L'animation a un nouveau nom

Ce qui frappe d’abord, ce sont ces images splendides, que ce soit de la campagne traditionnelle ou des rues animées de Tokyo.

Au départ, le film est semblable à une comédie adolescente, avec deux jeunes ados qui se retrouvent sans explication dans le corps de l’autre… de sexe différent ! Avec des réactions, comme on peut l’imaginer, particulières… Une situation forcément propice à un humour de circonstance, sans que ce ne soit jamais trop lourd ou trop facile, ou si peu qu’il faudrait vraiment être rabat-joie pour s’en offusquer.
Les deux personnes vont tenter de comprendre ce qui leur arrive, et qui est cette mystérieuse autre personne qui squatte le temps d’une journée leur propre corps. Tâche d’autant plus difficile que comme dans un rêve, la mémoire de l’expérience vécue dans la peau de l’autre s’évanouit au réveil, allant jusqu’à laisser s’échapper le nom de l’autre dans les limbes de l’oubli…
Pour tenter de vivre en bonne entente, ils conviennent de laisser des notes dans un journal pour que l’autre sache ce qu’il s’est passé durant la journée d’échange. Ce qui ne les empêche pas de faire des choses qui ne plaisent pas forcément, comme de commencer à séduire une collègue de travail !
Le fantastique revient en force par la suite, lorsqu’ils en apprennent plus sur les circonstances de l’échange.

C’est donc une étonnante relation à laquelle on assiste alors, entre ces deux êtres que tout sépare.
Mitsuha est en effet une jeune fille d’un petit village dans les montagnes, poussée par sa grand-mère à perpétuer les traditions familiales, autour du tissage et de la confection d’offrandes à base de riz pour leurs divinités locale. Un héritage dont elle se passerait bien, d’avantage attirée par les lumières de Tokyo et ses promesses d’aventure. Et c’est justement dans la capitale du pays du soleil-levant que vit Taki, qui sépare ses journées entre le lycée et le travail.
Une forte connexion s’établit entre eux, sans que la notion d’amour ne soit jamais lâchée, et de fait n’est pas adaptée pour décrire le lien qui les unit, un lien fort et non conventionnel qui s’affranchit des distances, et plus encore...

Comme le veut la tradition culturelle de la famille de Mitsuha, les fils représentent les liens qui unissent chaque être humain entre eux, et chaque être humain à l’univers. Et tout porte à croire que les deux personnes se sont retrouvées liés par le même fil, ce qui les rapproche en dépit des lois physiques. Mythologie, physique quantique, ils vont tenter de comprendre ce qui leur arrive, et chercher à se retrouver en dépit des obstacles physiques et de l’impossibilité de leur situation.

Le drame s’invite également dans cette histoire.

Images d’une ville dévastée, successions de scènes fantastiques lorsque Taki quitte son enveloppe corporelle pour retrouver celle que tout porte à appeler âme sœur, l’image est, on l’a dit, magnifique et plusieurs séquences ravissent les yeux.

On est donc surpris par ce « freaky Friday » japonais, qui parvient à réussir l’étonnant mélange entre l’humour d’une comédie et le mystère d’un film fantastique, avec en prime du drame et de la poésie.
« Your name » s’inscrit ainsi dans la lignée des studios Ghibli tout en s’éloignant de la recette d’un Miyazaki, dont tant de films d’animation s’en sont inspirés (« voyage vers Agartha », « lettre à Momo »…). Il ne cherche ni à reproduire le charme d’un Totoro, ni à plonger son histoire dans un japon mythologique avec des esprits et autres créatures folkloriques. A la place, le film place son histoire dans un cadre contemporain, portée par une bande-son pop rock entraînante, sans perdre le côté poétique et merveilleux qui fait le charme de ces longs métrages. Comme les deux héros de l ‘histoire donc, on retrouve un mélange de caractères traditionnelles et modernes. Une originalité qui opère tant dans le fond que dans la forme.