En général, les fois où on veut se retrouver seul, ce sont les fois où on se dit « Ras le c*l Lulu », allez tous vous faire voir chez les Grecs mais sans moi parce que la Grèce je l’ai déjà faite l’année dernière et mon AirBnB était pourri. Ça peut être aussi ce moment ou on a besoin de prendre le temps de réfléchir à sa vie parce que c’est pas toujours facile d’avoir du temps de cerveau disponible quand certains tentent de le vendre à Coca-Cola. Cheryl, l’héroïne de Wild en est là. Merveilleusement bien campée par une Reese Witherspoon en grande forme, elle est cramée. Cuite. Sèche. Au bout du rouleau. Sa vie part en cacahuète et devant elle, c’est le néant. Alors elle décide d’entamer en solitaire le Pacific Crest Trail ou Chemin des crêtes du Pacifique. Ni plus ni moins que 1700 km allant de la frontière mexicaine à la frontière canadienne. Et c’est pas genre la promenade aménagée le long de la Rabine à Vannes … non, non, c’est plutôt du désert aride puis toute la longueur des hautes montagnes de la Sierra Nevada. Sachant que Cheryl est à la rando ce que Chirac était à la probité. Au fil de son éprouvant voyage, elle se détache peu à peu de son quotidien et rattache les wagons de ses souvenirs pour leur donner un sens. Ses liens avec sa mère, son mariage qui a volé en éclat, ses excès. Elle découvre qui elle est et se voit obligée de perdre le contrôle. Car l’expérience est celle-là. Seule face à une nature parfois hostile, il faut renoncer à tout maîtriser. Seule face à ses remords, ses regrets et ses fautes, il faut accepter d’être soi-même. Être seule, c’est surtout ne plus avoir d’autre regard sur soi que le sien et c’est donc être libre. Cheryl, elle, utilisera cette liberté pour régler ses comptes avec elle-même afin de pouvoir revenir au monde et se créer un nouvel avenir. Visuellement, ça claque et sur le fond ça travaille.