Ravie de vous connaître, Snéke !
Comme pas mal d'européens, Metal Gear Solid est le tout premier opus de la licence sur lequel j'ai pu poser mes petits doigts mignons. Si ce volet reprend quelques idées et objets des premiers volets, il n'en reste pas moins que le chef d'oeuvre de Kojima a fait l'effet d'une bombe à l'époque. Et oui, malgré les graphismes vieillissant (et je resterai poli en ne parlant pas du remake sur Gamecube), je considère ce Metal Gear Solid comme le meilleur de la série. C'est le plus rythmé, le plus varié, et celui où je me sens le moins honteux quand je raconte le scénario à des amis : allez expliquer ce qui se passe dans les opus suivants sans ressentir des frissons de gène par rapport à certains passages ... Pour les quelques ermites qui sortiraient enfin de leur solitude, Metal Gear Solid 1 (et les opus suivant aussi) est un jeu d'action/infiltration. Je tiens à préciser la part importante de l'action, car il ne faut pas s'attendre à jouer à un Thief par exemple au niveau du gameplay, sorti un peu plus tôt. Néanmoins, si ce dernier (ainsi que sa suite) fait figure de maitre étalon avec Hitman : Blood Money pour le genre, c'est Metal Gear Solid qui a popularisé le jeu d'infiltration.
Metal Gear Solid vous propose de prendre le contrôle de Snake, un soldat d'élite et spécialiste de l'infiltration à la retraite, est sorti de son repos bien mérité pour se farcir une petit mission des familles : infiltrer Black Moses, capturé par Fox Hound, son ancienne unité, accompagné d'une armée de soldats génétiquement modifiés, pour libérer des otages et empêcher accessoirement Liquid Snake, chef de l'opération, d'envoyer un missile nucléaire sur la Maison Blanche. Bon en fait, je retire ce que j'ai dit précédemment, ça fait un peu nanar raconté comme ça. Surtout si on regarde de plus près le freak show qui vous servira d'antagonistes pendant tout le jeu : une tireuse d'élite et sa meute de loup, un ninja robotique, un indien poétique armé d'un minigun ... Honnêtement, vous mettez JCVD dans le rôle de Solid Snake, et Dolph Lundgren pour Liquid, et vous avez le nouveau chef d'oeuvre du film d'action. Et pourtant, le tout colle parfaitement : les rebondissements s'enchainent, les personnages, malgré leur côté délirant sont attachants, et le tout reste très rythmé. Car, si le jeu est plus bavard que la moyenne, il n'en reste pas moins qu'un équilibre est trouvé, et on n'a jamais l'impression de regarder un film interactif. Equilibre qui échappera toujours à Kojima dans les autres volets de la saga ...
Au niveau du gameplay, Metal Gear Solid est devenu une référence qui a inspiré de nombreux jeux, même si Thief reste le vrai initiateur du genre. Le jeu propose une vue de dessus, que certains qualifieront de vue Pac Man. Concrètement, un radar est situé en haut à droite de l'écran, et indique la position des gardes, et surtout leur champ de vision. Si Snake pourra acquérir de nouvelles armes et tuer à la chaine les soldats, le but est néanmoins de rester discret. En effet, si un garde ou une caméra vous repère, l'alarme est déclenchée, et des vagues infinies d'ennemis défilent, jusqu'à ce que vous arriviez à vous cacher suffisamment longtemps. La mécanique est un peu artificielle, mais elle marche bien, et c'est le principal. Toute l'intrigue se passera dans Shadow Moses, dont vous débloquerez au fur et à mesure les différents blocs, vous obligeant des fois à un peu de backtracking pour trouver des nouveaux objets ou armes. Il y aura aussi des combats de boss, tous très sympa par ailleurs : les face à face sont variés, et certains ont des trouvailles de gameplay osées, qui vont jusqu'à briser le 4ième mur ! Cette variété se retrouve aussi dans les différentes situations auxquelles on sera confronté dans Shadow Moses. Juste un point négatif : la linéarité du bousin. Ne vous attendez pas à un Thief (oui, je suis un fan boy, j'assume) ou à un Hitman pour la variété des choix et des chemins pour résoudre votre mission. Néanmoins, le tout fonctionne très bien.
Niveau réalisation, si le tout accuse son age, Moyen Age de la 3D oblige, il faut reconnaitre que pour une PS1, ça reste la plus grande démonstration technique derrière Vagrant Story. Ce qui fait que le jeu reste jouable sans trop piquer les yeux de nos jours. Une autre chose qui marque, c'est le dynamisme de la réalisation. Chaque scène utilise des plans, des cadrages différents, histoire de donner un feeling cinématographique. Ca reste un jeu, mais c'est très réussi. Là encore, si Kojima était sobre et utilisait le cadrage et montage à bon escient dans MGS1, ça ne sera malheureusement plus le cas dans les épisodes suivant ... La musique n'est pas en reste : superbe. Le genre d'OST qui colle parfaitement au jeu, mais en plus peut s'écouter en dehors avec un plaisir aussi grand. Enfin, un petit mot sur les voix : il faut jouer à MGS en français ! Non je ne rigole pas. Si le scénario reste sérieux, il a néanmoins un côté un peu grandiloquent, type série B. Conséquence direct : un doublage sérieux, si il fonctionnera très bien dans les moments dramatiques, donnera au tout un côté "balai dans le cul", surtout pendant les blablas technologiques, ou les longues tirades "philosophie de comptoir". C'est le cas en anglais, et dans les opus suivant. Le doublage en français amène un certain second degré qui est le bienvenu. Et puis, la voix de Psycho Mantis ...
Metal Gear Solid est une pierre angulaire du jeu vidéo. Sorti à l'époque charnière de la transition vers la 3D, MGS a apporté beaucoup en terme de réalisation, mais aussi de gameplay, en popularisant l'infiltration. A essayer, et dans sa version originale sur PS1, et en français. Kojima n'arrivera jamais à réitérer son coup de génie, et les opus suivants, malgré une évolution du gameplay et un côté technique meilleur, ne retrouveront jamais cet équilibre quasi parfait. Et n'essayez surtout pas le remake Gamecube ...
