En plus de notre part d'âme réveillée par un certain Arnaud Montebourg, quand on te balance qu'un jeu aura (entre autres) un Aleksi Briclot derrière la direction artistique et Alain Damasio comme co-auteur pour le scénario et l'univers, tu ne peux t’empêcher d'avoir ton caleçon qui dit bravo (désolé pour l'expression). En plus, Capcom est derrière, donc le gameplay devrait suivre.


Au final, qu'avons nous ? Niveau artistique, que du bon. Le style visuel futuriste fait mouche, le Paris transformé fascine... du moins, le peu qu'on peut en voir. On a beau être prévenu qu'il s'agit d'un jeu linéaire, je ne m'attendais pas à des couloirs aussi serrés, Uncharted-style. Bon, admettons, mieux vaut de beaux couloirs bien calibrés qu'un open-world mal designé.


Pour rappeler en partie le pitch du jeu, ce dernier se base sur la capacité à stocker, revivre, et surtout manipuler les souvenirs d'une personne. On se retrouve donc avec des personnages (dont l'héroïne) capables d'intervenir directement dans la mémoire de ses cibles pour 1) légèrement les modifier 2) briser leur santé mentale. Comme tout univers dystopique, tout se déroule autour d'une thématique forte, source de débats et en partie d'actualité. Avec un Damasio derrière, on a la garantie d'avoir quelque chose d'immersif et riche (parfois à en vomir, quand je vois comment j'ai parfois lutté pour suivre La Horde Du Contrevent). Et ce ne sont pas les interviews et entretiens avec les auteurs du jeu qui m'empêcheront de voir leur volonté de mettre en avant cet univers.


...Bon, jeu vidéo et budget restreint oblige, on se retrouve avec une histoire méchamment tronquée (lisez l'entretien avec l'autre co-auteur Stéphane Beauverger concernant son travail sur le jeu) qui expose sa thématique en toile de fond sans se poser de questions. Ok, on a l'image clichée (mais pas idiote) de l'entreprise privée ayant une influence quasi-totalitaire dans la société. Mais sinon, ça vous fait quoi de briser la mémoire de vos adversaires (et donc de les laisser dans un état de léthargie à faire relancer le débat sur l'euthanasie) ? D'avoir le pouvoir de manipuler à loisir la mémoire de quelqu'un pour arriver à ses fins ? Et un (gros) spoil pour exemple, attention :


Et de modifier les souvenirs de ses propres parents pour l'arranger à sa sauce et faire comme si tout allait bien ? Pas grave, la famille est enfin recomposée.


Ok, ce n'est pas à l'œuvre culturelle de mâcher pour nous tout le travail de réflexion. Néanmoins, se sentir révolté quand c'est le méchant qui le fait mais voir que ça ne pose pas de problème quand c'est nous qui le faisions, personnellement ça me gêne. Les (sympathiques) (mais trop rares) phases de memory-remix parviennent presque à soulever le problème sans aller au bout. Et puis, la plupart du temps, on se contente d'essayer toutes les options possibles sans réellement réfléchir à appliquer un certain Effet Papillon.


Il y a encore beaucoup de sujets qui auraient mérités plus d'attention de la part du jeu, mais qui au final ne sont pas du tout exploités. Pour ma part, je ne sais pas si c'est parce que j'en attendais trop par rapport à la promesse ou juste parce que le jeu n'en délivre pas assez. J'espérais un scénario riche, je n'ai eu qu'une histoire moyenne/bonne oubliable.


Et sinon le gameplay est pas mal et les musiques défoncent (avec un aspect un chouilla kitch peut être pas voulu, mais que j'aime beaucoup).

TyTanne
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le 10 mai 2015

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TyTanne

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