Je n'en attendais rien et j'ai été déçu

C'est désormais confirmé, et même les fans acharnés qui défendaient certains plans iconiques du premier volet, réminiscences de l'influence de Snyder, ne pourront, ici, que l'admettre : Patty Jenkins est une médiocre réalisatrice.


Aucun plan du film n'est intéressant, risqué ou innovant. C'est du champ-contrechamp, quelques travellings d'ensemble (en particulier sur Themyscira dans une épreuve de Ninja Warrior extrêmement molle), quelques travellings aériens alternant avec des gros plans dégueulasses de Wonder-Woman qui vole.
Les scènes de combat sont illisibles, quand elles ne sont pas tournées dans une semi-obscurité propice à camoufler les effets spéciaux hideux sur Cheetah. Jenkins ne sait pas, ou ne sait plus, filmer l'action.
Mais tout ça on le savait déjà rien qu'en voyant les dernières bandes annonces.


Le problème majeur du film c'est un scénario sans queue ni tête qui a été intégralement conçu pour justifier le retour de Chris Pine en tête d'affiche. A partir du moment où cette décision a été prise, le film ne pouvait qu'aller droit dans le mur.
Pour justifier la présence de Chris Pine il fallait le ressusciter. Donc inventer un MacGuffin, ici une pierre divine permettant d'exaucer les souhaits. Le souci c'est que les actions des personnages sont invraisemblables.
Toutes les décisions prises par Maxwell Lord (Pedro Pascal qui en fait des caisses au point qu'on pourrait croire qu'il a tourné le film sous cocaïne) sont irréfléchies, ne tiennent pas debout, et ne peuvent que se retourner contre lui à court-terme. Il y a un décalage abyssal entre ses motivations/objectifs et la manière dont il s'y prend pour arriver à ses fins. Ce qui fait qu'au bout du compte on se dit que son personnage est tout simplement con comme un balai, grossièrement décalqué sur Donald Trump.
Et quand ton antagoniste est un con qui n'a en plus aucune capacité physique pouvant menacer Wonder-Woman, et bien tu démystifies complètement ton héroïne et donc les maigres enjeux s'évaporent.
D'où la présence de Cheetah (Kristen Wiig), qui n'est là que pour installer un adversaire plus charismatique/physiquement puissant. Hélas ça ne fonctionne tout simplement pas, si ce n'est pour justifier deux scènes de combat, car Cheetah n'a aucun impact sur le déroulement de l'histoire à part celui de ralentir Wonder-Woman.
Tout ça est très mal raconté.


On ne comprend pas pourquoi ni comment l'avion volé au National Air and Space Museum de Washington possède le carburant nécessaire pour faire Washington-Le Caire (en 1984!)


Quel est l'intérêt/la fonction de l'armure d'Astéria que Wonder-Woman n'utilise que quelques minutes avant de s'en débarrasser si ce n'est pour faire la promo du film avec un costume différent ? Elle élimine Cheetah sans l'armure et a déjà retrouvé ses forces. Ca n'a aucun sens.


Steve Trevor disparaît au coin d'un mur comme une merde. La scène est le summum de l'anticlimax. Mais comme le retour du personnage ne sert à rien, au moins ils restent cohérents.


Maxwell Lord connaît l'existence et les pouvoir de la pierre. Pourquoi et comment ? Rien n'est réellement expliqué.


Toujours les mêmes scènes dans lesquelles un personnage hors de son époque découvre un nouveau monde. Dans le premier film c'était Gal Gadot, ici c'est au tour de Chris Pine, mais toutes les blagues ont été vues dans les bandes annonces.
Diana est représentée comme une femme solitaire, qui, 70 ans plus tard, est toujours nostalgique et amoureuse du même homme.
C'est réducteur et paresseux.


Je ne vais pas vous parler de la musique de Hans Zimmer, j'ai déjà oublié. A part que le thème originel de Wonder-Woman dans Batman v Superman fait brièvement son retour.


Il y a un caméo de


Lynda Carter (69 ans)


dans une scène post-crédit. Les retouches numériques et le maquillage font peur à voir. C'est terrible de terminer le film là-dessus parce qu'en plus c'est totalement gratos. Qui a eu cette idée saugrenue ?


Warner semble avoir choisi de continuer à s'éloigner encore davantage de la gravité des premiers films de Snyder jusqu'à flirter avec la crétinerie pure et simple.
Wonder-Woman se retrouve donc au même niveau que Shazam, voire encore pire, et je vois difficilement comment un adulte pourrait trouver une quelconque qualité à ce film qui va certainement se faire atomiser par les cinéphiles.


Par contre les enfants vont adorer. Sur HBO Max. Et c'est bien l'objectif du studio, au détriment du Cinéma, avec un grand C.

Tequila
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le 17 déc. 2020

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Tequila

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