît, nous plongeant immédiatement dans ce bout du monde sans, cette terre désolée et sauvage, ces prairies dépeuplés et végétales, ces vestiges d'un autre temps et d'un autre peuple, où l'homme a disparu, où seul quelques espèces animales survivent, où la nature est devenue reine, où toute civilisation semble éteinte, où seule une âme divine est présente, où tout paraît désolation...un monde ouvert, sans limite, sans frontière, alternant différents biomes, entre désert sablonneux, montagne enneigée, plaine verdoyante, forêt marécageuse, grotte humide, plage ensoleillée, vallée rocailleuse, chute d'eau suspendue, terre volcanique, mont brumeux, cenote tropicale...différentes ambiances, entre un orangé automnale, un vert printanier, un rouge estivale, un bleu océanique, un blanc hivernale, un jaune arride, un magenta lunaire...différentes atmosphères, entre douceur, chaleur, froideur, mélancolie, sérénité, austérité, tristesse, joie...abritant différents titans, entre colosses fragiles, créatures de pierre, divinités animales, guerriers majestueux, etres de vie et de mort, inoffensif et agressif, étrange et ambiguë...disposant de différents repères architectureaux, entre temples spirituels, statues mémorielles, brides de ziggurats, sanctuaires commémoratifs, tombeaux troglodytes...evocateur de l'Amérique Centrale et du Sud, entre le Mexique et le Chili, entre le pacifique et l'atlantique...des civilisations mésoamericaine et précolombienne entre Mayas et Incas...peuple, culture dont Ueda raffole, lui rendant hommage à travers chacune de ces œuvres, lui apportant sa sensibilité, lui donnant ses lettres de noblesse parfaitement mise en valeur ici, par la refonte graphique, les outils d'optimisation visuelle, la réorchestration musicale, l'amélioration du sound-design, la gestion de la fluidité, l'affinage des textures, l'approfondissement des animations...apportant élégance, lui donnant un aspects animé pas déplaisant et me permettant de retrouver des émotions passées sous un angle différent, de me rappeler mon goût pour cette direction artistique pleine d'onirisme et d'en profiter au maximum...

Une grâce qui se poursuit, au sein de cette Amérique Latine fantasmé, dans la peau de nôtre solitaire vêtu d'un poncho, chevauchant son fier étalon noir, guidé par cette voix émanant du ciel, enivré par ces magnifiques plans de caméras, engagé par cet univers onirique, rythmé par cette musique orchestrale aux tambours...nous plongeant immédiatement dans un jeu d'exploration, de ballade, d'errance, de découverte, de perenigration, bien aidé par cette fluidité à l'écran, cette onirique vision artistique, ce sound-design immersif, cette affordance visuelle, notre fière monture, galopant à toute berzingue à travers ces différents biomes, comme semblant être sur un rail, nous laissant admirer avec amour les différents panoramas offert, les différents plans de caméra et notre épée de soleil, véritable GPS des temps anciens, permettant de nous guider par les rayons du soleil, nécessitant de bien se positionner, obligeant un sens méticuleux de l'observation...un jeu de plate-forme, à travers ce level-design permissif, ce monde ouvert varié, ces structures accessibles et par la physique, la mobilité, les capacités du personnage incarné, bien aidé par une maniabilité au poil, une lisibilité impeccable, un moteur visionnaire, mais indexé par une jauge de fatigue, usant notre détermination et dextérité, nous imposant de bien jauger nos sauts, nos instants de nages, nos sessions de plongée sous-marine ou nos petites grimpettes, de bien anticiper nos moindres gestes...et surtout un jeu de chasse, uniquement muni d'un arc et d'une épée, à travers ces différents colosses que l'on doit malheureusement anéantir, ayant chacun des mécaniques, des routines, des habitudes, des lieux de vies, que l'on doit d'apprendre, d'analyser, de digérer, d'accepter, temps, patience, sérénité, abnégation afin de les vaincre au mieux, le plus rapidement, le plus efficacement possible, tant nos outils sont maigre, tant notre héro est fragile, tant ces créatures semblent immortelles, afin d'éviter tout échec, toute usure, toute déconvenue et d'apporter une satisfaction, une jouissance une fois la tâche accomplie, prenant une tournure de puzzle game, de jeu de versus, d'affrontements en 1v1, de rythme, comme deux boxeur sur un ring, comme deux danseurs sur la piste, entre partenaire et enemis, chasseur et chasser, prédateur et proie...le tout sans une once de pédagogie, de difficulté abusive, de système d'expérience, de texte explicatif, de menu indigeste, de réel HUD, d'arbre de talent, de collectibles, de missions annexes, de surenchère de gameplay...une épuration, une simplicité dont Ueda raffole, traité par différents prismes à travers ces œuvres...une élégance ludique dont ce remake ne change, ne modifie volontairement pas, pour notre plus grand plaisir, à part un ou deux petits trucs dont je vous laisse la surprise...me permettant de retrouver des sensations passées, mon goût pour ce genre de game-design instinctif et d'en profiter au maximum...

C'est une grâce qui se conclu, au sein de cet autel sacrifiel, ce temple spirituel, dans la peau d'un jeune adolescent, guidé par une machiavélique voix émanant des cieux, devant abattre sans remord de majestueuses créatures, fuyant des oracles un peu timbrés, afin de sauver sa promise en proie à une malédiction, seulement accompagné d'Arlo, sa têtue monture, se voyant donc prophète malgré lui, éradicateur par nécessité, défenseur d'un ancestral culte, héritier de coutumes qui le dépasse...offrant par ce biais une allégorie de l'héroïsme, de l'antagonisme, du guide, de l'aveuglement, de la foie, de la croyance, de la quête, du but, de l'espoir...offrant par le prisme de son gameplay, une remise en question de l'acte de tuer et de la satisfaction qu'il procure, du rapport à l'opposant et à un allié, le besoin de réussir et l'acceptation de l'échec, la recherche du self-controle et de l'équilibre intérieur, la nécessité de se surpasser et la difficulté qui en découle, la place du joueur dans son environnement et son rôle vis-à-vis de celui-ci, l'impact de nos actions et les conséquences qui s'en suivent, de la notion du temps et de l'espace...et qui par sa démarche artistique, offre une métaphore des peuples autochtones d'Amérique Latine, à travers leurs histoires, leurs spiritualités, leurs avancées technologiques, leurs dérives idéologiques, leurs modèles politiques, la fin qui les a vu disparaître...le tout avec peu de mots, peu d'écrit, où tout se comprend à travers l'image et le son, où tout se ressent à travers les sens et la manette, où chacun est libre de voire ce qu'il veut, où chacun est acteur de ses émotions, où chacun est responsable de son scénario mais où tous est forcément touché, impacté, troublé et changé...un cohérence ludo-narrative pleine d'élégance et de magie, usufruit de la vision narrative de Ueda, qu'il arrive toujours à transmettre à travers ces œuvres et sublimé ici par ce travail de remasterisation, fait avec parcimonie et petites touches, suffisante pour me surprendre, me refaire découvrir un récit que je connais, me permettre d'approfondir mes réflexions de celui-ci et d'en profiter au maximum...

C'est donc, tard dans la nuit, sur une seule session, une élégante journée, une vulgaire clope au bec, un triste générique lourd de sens, un morbide tableau de statistiques, un non-glorieux écran d'achievement, une ultime parole pleine de sagesse, un enfant naissant dans le sang, une mère aimante malgré cela, une musique empreinte de mélancolie, un paysage funeste qui se dévoile...que je quitte..le cœur serré, la manette de PS5 mouillé, les mains tremblantes, les émotions à l'envers, le stress évincé, le calme revenu...ce jeu, que je qualifie de chef-d'œuvre intemporel, ce remake, que j'estime nécessaire, cette vision, que je trouve inégalable, ce créateur, que j'espère revoir sous peu...heureux de porter la malédiction, attristé par mon massacre, amusé par certaines durée de mes oppositions, surpri par certaines séquences que j'avais un peu oublié, enthousiaste vis-à-vis de ce développeur spécialiste de ce genre de refonte, emporté par cette course entêté vers la mort, aimant de ces couillons de colosses, user par mon con de cheval, fier d'avoir fait mon effort de mémoire, convaincu d'avoir effectué un achat qui le mérite, questionné sur la question de la remasterisation d'une œuvre, interloqué par le manque de risque de cette industrie préférant des titres plus grands publics, désireux de la voire plutôt se focaliser sur ce genre de proposition, satisfait de mon hommage et estimant qu'il faut faire et acquérir ce jeu dans les meilleurs conditions afin d'en profiter au maximum et de le transmettre aux futurs générations....

AlMomoSan87

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