Beautiful Desolation
5.9
Beautiful Desolation

Jeu de The Brotherhood (2020PC)

Quel jeu absolument surprenant. Il parvient avec brio à équilibrer ses époustouflantes qualités avec ses très ennuyeux défauts. À ce niveau d'écart entre le meilleur et le pire, c'est presque un exploit.


Évacuons d'abord ce qui saute aux yeux. Ce jeu est superbe ! Non seulement l'image, fine et détaillée. Mais aussi tout le design, imaginatif, profond, poli, vivant. Le travail est absolument prodigieux de justesse et mérite d'être applaudi, difficile de croire qu'un tel travail est effectué par un si petit studio.
Les tableaux 2D vivent et fourmillent de friandises pour les yeux. Les cut scenes elle-même sont de toute beauté. Je pense sans trop m'avancer que c'est un des plus beaux jeux en 2D qu'il m'ait été donné de voir.


Maintenant abordons les sujets qui fâchent : le gameplay est d'une pauvreté navrante, qui contraste d'autant plus avec ce visuel léché.
C'est bien simple, les interactions sont réduites au minimum. En parcourant les nombreux tableaux, on se contentera de quelques descriptions éparses, d'une faible poignée de PNJ avec lesquels discuter, pour s'entendre la plupart du temps attribuer des quêtes fedex rébarbatives.
Et ce n'est pas la poignée de mini-jeux fades qui vont relever le niveau du gameplay.


Quêtes d'autant plus rébarbatives que l'univers, qui semble profond, se montre d'une opacité peu accueillante. Les PNJ sont loquaces, mais souvent peu compréhensibles. On se retrouve à chercher des objets, on ne sait pas trop pourquoi. À discuter avec des factions peu compréhensibles, à naviguer dans des mysticismes exotiques mais abscons et à faire des choix scénaristiques un peu à pile ou face...
L'enjeu, lui, est posé quasiment dès le départ : récupérer 3 objets. Et quand on les possède enfin : épilogue et fin. 16h de jeu pour une simple recherche d'objet, avec des quêtes annexes qui nous baladent sans qu'on comprenne réellement pourquoi...


Brotherhood n'a jamais été un cador du gameplay, mais dans ses précédents jeux, ce défaut était largement compensé par des enjeux compréhensibles et une progression savamment rythmée par succession d'étapes. L'originalité de ce studio tenait en la qualité de son approche poin'n'click en 2D isométrique. Une rareté d'autant plus appréciable qu'elle était réussie.
Ici le plaisir du point'n'click est globalement raté et l'on se prend à rêver à ce qu'aurait pu donner une approche jeu de rôle dans un univers pareil. Il y aurait matière à créer le plus digne des Fallout 3 avec tout ça.


Ce jeu aurait pu propulser The Brotherhood dans la cour des grands. Nul doute qu'il fera date pour ses indéniables qualités, qui méritent vraiment qu'on fasse la lumière sur ce studio. Mais par pitié, avec d'aussi beaux visuels, offrez nous un moment ludique de qualité.

Ignus
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le 8 oct. 2020

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Ignus

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