Un univers, un récit, un duo, un pouvoir, un jeu étrange...mais moi j'aime bien....

Dernière proposition vidéoludique issue du génial esprit de Shinji Mikami, père de Resident Evil et Vanquish, et de son studio, Tango Gameworks...tout juste disponible en cette fin de mois de mars 2022, sur PC et PS5, et ceux malgré le rachat du studio par Microsoft...Ghostwire Tokyo, après une dizaine d'heures, étalées sur cinq jours, fut pour moi une étrangeté...

Une étrangeté d'abord par son environnement, un premier, en open-world, Tokyo et plus précisément son cœur, son poumon économique, Shibuya, totalement vidée de sa population, uniquement durant une nuit d'été sous une lune rouge, abritant une multitude d'entités maléfiques, s'inspirant autant des esprits, démons, êtres issus de la mythologie shintô, que des caricatures des tokyoites...collégiens, salary-man, hôtesse d'accueil, policiers, employé de la voirie publique. ..et parcurable autant sur terre, sous-terre, dans les airs, de manière libre, et totalement accessible...propice à la perenigration, la contemplation, l'amusement, la découverte...et un deuxième, le monde de l'au-delà, lui plus dirigiste et guidé, via des Torii, nous faisant traverser des espaces biens plus champêtres, végétales, forestiers, montagneux, et psychédéliques...allant du temple shintô au Néo-Tokyo...mettant davantage l'emphase sur l'opposition pure et dure avec de sublimes Yokai immenses...tout deux magnifiquement mise en scène, jouant à merveille sur les couleurs, les lumières, les architectures, les plans, dans un level-design intelligent et inspiré...permettant autant une surprise visuelle de tout instant, que d'indication claire pour le joueur...alimenté par une direction sonore, misant autant sur la musique traditionnelle nippone...Taiko, Shakuhachi, Shamisen, les sonorités environnementales propres à cet état insulaire...bruits de Kombini, de feux signalisations, de spots publicitaires...permettant autant un voyage musical, que d'information pour le joueur...un monde, un univers, étrange, fascinant, extravagant, oppressant, diversifié, jouant avec nous tout en se laissant jouer, avec lequel on s'habitue, on s'attache, au point de le maîtriser, de le lire, de le comprendre et de s'y plaire...sans de réelles murs invisibles, de longs chargements, d'incohérences narratives et artistiques...

Une étrangeté dans son gameplay, le Kuji-kiri...basé sur la manipulation de trois éléments, le vent, le feu et l'eau, ayant chacun leur utilité, leur identité, entre rapidité, lourdeur, puissance, permettant en combat, plusieurs possibilités, tactiques, combinaisons...mise en lumière par la diversité des opposants, ayant eux même forces et faiblesses liées à eux, pouvant être améliorable via un arbre de talent et des accessoires...et magnifiquement matérialisé à l'écran par la finesse de de la direction artistique...mais aussi la connaissance chamanique, basé sur la collecte d'âmes via des papiers en origami, des incantations, s'inspirant des éléments du shintô et devant être transférées dans l'au-delà via des cabines téléphoniques, elles s'inspirant clairement de la cabine de Otsushi, crée après les événements de Fukushima...des phases de puzzles, d'enquêtes et d'énigmes via les capacités mystiques...entre vol, grappin spirituel, s'inspirant des mythes et légendes inhérentes à la culture animiste de l'archipel...et un dernier plus superficiel...la faculté à communiquer avec la faune urbaine, inutile mais nécessaire car apportant sont lots de légerté et reconfort dans ce monde de solitude...un tout mettant autant nos nerfs, notre curiosité, notre dextérité, nos réflexes, notre observation, notre intelligence, notre motivation...sans lourdeur, ni redondance, sans nous obliger, nous restreindre, sans surenchère mais toujours savamment récompensé...et pas uniquement que de vulgaires points d'EXP...permettant à chacun de se fixer ces propres objectifs, ces propres limites, selon son envie, selon son amusement, selon son attachement à cette proposition étrange et singulière...

Une étrangeté scenaristique...misant davantage sur la narration environnementale dans son open-world...véritable satire et critique des limites du modèle Tokyoite à travers sa surconsommation, ses inégalités sociales, ses drames politiques, ses aberrations structurelles, sa surenchère économique et ses faits divers étranges et mystérieux...extrêmement profond et lourd pour tout ceux qui iront approfondir celle-ci via les petites notes, phrases, lettres égrenées ça et là...et davantage sur un narration plus linéaire à travers le monde de l'au-delà, au relent s'inspirant des codes du shonen et de l'animation japonaise avec son but clair et défini, son lot de rebondissements, de séquences épiques, de grandiloquence...extrêmement gratifiant et jouissif...mais aussi touchante et sensible...mettant l'emphase sur notre rapport à la mort, au deuil, à l'âme et le corps, aux souvenirs d'autrui, à la nécessité d'entretenir le lien avec eux...nous laissant troublé, ému et émerveillé, divertie, enrichie, dépaysé...un mix émotionnellement étrange...mais qui maintient constamment l'engagement et la curiosité...

Une étrangeté à travers notre incarnation, bi-polaire, entre Akito, jeune japonais branché et un tantinet oisif au point de délaisser sa petite sœur malgré la disparition récente de leurs parents, incarnation parfaite du chanteur de J-Pop...fraîchement possèdé par KK, une âme errante, ancien enquêteur mystique...obstiné et têtu...emprisonné dans son travail et sa fascination du complot, incarnation parfaite du japonais aliéné à sa tâche, au point de laisser le reste de côté y compris sa propre famille, sa femme et sa fille...tout deux réunis dans un but commun...sauver leurs proches victimes de l'esprit macabre d'un antagoniste au masque Hannya, extrémiste religieux, désirant relié les deux mondes au point de sacrifier une ville et ses habitants...véritable incarnation de ces industries, institutions égoïstes qui pour leurs volontés de profits sont prêtes à tout sacrifier...qui durant ce périple, apprennent à cohabiter, à s'apprécier, entre humour, émotion, et dispute...permettant au joueur un attachement étrange à eux malgré leur chara-design et leur introduction approximatif et permettant au développeur une allégorie sur la culpabilité, le sens du devoir, l'amour pour son prochain et les liens familiaux...un récit qui m'a paru étrangement personnel et autobiographique mais aussi universel et intemporel...

Une étrangeté à travers sa proposition...jeux PS5 qui à l'air davantage PS4...exclusivité Sony alors que le studio appartient à son concurrent...FPS dynamique et effréné mais mettant en avant la découverte et la contemplation...univers à la fois contemporain et fantastique...narration à la couillone et intelligente...surenchère d'effets visuels et sonores et sensibilité artistique respectueuse de ce pays et sa culture...dégoût pour cette capitale et son devenir mais une affection pour son passé...un voyage entre le présent et le passé...un rythme lent et rapide à la fois...une liberté et un dirigisme affirmé...un action-game et walking-simulator...une simulation de chaman pour daron...un jeu qui pour aller à droite, te donne envie d'aller à gauche...un petit jeu passé à travers les mailles de la hype et véritable surprise qui fait de lui un grand...une évocation de la vie à travers la mort...un vision révolté et pausée...une histoire d'hommes animée par des femmes...un œuvre entre tradition et modernité...une étrangeté typiquement nippone...et ça ça fait du bien...

C'est donc une étrangeté personnelle...car d'abord c'est un jeu qui ne m'attirait pas et que j'ai lancé sans aucune attente...et qui c'est avéré être un kiff et une réjouissance au combien génial...un AAA extrêmement digeste et subtile alors que je ne jurait jusqu'à lors sur les Indé, déçu par de nombreuses désillusions vidéo ludiques...un jeu orienté horreur et épouvante, genre qui ne me passionne guère dans lequel j'ai pris mes aises et confort...une aventure et un récit qui m'a touché au-delà de se que j'imaginais...un exorcisme personnel au vue de mon envie de retourner sur l'archipel...mon premier jeu de l'ère PS5 mais fait sur PC...me laissant amoureux autant de ce jeu...bien plus profondément que Resident et Vanquish...de ce créateur de génie...qui j'espère va continuer sur cette voie là...de ce côté de l'industrie...le Japon tant leurs productions m'ont marquée et transmise au delà de mes attentes...me donnant l'envie de continuer à les explorer et à retourner auprès de leurs créateurs....donc un chef-d'œuvre étrange...mais une étrangeté que j'aime et apprecie au final....Merci Mr Mikami...Merci Akito et KK...Merci Tokyo...restait tel que vous êtes...on vous aimes....car vous avez marqué à jamais nos âmes...........et notamment la mienne............

AlMomoSan87

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6

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