Plutôt que d’écrire les biographies de héros algériens que personne ne veut publier, l’écrivain raté, alcoolique et divorcé campé par Ramzy Bedia va choisir de s’inspirer de sa famille pour écrire un premier roman faussement autobiographique mais véritablement médiocre. Face aux remontrances de sa fratrie qui n’accepte pas les caricatures qui sont faites d’eux et pour épargner son père, grammairien tatillon et dernier groupie du lexicographe Alain Rey, Youssef Salem va alors tenter de rétropédaler sur la promotion du livre. Mais c’est en revendiquant ivre son « droit à la médiocrité » sur un plateau TV que l’écrivaillon crée le buzz et s’ouvre les portes du Goncourt. Plus qu’une comédie, le film de Baya Kasmi s’empare avec justesse du concept de transclasse pour y exposer les problématiques familiales qui en découlent ainsi que de l'injuste traitement médiatique des intellectuels racisés en France. Contre toute attente, le film enjambe facilement cet obstacle thématique pour trébucher sur son point fort présumé, l’humour. Malgré les performances étincelantes de Noémie Lvovsky et Oussama Kheddam, sans oublier la délicieuse complicité entre Ramzy et Melha Bedia, le rythme comique ne parvient jamais à s’installer durablement au point de créer un film à deux vitesses souvent inconciliables.