« Quand le moi sous toutes ses formes sera vaincu et mort, se disait-il, quand toutes les passions et toutes les tentations qui viennent du cœur se seront tues, alors se produira le grand prodige, le réveil de l'Être intérieur et mystérieux qui vit en moi et qui ne sera plus moi » Siddhartha, Hermann Hess, 1975.


Après le vif succès de "Dallas Buyer Club" (2013), Jean-Marc Vallée nous embarque dans un road movie inspiré d’une histoire vraie. Wild, c’est l’adaptation du récit de Cheryl Strayed qui décide de plaquer son ancienne vie et de parcourir 1700KM dans la nature pour se confronter à elle-même. Pour avoir vu "Dallas Buyer Club" et "Démolition" (2015), on comprendra que le réalisateur s’attache particulièrement à la narration d’histoires assez communes et donc facilement identifiables.


Dans Wild, j’ai été particulièrement surprise par le jeu de Reese Witherspoon (Cheryl Strayed). Ici, Reese excelle sur tous les plans. Reese est belle dans la férocité et le courage qu’elle expose ! En fait dans ce rôle qu’elle a si justement interprété, elle se met à nu en se déchargeant de celui de blonde hollywoodienne pour devenir l’humaine qu'elle est...ce qui permet au spectateur d’entamer le processus d’identification. Le pari était donc pour moi gagné dès les premières minutes du film. Je l’ai personnellement adoré dans Walk the line (Biopic sur Johnny Cash, 2005), un peu moins quand il s’agissait de comédie. Ici on la redécouvre et grand Dieu qu’elle détonne.


Concernant la méthode :
L’image est pure, simple, sans contraste et la BO intimiste corrobore parfaitement avec le scénario et la pâte du réalisateur. Par ailleurs, l’enchevêtrement passé / présent nous maintiens dans l'instant. Ne perdant pas la prise grâce aux marqueurs temporels, on découvre avec une justesse remarquable la montée en puissance d’un dérapage social, émotionnel et sexuel.

UN FILM A L’IMAGE D’INTO THE WILD ? SERIEUSEMENT ?



Incontestablement, le film puise sa force dans la beauté de ses décors et de ses références poétiques. Au vu des remarques qui m’ont été faites, difficile de le qualifier comme une variante féminine au film « Into The Wild ». Ici on ne s’oppose pas aux dictats de la société, on va sublimer la quête d'un soi. L’initiative est différente : elle est égoïste, intime et touchante dans son universalité. En regardant ce film on m’a rappelé ironiquement que pour rester en vie, il est préférable d'entamer une marche philosophique plutôt que de partir en Alaska pour prouver que l’on a raison.


Finalement Wild, c’est le portrait extrêmement touchant et intime d’une femme qui était incapable de gérer ses désillusions affectives et amoureuses. Bercé intelligemment par la mise en scène de Jean-Marc Vallée et magnifié par la performance de Reese Witherspoon, c'est un film que je vous recommande si vous avez apprécié Démolition et Dallas Buyer Club puisque : « Le bonheur n'est réel que lorsqu'il est partagé » (Christopher Supertramp, mort par accident).

IrisSd
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le 24 mars 2018

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Iris deSd

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