En résumé : de l'exploration, un peu de gestion, du combat tour par tour agréable, le tout dans un environnement rafraichissant et surtout très scénarisé, et bien scénarisé. A essayer absolument.

Dans le détail :
Le bon jeu sorti de nul part part par excellence. Après Faster than light, Expeditions : conquistador est la nouvelle perle indée incubée sur kickstarter. C'est à peu près leur seul point commun.

Le titre du jeu est d'une honnêteté absolue : vous voici à la tête d'une expédition de conquistators, partis pour explorer, cartographier, pacifier, civiliser ou piller l'amérique du XVIème siècle.

Première étape : création de son avatar et recrutement de ses troupes. 10 bonshommes (ou bonnes femmes) à choisir parmi une cinquantaine proposés, avec chacun leur trait de caractère (qui se traduira par des gains ou des baisses de moral en fonction de vos actions), leur classe (parmi 5 disponibles) et leur biographie. Le boulot fourni pour le background de chaque perso est assez énorme. Petit tip : mieux vaut choisir des traits de caractères homogènes et en accord avec la manière dont vous pensez jouer, sous peine de vous mettre systématiquement à dos la moitié de vos troupes à chaque choix scénaristique.

C'est bon, le recrutement est fait ? Ces terres vierges ne vont pas s'explorer toutes seules ! On est parti. L'exploration se fait à la manière de king's bounty. Vous déplacer votre troupe représentée sous la forme de votre avatar en révélant la carte au cours de votre déplacement. Vous révélerez ainsi routes, forêts, montagnes, villages, temples et j'en passe. La taille de la carte est très honorable.

Mais on se ballade pas en terre inconnue la fleur au fusil. Déjà, vos déplacements sont limités en distance, pour représenter la dimension temporelle de l'exploration. Il faut établir son camp chaque soir pour recharger son compteur de déplacement. Et ça ne se résume pas à déplier sa quechua et faire griller son mashmallow autour du feu de camp. On réparti les rations pour nourir ce petit monde, en privilégiant la chasse du jour si elle est fructueuse, on établi un périmètre de sécurité avec ses gardes, on envoie quelques gars en reconnaissance pour qu'ils nous ramènent du loot à peu de frais, on soigne les blessés et on craft. Médicaments ou objets utilisables en combat, voire upgrades favorisant l'exploration. Les caractéristiques de chaque perso aiguilleront fortemment la répartition des tâches, caractéristiques qui pourront être augmentées en attribuant l'expérience obtenue au cours de l'aventure.

On se met sur la tronche un jour ? On a pas embauché des soldats, des éclaireurs et des chasseurs pour leur faire cueillir des champignons ! Oui, combats il y a, évidemment. On est dans du tour par tour sur damier hexagonal. On dispose d'unités de mêlées et d'unités à distance, au nombre de six maximum. On peut poser quelques barricades ainsi que des pièges en début de combat. Après, il faudra gérer au mieux l'occupation du terrain afin de favoriser les prises en tenaille des unités adverses pour leur infliger un maximum de dégats. Et jouer au mieux sur la complémentarité de ses unités. On se prend quelques branlées si on fait n'importe quoi, mais en étant un peu méthodique, on prend assez vite le coup de main et il est au final assez rare de perdre une unité au cours du combat. Et je vous rassure, une unité mise hors combat ne sera pas tuée : elle sera blessée plus ou moins gravement et sera rétablie au bout de quelques nuits avec un médecin compétent à son chevet.

Voila, on a à peu près fait le tour du gameplay. Ca emprunte plein de choses connues, pour un résultat très agréable, sans non plus confiner au génie. La couche supplémentaire qui fait de ce jeu un quasi-incontournable, c'est le très grand soin apporté à la scénarisation. Le jeu comprend son lot de quêtes principales et secondaires, qui peuvent être résolues de manières pacifique ou brutale, en finesse ou en mode bourrin. De quoi se comporter comme un bisounours ou la dernière des ordures, et attendez-vous à ce que vos compagnons vous fassent part régulièrement de leur approbation ou de leur dégoût. On aura aussi l'occasion lors de certains campements de discuter avec les membres de son expédition de leurs motivations, les orienter sur des recherches spécifiques, etc.

Tous ces éléments scénaristiques sont vraiment bien écrits et s'insèrent sans lourdeur. Il est probable que les libertés des embranchement narratifs soient un peu factices, limitant peut être un peu le rejouabilité (mais je m'avance, je suis toujours au premier run). Le jeu dispose d'un mode iron man assez pertinent, qui oblige surtout à assumer ses choix, d'autant que les échecs en combat ne sont pas très punitifs.

Petite cerise sur le gateau : alors que des discussions passionnées, mais légitimes, sur le sexisme dans le jeu vidéo ont pris pas mal de place cette année, il est à noter qu'Expeditions : Conquistador a un traitement du sujet absoluement exemplaire : les personnages féminins sont aussi nombreux que les personnages masculins et bénéficient d'un traitement identique. Pas d'armure sexy, pas de caractéristiques différentes, pas de cliché particulier. Et ça ne semble même pas artificiel.
oyoyo
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le 16 juil. 2013

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oyoyo

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