
Après l'excellent Dallas Buyers Club qui avait valu un oscar à Matthew McConaughey, Jean-Marc Vallée revient en 2015 avec Wild, film dont Reese Witherspoon est à la fois l'actrice principale et la productrice.
Si il y a bien une chose que nous promettent en général les films dont l'univers visuel prend directement place dans la nature, ce sont les images magnifiques et la contemplation. Là ou Wild s'avère différent des autres, c'est qu'il verse en effet souvent dans la contemplation, pas toujours si utile que cela d'ailleurs, mais jamais cette aspect contemplatif n'est là pour sublimer les paysages que l'on sait déjà magnifiques de toute façon. En terme de mise en scène, on est presque dans un film expressionniste, étant donné que les décors traduisent non seulement l'action mais aussi les émotions du personnage.
C'est un procédé un peu simple c'est vrai, mais Jean-Marc Vallée que ce soit dans Wild ou ses précédents films, n'a jamais eu la prétention de faire des œuvres révolutionnaires. Il s'agit avant tout d’œuvres narratives, et c'est peut-être là que le bas blesse sur ce film-ci.
En effet si Wild peut émouvoir, il use de tout de même des grosses ficelles du film dramatique, parfois trop d'ailleurs. Les flash-back ont évidemment un réel intérêt, mais ils viennent ponctuer un récit déjà très millimétré. On peut facilement regretter qu'un film comme Wild ne soit justement pas plus sauvage ou spontané.
Malgré tout, le discours qui demeure derrière la forme s'avère infiniment juste. Quelle belle héroïne ! Reese Witherspoon se fait narratrice et actrice, elle campe un personnage d'apparence frêle et qui pourtant possède en lui une rage immense. Cette randonnée se vit un peu comme un chemin de deuil, celui de sa mère, de sa vie passée. Cheryl est définitivement tournée vers l'avenir. Encore une fois là ou Vallée s'avère être un réalisateur plus subtil qu'on pourrait le croire, c'est que jamais il ne filme son actrice de manière exceptionnelle, il la traite comme une femme avant d'être une randonneuse courageuse, et c'est de là que se dégage la principale force du long-métrage. Cette femme perdue au cœur d'une immensité qui reflète sa vie actuelle, mais aussi passée et futur. Nous ne somme ni dans un récit poétique ou épique, mais plus dans une fable humaine tout à fait convaincante dans ce qu'elle propose.
On pourra dire de Wild qu'il ne propose finalement rien de plus que le Into the Wild réalisé par Sean Penn, et c'est plutôt vrai. Cependant là où Sean Penn sombrait trop facilement dans le conventionnel et la performance émotionnelle au près de son personnage, Jean-Marc Vallée lui ne prétend pas faire plus que cela. Le film n'en n'est que plus assumé, et bien plus convaincant également. Mais évidemment ce n'est que mon avis personnel.