La guerre c’est mal, l’amour c’est bien

L’univers des superhéros a trop longtemps été masculin. Cela ne pouvait plus durer. Les Majors se doivent de séduire ces 50 % de la population ! Mesdames, vous aurez vos superhéroïnes ! C’est à la demande de mes filles que j’ai organisé cette projection familiale, elles ont adoré. Gal Gadot est, au choix, trop classe, trop belle, trop wahoo. Le contrat est rempli.


Qu’en pensais-je ? Elle est mutine. J’aime les adjectifs mutins et chafouins. Mutin possède deux sens : le rebelle ; l’espiègle ou malicieux. Gal Gadot est taquine, naturelle et faussement naïve. Elle n’est point chafouine, renfrognée ou sournoise, une attitude que j’associe à Jeanne Moreau. Je m’égare.


Les Amazones formaient un peuple de cavalières belliqueuses de Cappadoce. C’était avant qu’Allan Heinberg ne réécrive leur CV. Tenez-vous bien, Zeus a créé les hommes bons. Jaloux, Arès, dieu de la guerre, les as pervertis. Plus magnanime que le dieu du Déluge, Zeus ne les a pas foudroyés, mais leur a envoyé des bataillons d’Amazones, des déesses immortelles et polyglottes, qu’il chargea d’apaiser les mâles humains. Comment ? Est-ce en usant de leurs charmes, de leurs talents guerriers ou de leur art oratoire ? Ce n’est pas dit. Tant qu’à réécrire l’Histoire, pourquoi ne nous donne-t-il pas des exemples historiques ? Jeanne d’Arc, Jeanne Hachette ou Thérèse d’Avila auraient fait de fières Amazones. Passons. Depuis des millénaires, sous la férule de Connie Nielsen et Robin Wright, de somptueuses quinquagénaires, elles s’entrainent en attendant le retour d’Arès.


Nous voilà projetés en 1918, au cœur d’un conflit cruel, interminable et absurde, qui ne saurait être que l’œuvre d’Arès. Un bel aviateur aux yeux bleus s’écrase aux pieds de Diana. La belle le sauve et se lance à la recherche d’Arès. L’épopée est plaisante. Les combats sont variés et bien tournés. Tout au plus, Patty Jenkins abuse des ralentis snydériens. J’admets qu’une femme peut réaliser un blockbuster formaté : la femme réalisatrice tâcheronne est l’égale de l’homme tâcheron.


Le scénario accumule les invraisemblances et les ellipses, mais le genre l’y autorise. Pourquoi remonter de la Turquie à Londres à la voile ? Puis passer en Belgique en bateau, puis à pied au travers du front ? Dans les deux cas, l’avion aurait été plus rapide et plus logique. Les trois compagnons sont sympathiques, le sage indien silencieux, le tireur d’élite non violent et le baratineur turc et escroc, mais inutiles.


Dans l’ultime combat, Arès lui propose de régner, à ses côtés, sur une terre magnifique et vierge. Wonderwoman hésite... Avouons que David Thewlis est trop... ou pas assez ... vous comprenez... Elle repousse la tentation et sauve l’humanité. Brave fille. Un dernier mot de la déesse : « La guerre c’est mal, l’amour c’est bien. » Vous voilà prévenus.

Step de Boisse

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