Le cadre du film, un hôtel luxueux au milieu des Alpes, est comme un purgatoire, avec des expériences de mort imminente et des esprits au crépuscule de leur vie. Les bilans individuels qui s'amorcent chez les principaux protagonistes évoquent une œuvre un peu chorale, souvent drolatique, malgré des imprévus, des déconvenues, des renoncements, au point qu'on se demande pendant une bonne partie ce qui justifie sa qualification officielle (drame.) Ce ne sera plus le cas avec sa fin, surprenante à plus d'un titre, dont on peut se poser la question de la crédibilité, mais qui a du sens et qui engendre une prise de conscience salvatrice de la part du personnage central. Sur la forme, les corps nus, les peaux vielles et atoniques, les formes pleines de jeunesse et de sensualité, sont mis en avant de manière graphique. Les plans sont globalement impeccables et achevés avec un soin particulier. La relative longueur (2 h 04 min) est justifiée car le réalisateur tient son propos de façon constante avec des choses intéressantes à nous dire, à nous suggérer. Si l'ensemble est assez épuré, le tout est plutôt polysémique. Les personnages apportent chaque fois un élément au récit qui fait mouche, et ont ce point commun d'être globalement ici pour une échappatoire, une refondation, avec comme objectif ultime de retrouver ou non un élan vital. Le casting est irréprochable, et offre des performances sobres et des états d'âmes qui sont souvent exprimés avec finesse et subtilité. Ce sont des questions ordinaires qui sont posées, sur l'identité, l’inéluctabilité du temps et ses fatalités, ce qu'on a accompli et ce qu'il nous reste à faire, les priorités à revoir, les remords, mais avec des particularismes, parfois fantastiques, improbables (un homme en lévitation, un Diego Maradona en surpoids qui peut jongler avec une balle de tennis de façon surréaliste, mais aussi des scènes qui semblent hallucinatoires, ou en tout cas allégoriques) le tout dans un environnement 5 étoiles. Une réussite étonnante donc, à la fois cérébrale et poétique, quelquefois testamentaire, qui peut contenir beaucoup de lectures au premier degré mais aussi des licences artistiques, propres au 7ème art. Une originalité qui ne fait jamais perdre le spectateur dans des considérations hors piste, avec des traits d'esprits ayant quelque chose de spirituel et par moment presque métaphysique.

OkaLiptus
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ma consommation Netflix et Réflexion personnelle sur le temps qui passe et ces films sur le sujet

Créée

le 28 mars 2023

Critique lue 376 fois

28 j'aime

47 commentaires

Oka Liptus

Écrit par

Critique lue 376 fois

28
47

D'autres avis sur Youth

Youth
Sergent_Pepper
4

Hospice power

De deux choses l’une : celui qui ne connait pas Sorrentino pourra, un temps, être ébloui par sa maîtrise formelle et y voir une voie d’accès à son univers ; celui qui en est familier y trouver une...

le 12 oct. 2015

98 j'aime

8

Youth
BrunePlatine
9

Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait...

Au vu des notes et des avis disparates qu'a recueilli la dernière oeuvre de mon cher Paolo depuis sa sélection à Cannes, j'avais hâte de me faire ma petite idée dessus. Nous y retrouvons les...

le 24 nov. 2015

53 j'aime

4

Youth
Krokodebil
1

La Grande Bruttezza

Je profite d'une ivresse momentanée et d'un week-end assez chargé pour dégobiller sur cet objet filmique détestable. Précision qui importe : j'aime assez "This must be the place", j'adore "La Grande...

le 13 sept. 2015

52 j'aime

11

Du même critique

Edward aux mains d'argent
OkaLiptus
10

Once upon a time in Hollywood...

"Bien sûr qu'il avait un nom, il s'appelait, Edward..."Autrement dit, Tim Burton. Œuvre magistrale, naïve, irrésistible, foudroyante, féerique, mais qui sait jouer du réel tout en intégrant les codes...

le 6 déc. 2023

105 j'aime

75

Léon
OkaLiptus
10

And she's buying a stairway to heaven

Par la présence presque organique de la musique lancinante, parfois explosive d’Eric Serra, Léon est un concert sons et lumières, où les bas-fonds sont exposés dans un cortège funèbre aux autorités...

le 7 avr. 2023

91 j'aime

50