Expérience et scénario, ça fait two

Les pires parents au monde

It Takes Two est la dernière création en date du studio Hazelight, que je connaissais pour A Way Out, un titre basé sur la coopération, très similaire à ce jeu-ci. Je l'avais vraiment bien aimé et j'ai encore pas mal de bons souvenirs, entre autre j'ai en visu ce pauvre gosse qu'on s'amusait à ridiculiser sur le terrain de basket... Je sentais malgré tout quelques limites mais dans l'ensemble c'est vraiment un jeu que je peux recommander si ça vous intéresse.

Du coup, je partais sur une bonne énergie en débutant l'aventure de ce It Takes Two, d'autant plus qu'il s'agit du el famoso GOTY 2021. C'est malheureux mais je vais sûrement un peu charrier à ce sujet, je préfère prévenir.
Pour pas trop tergiverser, comme vous le voyez j'ai mis 6, aussi ne vous attendez pas à ce que je chie ouvertement dessus. De manière générale, je ne le considère pas comme un mauvais jeu mais selon moi il n'est pas génial et encore moins mon meilleur jeu de 2021 (il n'est d'ailleurs même pas top 15 dans mon classement de cette année, c'est dire).
Je vais commencer par ses qualités et finir par les tares aberrantes (devant lesquelles personne ne semble être perturbé), histoire de bien taper dessus, car comme le dit si bien Kalash Criminel : "Ta-Ta-Taaa".

It Takes Two propose une expérience entièrement basée sur la coopération entre deux joueurs, l'un incarnant May, et l'autre Cody, tous deux les parents d'une jeune fille nommée Rose.
Suite à l'annonce de la future séparation de ses deux darons, Rose part s'isoler avec deux poupées (celles sur la jaquette du jeu) et demande à Dr. Hakim, un bouquin, de faire en sorte que les deux poupées puissent se réconcilier et s'aimer à nouveau. Vous l'aurez compris le couple se voit alors incarner contre son gré ces deux poupées et la grande conquête de l'amour débute ainsi.
(Pendant ce temps, dans la vraie vie, May et Cody dorment tranquillement, je veux dire qu'ils n'ont pas disparu, juste au cas où. On est même pas à cinq minutes de jeu, ça va super vite. PAF, aller hop hop hop, pas que ça à foutre).
Les deux poupées se réveillent dans la cabane à outil et découvrent avec stupeur leur nouvelle apparence. Puis un livre humanoïde du nom de Dr. Hakim, à l'accent espagnol extrêmement agaçant et à la "pilosité" couleur mauve fluo qui rendrait vert de jalousie les plus woke d'entre nous, apparaît tel un screamer. Il dévoile rapidement ses intentions : c'est le coach qui nous aidera à réparer la relation entre May et Cody. Mais les deux parents miniatures voient Rose plus loin et filent vers elle en laissant en plan le journal de Tom Jedusor (je l'appelle comme ça parce que dès sa première apparition j'ai eu envie de le poignarder avec un croc du Basilic).

Je place vite fait le cadre pour ne pas alourdir par après mais je reviendrai sur le scénario plus tard...

À partir de ce point, c'est à dire le tout début du jeu, il s'agira avant tout d'une succession (très) longue de niveaux dans lesquels on devra résoudre des énigmes pour poursuivre sa route.

Ce que j'ai bien aimé

Globalement, c'est un platformer 3D (avec quelques scènes en 2D) au gameplay très proche d'un Mario où l'écran est scindé en deux parties (comme dans un jeu LEGO, pour pas toujours citer l'autre du studio). Ce n'est jamais dur, ni même un poil tricky. Surtout que si on meurt on réapparait oklm. Ce qui m'a un peu assoupi par moments à ce niveau-là... Mais au moins on peut se détendre.
Au fil des niveaux, May et Cody se verront conférer des aptitudes spéciales uniques (le temps d'un niveau), ce qui nous aidera à tantôt aider l'un ou l'autre dans des séquences où il faudra dialoguer entre nous pour synchroniser nos actions.
Même si sur le fond le concept n'évoluera jamais, il faut reconnaître que la grande qualité de It Takes Two est son renouvellement quasi incessant d'idées de gameplay et de level design.
Ça s'enchaine bien, j'ai pas trop ressenti de repompées et le tout m'a semblé bien trouvé, même s'il y aura des passages beaucoup moins inspirés que d'autres et malheureusement parfois chiants. Comme je l'ai vu dans une autre critique, ça ne creuse jamais très loin mais c'est efficace et le fait qu'on passe de mécaniques en mécaniques autorise cette suffisance.
Le point noir est pour moi les combats, répétitifs et ne procurant que peu de sensations. Ce qui se ressent fort contre certains boss.
Il y a des bonnes surprises comme un passage dungeon crawler qui sortait de nulle part, ça c'était chouette.
Si vous vous rappelez des passages dans A Way Out où vous enviez votre partenaire parce qu'il a des mécaniques de jeu plus amusantes que les vôtres, vous pourriez ressentir la même chose ici. Bien qu'au final aucun des deux personnages n'est lésé.
C'est d'ailleurs un gros plus pour la re-jouabilité ceci dit.
La durée de vie au passage est plutôt bonne pour le tarif.
Et je félicite l'existence du Friend's Pass qui permet d'inviter un ami pour qu'il puisse jouer TOUT LE LONG du jeu GRATUITEMENT. J'insiste car c'est un gros plus non négligeable. On pouvait faire la même chose sur A Way Out et je suis ravi de voir que le studio soit toujours autant à cheval sur ce principe.

Il y a aussi des mini-jeux, qui font aussi office de collectibles.
Oublions la coopération, ce ne sont que des duels entre May et Cody. Parfois il faut littéralement tuer l'autre joueur...
(J'ai oublié de le dire mais les deux héros découvrent très vite qu'ils sont immortels)
Je ne les ai pas tous débloqués mais dans l'ensemble c'est très inégal.
Certains sont amusants, d'autres totalement foirés ou juste bof intéressants (les bons QTE ou le spammage de manette...). Les pires à ce sujet sont le rodéo, la chaise musicale ou le tir à la corde. Un autre que je trouve éclaté est le volleyball, terriblement mal incorporé. Il y a quelques resucées comme les jeux de rythme à la Guitar Hero, les jeux de tir ou les courses à pieds.
J'ai par contre bien aimé le combat de Tank sur les pastiches de Gameboy (j'adore le pixel art), le tennis laser est très cool et le circuit de petites voitures qui est assez craquant.
Il y a même une bataille de boule de neige qui m'a rappelé le début de The Last Of Us Part II.
Et un jeu d'échec, ce qui est toujours bien en soi.
Pour le reste, ils sont soit sympas, soit très moyens. Je vais pas parler de chaque car, mine de rien, il y en a 25, ce qui est pas mal.
Pour conclure là-dessus, je trouve qu'on est loin d'un party game comme un Mario Party, ni même d'un Wii Party (que je trouve presque entièrement basé sur du rng, soit dit en passant).

Un autre point remarquable est la direction artistique.
À la croisée entre Toy Story 2 : Buzz l'Éclair à la rescousse ou Chibi-Robo! et un peu de Psychonauts 2 (qui est sorti après), on redécouvre notre maison à l'échelle d'une souris et chaque pièce devient tout un univers, le tout bien évidemment surréaliste, avec une panoplie de PNJ hauts en couleur. Il y en a pour tous les goûts, j'aimerais en dire davantage mais je pense qu'il vaut mieux le découvrir par soi-même parce que ça vaut le coup.
Sur ce point, je n'ai rien à dire.
Graphiquement c'est joli sans être breathtaking, en tout cas rien qui ne nécessite une grosse config ou la dernière console next gen, perso je l'ai fait sur ma bonne vieille PS4 et je n'ai eu que quelques petits ralentissements. Rien d'affolant. C'est vraiment du même ressort que A Way Out.

Il y a quelques petits easter eggs ou références à d'autres jeux qui font toujours sourire.
Des trucs pas non plus très recherché comme The Legend Of Zelda ou Street Fighter.
Mais, cachées, il y a carrément deux figurines à l'image de Leo et Vincent les héros de A Way Out. J'avoue que ça m'a dressé un sourire.

Les choses qui fâchent

Je trouve l'histoire COMPLÊTEMENT ÉCLATÉE.
Ce n'est pas intéressant, ni drôle, ni touchant, c'est convenu et d'une longueur interminable.
Je n'ai pas arrêté de me dire que May et Cody ne sont que des brailleurs. Je n'ai pas cessé d'éprouver du mépris à leur égard. Il n'apprennent rien, ne se remettent jamais en question bref, ils ne m'inspirent rien.
J'ai trouvé que le thème de la réconciliation n'est absolument pas abouti, les deux personnages passent leur temps à s'engueuler et ce jusqu'à la fin. Aucune évolution comme la mise en scène pourrait le faire croire.
Mais vous verrez qu'il y a plus tard des gouttes d'eau qui feront déborder le vase...
Le jeu se termine comme suit.

Mais le pire c'est que j'ai trouvé des passages carrément IMMORAUX.
Je m'explique.

Et alors forcément ce putain de Dr. Hakim est juste insupportable.
Je crois pas me tromper en disant que c'est un des personnages avec le moins de charisme que j'ai pu croiser dans un jeu vidéo (en faisant abstraction du fait que May et Cody sont des déchets humains).
Il apparaît beaucoup trop souvent et chacune de ses implications sont affligeantes de conneries.
"Mais ferme ta gueule bordel." C'est ce que j'arrêtais pas de me dire.
Imaginez. Il pop au tout début du jeu et il ne va pas arrêter de dire "Fix your relationship" jusqu'à la fin à chaque fois qu'il pointe le bout de son nez. Et il va rallonger votre périple inutilement puisqu'il nous explique qu'il faut réunir les quatre morceaux de la page qui décrit comment briser le sort, qu'il vient de déchirer devant nous (alors que Rose pleure toujours depuis un moment en fond de plan)...
C'est marrant hein ? Sah bon délire !
Mais ces étirements aberrants (car ce n'est pas le seul) finissent par nous embrouiller régulièrement dans l'intrigue, tellement que la plupart du temps on suit sa route sans vraiment comprendre ce qu'on fout là. Et c'est débile.

Enfin pour résumer l'histoire c'est vraiment de la merde en barre, rien d'autre.
Désolé de le dire comme ça mais je vois pas comment le dire autrement.

Pour ce qui est des musiques, j'avoue qu'aucune ne m'est restée en tête.
Elles ne sont pas mauvaises en soi mais pas une n'a su me faire vibrer.
Une sorte de BO entre un film d'animation et un film de Noël quoi...
Le thème de base par contre est un peu désagréable, avec ce chant qui casse les oreilles.
Mais tout reste purement subjectif.

Je termine avec un truc ridicule.
Le jeu a crashé systématiquement à un passage précis. Il me disait "déconnection des serveurs" machin brol...
Hein ?
Rien à faire, à chaque fois au même moment le jeu plante sauvagement (et je parle de crash qui t'empêche de continuer l'aventure hein).
Je m'étais renseigné et apparemment c'est arrivé à d'autres gens (quelque soit le support). Réinstaller le jeu ou le transférer de votre disque externe vers le disque interne fut la solution, c'est vraiment pété du slip.

Conclusion

Je suis choqué de constater le fossé flagrant entre le gameplay qui encourage un esprit d'entraide couplée à un vivre-ensemble et son histoire honteusement maladroite en plus d'être lourde pour des bêtises qui jure paradoxalement avec cette éthique.
Ça finit par détruire le message que le jeu s'évertue à faire passer.
Je l'ai fait avec un ami et il en est ressorti avec le même ressenti que moi.
Après je trouve, malgré tout ce que j'ai pu dire de mal, que ça reste une expérience chouette pour son concept mais il ne s'agit clairement pas d'une référence pour moi, et encore moins du GOTY 2021.
J'aime pas dire ça mais oui, je trouve que CE JEU EST SURCOTÉ.
Rappelez-vous quand même que 8,3 de moyenne (au moment où j'écris cette critique) c'est autant que God of War, The Last Of Us Part II, Hollow Knight, Super Metroid, ou encore Super Mario 64...
Selon moi, c'est la démonstration que si tous les médias braquent un projo sur un jeu, il va se faire sucer de partout.
A Way Out reste largement meilleur en comparaison (même s'il n'est pas parfait non plus).

Résumé

Les PLUS

• Gameplay qui se renouvelle sans arrêt


• Level design à l'instar du gameplay


• Direction artistique aboutie


• Graphiquement solide


• Bonne durée de vie


• Prix plus qu'honnête


• Le Friend's Pass

Les MOINS

• Histoire longue et usante à la mort


• Morale plus que douteuse


• Personnages pas du tout charismatiques


• Des idées pas toujours dingues


• Des combats sans saveurs


• Un peu trop facile ?


• Dr. Hakim, crève

Voilà.
Ceci termine cette critique sur It Takes Two, un jeu que j'attendais un peu. Je ne suis pas vraiment déçu mais je suis vachement perplexe.
Merci de m'avoir lu et portez-vous bien !