C'était pas désagréable. Et ç'aurait pu être vraiment chouette.
Mais le scénario est assez faiblard. Autant je ne suis pas friand des enquêtes inutilement alambiquées (au cours desquelles on passe de fausse piste en fausse piste jusqu'à trouver un indice un peu par hasard qui mène à la solution) autant le cas "Wind River" avec ses révélations soudaines me laisse perplexe ; en effet, l'intrigue se tire un peu en longueur pendant une heure et puis on ne sait pas trop pourquoi ni comment, tout se débloque d'un coup avant même que les enquêteurs n'aient commencé à suer et à griller la moindre neurone.
C'est si soudain qu'on ne s'aperçoit qu'une fois le film terminé que plusieurs éléments sont évacués vite fait, à se demander si une introduction était nécessaire (je pense au légiste, je pense aux flics assez inutiles, je pense à l'agente du FBI qui ne sert à rien, je pense au fils et au grand-père qu'on ne revoit plus). Et pour remplir cette maigre enquête, les auteurs abusent du drame : des personnages tristes qui aiment s'éponger sur leur sort ; c'est vite lourd (tel que c'est raconté) et ça n'apporte pas grand chose à l'intrigue (ça permet de justifier l'objectif principal du 'héros'). Cela se suit mais on reste donc grandement sur sa faim.
Et puis les personnages sont finalement assez peu intéressants. Y a des prémisses de quelque chose qui aurait pu être bien, que ce soit ce traqueur qui vit sa vie au jour le jour ou cette agente qui a l'air d'avoir peu de poids dans la vie ou encore ces amerindiens (amer indiens devrait-on dire) dégoûtés de leur vie. Mais rien n'est développé et les interactions sont somme toute très faibles. Puis en ne creusant aucun des méchants et en ne prenant jamais la peine de faire découvrir les deux victimes, forcément, la scène flashback perd de sa force, alors qu'elle était cruciale. Quant aux interactions entre tout ce petit monde, passé les débuts un peu froids et croustillants, il ne se passe plus rien grand chose au-delà de la confidence dramatique.
La mise en scène sauve un peu le spots aussi ; on trouve de jolis plans, pas forcément qu'ils soient bien composés, mais que l'immensité du blanc ajoute un sacré cachet. La tempête de neige numérique, en revanche, gâche un peu le spectacle... quelques plans intéressants tout de même, je pense notamment aux vues éloignées en plongée des personnages sur leur moto de neige ou encore à ce plans lorsque le héros par hasard trouve le terrier de ses proies (animales).
Les acteurs ne sont pas les meilleurs pour le job. Jeremy en fait un peu trop, ce qui tâche son charisme, tandis que la Olsen est un peu trop insipide. Là aussi des dialogues aurait pu permettre d'aider les acteurs à construire quelque chose d'intéressant. Je pense notamment à une influence Coennienne qui m'a manqué ; je n'aurais pas voulu avoir un Fargo n°2 ni qu'on tombe dans la facilité de recopier les personnages des frangins, mais clairement, un ton plus lent et des personnages plus déphasés auraient rendu le film plus captivant.
Bref, "Wind River" est un petit gâchis, un peu comme quand vous êtes à une fête, que vous riez bien fort et que quelques gouttes d'urine sortent de votre urètre pour se répandre dans le sous-vêtement. Pas cool.