Un certain regard (de chien battu)

Vendu comme une déclinaison canine des Oiseaux, White God est franchement plus proche de Beethoven que du film d'Hitchcock. Ce dernier avait au moins le mérite de laisser planer un mystère sur les raisons du comportement des volatiles, ce qui renforçait l'inquiétude et perturbait d'autant plus le spectateur.
Outre l'attaque des animaux, qui n'intervient d'ailleurs ici que dans une dernière demi-heure qui peine à arriver, White God ne partage pas grand chose avec son aîné. Parce qu'ici, on adopte plutôt (et surtout) le point de vue du chien, on l'humanise et on en fait un personnage à part entière, peu à peu doué de réflexion. La bête ici, c'est l'homme, ce monstre insensible à la souffrance animale, qui s'en sert pour ses fins (ou faims).
Tous les clichés y passent pour le prouver (boucherie, fourrière, piqûres, combats de chiens) ; c'est non seulement facile, mais les événements s'enchaînent avec une prévisibilité déconcertante - pour peu qu'on ait eu le malheur de lire le synopsis -, sans une once d'originalité pour venir élever le discours.
A noter, quelques scènes filmées caméra à l'épaule où ça gigote tellement qu'on comprend plus rien et que ça file la gerbe.


Sa formalité et ses dialogues fades plongent en moins d'une demi-heure le spectateur dans un ennui profond. Au point que, lorsque le moment tant vendu arrive, quand le toutou se dit PUTAIN RAS LE BOL NIQUE LES HUMAINS, le changement de ton est tellement radical que le film devient malgré lui très ridicule.
En cause, une volonté de réutiliser certains codes du film d'horreur (28 jours plus tard n'est d'ailleurs pas loin non plus) sans qu'à AUCUN MOMENT les chiens n'inspirent la peur au spectateur.
Bien sûr, le film fait en sorte que la sympathie soit de leur côté, que leurs actes de vengeance soient en quelque sorte justifiés (bon, déjà ça c'est foireux, mais passons). Le problème c'est que le rendu n'est pas crédible deux secondes et involontairement comique : on a quoi, allez, 50 chiens qui courent en aboyant dans la rue, et tout le monde panique et quitte la ville comme si c'était l'apocalypse ? Euh... hein ?
Tout en abordant vaguement d'autres thèmes, tissant notamment un parallèle hasardeux entre éducation et conditionnement, le film se casse complètement la gueule en s'accrochant à son concept-clé simpliste.

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le 12 déc. 2014

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