J'ai choisi à escient ce titre qui laisse à penser que j'ai aimé ce film.
A dire vrai, je suis partagée entre deux impressions : celle d'avoir vu un film intelligent, qui délivre un message positif sur l'art de transcender sa souffrance, mais en même temps, ce sentiment ténu qu'il m'a manqué ce quelque chose, pour pleinement me captiver.
Peut-être ai-je trop attendu de Wild ? La lecture du synopsis, le talent de ses interprètes, une Reese Witherspoon auréolée d'un Oscar pour son rôle ... ces indices me laissaient à penser que j'allais passer un excellent moment cinématographique, tout en prenant une leçon de vie, de courage et de ténacité.
Pour moi, le contrat a été à moitié rempli.
Pour être honnête, j'ai beaucoup pleuré devant ce film. Non parce que j'ai ressenti de l'empathie pour Cheryl, mais simplement parce que j'ai eu le sentiment de comprendre son histoire, telle un miroir tendu vers moi-même : la douleur de perdre un proche parent, puis faire dans la foulée l'expérience d'un divorce, le sentiment que tout se dérobe sous ses pieds et finalement partir en vrille, telle une étape nécessaire ... avant la reconstruction.
Voir cette femme courageuse entreprendre un périple de 1700 km, pour faire des deuils nécessaires et renaître à la vie force chez moi toute mon admiration. Je sais que je ne serai jamais capable d'un tel exploit. Je suis de ces personnes qui voyagent immobiles, et dont l'intériorité bouillonnante et en perpétuel mouvement, est à elle seule un long chemin vers soi-même.
Je peux donc dire que de ce côté-là, Jean-Marc Vallée a bien fait le job : raconter de façon assez crédible à mon sens, ce parcours semé d'embûches qui amèneront Cheryl à se retrouver et reprendre sa vie en main. Montrer avec justesse l'importance des actes symboliques, pour entamer un nouveau chapitre de vie : marcher dans des conditions extrêmes, se retrouver face à soi-même, rencontrer de nouvelles personnes - pas toujours pétries de bonnes intentions - expérimenter le risque sous différentes formes, brûler des pages de livres, et puis soudain ... la fin du périple, comme un nouveau début, une page tournée...
Malgré la beauté des paysages, la beauté du message, la prestation impeccable de Reese Witherspoon (et je dis "impeccable", pas exceptionnelle...), une Laura Dern sensationnelle, il m'a manqué un supplément d'âme ou un supplément de je-ne-sais-trop-quoi ... qui m'a laissée sur ma faim, et sur ma fin donc !
Ce qui me gêne profondément finalement, c'est l'aspect quasi-documentaire que j'ai ressenti, et qui m'a pleinement empêchée d'être en connexion, en émotion, en empathie avec cette femme que je trouve pourtant admirable. Moi qui suis hypersensible et hyperempathique (oui ça existe, et c'est épuisant !), j'ai senti un détachement par rapport à cette histoire qui prenait vie sous mes yeux.
J'ai vu une histoire, mais j'ai pleuré sur la mienne. En soi, rien de grave, mais j'attendais de ce film qu'il me raconte une histoire émouvante et j'ai d'abord et surtout été émue par celle que j'ai vécue.
Dommage, car il y avait selon moi, matière à faire un film plus émouvant, plus authentique.