Portal 2
8.4
Portal 2

Jeu de Valve et Electronic Arts (2011PC)

Première règle du mode coop : fermer sa gueule quand parle la sainte GLaDOS

Je me répète, et je ne suis pas la première à le dire mais. La. Coop. Bordel. C'était. Trop. Bien. Faites. La. MAINTENANT.

Attention pavé.

Ce fut une erreur d'enchaîner à quatre jours d'intervalle Portal 1 et 2. Le choc a été brutal. Niveau gameplay, pas de grand changement ; portails bleu et orange, cubes à foutre sur des plates-formes, liquide bizarre qui tue, etc. Quelques nouveautés : des « air flight plates », des lasers, du gel (trois sortes). De quoi renouveler un peu les salles de test et les énigmes. La logique est toujours la même : un portal gun, des murs, des objets, une sortie à atteindre, des ordis tarés. Portal, quoi.
La durée de vie est un peu plus longue que le premier bien que restant relativement courte, néanmoins, comme la dernière fois, on ne s'ennuie pas (quoique).

Mais niveau ambiance, c'est différent. Pas forcément dans le bon sens du terme. Pas forcément dans le mauvais non plus.

Portal racontait avant tout une confrontation, Chell/GLaDOS, et Aperture Science, des salles de test jusqu'aux « entrailles » du bâtiment, n'était que la scène de théâtre, le huis clos de cette confrontation. Un face à face glauque et hilarant de deux personnages féminins (tiens, pourquoi féminins d'ailleurs ?), mais un face à face avant tout.


Portal 2 présente un tout autre aspect : Aperture Science n'est plus une simple scène. Aperture grouille désormais de vie... enfin, d'activité. Les personnages se multiplient, même si au lieu d'un face à face, on a grosso modo droit à un triptyque avec l'entrée en scène de Wheatley, un espèce d'Antéchrist de GLaDOS aussi drôle que cette dernière, mais d'une toute autre manière. GLaDOS fait dans l'humour noir, le cynisme et la cruauté (très) gratuite, Wheatley dans la loufoquerie et la bouffonerie - ce que certains décrient, avec raison à mon sens, car l'humour semble parfois un peu forcé dans cet opus. Portal 1 était drôle mais son premier but premier n'était pas le rire ; là, on dirait que si.

Portal 2 est plus dynamique, plus long, est beaucoup plus loufoque, moins malsain même s'il le reste un chouïa que son aîné (un peu comme un certain Fallout 2).

J'ai préféré le premier, plus épique, avec une ambiance incroyable, une méchante exceptionnelle, et qui en plus bénéficiait aussi de l'effet de découverte. J'y aurais joué en 2007 et découvert sa suite quatre ans plus tard, je n'aurais peut-être pas pensé la même chose.

Mais le jeu est excellent et je vous le recommande vivement. Un mot sur le mode coop : génial, aussi bien en termes de gameplay que de narration. Et votre coéquipier sera indispensable. C'est con, dit comme ça, mais ça fait plaisir de jouer à un jeu aux énigmes si bien pensées. Et où on peut faire le con devant la caméra. Mon cher partenaire et moi nous sommes fendus la poire TRÈS souvent, aussi bien du fait des commentaires déjantés de notre bien-aimée maman GLaDOS que de nos propres conneries.

Le reste de cette critique va être bourré de spoilers, parce que j'adore parler de Portal et que je suis d'humeur loquace.

Première partie du jeu, je suis en état de « WTF is going on ? », je rencontre Wheatley, je rigole, je constate que Chell est devenue bonasse depuis l'épisode 1 (mais pourquoi, enfin ?), et puis l'annonceur parle d'un ton enjoué dans les anciennes salles de test relookées pour l'occasion : le cynisme de GLaDOS me manque terriblement. Rattman m'a dessinée sur les murs. Je suis jolie.
Lorsque GLaDOS rejaillit, s'étirant comme un serpent au milieu de la flore de son ancien repaire défoncé, puis se tourne vers moi, me regarde légèrement avant de dire : « Oh... it's you. How have you been ? », je peux limite sentir son rictus d'intense satisfaction planqué derrière son apparence d'ordinateur.

Deuxième partie, phase « Portal 1 » : GlaDOS a retrouvé Chell, son joujou favori, elle est toute contente et elle reprend ses activités d'I.A. psychopathe.
GlaDOS a changé. Elle est mollassonne par moments, sa voix est humaine, souvent douce(reuse). Mais sa cruauté, sa personnalité passive agressive rejaillit presque aussitôt, elle me balance des piques cruelles. Elle m'insulte. Elle reprend son sarcasme et me taquine et m'attaque (émotionnellement) directement, non pas en tant que sujet de laboratoire, mais en tant que personne (je suis adoptée, j'ai pris du poids, je suis un déchet...), à l'image du combat final du 1. Pas rancunière, pas rancunière... c'est vite dit.

Je commence tout juste à me dire que je vais bientôt m'ennuyer que Wheatley débarque et ouvre le mur pour qu'on s'échappe. Séquence de fuite éperdue jouissive. Au moins Portal 2 propose-t-il un panel d'ambiances plus variées que Portal, qui se résumait grosso modo aux salles de test, puis à la phase « kill GlaDOS ». Le jeu reprend son humour complètement loufoque de part les bêtises de Wheatley, les tourelles défectives, etc. Même la confrontation avec GlaDOS verse dans la drôlerie pure.
Et puis BOUM ! Twist ! Bon, ce n'était pas vraiment surprenant étant donné qu'il me restait 5 chapitres à faire.

Chapitre 6, GlaDOS est ... est... une patate... et m'applaudit sarcastiquement, je suis à la fois horrifiée par ce blasphème et écroulée de rire. Je dois avoir un dédoublement de personnalité.

La phase qui suit me pèse un peu, même s'il est intéressant de dérouler petit à petit certains mystères d'Aperture Science et de se rappeler que le complexe, à la base, n'était pas peuplé que de robots. Phase intéressante mais un peu longue à mon goût, même après avoir retrouvé GlaDOS. D'autant qu'à l'image du jeu, cette dernière perd de son côté épique.

Les salles de test reprennent avec les bouffoneries et les gaffes de Wheatley (que je n'aime pas du tout en méchant), décidément parfait Antéchrist de GlaDOS, jusqu'à la confrontation finale, où je lui défonce sa gueule.

Et puis GlaDOS me sauve la vie (!!!), efface Caroline de sa mémoire, et me fout dehors.
Et elle me chante un opéra ? Elle va être gentille au point de me rendre mon CUBE DE VOYAGE, mon seul ami ?

Je savais que tu m'aimais, sale I.A détraquée. Ne t'inquiète pas, c'est tout ce qu'il y a de plus réciproque.

Très chouette final. On voit les mains de Chell (!!) et les processeurs corrompus ont remis une couche d'humour loufoque bien en ton avec l'ambiance du jeu. (nan mais SPAAAAAAAAAAAAAAAAACE quoi)

En somme, excellent, excellent jeu. Mais il y aura clairement une GlaDOS Portal 1, purement épique, froide et calculatrice, et une GlaDOS Portal 2, hésitante, cynique, haineuse, dotée d'une conscience. GlaDOS avec une conscience, bordel. C'est loufoque. Elle me manquera beaucoup, ceci dit.

Wheatley aussi, mais pas en méchant.

Pour ce qui est de la coop, elle est fabuleuse, elle fait d'ailleurs de nouveau remonter ma note d'un point ; on a un éclat de notre ancienne GLaDOS qui rejaillit alors qu'elle tente de semer la discorde dans notre tandem (et échoue tant et si bien que nous sommes passés d'une phase "petits meurtres entre robots" (mon pote est un gros sadique sans cœur et je suis du genre rancunière tenace) à une solidarité sans faille vers la fin du jeu), pleure sa Chell adorée mais finalement se remet bien vite en trouvant tout un tas de nouveaux jouets. On a Atlas et P-body qui dégagent plus d'humanité que la pauvre Chell qui n'aura été au final qu'un portal gun sur pattes. En bref, on a cinq heures de jeu fabuleuses et drôlissimes, qu'il faut que vous fassiez absolument.
Karrie
9
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le 22 août 2011

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Karrie

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