Le peu de bien que l’on puisse dire du film est à mettre au crédit de son actrice principale, Gal Gadot ; je ne m’imagine dorénavant plus personne pour tenir si fermement, si candidement et si gracieusement le rôle de la super-héroïne la plus objectivement sexy et ridicule de la maison DC (quoique Robin se défende pas mal). Dans le fracas des combats de la première guerre mondiale, en plein milieu du no man’s land, la bombe, c’est elle. Vous l’aurez compris, l’intérêt du film, c’est Gal. Elle m’a laissé sur les fesses, ensorcelé.
Si je fais son éloge en particulier, ne daignez pas croire que le reste du casting féminin ne s’accorde pas à son premier violon; il n’en est rien. Connie Nielsen et Robin Wright, deux des plus belles quinquagénaires, et plus généralement deux des plus belles femmes du monde côtoient en effet la divine amazone. Le reste du film est en revanche beaucoup plus fâcheux. Caster la trogne cruelle et malintentionnée de Danny Huston pour masquer l’identité, prévisible, du vrai connard (indice, il a la tête hypocrite et mielleuse de David Thewlis) témoigne de la faiblesse du scénario. Pire il constitue un affront à l’intellect du spectateur qui naïvement, avait cru aux prophéties de l’Oracle DC. Celui-là ne nous abreuva-t-il pas de sages paroles quand il nous annonçait du Frank Miller dans le fond et de l’anti-Marvel dans la forme ? Déjà propriétaire d’un faible échantillon de ce précieux bien, nous en voilà défausser pour de bon ! Eh ! Locke n’avait-il pas écrit avec succès son Essai sur l’entendement humain pour corriger les idées reçues, quoiqu’ingénieuses, dont Descartes avait inondé l’Europe ? John, au moins savait-il tenir une parole ! Ajoutez à cela un prêchi-prêcha sur la guerre (la guerre c’est mal), une propension à surligner le moindre message un tant soit peu élaboré (l’homme est méchant) et le sempiternel sermon sur le pouvoir de l’amour (l’homme est gentil), battez le tout afin de faire d’obtenir une grosse galette bien légère et vous obtiendrez la cuvée 2017 de Wonder Woman. Sinon ne faites rien et contentez-vous d’aller vous délester aux toilettes. Ça vous coûtera moins cher, ça sera moins long (du moins je l’espère) et vous prendrez plus de pied.
Du reste, que dire sinon que le film, sous ses airs féministes, fait un éloge nauséabond du courant opposé ? Aussi, gardez vous bien de vous laissez prendre par l’omniprésence des femmes autour du projet. Elles ont beau tenir la réalisation et le premier rôle, c’est bien les hommes qui trouvent ici leur compte. Faites deux colonnes, comptez les points, et jugez : il n’y a de places pour aucune femme dans le film qui n’entrerait sans aide dans un petit 27. Le seul personnage féminin enfreignant la règle est haut comme un fût de bière, et au moins aussi large, et sert davantage à crédibiliser la faune XX du début du siècle dernier que le propos (vide) du film. Même Chris Pine, pourtant habitué à évoluer parmi les anges de Victoria Secret, ne sait plus où donner de la tête. Les deux dernières heures du film, il semble même soucieux, préoccupé, perplexe. Et nous avec : mais que foutent donc Adam Levine et Léo DiCaprio ?