J’étais là quand la première annonce du jeu est apparue.


Lors de la sortie du premier trailer, des premières vidéos de gameplay, des diverses annonces, encore, j’étais là.


J’avais joué au précédent jeu du studio, The Witcher 3, qui était absolument fabuleux. L’idée d’avoir un jeu aussi vaste et ambitieux dans un univers totalement différent m’a littéralement mis l’eau à la bouche.
Persuadé comme beaucoup d’avoir devant moi une véritable merveille vidéoludique, pour la première fois de ma vie, j’ai précommandé le jeu. Franchement, le jeu me donnait tellement envie que d’une part, j’essayais d’en savoir le moins possible, et d’autre part, tout ce que je voyais ne faisait que renforcer en moi une idée. Une idée certes absurde, mais une idée indubitable : Ce jeu allait être parfait. Je me suis dit qu’il valait forcément les 70€ et honnêtement, moi qui ai attendu que la trilogie Bioshock soit soldée à 9€, j’aurais peut-être pu mettre encore plus pour me le procurer.


Une fois le jeu acheté, en avance, l’attente n’a été que plus grande.
Trois mois, c’est long. Surtout quand les trois mois deviennent sept. Et encore plus quand ces derniers finissent par atteindre quasiment une année.
Les différents reports ne m’ont jamais fait peur. Je me disais que le développement devait certainement être perfectionné, que n’importe quel travail supplémentaire sur le jeu ne serait qu’une aubaine… Que j’étais naïf…


J’étais là quand tout s’est effondré.


Après des mois et des mois d’attentes… Le jeu est enfin sorti. A l’heure du numérique, le fait que j’ai précommandé le jeu en version CD rendait le tout encore plus précieux. Le coffret était assez soigné, l’ouverture du boîtier était une vraie expérience, et la mise en place du jeu dans la console initiait un rituel qui devait être des plus sensationnels.
Après les longues minutes d’installation et mises à jour propres aux consoles actuelles, le jeu s’est lancé.


J’ai tenu 2h.


Cyberpunk 2077, le Messie tant attendu, s’est révélé n’être qu’un imposteur. Je n’ai pas pris une seule seconde de plaisir. Au milieu de bugs en tous genre qui sautaient aux yeux à chaque seconde, j’ai trouvé la prise en main absolument désagréable dans les combats, le flou de caméra affreux, la conduite ignoble…
Je ne voulais même plus essayer de regarder les qualités, puisque je ne pouvais pas. Le jeu me crachait bien trop de défauts à la figure. J’ai tout de même tenté quelques sessions de jeu mais la déception était bien trop grande et l’implication tout bonnement impossible.


Bien sûr, je n’étais pas seul dans ce cas-là, c’était un véritable scandale dans l’industrie, si bien que j’aurais pu demander le remboursement du jeu. Et bien aussi étrange que cela puisse paraître, je n’ai même pas voulu accorder plus de temps à ce jeu, et il a juste terminé rangé au milieu de mes vieux boitiers de Xbox 360.


Au bout d’un long moment, après avoir cru comprendre que quelques bugs avaient été fixés et que quelques améliorations avaient été apportées, j’ai voulu continuer ma partie. J’ai atterri en plein milieu d’un petit champ de bataille et encore une fois, j’ai haï la prise en main et les sensations en jeu. C’était trop, et décidément, Cyberpunk n’avait plus aucune promesse à me faire.


Mais un beau jour de novembre 2021, soit presque deux ans après l’avoir acheté, et un an après l’avoir testé, j’ai voulu lui redonner une chance en recommençant une partie du début.


Quand il a fallu retourner sa veste, finalement, j’étais là aussi.


Ayant aujourd'hui terminé le jeu une fois, du moins son histoire principale, je peux et dois affirmer que c’est un bon jeu. Je l'ai lancé la première fois comme j’aurais fait si j’avais testé un petit jeu indépendant sans prétentions, sans n’avoir plus aucune attente, et cette-fois, je suis entré dedans.
On peut même dire que j’ai été happé dans l’histoire.
Je suis enfin parvenu à avoir de l’empathie pour les personnages, à apprécier les phases de shoot, et surtout, j’ai enfin adhéré à l’ambiance incroyable de la ville, Night City.


Les bugs étaient toujours là, pas aussi gros qu’avant même si toujours aussi présents. Mais une fois rentré dans le jeu et accepté que son ambition démesurée lui apporte bien une âme, il était bien plus aisé de vivre avec ses défauts.
Là où, lors de ma première tentative, j’espérais juste réussir à traverser les bugs pour parvenir à certains personnages, désormais, j’espérais juste que ces bugs ne ruineraient pas trop mes interactions avec eux.


Si du côté des PNJ au sein de la ville, c’est la catastrophe, un soin particulier a été apporté aux PNJ importants de l’histoire. Il faut aimer les longs discours et les phrases réfléchies un peu trop directes, mais je dois avouer que plusieurs conversations m’ont énormément plu.
La gravité des situations se fait ressentir, les liens entre les personnages sont palpables, la musique fait planer le tout à un niveau qui m’aura amené quelques frissons…
Pour combler le tout, j’ai également apprécié la manière ingénieuse d’utiliser le système de messagerie, qui cimente réellement l’aspect social du titre. Que ce soit par des SMS reçus par un personnage bien après l’avoir côtoyé pour nous dire qu’on lui manque ou pour nous inviter chez lui, ou bien par des emails dérobés démontrant que certains se connaissaient avant qu’on ne fasse irruption dans leur vie, franchement, on y croit.


De ce côté, c’est presque une prouesse : malgré des coquilles vides qui déambulent dans les rues sans vie, des conducteurs de voitures agissants n’importe comment, l’univers arrive à avoir une forme solide et à être cohérent pendant toute l’aventure. Les protagonistes sont vraiment charismatiques, avec des dialogues toujours très sérieux, mais qui parviennent à ne pas franchir la limite du trop. Et derrière cela, le contenu secondaire que je suis loin d’avoir terminé de découvrir, à l’air assez démentiel.


Si je devais comparer le jeu à The Witcher 3, pour encore le citer, il conviendrait de préciser qu’il lui est inférieur en tous points. L’histoire principale est moins passionnante, les quêtes secondaires sont moins bien écrites, les activités annexes moins intéressantes, la durée de vie plus courte, le monde est moins immersif, etc…
Mais c’est là une erreur qui coûte bien trop cher à l’œuvre. Car Cyberpunk 2077 est finalement une création à part entière à prendre telle quelle : crépusculaire, démesurée, expérimentale, mature, référencée, remplie de défauts mais qui sait récompenser le joueur se plongeant dedans.


Je ne regrette pas mon excursion à Night City.
Je ne regrette pas d’avoir redonné une chance à un jeu qui m’avait particulièrement déçu.
Je ne regrette plus de l’avoir acheté.


L’honneur du Samouraï est sauf.
Il n’est pas dans l'épée, mais dans la main qui l'empoigne.

TheBadBreaker
7
Écrit par

Créée

le 8 déc. 2021

Critique lue 165 fois

4 j'aime

TheBadBreaker

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