Nouvelle ghost kung fu comedy, genre décidément très en vogue sur les plateformes de SVOD chinoises, et nouvelle ghost kung fu comedy avec Chin Siu-Ho. Ce dernier semble prendre un malin plaisir à reprendre le rôle du fat-si qui a rendu célèbre le regretté Lam Ching-Ying avec la saga Mr Vampire dès 1985. Tous les codes sont là : costumes, traditions, magie noire à base de mixtures et autres talismans, accessoires (ombrelle, le riz gluant, …) et même des gyonshis, les fameux vampires sauteurs (bien qu’ils parlent ici de zombies), le tout à la sauce DTV de 2022, c’est-à-dire remis au goût du jour sous la moulinette de la censure chinoise dont on commence à avoir l’habitude. Mais surtout, Zombie Chickadee a le cul entre deux chaises lorsque, après une première partie réussie, il délaisse un peu ce sous genre typique du cinéma de Hong Kong des années 80/90 pour flirter avec le film de monstre. Mais il ne s’assume au final dans aucun des deux genres et le résultat s’avère être des plus moyens.


Zombie Chickadee commence par une scène d’action assez folle, certes un peu courte, certes un peu trop cut en termes de montage, mais nous mettant néanmoins en confiance car fleurant bon les ghost kung fu comedy des années 80. Le film va enchainer en posant son scénario : le personnage de Chin Siu-Ho, prête taoïste de son état, veut essayer de comprendre pourquoi des corps reviennent à la vie. Des théories sur un oiseau géant tueur naissent et, bien que la Police ne croit à aucune théorie surnaturelle, elle va devoir collaborer avec le taoïste pour essayer de démêler le vrai du faux, la réalité des « on dit ». Le scénario tente certaines choses mais au final, il ne surprend guère. On fait rapidement le lien entre ce qui se passe et ce docteur occidental qui a un fils handicapé. Après une première partie très ghost kung fu comedy dans l’âme, le film va donc petit à petit se transformer en une enquête avec en plein milieu un oiseau zombie géant (celui du titre) contre lequel les héros vont devoir lutter, après une deuxième partie qui va servir de transition entre l’une et l’autre. Cette première partie est clairement la plus réussie grâce à tous les codes de la GKFC qu’on prend toujours un grand plaisir à revoir et qui nous renvoient à la belle époque du cinéma de Hong Kong. A contrario, la troisième partie, bien que cherchant à montrer la noirceur de la nature humaine, ne fonctionne pas vraiment, la faute sans doute à un design raté de cet oiseau géant, mais aussi et surtout parce que la direction que le film prend est un peu à côté de la plaque. On pourrait y voir un parallèle entre le cinéma de Hong Kong (la partie Ghost Kung Fu Comedy) et le cinéma chinois d’aujourd’hui (qui produit beaucoup de films de monstres géants). Mais il y a de grandes chances que cela ne soit qu’accidentel et que cette veine tentative de mêler les genres se rate simplement dans sa deuxième moitié, entre CGI approximatifs, dénouement prévisible, et ambiance qui dénote un peu trop.


Visuellement, et si on exclut le final quasi entièrement numérique, Zombie Chickadee est une réussite, avec certains plans tout bonnement superbes, non seulement au niveau des décors, très travaillés, mais aussi au niveau des couleurs, des éclairages, des jeux d’ombre et de lumière. Les quelques scènes d’action sont nerveuses, les chorégraphies inventives et virevoltantes, même si la caméra est un peu trop en mouvement, empêchant de réellement apprécier les combats. Ces scènes d’action sont souvent spectaculaires et clairement une des forces du film. Chin Siu-Ho, bien que souvent doublé (il a dépassé les 60 ans), porte le film sur ses épaules, par son charisme, parce qu’il en impose en vieux maître taoïste, et parce qu’il semble croire en cette nouvelle carrière que ce cinéma DTV chinois lui propose. Bien qu’il ait souffert à une époque d’être associé à la Ghost Kung Fu Comedy, il semble désormais s’en accommoder. Et puis il y a de nouveau cette censure chinoise qui va une fois de plus empêcher le film d’être ce qu’il aurait sans doute voulu être. Il va être question ici d’illusions, d’hallucinations à cause de produits chimiques, avec un personnage central qui sait qu’il y a une explication rationnelle à chaque chose et que ces éléments fantastiques n’existent pas (même s’il y a malgré tout quelques allusions). Mais ça reste malgré tout assez incompréhensible dans le sens où les vampires sauteurs et la magie noire, c’est non, mais des piqures qui rendent zombie et un oiseau zombie géant, ça oui. Au final, on ressort de ce Zombie Chickadee un peu déstabilisé, avec l’impression d’avoir vu un film qui n’assume pas vraiment sa première partie, pourtant réussie, et qui se rate sur sa dernière.


Du bon (les 30 premières minutes) et du moins bon (les 30 dernières minutes) dans ce Zombie Chickadee qui semble avoir le cul coincé entre deux chaises. On ne passe pas un mauvais moment mais dans le genre, il y a bien mieux.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-zombie-chickadee-de-kevin-huang-kai-2022/

cherycok
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le 29 mai 2023

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