NieR: Automata
8.1
NieR: Automata

Jeu de Platinum Games, Yoko Taro et Square Enix (2017PlayStation 4)

Pour apprécier NieR:Automata il ne faut surtout pas s'arrêter et décortiquer ce qui le constitue. Sinon on constate que le gameplay est très limité et brouillon, que son monde ouvert n'est qu'une suite de plateaux vides, que ses quêtes annexes se résument essentiellement à du Fedex et que son propos philosophique ne vole pas beaucoup plus haut que le tout venant JRPG et s'embourbe dans un sentimentalisme parfois pas loin d'être grossier.

Faire fonctionner N:A, c'est faire l'effort de le prendre comme un tout ; une expérience audiovisuelle, narrative et interactive efficace, dont chacun des termes ne doit pas prendre le pas sur les autres, au risque de dévoiler ses limites. N:A m'a gonflé lorsqu'il s'agissait de se battre trop longtemps (les combats manquent de profondeur et d'impact, il suffit de mitrailler le bouton d'esquive et de se barder de puces de soin pour devenir un Dieu immortel), lorsque j'ai voulu enchainer les quêtes annexes (dont les résolutions offrent parfois de très beaux moments narratifs, mais au prix de multiples corvées fedex), ou lorsque les moments narratifs prenaient trop de place (et finissaient parfois par appuyer trop lourdement sur les sous-entendus très entendus), ou encore lorsque je passais trop de temps à me déplacer dans ses environnements certes jolis dans leur genre désaturé, mais si vides que chaque saut de puce de notre personnage (trop vif pour son propre bien) ne faisait que faire grandir le vide en moi. Les petits malins me diront que c'est pour mieux me faire ressentir la fatigue existentielle de son cast. Mais c'est au contraire lorsque le rythme s'est montré efficace, à disposer un ptit bout de combat, une ptite scénette, une ptite découverte de zone, un ptit twist et une astuce narrative méta en cerise sur le gâteau, que j'ai vraiment été pris par le jeu et que j'ai eu envie de croire à ce qu'il essayait de me faire gober.

Tout dans la structure de N:A trahit l'intention des développeurs de distraire le joueur pour mieux lui éviter d'inspecter de trop près ses coutures (ça devient évident dès le deuxième scénario, lorsqu'on contrôle 9S et qu'on nous invite à hacker les adversaires par le biais d'un mini jeu de shoot 'em up pour bypass les combats classiques devenus d'autant plus relous à cause du moveset limité de 9S). Ça sonne comme un reproche mais sur une bonne partie du jeu ça n'en est pas un ; pour la simple raison que ça fonctionne. On oublie que les pièces détachées de N:A sont parfois médiocres car la colle qui les fait tenir est souple et solide à la fois. La bande originale aide aussi (les musiques en elles-mêmes ainsi que leurs variations dynamiques selon le lieu où on se trouve), surtout lorsqu'il s'agit de parcourir la map. Cependant l'épuisement du jeu se fait fort sentir sur la fin, lors de phases de combat interminables (censées représenter la fièvre meurtrière d'un protagoniste jusqu'à nous insensibiliser à cette marée de violence, j'en ai bien conscience) qui accessoirement confirment une bonne fois pour toute que l'aspect sh'm'up n'a pas été pensé pour fonctionner avec le gameplay de combat (là où les phases de hack sont plus fun car mieux calibrées, quoique répétitives à la longue).

Et au fond, derrière son philo-namedroping à un degré cinq, NieR:Automata est surtout bon lorsqu'il fait simplement résonner les voix artificielles chevrotantes de ses machines rondouillardes perdues en pleine crise existentielle.

TWazoo
7
Écrit par

Créée

le 14 févr. 2023

Critique lue 50 fois

T. Wazoo

Écrit par

Critique lue 50 fois

D'autres avis sur NieR: Automata

NieR: Automata
LaVeine
9

Gloire à l'humanité

J’en ai bouffé du NieR, ces derniers temps. Pour tout vous dire, quand j’ai vu les trailers de ce NieR Automata, j’me suis dit que j’allais clairement le sécher, mais comme j’aime faire les choses...

le 13 mars 2017

51 j'aime

19

NieR: Automata
DilonInJapan
5

You Can [Not] Redo

Attention, les lignes qui suivent vont divulguer sans vergogne l’intrigue du jeu. Vous êtes prévenus. J’ai enfin terminé Nier Automata. J’insiste pour placer cette phrase comme ouverture tant il...

le 19 déc. 2017

46 j'aime

4

NieR: Automata
Nadium
5

Oscillation entre un chaud et un froid métallique

Quitte à m’attirer les foudres des adorateurs, autant l’annoncer tout de suite : je n’ai pas aimé Nier Automata autant que je ne l’aurais espéré. Il faut dire que je m’y suis mis après avoir platiné...

le 3 avr. 2017

40 j'aime

9

Du même critique

One-Punch Man
TWazoo
4

"Well that was lame... I kinda had my hopes up too."

Cette citation n'est pas de moi, c'est Saitama lui-même, principal protagoniste et « héros » de One-Punch Man, qui la prononce après un énième gros vilain dûment tabassé d'un seul coup...

le 5 janv. 2016

67 j'aime

38

Jackson C. Frank
TWazoo
9

Milk & Honey

"Le plus connu des musiciens folk sixties dont personne n'aie jamais entendu parler." Ainsi s'exprime très justement un journaliste dans un article dédié à la mémoire de Jackson C. Frank, mort en...

le 16 oct. 2013

66 j'aime

4

Murmuüre
TWazoo
9

Murmures du 3ème type

On pourrait être tenté, à l'approche de la musique de Murmuüre, de ne parler que de Black Metal. On pourrait amener, à la simple écoute des guitares poisseuses et saturées ou bien des - rares -...

le 30 sept. 2014

54 j'aime

5