Même Pythagore et Thalès se sont cassés les dents !

J'ai une tendresse particulière pour le bon vieux Terry, je lui dois même beaucoup. C'est en découvrant ses légendaires Monty Python que j'ai pu m'apercevoir du potentiel comique anglais jusqu'alors insoupçonné, c'est en partie grâce à lui si je me suis intéressé à la culture Britannique et qu'à l'adolescence, j'écoutais les Clash et Bowie en boucle. Par la suite, c'est le réalisateur qui sommeillait en lui qui a su me fasciner, son Twelve Monkeys continue de me hanter, quant à son extraordinaire Brazil, il restera gravé dans ma mémoire à tout jamais et fait parti de cette élite de récits qui prend tout son sens et se savoure encore davantage à chaque fois qu'on posera à nouveau son regard sur lui. Je lui pardonne même des erreurs de parcours comme son vilain The Imaginarium of Doctor Parnassus, son très médiocre " The Brothers Grimm " ou même ce délire épileptique auquel je n'ai pas vraiment adhéré à savoir Las Vegas Parano.

Avec son dernier née, je ne partais pas un enthousiasme débordant mais plutôt avec une certaine curiosité, cependant une fois les lumières tamisées et l'introduction lancée, j'ai rapidement été enchanté...
En effet, rien ne pouvais me faire plus plaisir, dès le début, le parallèle avec Brazil est légitime, en faisant la connaissance de cet étrange informaticien campé par un Christoph Waltz nu et chauve qui attend un coup de téléphone qui lui révélerait enfin le sens de sa vie, le ton est rapidement donné.
D'autant que l'esthétique unique du père Gilliam est au rendez vous, et elle n'est jamais aussi réussie que lorsque il peut laisser libre cours à son imagination et son goût prononcé pour le papier mâché. De quoi décorer au mieux ce Londres futuriste à la fois décalé et mesuré se rapprochant parfois d'un Gotham Burtonnien, empreint d'un côté glauque sous-jacent particulièrement efficace. Si Spike Jonze en traitant le thème de la solitude des hommes dans un monde ultra-connecté et contrôlé a choisi un angle mélancolique baigné dans une atmosphère presque apaisante, Terry lui prendra plutôt la porte du sordide. Fort de son expérience qui 30 ans plus tôt dépeignait une société totalitaire et absurde avec une pertinence hallucinante notre septuagénaire s'offre un nouveau film dérangeant et angoissant dans lequel l'unique salut viendra d'une prostitué interprété par une Mélanie Thierry séduisante et pleine de charme ( si je pensais dire ça un jour ). Celui qui te donne l'impression que de n'être qu'un petit poisson dans un bocal qui tourne en boucle sans le moindre but mais qui paradoxalement attise une curiosité malsaine grandissante.

En fin de compte, Gilliam n'est jamais aussi bon que dans le traitement d'une bonne dystopie acerbe et cynique à souhait, celle dans laquelle les personnages ont tous une tare incurable totalement rongés par des questions qu'il vaudrait mieux éviter se se poser. Complètement déjanté, sombre et anxiogène, Zero Theorem frappe fort malgré un côté un peu frustrant et une impression d'immense potentiel loin d'être exploité dans une fin un peu bâclée, j'ai tout de même entraperçu ce que j'aime tant chez ce doux dingue de réalisateur et cette étincelle de talent que je pensais définitivement perdue a pu renaitre de ses cendres.

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