A nos corps dépendants
Question : que dire d’un film qu’on a pas entièrement compris ? Option N°1, dite du melon : c’est n’importe quoi, ça ne veut rien dire. Option N°2, dite de l’humble : je suis limité...
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Mon dieu, que j'attendais ce Kimi No Na Wa. Fan inconditionnel de Shinkai, je suis fermement convaincu que chacune de ses oeuvres, spots publicitaires compris, sont de véritables chefs d'oeuvres. Un génie incroyable qui manie élégance, subtilité, poésie et beauté comme personne ne sait le faire.
Oui, Makoto Shinkai est mon réalisateur préféré, et de loin. Alors, quand j'ai vu qu'une avant-première était disponible pas loin de chez moi, je n'ai pas hésité.
Au début, l'impression est assez étrange : le ton du film, les dialogues et actions de certains personnages, tout cela sonne beaucoup plus consensuel, beaucoup plus dans la veine d'un anime japonais. C'est pas méga excentrique non plus, mais Shinkai nous avait habitué a des personnages simples et authentiques. Le doute m'envahit : le maître a-t- égaré son génie ?
Et bien non. Le seul problème, c'est que je m'attendais a du 5 centimètres par seconde, a du Garden of Words, etc ... Il a fallu le temps de la transition. Mais une fois cette dernière achevée, je me prends a sourire pour un rien. Ca y est. La magie opère.
Et a partir de ce moment là, tout est parfait ou presque.
Deja, parlons de l'animation. C'est sublime. Incroyable. Merveilleux. Shinkai a son meilleur, sans doute. La scène où
Taki remonte le temps
est véritablement a tomber a la renverse. La Beauté. La vraie. C'est ca. Les plans de ciel, avec la comète, sont somptueux eux-aussi. Les personnages, en revanche, sont juste bons. Mais bon sang, pour le reste, personne ne fait mieux. L'esthétisme de Your name, c'est une oeuvre d'art par plan, tout simplement.
La mise en scène typiquement Shinkai n'est pas en reste non plus.
La musique est également incroyable. Entre les chansons merveilleuses et les mélodies au piano chères à notre réalisateur, tout s'imbrique dans la plus grande des perfections.
Venons-en au point central : l'histoire et la narration. De ce point de vue, Kimi No Na Wa est sans doute le plus grand public. Le symbolisme si cher à son cœur a quasiment disparu, et le scénario avance assez simplement, entre ce que l'on voit a l'écran et ce que les personnages disent. Point de sous-texte ici, mais pourquoi cela serait-il un défaut ? La simplicité, ca a du bon, de temps a autre.
L'histoire n'est donc pas 100 % méga originale, mais elle est magnifiée par la DA et la mise en scène, par cette capacité qu'a Shinkai a nous montrer les choses, a nous les faire ressentir. Magnifiée également par le duo humour/drame très présent et parfaitement équilibré dans le film. Encore une fois, il nous montre qu'il est celui qui manie le mieux le romantisme.
La fin, sans être transcendante, est simple et belle.
Les fans de 5 centimètres par seconde, comme moi, auront sans doute l'impression de prendre une petite revanche, tant les dernières minutes de ce dernier et Your Name se ressemblent. Est-ce voulu ? Sans doute. La ressemblance est trop confondante pour que cela ne soit pas fait exprès. Puisqu'ici, le film finit bien, les deux personnages se retrouvent, contrairement a 5 cm.
Your name n'est pas la meilleure oeuvre de Shinkai. Ca peut sembler un brin condescendant et élitiste, mais le film est beaucoup trop consensuel et grand public pour surpasser les chefs d'oeuvre que sont 5 centimètres par seconde ou Garden of Words à mes yeux. Malgré tout, le film est une pure merveille. Un bijou esthétique, romantique, merveilleusement raconté et touchant. On en demande pas plus.
Est-il seulement possible pour Makoto Shinkai de faire autre chose que des chefs d'oeuvre ? C'est la question que je me suis posée dans une autre critique sur l'un des films du bonhomme. La question se posait de nouveau avec Kimi No Na Wa. Et la réponse est sans appel. Je ne sais pas pour ses prochains films. Mais pour le moment, c'est un grand non. Shinkai est un grand monsieur. Un grand réalisateur. Mais surtout, surtout, un grand poète. Merci, M. Shinkai. Merci pour tout. Vos oeuvres font partie de moi. Et j'en suis fier.
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Créée
le 8 déc. 2016
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